La Belle et le Clochard 2
L'Appel de la Rue

La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue
La jaquette
Titre original :
Lady and the tramp II : Scamp's adventure
Production :
Disney Television Animation
Date de sortie USA :
Le 27 février 2001 (Vidéo)
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Darrell Rooney
Jeannine Roussel
Musique :
Danny Troob
Melissa Manchester
Norman Gimbel.
Durée :
70 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Le temps a passé. Lady et Clochard ont quatre chiots. Si les trois filles sont sans histoire, Scamp, le fils, ne rêve que de liberté et d'aventure. Il fugue et rejoint bien vite une bande de chiens des rues dirigée par un certain Buster ; il tombe, dans la foulée, fou amoureux de la sulfureuse Angel...

La critique

rédigée par

La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue est le second opus, sorti directement en vidéo, de la saga La Belle et le Clochard.

Le Retour de Jafar est à l'origine de l'ineptie qui consiste à faire des suites vidéo aux Grands Classiques Disney. Il a, en effet, trois ans auparavant, ouvert une véritable boite de Pandore. En réalité, cette toute première suite d'Aladdin n'a jamais été prévue en tant que séquelle officielle du film. Il s'agissait ainsi des cinq premiers épisodes de la série télé Aladdin - narrant la même histoire et composant, en quelque sorte, son épisode pilote - que des responsables du département vidéo du studio ont l'idée de réunir en un seul opus pour le proposer à la vente. Bien qu'exécrable d'un point de vue artistique, la solution s'avère vite excellente d'un point de vue économique. Le film obtient, il est vrai, des résultats commerciaux impressionnants au point de décrocher le titre de la vidéo la plus vendue de l'année 1994 sur le marché américain. Le carton financier est total : peu d'investissements pour beaucoup de recettes. Il n'en faut pas plus pour que le studio de Mickey, au sein duquel les financiers ont alors pris le pouvoir, s'engouffre dans ce filon de la médiocrité qui a le don enviable de rapporter gros sur le court terme, tout du moins. Et tant pis : et pour l'image, et pour la réputation !

Un pas de plus est franchi avec La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue. C'est, en effet, la toute première fois que la division des "suites en vidéo" au sein de studios Disney, les Walt Disney Television Animation, s'attaque à un Grand Classique produit du temps de Walt Disney, en l'occurrence La Belle et le Clochard. Alors certes, le Maître n'a jamais été totalement réfractaire aux suites puisqu'il en a produites lui même de son vivant. Côté animation, il est ainsi possible de citer pour l'exemple Le Grand Méchant Loup, Les Trois Petits Loups, et Le Cochon Pratique suite des (Les) Trois Petits Cochons tandis que, du côté des films "Live", Après Lui, le Déluge continue l'aventure de Monte là-d'ssus. Pourtant, cinglant, Walt Disney a toujours commenté leurs contre-performances au box-office par un laconique mais inspiré "On ne peut raisonnablement pas égaler des cochons avec des cochons". Ainsi, jamais le papa de Mickey n'a autorisé la mise en chantier d'une suite à l'un de ses chefs-d'œuvre animés (cette démonstration n'étant bien sûr valable que si Les Trois Caballeros n'est pas envisagé comme une "suite" de Saludos Amigos). Michael Eisner, lui, n'a pas autant de scrupules et n'hésite pas à produire pour le cinéma, via les Walt Disney Animation Studios, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous suite des (Les) Aventures de Bernard et Bianca. Avec La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue, il pousse son audace plus loin encore et signe alors le film qui inaugure l'infamie...

La production de La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue se partage entre Los Angeles et Sydney. A l'époque, les studios d'animation Disney sont, en effet, nombreux dans le monde : trois aux USA (Burbank, Glendale et Orlando) ainsi que des unités, respectivement, en France, au Canada, au Japon et en Australie. Dans ce maillage, Walt Disney Animation Australia est principalement chargé de produire l'animation des suites vidéos. Pour celle de La Belle et le Clochard, la pré-production commence ainsi à Los Angeles avec un travail sur l'histoire et les story-boards pour ensuite passer aux studios de Sydney qui travaillent alors sur l'apparence des personnages. Après cela, premier retour à Los Angeles pour peaufiner les différentes séquences afin que l'animation puisse elle commencer à Sydney. Enfin, la Californie reprend la main pour finir la postproduction et rajouter la musique et les bruitages.

Ces allers-retours incessants n'empêchent pas les réalisateurs de garder en tête l'objectif qu'ils se sont donnés de rendre hommage au Grand Classique original et d'en respecter la mémoire. Si l'intention est louable, force est de constater qu'elle fait choux blanc tant elle est mal engagée. Dès lors, La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue ne peut apparaitre que pour une pale copie de son film de référence. Du côté de son animation et de ses décors, la comparaison est, en effet, insupportable tant il n'a ni la finesse, ni le charme de son ainé. Abandonnant le format CinemaScope pour se concentrer sur un écran 16/9 forcément moins prestigieux, il se prive par ce simple choix technique de l'aura qui aurait pu modifier d'emblée l'ambiance de son récit. De même, l'utilisation de l'ordinateur - discrètement pour les véhicules ou plus distinctement pour la colorisation des personnages et de certains décors - ôte à l'opus toute capacité à tenir la dragée haute à son illustre ancêtre : trop moderne et trop plastique ! Mais le désastre ne s'arrête pas là et la double peine est, à l'évidence, au coin de la rue : quand il s'éloigne de La Belle et le Clochard (dans ses personnages et / ou ses lieux), La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue prend, il est vrai, des airs de sous Don-Bluth ou de Balto du pauvre. Difficile dans ces conditions de prétendre à décrocher, ne serait-ce qu'une once d'attention des téléspectateurs avertis.

