Titre original :
Atlantis, the Lost Empire
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 15 juin 2001
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Kirk Wise
Gary Trousdale
Musique :
James Newton Howard
Durée :
85 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

En 1914, Milo Thatch est un jeune archéologue aussi intelligent que maladroit qui travaille dans un musée à Washington D.C, au poste de chauffagiste ! Petit fils d'un grand explorateur qui l'a élevé à la mort de ses parents, il poursuit le doux rêve de se lancer, comme son grand-père, à la recherche de l'Atlantide.

L'opportunité se présente quand un vieux et riche excentrique, Preston Whitmore, ami de son aïeul, lui confie un livre mythique indéchiffrable pour le commun des mortels...

La critique

rédigée par
Publiée le 06 mars 2014

Atlantide, l'Empire Perdu est assurément le film le plus frustrant des Walt Disney Animation Studios. En effet, le 41ème long-métrage du label de Mickey regorge de bonnes idées alliées à un style original, une animation exemplaire et un dépaysement garanti. Il pêche en revanche par un scénario trop fourni et mal maitrisé où, étonnamment, tous les rebondissements sont attendus. Il souffre ainsi et paradoxalement de son rythme, accumulant à outrance les scènes spectaculaires mais délaissant ses très (ou trop ?) nombreux personnages. Le lien affectif entre le spectateur et l'opus ne parvient donc jamais à véritablement se créer. Il manque à l'évidence une demi-heure destinée à permettre à l'ambiance et aux personnages de s'installer. Mais voilà, la carence est bien là et Atlantide, l'Empire Perdu conserve un arrière-goût d'inachevé là où il aurait dû offrir la grande fresque qu'il ambitionnait d'être...

Le mythe du continent perdu remonte à la nuit des temps et s'est propagé à toutes les cultures. Presque chaque océan se voit, en effet, affublé d'un continent perdu. L'Océan Indien est le berceau de La Lémurie, l'Océan Pacifique du fameux Continent de Mû, et l'Océan Atlantique, du plus connu de tous : l'Atlantide. Les premiers récits du continent perdu occidental remonte ainsi à Platon, le grand philosophe grec. Né en 428 avant J.C., il est le disciple de Socrate et ne cesse d'évoquer la figure de son maître tout en prolongeant les voies de sa sagesse. Jusqu'à sa mort en 347 avant J.C., Platon écrit donc de nombreux ouvrages en s'efforçant de définir des notions importantes telles que la métaphysique, l'éthique, la philosophie de l'art et la politique. Ce sont dans ses deux derniers livres, le Timée et le Critias, qu'il mentionne l'existence de l'Atlantide.
Le récit semble dater la fin du continent perdu à 9 600 ans avant J.C. Avant cela, existait une île, située devant le passage des colonnes d'Hercule, le goulet de l'actuel Gibraltar. Selon la connaissance qu'en avaient les grecs à l'époque, elle était plus grande que la surface réunie de l'Afrique du Nord et de l'Asie Mineure. L'Atlantide fut ainsi créé par le premier de ses rois, Atlas qui lui donna le nom. Il est le fils du dieu de la Mer, Poséidon et de la nymphe Cleito. Ses descendants forment bien vite un empire grand et merveilleux, aux richesses incommensurables. L'une d'elle était l'orichalque, métal inconnu qui fait la fortune des légendaires Atlantes comme l'étain fait celle des Phéniciens. L'Atlantide entre alors en guerre contre le continent européen. Seuls les Grecs sont en capacité de résister à son assaut. C'est au même moment que plusieurs cataclysmes (tremblements de terre, inondations, incendies…) ont raison en un seul jour, en une seule nuit fatale, de tout ce qu'il y avait de guerriers, atlantes et athéniens : dans la terre entrouverte, l'île Atlantide s'abîme dans la mer et disparait à jamais.

