Titre original :
One Hundred and One Dalmatians
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 25 janvier 1961
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Hamilton Luske
Clyde Geronimi
Wolfgang Reitherman
Musique :
George Bruns
Durée :
79 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Roger, compositeur de chansons, vit en célibataire convaincu avec son dalmatien, Pongo. Mais si l'homme est comblé par son choix de vie, le chien lui se désespère de trouver une compagne ! Depuis de longs mois déjà, il est hanté par Perdita, une jeune et belle dalmatienne partageant la vie d'une toute aussi ravissante jeune fille, Anita.

Ni une, ni deux, le dalmatien s'arrange finalement pour que son maître croise Anita lors d'une promenade... La magie de l'amour s'accomplit et un coup de foudre généralisé réunit les deux couples sous le même toit. Tout irait bien dans le meilleur des mondes si Cruella, une ancienne camarade de classe d'Anita, n'avait pas la folie de la fourrure et poursuivait le sombre rêve de se faire réaliser un manteau en peau de dalmatiens. L'horrible vilaine lorgne très vite sur les chiots de Pongo et Perdita et s'arrange pour les faire kidnapper par deux voyous, Jasper et Horace.

Nos petits amis parviendront-ils à se sortir des griffes de Cruella et à échapper au triste sort qu'elle leur réserve ?

La critique

rédigée par

Les 101 dalmatiens, 17ème grand classique de Walt Disney, fait partie de ces films intemporels qui traversent les époques et charment, génération après génération, le plus large des publics. Des millions de spectateurs continuent, ainsi chaque année, à le découvrir ou redécouvrir sans qu'il perde une once de popularité. Au contraire, du grand écran à la vidéo, il surfe, quelque soit le support, sur le succès au point d'en faire pâlir bien des studios. Sa genèse s'est pourtant faite dans la douleur.

Après l'échec critique et commercial de La belle aux bois dormant, Walt Disney décide, en effet, de délaisser les adaptations de conte de fées, qu'il juge maintenant désuètes pour l'époque. Il prend ainsi, pour sa branche Animation, un virage à 180° et la consacre désormais à des films aux histoire et budget beaucoup moins ambitieux. En fait, le papa de Mickey s'éloigne déjà de son métier de prédilection pour se jeter à corps perdu dans deux secteurs d'activité qu'il estime être l'avenir de sa compagnie : la télévision et les parcs à thèmes. Contraint par les limites de sa propre -quoique exceptionnelle- capacité de travail, il accorde plus de liberté à ses artistes, même s'il conserve bien sûr la main mise sur tous les projets. Il initie ainsi le projet des (Les) 101 dalmatiens, en souhaitant la production d'un film basé sur le livre de Dodie Smith. Il se murmure même que cette idée lui aurait été soufflée par un producteur de la Warner Bros.

Dodie Smith est née à Withefield, dans le Lancashire. Elle fait des études d'art dramatique à la Royal Academy of Dramatic Art et garde, toute sa vie durant, une passion pour le théâtre qu'elle envisage comme comédienne, metteur en scène et auteur dramatique. Elle écrit de nombreux pièces pour adultes et quelques ouvrages autobiographiques. Mais c'est son oeuvre littéraire pour la jeunesse, dont Les Cent Un Dalmatiens, publié en 1956, qui la rend célèbre auprès du grand public. Le papa de Mickey acquiert les droits du livre dès sa sortie.

Walt Disney demande à Bill Peet de se charger de l'adaptation. Ce dernier rédige un script qui emballe littéralement son patron. Dès lors, il bénéficie d'une grande autonomie tant sur le scénario que sur les personnages ou les dialogues. Le film prend ainsi quelques libertés par rapport au roman. Il voit s'ajouter quelques rencontres supplémentaires, notamment quand les dalmatiens cherchent leur progéniture. Des personnages sont également fusionnés, à l'image de Perdita qui est, à l'origine, non pas la femme de Pongo mais une chienne abandonnée qui aide Missis (alors justement compagne du papa dalmatien) à allaiter les chiots. Le résultat obtenu est assurément un exemple de perfection tant le scénario final allie rythme, humour, tendresse et aventures.