Sur le plan du scénario, le bilan n'est pas plus fameux. A vouloir coller au premier opus, les auteurs ont véritablement commis l'irréparable. Pensant rendre hommage à l'original, ils ont, en effet, l'idée saugrenue d'imaginer une histoire inverse de celle de La Belle et le Clochard, qui décidément, démontre là que son récit se suffisait à lui-même. Mais que nenni ! Il faut répondre à la commande de la direction des studios : donc, pourquoi ne pas imaginer la génération suivante et lui faire vivre l'expérience opposée à celle vécue par ses parents ? Le pitch de La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue est sur les rails ! Rien d'étonnant à cela, les Walt Disney Television Animation ont déjà fait le coup avec La Petite Sirène 2 : Retour à l'Océan. Ici, cependant, c'est le fils de Clochard qui ne veut pas vivre à la maison et mais dans la rue... Et pour appuyer la démarche, toutes les scènes-clés du film de référence sont reproduites à l'inverse avec, en point d'orgue, la séquence des spaghettis rendue plus fo-folle puisque vécue par des chiots. Mais voilà : l'hommage ne fonctionne pas et l'affront n'est pas loin ! Pire, le film se paye une erreur de débutant, montrant la méconnaissance par les artistes de la genèse de La Belle et le Clochard : ils révèlent les visages de Jim et Darling, une chose que s'était bien gardée de faire l'original pour justement insister sur la vision des chiens... Impardonnable !

Mais tout n'est pas forcément raté dans La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue. Les personnages, du moins les chiens de premiers plans, sont ainsi globalement bien définis à la fois dans leur personnalité et leur design.
Une grande majorité vient d'ailleurs du premier film et notamment tous ceux qui entourent la famille. Jock, Cesar, les chats Si et Am, Tante Sarah, Darling, Jim Chéri et bien-sur Lady et le Clochard sont de l'aventure ; Lady faisant toutefois de la figuration là où le Clochard voit son rôle de père globalement approfondie.
A cette galerie de haute qualité, se rajoute, compte tenu bien sûr de la trame suivie, toute la progéniture dans des rôles bien plus poussés que ceux mis en place lors du premier opus. Les trois sœurs Prudence, Constance et Clémence (Annette, Danielle et Collette en anglais), portraits crachés de leur mère, voient ainsi leurs personnalités se différencier : amusantes, elles sont malheureusement trop peu présentes.
Scamp, le frère dissipé, fait également sa réapparition. Venu comme ses sœurs du grand classique de Walt Disney, il a, lui, entre temps, effectué une longue carrière dans la bande-dessinée. Ainsi, alors qu'il est anonyme dans La Belle et le Clochard (comme ses sœurs d'ailleurs), les dessinateurs de BD (Ward Greene en tête) choisissent de l'appeler par son nom de code interne aux artistes des studios d'animation. Il le porte donc dans des comic strips et des comic books, de 1955 à la fin des années 80. La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue lui permet ainsi de sortir de l'oubli en accédant directement à un premier rôle. Fripon au grand cœur, Scamp (dont l'animation comme le caractère sont remarquablement définis) n'a peur de rien et rêve de liberté ! Mais l'amour le rattrape bien vite en la personne d'Ange qui, contrairement à lui, est une totale création du studio de Glendale ! Aussi bien traitée que son compagnon, elle dispose d'un design délicat et d'une personnalité attachante. Chassée de plusieurs familles, son but dans la vie se situe à l'opposé parfait de celui de Scamp : abandonnée, elle recherche une famille adoptive...
Caïd, quant à lui, est le vilain de service de l'opus. Doberman, meneur de la bande de chiens errants, il ne cherche, en réalité, qu'à se faire mousser. Pas vraiment méchant, il n'est toutefois pas digne de confiance. Plutôt prévisible dans ses réactions mais amenant un peu de piment au récit, il est clairement sous-exploité ; ses mauvais travers n'étant pas mis en lumière comme ils le devraient.
Le reste du casting est d'ailleurs dans la même situation, quand elle n'est pas pire : les autres personnages -qu'ils viennent de la fourrière ou de la décharge, sans parler du fonctionnaire du chenil- sont ainsi, mal dessinés, sans intérêts ou pathétiques ; parfois les trois à la fois !

Comme La Belle et le Clochard, La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue se décline en chansons. Mais voilà, sans doute pour une question de droits, aucun des titres de Peggy Lee n'est repris ; seule Bella Notte revenant dans le générique de fin. Le reste de la partition est totalement inédit distillant du bon (Un Monde sans Barrières, La Famille) et du juste passable (Venez, Le Club des Clébards, Je n'Avais Jamais Ressenti Ça) ; le tout formant un curieux ensemble pop, passe-partout, bien loin des airs cosmopolites, variés et parfois jazzys des chansons du Grand Classique de référence.

Envisagé de manière indépendante, La Belle et le Clochard 2 : L'Appel de la Rue n'est pas forcément un mauvais film et se situe plutôt dans le haut du panier des suites produites par les DisneyToon Studios et sa grande sœur, Walt Disney Television Animation. Mais voilà, comme il se doit d'être envisagé avec La Belle et le Clochard en ligne de mire, il constitue clairement une hérésie !

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