Ce sont deux habitués des productions des Walt Disney Animation Studios qui se chargent de la réalisation d'Atlantide, l'Empire Perdu : Gary Trousdale et Kirk Wise.
Gary Trousdale est né le 8 juin 1960. Prévoyant de devenir architecte, il décide finalement de rentrer à la CalArts. Il est alors embauché au sein des studios d'animation Disney en 1985 pour travailler en tant qu'intervalliste sur les effets spéciaux de Taram et le Chaudron Magique. Par la suite, il s'occupe de certains effets spéciaux du film Touchstone Pictures à prises de vues réelles, Les Aventuriers de la Quatrième Dimension, mais aussi d'animer la séquence d'ouverture de Cranium Command, la défunte attraction du pavillon désormais fermé Wonders of LifeEpcot à Walt Disney World en Floride. Ensuite, il coopère aux histoires d'Oliver & Compagnie, La Petite Sirène, Le Prince et Le Pauvre et Bernard et Bianca au Pays des Kangourous mais aussi aux premières ébauches d'Aladdin et du (Le) Roi Lion. Enfin, il débute de main de maître la réalisation avec La Belle et la Bête, seul film des studios à être nommé pour l'Oscar du Meilleur Film, puis enchaine avec Le Bossu de Notre-Dame. Atlantide, l'Empire Perdu marque ainsi sa troisième réalisation. Il quitte les studios Disney en 2003 pour rejoindre DreamWorks Animation où il se contente de réaliser des courts-métrages dérivés des franchises du studios à la lune.
Kirk Wise, quant à lui, est né le 24 août 1963. Comme son futur collègue, il intègre la CalArts pour ensuite rentrer chez Disney au milieu des années 80. Il s'affaire sur l'animation de Basil, Détective Privé, Footmania pour Dingo, Le Petit Grille-Pain Courageux et Oliver & Compagnie. Il fait ses débuts à la réalisation sur la séquence d'ouverture de Cranium Command puis travaille sur les histoires du (Le) Prince et Le Pauvre et de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Il est choisi avec Gary Trousdale pour coréaliser La Belle et la Bête. Il deviendront un tandem inséparable pendant dix ans coréalisant ensemble également Le Bossu de Notre-Dame et Atlantide, l'Empire Perdu. Après le départ de son acolyte de Disney, Kirk Wise semble avoir quitté les studios de Mickey et stoppé toutes activités artistiques.

Gary Trousdale et Kirk Wise, mais aussi le producteur Don Hahn et d'autres artistes Disney, se retrouvent dans un restaurant mexicain, quelques mois après la sortie du (Le) Bossu de Notre-Dame, pour parler de leur carrière et du prochain film qu'ils aimeraient faire ensemble. Le tout est parti du fait que l'équipe du film avait simplement envie de se retrouver sur un autre projet, ensemble, afin de revivre le merveilleux travail réalisé sur l'aventure de Quasimodo. Au cours ce repas, les artistes se rappellent ainsi des films de leur enfance et notamment les films d'aventures que ce soit les Disney comme 20 000 Lieues Sous les Mers, Les Robinsons des Mers du Sud et Les Enfants du Capitaine Grant ou les concurrents d'alors comme La Guerre des Étoiles et Les Aventuriers de l'Arche Perdue. Soudain, ils se rendent compte qu'ils ont envie d'entreprendre avec ce nouveau long-métrage une tentative de diversification des productions classiques Disney. Les réalisateurs "maison" avaient en effet toujours tendance à situer leurs dessins animés dans l'univers de Fantasyland du Magic Kingdom, délaissant allègrement l'atmosphère plus adulte d'Adventureland. Ils veulent donc tenter de combler ce vide en proposant une histoire à mi-chemin entre Les Douze Salopards et des romans de Jules Verne comme Voyage au Centre de la Terre ou 20 000 Lieues sous les Mers. Délibérément voulu plus mature, le film envisagé délaisserait ainsi la marque de fabrique des longs-métrages Disney en ne contenant aucune chanson et ne présentant aucun petit animal, habitué pourtant de longue date aux rôles secondaires. Très vite, ces explorateurs en herbe partent sous terre à la rencontre d'une civilisation perdue. Atlantide arrive rapidement sur le tapis et interpelle tout de suite les réalisateurs. L'empire perdue est, en effet, entouré d'une aura de mystère, de surnaturel tout en possédant des connotations historiques. Et comme c'est également plus une légende qu'une vérité absolue, le fait de situer l'action à Atlantide ouvre une liberté artistique bienvenue. Les réalisateurs décident ainsi s'entourer d'une équipe créatrice chargée de coordonner le projet pour le rendre le plus cohérent possible : Kiran Bhakta Joshi (superviseur de l'animation par ordinateur), Christopher Jenkins (coordinateur artistique), Ed Ghertner (superviseur layout), Lisa Keene (développement visuel), David Goetz (direction artistique), Marlon West (superviseur des effets spéciaux) et Marshall Lee Toomey (responsable de la mise au nette).