Les 101 dalmatiens captive son auditoire par son immense capacité à divertir. Le spectateur est, il est vrai, à tout moment en alerte et doit faire face à un tourbillon de sentiments aussi nombreux que contraires. Anxieux lors de la fuite des chiots. Amusé par les pitreries de Jasper et Horace. Attendri devant les petites frimousses des quatre-vingt-dix-neuf bébés chiens. Effrayé par la vilaine et haute en couleurs, Cruella. Le film est d'autant plus surprenant qu'il fait preuve alors d'une innovation remarquable chez Disney. Il est, en effet, le tout premier long métrage d'animation signé du studio de Mickey à se situer à l'époque contemporaine. Et les allusions y sont légion, telle l'emprise de la télévision, de la publicité et plus généralement de la société de consommation ! Les chansons, autre nouveauté acceptée par Walt Disney, sont réduites à la portion congrue. Le film tout entier est concentré sur l'action : rien ne doit venir en ralentir le rythme. Même le générique surprend tant les trouvailles visuelles sont nombreuses. Les 101 dalmatiens ne fait décidément rien comme les autres : il marque assurément une rupture dans la production des Grands Classiques.

Rien d'étonnant dès lors que sa galerie de personnages soit, à bien des égards, tout à fait remarquable.
Parmi elle, la méchante Cruella d'enfer est à l'évidence le rôle qui porte le film. Cette vilaine pure souche reste sans doute l'une des plus charismatiques de la galaxie Disney tout entière. Servie par une animation exemplaire de Marc Davis, elle occupe l'écran de façon exceptionnelle. Toutes ses interventions interpellent. Il faut dire que son apparence ne fait pas dans la discrétion. Sa silhouette est d'ailleurs culte : un corps maigre et longiligne, une chevelure en bataille bicolore noire et blanche, un teint blafard, un maquillage excessif, sans oublier un manteau en vison blanc vissé sur les épaules tout comme un fume cigarette à la main. Le personnage fait, assurément, dans l'outrance jusqu'à ses goûts immodérés pour une mode peu respectueuse de la vie animale. Au delà de son apparence si particulière, son caractère n'est en effet pas en reste : colérique, égocentrique, obstiné, insensible et prompt à faire le mal pour son seul confort. Sans oublier bien sûr une voix, prêtée par Betty Lou Gerson, en rapport avec le personnage : haut perchée, criarde et stridente.
Une telle réussite dans le registre des Disney's Vilains aurait pu faire courir le risque de voir les autres personnages humains peiner à exister. Il n'en est fort heureusement pas question ici, Bill Peet ayant, en effet, veillé à ce que l'équilibre des rôles soit respecté. Roger et Anita, les maîtres des dalmatiens, tout comme Nani, la gouvernante, sont ainsi parfaitement définis et superbement animés. Ils se démarquent d'ailleurs des autres humains de Disney en apparaissant résolument modernes, à l'opposé des habitudes prises jusqu'alors par les studios de Mickey. En outre, Roger est le tout premier héros masculin d'un long métrage d'animation de la compagnie au château enchanté à être crédible, là où les princes qui l'ont précédé n'étaient qu'une caricature à gros traits, sans saveur. Jasper et Horace, dans un autre registre, sont également étonnant de présence. Tout entier dédiés à leur genre, celui des hommes de main maladroits et stupides, ils rayonnent à chaque apparition. Déclenchant l'hilarité, ils contrebalancent à merveille leur effrayante patronne, Cruella.
Mais la galerie de personnages ne s'arrête pas aux seuls humains. Les animaux tirent également leur épingle du jeu. Les dalmatiens sont d'ailleurs un modèle du genre. Les animateurs ont choisi de les dessiner d'une façon bien plus esthétique que la réalité. Leur museau a été ainsi allongé afin de faciliter leurs expressions. Leur caractère a également été adouci. Le dalmatien, dans la réalité, n'est pas, en effet, une race de chiens très docile. Le succès du film a d'ailleurs eu, comme c'est souvent fâcheusement le cas, une conséquence fort négative. De nombreux enfants ont demandé et obtenu de leur parents un dalmatien, qui s'est révélé, dans son comportement, sans grand rapport avec le dessin animé. Les abandons se sont multipliés et les chenils remplis de "Pongo" et autres "Perdita".
Une mention particulière doit enfin être donnéé aux autres personnages secondaires animaux : chien, chat, cheval, vache sont, il est vrai, parfaitement réussis et attachants à souhaits.