Pour créer ou recréer l'univers de l'Atlantide, les réalisateurs vont d'abord faire de nombreuses recherches sur le sujet dans les bibliothèques mais également sur internet. Non seulement, ils étudient la version de Platon mais également celle du théoricien américain mystique, et un peu illuminé, Edgar Cayce. Un élément retient tout de suite l'attention des artistes Disney, y voyant là un formidable potentiel en animation. Le "prophète" américain parle en effet d'une certaine « pierre bleue » d'origine atlante, ayant le pouvoir de guérir. Toujours selon lui, les atlantes possédaient donc une énergie immense faisant penser à l'énergie nucléaire, venant de la captation et de la transformation des rayonnements solaire et cosmique grâce à des prismes de cristaux. Cette énergie permettait ainsi de mouvoir des nefs sous l'eau, sur l'eau, ou dans les airs. La destruction de l'Atlantide vers 9 600 avant J.C. viendrait d'ailleurs de la surcharge d'un cristal qui causa une gigantesque explosion, entraînant des cataclysmes naturels à l'apocalypse final... Tous ces éléments influencent vite les artistes et donnent naissance au cristal atlante et à ses formidable propriétés.

Pour rendre le peuple atlante encore plus plausible, il est décidé de lui créer une vraie langue. Pour cela, l'équipe fait appel à Marc Okrand, qui a déjà créé le Klingon pour les films Star Trek. Le linguiste s'inspire du concept des réalisateurs qui veulent que les atlantes soient la civilisation mère qui a enfanté toutes celles d'aujourd'hui et d'hier, des Egyptiens aux Chinois... Il fait donc un mélange de langues indo-européennes avec une grammaire propre tout en changeant les mots et la prononciation si elle se rapproche trop d'un mot prononcé dans une langue vivante contemporaine. Pour rendre le tout encore plus crédible, il imagine de toute pièce un alphabet, et donc une écriture associée. C'est John Emerson qui dessine une centaines d'exemples pour les réalisateurs qui vont choisir ce qui représente le mieux l'alphabet atlante. L'écriture est ainsi créée de manière à ce que le texte soit lu de gauche à droite à la première ligne puis de droite à gauche à la seconde, et ainsi de suite en zigzag, et ce afin de représenter le va et vient de l'eau, l'élément central de l'empire disparu.


Alphabet Atlante

Pour lui donner un élan nouveau et un aspect visuel sortant des sentiers battus, les artistes Disney ont choisi de collaborer pour Atlantide, l'Empire Perdu avec des personnalités venues de l'extérieur des studios. Ainsi, ils travaillent avec Matt Codd, qui vient de participer au film Men in Black et qui va concevoir le Leviathan. Jim Martin, spécialiste des effets spéciaux notamment sur des séries comme Star Trek : Voyager, Star Trek : Deep Space Nine ou Star Trek : Enterprise est aussi de l'aventure et va se charger de dessiner les sous-marins de l'opus. Ricardo Delgado, un auteur de comics ayant également travaillé sur le film Apollo 13, se voit, quant à lui, confié, des décors atlantes. Pourtant, l'artiste qui a été la véritable colonne vertébrale de l'apparence graphique du film est assurément Mike Mignola connu en tant que dessinateur de comics, notamment en sa qualité de créateur du personnage d'Hellboy et de sa série éponyme. Il va, en effet, beaucoup influencer ses confrères dans l'apparence du film et de ses intervenants. Ainsi, Atlantide, l'Empire Perdu prend un côté très BD, limite comics avec une apparence des personnages marqués au traits noirs épais. Visuellement, les artistes ont aussi voulu mettre en avant l'opposition des deux cultures présentes dans l'opus : celle de la civilisation occidentale des années 1910 (avec son côté technologique, mécanique, carré sorti tout droit de la révolution industrielle) et celle des atlantes (beaucoup plus mystique, magique mais aussi écologique, aquatique, ronde et bienveillante). Les deux réalisateurs ont en revanche délibérément abandonné la vision que l'inconscient collectif se fait de l'Atlantide en bannissant l'architecture gréco-romaine mais en s'appuyant plutôt sur un mélange des civilisations mayas et d'Asie du sud-est. Entre les deux mondes, un cordon ombilical est également inventé de toute pièce avec un système de grottes allant du fond de la mer vers le continent perdu aux tréfonds de la terre, près du magma en fusion...

Pour que les explorateurs puissent parvenir à leur but, il leur fallait bien évidemment une carte, qui soit facilement transportable, et qu'elle soit objet de toutes les attentions, si possible – pour le côté mystérieux - issue d'un livre ayant beaucoup voyagé, en passant de main en main. C'est ainsi qu'est né le Manuscrit du Berger ! Dans une première version de l'histoire, la scène d'introduction du film commence d'ailleurs en l'an 997 après J.C. et montre des Vikings, voyageant au large de l'Islande, à la recherche du continent perdu. Mais attaqués par le Léviathan, ils sombrent en mer et disparaissent ; seul le Manuscrit du Berger en réchappe, flottant à la surface de la mer. La séquence, entièrement animée et finalisée, est pourtant purement et simplement coupée au montage au motif qu'il était plutôt impératif de parler des Atlantes, de la catastrophe du déluge et du vécu de Kida, histoire de connecter les spectateurs avec la princesse et son peuple. De cette scène, seuls quelques bribes sont donc proposées dans la bande-annonce (dont l'image du livre qui flotte), avant d'être proposée en bonus - et dans son intégralité - dans l'édition vidéo.


Séquence coupée des Vikings

Au tout début du processus de production, c'est Joss Whedon, le futur réalisateur de Marvel's Avengers qui se charge d'écrire le scénario. Très vite, il est remplacé par Tab Murphy qui a déjà travaillé sur Gorille dans la Brume mais aussi Le Bossu de Notre-Dame et Tarzan. Il écrit ainsi un premier jet de 155 pages, là où un film d'animation tourne d'habitude autour de 90. Après la séance de story-board, les deux premiers tiers du films sont alors montrés dans une version préliminaire et affichent déjà une durée de 120 minutes. Bien trop long ! Des coupes drastiques vont donc être menée en éliminant des personnages et des actions... Pourtant, au vu du résultat final, il est évident que le travail d'écriture pêche encore ! Paradoxe suprême : alors qu'Atlantide, l'Empire Perdu affiche l'une des plus longues durées pour un film des Walt Disney Animation Studios en dehors de Fantasia, il donne l'affreuse impression d'aller bien trop vite sans jamais avoir le temps de se poser. La montée de l'expédition est menée vitesse grand V, le voyage en sous-marin est expéditif et la découverte du continent quasiment zappée. Même si le montage amène un rythme certain et plutôt bienvenu au long-métrage, le spectateur ne peut s'empêcher de ressentir une frustration avec une forte envie d'en voir et savoir toujours plus : visiter la belle maison du milliardaire Preston B. Whitmore, découvrir le sous-marin qui fait penser au Nautilus, et surtout explorer les merveilles d'Atlantide... L'aventure, la découverte et l'archéologie sont certes présentes mais là où un long-métrage comme Les Aventuriers de l'Arche Perdue dispose de son quota suffisant d'endroits extraordinaires et exotiques sans délaisser les scènes d'action, les thèmes d'Atlantide, l'Empire Perdu sont eux peut-être trop ambitieux pour son format et sa durée. Le film aurait, à l'évidence, gagné à disposer d'au moins trente minutes supplémentaires pour densifier son propos.