Les 101 dalmatiens n'est pas seulement atypique par ses personnages ou la grande autonomie de son réalisateur. Son mode de production technique est, en effet, lui aussi un tournant pour les studios Disney. L'apparence même du film va ainsi être une première pour la compagnie de Mickey et devenir la norme pour ses longs métrages d'animation pendant plus d'une vingtaine d'années.
Cette révolution technique est due en grande partie à une invention du début des années soixante : la photocopieuse ! Inventée par la société Xerox, la machine permet, il est vrai, d'économiser du temps et de l'argent. Désormais, les dessins ne sont plus reproduits à l'encre, manuellement sur cellos, mais photocopiés. Tout le process de fabrication est revu. Finie l'époque où le travail des animateurs étaient d'abord nettoyés par "clean-up man", pour en retrouver les lignes essentielles parfois même au travers d'un vrai brouillon afin de rendre le dessin encore plus net. Fini l'encrage fait à la plume sur cello offrant, certes, toujours plus de netteté mais ôtant toute spontanéité. Les animateurs subissaient, au final, le résultat obtenu et revendiquaient sans cesse, la possibilité de retrouver un dessin plus approximatif afin de mieux témoigner de leur travail. Désormais en capacité de répondre à leurs attentes, Ub Iwerks adopte bien vite la machine Xerox. Le visuel des (Les) 101 dalmatiens témoigne ainsi de cette évolution - une première alors - en offrant une image plus brouillonne que les Grands Classiques précédents.
Intégrer la technique de la photocopieuse n'est pour autant pas chose aisée. Afin de parvenir à un résultat totalement harmonieux, il convient en effet de revoir la méthode de travail appliquée aux décors. Ces derniers suivaient; il est vrai, le même process - ou presque - que les personnages : leurs couleurs étaient nettes et clairement séparées par des traits distincts. D'ailleurs la personne chargée de les dessiner était la même que celle qui les peignaient. Désormais, les décors voient leur méthode de fabrication alignée sur celle des personnages. Ils sont dessinés en noir et blanc. Les couleurs sont rajoutées en arrière plan sur un autre cello sans suivre exactement les lignes originelles : plus elles débordent, mieux cela est, comme en témoigne le court métrage Goliath II, réalisé en 1960 et destiné à servir de ban d'essai !
La technique de la photocopie, outre la faveur des animateurs, présente des atouts financiers évidents. Elle raccourci, en effet, considérablement les délais et le besoin en main d'oeuvre, en supprimant la phase qui consiste à redessiner de grands nombres de fois un dessin. Et quand il s'agit de s'occuper de 99 chiots, l'avantage apparaît vite évident ! Mais son intégration n'est pas neutre socialement. Les encreurs et les peintres perdent leur utilité. Certains parviennent à changer de département mais beaucoup sont contraints de quitter le studio. Walt Disney, lui même, est affecté par ces conséquences. Il n'aime d'ailleurs pas personnellement le résultat visuel obtenu et moins encore de voir son personnel mis à la porte. Mais, il se rend bien vite à l'évidence : là où Les 101 dalmatiens coûtait quatre millions de dollars, La belle aux bois dormant en avait demandé six. Un encreur faisait quatre cellos par heure, la Xerox, soixante ! L'intérêt financier du studio finit pas convaincre le papa de Mickey.

La critique salue unanimement Les 101 dalmatiens et plébiscite ce qu'elle considère comme un retour de Disney à plus de modestie, de charme, d'intelligence et d'humour. Le public lui emboîte le pas et réserve un triomphe au film qui aura droit dans sa carrière à de nombreuses ressorties, toutes aussi fructueuses (en 1969, 1979, 1985 et 1991).

Consacré grand classique du cinéma, Les 101 dalmatiens est un film à voir et à revoir, sans modération !

A noter :
Ce grand classique attend 2003 pour avoir une suite, sortie directement en vidéo, sous le titre de 101 dalmatiens 2 : Sur la trace des héros. Un remake (Les 101 Dalmatiens) du dessin animé sous forme de film "réel" est réalisé en 1996 avec, dans le rôle de Cruella, une Glenn Close époustouflante. Devant son succès commercial et critique, il connaît une suite, moins heureuse, en 2000, 102 dalmatiens. Dans l'intervalle, Les 101 dalmatiens a droit à une adaptation d'une pauvreté affligeante en série télé, diffusée sur Toon Disney USA, du 1er septembre 1997 au 1er mars 98 et comportant 64 épisodes.

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