Atlantide, l'Empire Perdu souffre donc paradoxalement de son rythme, accumulant à outrance les scènes spectaculaires mais délaissant ses très (ou trop ?) nombreux personnages. Le lien affectif entre le spectateur et le film ne parvient, en effet, jamais à se créer. Il est vrai, qu'à l'exception notable de Milo qui est le seul à se rendre un tant soit peu attachant, les autres intervenants sont à peine survolés. Leurs traits psychologiques, passé le premier aspect caricatural, sont purement et simplement ignorés. Le spectateur retrouve ainsi un catalogue parfait d'images d'Epinal avec le Français, sale et terrien ; l'Italien mafieux expert en explosif ; l'Hispano-américaine issue de banlieue, tendance gang ; le gentil black barraqué, médecin de son état ; le vieil américain pure souche ou encore la vieille fille politiquement incorrecte... A la fois trop nombreux et pas assez bien définis pour convaincre, les personnages s'avèrent dispensables de bonne moitié.

Milo James Thatch est le héros de l'histoire, ou plutôt l'antihéros. Rat de bibliothèque, il ne rêve que de reprendre les recherches de son grand-père pour trouver le continent perdu de l'Atlantide. Maladroit, ayant du mal à communiquer avec les gens, il reste souvent à l'écart, plongé dans ses recherches. Pourtant, droit et au final courageux, il n'hésite pas à se battre pour ses idéaux et à ce qu'il croit juste. Porté en anglais, par Michael J.Fox (Retour vers le Futur), le personnage est l'un des rares à réussir à se rendre intéressant et attachant, au contraire du reste du casting où nombreux sont ceux qui sont à la fois insignifiants et antipathiques.
En premier lieu, Gaëtan « la Taupe » Molière, le spécialiste du forage, français de nationalité. Il a tous les stéréotypes du personnage insupportable, vulgaire, adepte des rots et mal élevé. Sans aucun intérêt dans l'histoire sauf à vouloir faire rire, il n'est en réalité pas drôle tant ses apparitions sont gênantes et pathétiques. En français, il est doublé par Patrick Timsit, qui, s'il ne le rend malheureusement pas plus sympathique, en respecte au moins la mécanique.
Vincenzo « Enzo » Santorini, le spécialiste des explosifs, d'origine italienne, n'est pas forcément mieux loti. Sa nonchalance le rend un peu transparent face à l'action et à ceux qui l'entourent. Quant à sa passion pour la dynamite, elle est risible et peu crédible. Et que dire de l'accent faussement « parrain italien » que lui donne Jean Reno en français, si ce n'est qu'il finit de le rendre irritant !
Jebidiah Allardyce « Cookie » Farnsworth est le cuisinier du convoi. Et encore, cuisinier est un bien grand mot : il assemble plutôt les aliments. Caricature des vieux américains du fin fond du Far West, son tatouage des États-Unis est aussi grotesque que ses goûts culinaires. Heureusement, Gérard Hernandez arrive à lui donner une certaine chaleur dans son doublage en français.
En toute honneteté, les trois personnages auraient pu facilement être ramenés à un seul apportant ainsi plus d'espace aux autres et épargnant des caricatures finalement peu sympathiques.
Dr Amadou Gentil est le médecin de bord. Par rapport aux trois précédents, il est bien moins insupportables et dispose d'un vrai rôle. Même si son introduction est plutôt mal faite, il gagne en épaisseur au cours du film. En français, c'est Mouss Diouf qui lui prête sa voix. A noter également, il s'agit avec John Henry, d'un des premiers personnages afro-américains animés par Disney de façon non caricatural.
Le Commandant Lyle Tiberius Rourke est le responsable de l'expédition. Au premier abord, il semble savoir prendre les bonnes décisions jusqu'au moment où il se transforme en être cupide n'hésitant pas à rayer une civilisation de la carte pour ramasser un peu d'argent. Le méchant du film permet donc aux artistes de faire une critique à peine voilée du capitalisme à outrance et du colonialisme. Lui aussi caricatural, il devient moins crédible à la fin du récit quand il laisse sa colère prendre le dessus sur son sang-froid. Ses mimiques en deviennent alors un tantinet exagérées.
L'équipe et l'expédition ont été montées par Preston B. Whitmore, philanthrope et meilleur ami du grand-père de Milo. Présent dans les premières minutes de l'opus, il ne fait que passer ! Juste là pour donner l'impulsion et les moyens financiers au début du long-métrage, il n'est, en effet, plus vu par la suite sauf dans les dernières minutes...
Les spectateurs noteront enfin un nombre incroyable d'occupants dans le sous-marin qui seront pour la plupart décimés avant d'arriver à Atlantide, en faisant, au passage, du film l'un des Walt Disney Animation Studios au plus grand nombre de morts suggérés au point qu'une bref cérémonie mortuaire leur est d'ailleurs consacrée au milieu de l'aventure.

A côté du casting masculin, les femmes de l'équipage sont bien plus réussies, chacune dans leur genre.
Audrey Rocio Ramirez est la plus jeune du groupe mais aussi la plus débrouillarde. Mécanicienne d'origine mexicaine, cette adolescente a la chaleur latine. Mélange de dureté sachant prendre des décisions et de cœur tendre capable de s'émouvoir quand il le faut, chacune de ses apparitions est à la fois utile et crédible. De plus, c'est assurément l'un des personnages qui sait se rendre le plus attachant et dont le spectateur croit à l'histoire.
La vielle acariâtre de Mme Placard est elle-aussi très réussie. Plus anecdotique que ses autres comparses, chacune de ses apparitions fait mouche. Responsable des communications, elle est totalement irrévérencieuse et ses réflexions sont aussi drôles que bien amenées.
Enfin, il y a la blonde pulpeuse bien qu'un peu froide, Helga Katrina Sinclair. Inspirées des femmes fatales des films noirs des années 30 / 40, elle possède une classe incroyable. Sa première apparition dans la pénombre dans une robe décolletée est ainsi superbe. Par la suite, elle surprend en étant un officier militaire redoutable. Dommage que son rôle ne soit pas plus étoffée.

Parmi, les atlantes, seuls deux personnages sortent du lot. Il y a naturellement la Princesse Kida Kidagakash Nedakh. Fille du roi, elle a vécu le déluge de l'Atlantide et essaye de convaincre son père de s'ouvrir à l'extérieur afin que son peuple ne s'éteigne pas. Plein de fougue, sa relation avec Milo est plutôt intéressante bien que survolée par manque de temps. Il n'empêche ! Rien que pour sa scène dans la Chambre du Cristal, Atlantide, l'Empire Perdu se doit d'être vu. C'est assurément le meilleur moment du film !
Son père, le Roi Kashekim Nedakh est un être sage et bon mais malheureusement mourant et à bout de forces. Il essaye de protéger son peuple du mieux qu'il peut mais ne semble plus en capacité de saisir l'enjeu qui se trame. Il campe ainsi sur sa position de voir son peuple resté terré au fond de la terre pour une vie en autarcie.

Au contraire de sa galerie de personnages, les effets spéciaux d'Atlantide, l'Empire Perdu ne souffre d'aucune critique. Nombreux, foisonnants, superbes, ils font de chaque scène un régal pour les yeux. L'introduction, le sous-marin, l'attaque du Léviathan, la cité de l'Atlantide, la bataille finale, les géants de pierre et surtout la Chambre du Cristal, toutes ses séquences sont à couper le souffle. De ce point de vue là, l'action du film est rondement menée et les visuels toujours bluffants. L'animation, quant à elle, est tout simplement exemplaire sans aucune fausse note d'un plan à un autre. Le tout est magnifié par l'utilisation du format scope. Ce n'était d'ailleurs pas arrivé depuis 1985 ! Atlantide, l'Empire Perdu devient donc le quatrième film des Walt Disney Animation Studios à proposer un format d'écran large après La Belle et le Clochard, La Belle au Bois Dormant et Taram et le Chaudron Magique.

L'autre élément superbe d'Atlantide, l'Empire Perdu est assurément sa musique. C'est James Newton Howard qui compose la splendide mélodie du film : pour les Walt Disney Animation Studios, il a d'ailleurs déjà été responsable de la magnifique musique de Dinosaure. Le film ne possède pas en revanche de chansons mise à part celle du générique de fin avec Aussi Loin que tes Rêves interprété par Mýa en anglais et Lena Ka en version française. Le score est donc travaillé exactement comme celui d'un film à prise de vue réelle. Le compositeur restitue ainsi, comme dans le visuel du film, deux univers musicaux distincts : un pour la partie occidentale et un autre pour la partie atlante en s'inspirant pour cette dernière de sonorités indonésiennes.

Lors de la sortie du film, la critique est plus que mitigée, lui reprochant son manque de travail sur les personnages et l'histoire. Avec un budget de 100 millions de dollars, l'opus ne finit que second lors de son premier week-end à 20 millions de dollars. Au final, il rapporte ainsi à peine 84 millions de dollars aux États-Unis et 186 millions dans le monde. A l'époque, il se fait manger tout cru par le dernier DreamWorks Animation, Shrek, qui sorti quelques semaines plus tôt engrange 267 millions de dollars aux États-Unis et 484 millions dans le monde entier pour un budget de seulement de 60 millions. Pour enfoncer le clou, Atlantide, l'Empire Perdu rapporte moins que Kuzco, l'Empereur Mégalo qui avait été pourtant vendu en catimini par Michael Eisner mais s'était maintenu par un excellent bouche-à-oreille. En voulant s'éloigner des films de contes de fées, Disney a donc perdu son pari ne parvenant pas, en outre, à rivaliser avec l'animation CGI qui attirent déjà les adolescents en nombre là où l'animation traditionnelle se voit désormais considéré par eux pour les enfants, et ce, peu importe le sujet du film. Deux notes positives tout de même : de tous les films d'animation traditionnelle à la même époque ayant un sujet d'aventure, Atlantide, l'Empire Perdu est tout de même celui qui remporte, et de loin, le plus de succès en le comparant avec La Route d'Eldorado (DreamWorks Animation - 2000 - 50.7 millions de dollars), Titan A.E. (Fox - 2000 - 22.7 millions de dollars) La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers (Walt Disney Animation Studios - 2002 - 38.1 millions de dollars) et Sinbad : La Légende des Sept Mers (DreamWorks Animation - 2003 - 26,4 millions de dollars). Maigre consolation tout de même puisque tous les studios décident alors comme un seul homme d'abandonner les films d'aventure et l'animation traditionnelle qui ne trouvent plus son public. L'autre bonne nouvelle à mettre au compte d'Atlantide, l'Empire Perdu vient de France. Avec 4 303 919 entrées, l'Hexagone est le second marché du film derrière les États-Unis rapportant presque à lui tout seul le quart des recettes en dehors de son pays d'origine.

Les résultats plus que décevants d'Atlantide, l'Empire Perdu mettent immédiatement un frein à toute possibilité de franchise. L'attraction Submarine Voyage qui devait être rethémée sur le film ne connaitra pas cette joie. De même, un série dérivée est stoppée. Seuls les trois premiers épisodes seront produits et utilisés partiellement pour créer le film d'animation sorti directement en vidéo, Les Énigmes de l'Atlantide, dans les bacs en 2003, deux ans après la sortie du premier opus.

Outre ses péripéties financières, et comme à l'époque du (Le) Roi Lion, une polémique est venue entacher la sortie d'Atlantide, l'Empire Perdu, en particulier auprès des fans d'animes japonais. Le film de Disney fait, en effet, beaucoup penser à la série du Studio Gainax, Nadia, le Secret de l'Eau Bleue. De nombreux éléments troublants se rapprochent ainsi dans les deux œuvres : l'Atlantide, le cristal, l'hommage à Jules Verne tel le sous-marin et même jusqu'à l'apparence des deux héros principaux où Kida semble être Nadia et Milo, Jean, surtout avec ses grosses lunettes rondes. Depuis, et bien après la sortie du film, Gary Trousdale a tenté de s'expliquer en prétendant qu'il ne connaissait pas la série. Que s'est donc t-il passé ? En fait, les deux œuvres sont parties du même postulat de départ : Jules Verne et l'Atlantide. Le cristal, par exemple, vient des idées de l'illuminé Edgar Cayce sur le continent perdu. Le film Disney, même s'il reprend un peu des idées du roman de 20 000 Lieues sous les Mers, puise aussi son inspiration de Voyage au Centre de la Terre où les héros du livre visite le continent perdu, dans lequel la civilisation a néanmoins disparu. Par contre, la série japonaise se base elle bien plus sur le roman aquatique de l'auteur français. Enfin, Gary Trousdale avoue avoir beaucoup d'admiration pour Hayao Miyazaki, le fondateur du Studio Ghibli et voit Atlantide, l'Empire Perdu comme une sorte d'hommage à son œuvre ; la ressemblance avec l'anime venant donc aussi de là. Il faut savoir que le réalisateur japonais avait été approché par la société japonaise de production Tōhō, au milieu des années 70, afin de faire une série autour de Jules Verne. Hayao Miyazaki travailla ainsi quelques temps dessus avant que le projet ne tombe à l'eau. Il reprit plus tard et en partie le travail déjà réalisé et s'en inspira pour créer sa propre série, Conan, Fils du Futur (1979) ainsi que son troisième film, Le Château dans le Ciel (1986). Néanmoins, Tōhō conserva, lui, le travail préliminaire déjà réalisé et repris le projet en 1989 qu'il confia au Studio Gainax. D'ailleurs, lors de la sortie de la série japonaise, beaucoup de fans d'Hayao Miyazaki crièrent au plagiat du (Le) Château dans le Ciel. Au fil des ans, la polémique s'est donc éteinte, les trois projets ayant des sources d'inspiration commune mais des ressemblances venues de coïncidences. Il faut dire qu'il était aussi de bon ton de taper sur l'ogre Disney, présumé honteux copieur face au génie de l'animation japonaise aux moyens moindres. La réalité est peut-être plus nuancée et l'inspiration universelle.

Au final, Atlantide, l'Empire Perdu est assurément le film le plus frustrant de toute la filmographie des Walt Disney Animation Studios. Ambitieux, il laisse un goût d'inachevé au spectateur. Il souffre d'un déséquilibre complet entre son rythme, son assise scénaristique et ses personnages rarement attachants. Restent des décors, des visuels, des effets spéciaux, des musiques superbes alliés à une thématique qui invite au voyage. La grande occasion ratée du studio.

L'équipe du film

Poursuivre la visite

Le Forum et les Réseaux Sociaux

www.chroniquedisney.fr
Chronique Disney est un site de fans, non officiel, sans lien avec The Walt Disney Company, ni publicité,
utilisant des visuels appartenant à The Walt Disney Company ou des tiers par simple tolérance éditoriale, jamais commerciale.