La Fée Clochette
L'affiche du film
Titre original :
Tinker Bell
Production :
DisneyToon Studios
Date de sortie USA :
Le 19 septembre 2008 (exclusivité cinéma au El Capitan Theater à Hollywood)
Le 28 octobre 2008 (sortie vidéo)
Genre :
Animation 3D
Réalisation :
Bradley Raymond
Musique :
Joel McNeely
Durée :
89 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Ne connaissant pas encore Peter Pan et les Garçons Perdus, Clochette vit auprès de ses amies dans la magnifique Vallée des Fées, située quelque part dans le Pays Imaginaire. Entourée d'autres fées, elle bénéficie comme elles d'un talent particulier. Dotée d'un sens inné pour le bricolage, elle n'a cependant de cesse de pester contre son don qu'elle estime bien moins valorisant que celui de ses amies. Cherchant à leur ressembler, elle décide de suivre leurs pas... Quitte à déclencher les pires catastrophes !

La critique

rédigée par

La Fée Clochette est une étape cruciale pour DisneyToon Studios. Il est, en effet, le fruit direct de la politique de John Lasseter, nouveau patron des studios d'animation Disney, visant à mettre un terme définitif aux suites en vidéo des Grands Classiques. Désormais, seules des productions liées à Disney Consumer Products sont mises en chantier, avec pour impératif d'être toutes des œuvres originales. La Fée Clochette est ainsi une commande de Disney Consumer Products auprès de DisneyToon Studios pour lancer et appuyer une nouvelle franchise, Disney Fairies.

Disney Fairies est une gamme inédite de produits de la Walt Disney Company dont la déclinaison transversale poursuit le but de capitaliser sur l'héritage des contes de fées au sein de l'univers Disney. La clé de voute de la collection est ainsi la Fée Clochette de Peter Pan. Elle sert de véritable fil conducteur pour un ensemble de marchandisage, à destination principalement des jeunes filles préadolescentes. L'origine du projet remonte, en réalité, à l'ouverture de la Foire du Livre de Jeunesse de Bologne au printemps 2005 où la firme de Mickey annonce dans son plan d'édition, une nouvelle illustrée visant le public des petites filles de 6 à 10 ans. En septembre 2005, Disney Publishing Worldwide sort donc en librairie Poussière de Fées et l'œuf magique (Fairy Dust and the Quest for the Egg) écrit par Gail Carson Levine, déjà récompensé par un Newbery Honor. L'édition marque alors le début de la collection Disney Fairies, le livre étant considéré comme la pierre angulaire de la série et de la  franchise. De nombreux autres ouvrages et produits dérivés voient ensuite rapidement le jour...

Dans une logique de montée en puissance commerciale, décision est prise d'appuyer Disney Fairies par une offre vidéo forte, apte à susciter l'engouement des petites filles pour les produits dérivés. La Fée Clochette est donc annoncée sur les étalages en octobre 2007. L'arrivée de John Lasseter, au cours de l'année 2006, va cependant considérablement chambouler le calendrier de DisneyToon Studios. Le nouveau patron du studio stoppe immédiatement toutes les suites vidéos des Grands Classiques (Les Aristochats 2, Chicken Little 2, Bienvenue Chez les Robinson 2) et arrête, dans la foulée, le massacre orchestré avec la pitoyable collection des Disney Princesses - Les Histoires Merveilleuses. John Lasseter n'est toutefois pas au bout de ses peines : il peste en effet contre le projet de La Fée Clochette qu'il juge par trop éloigné du Grand Classique de 1953, Peter Pan. Envisageant un temps son abandon pur et simple, il se ravise bien vite sous la pression économique de Disney Consumer Products. L'enjeu est de taille : la Walt Disney Company ne peut, il est vrai, s'assoir sur les recettes attendues de cette nouvelle franchise. Le DVD doit impérativement sortir ! Si John Lasseter en accepte le principe, il juge fin 2006, début 2007, le film irregardable. Son avis cinglant provoque le départ de la présidente de DisneyToon Studios, Sharon Morrill, qui avait pourtant fait de sa filiale un petit bijou de rentabilité ; son crime étant pour cela d'avoir terni durablement l'image du label Walt Disney tout entier par des productions d'une impressionnante et systématique médiocrité. John Lasseter prend alors le dossier en personne. Il repousse d'un an la sortie de La Fée Clochette, en devient le producteur exécutif et tente de donner l'impulsion nécessaire pour remanier le film en vue de le replacer dans un standard de qualité satisfaisant.

Le pari est osé. John Lasseter joue, en effet, sur ce projet emblématique, toute la légitimité de sa démarche artistique et managériale. Produire des œuvres de qualité tout en étant rentable ; La Fée Clochette, version Lasseter, devient, pour la firme de Mickey dans son ensemble, le premier exemple concret de cette stratégie nouvelle sur le marché de la vidéo, et accessoirement, sur tous les autres alentours.

Le pari est tenu. Le film, clairement à destination des petites filles de moins de dix ans, remplit parfaitement sa mission. Tout en douceur, dépourvu de "vrais" méchants à la manière de l'univers de Winnie l'Ourson, il emprunte également à une autre série bien connue des bambins (les Schtroumpfs) sa construction communautaire hiérarchique et l'omniprésence de la Nature. Prévu pour connaitre quatre opus couvrant chacun une saison, formant un semblant de collection, l'épisode se consacre ici au printemps. Le rythme, lent mais charmant, prend le temps d'installer, et l'atmosphère, et les personnages. Le spectateur assiste ainsi à la naissance de la fée Clochette puis à son arrivée dans le Pays Imaginaire et la Vallée des Fées. Les scénettes qui s'enchainent alors ont toutes pour point commun d'afficher une grande sérénité rendant l'ensemble mignon à souhait. La séquence où Clochette apprend à un oisillon à voler est, à ce titre, un petit bijou de sensibilité et d'humour.

L'histoire se déroulant avant la rencontre avec Peter Pan, les fans ne manqueront pas de se délecter des nombreux clins d'œil lancés au Grand Classique éponyme, exception faite, toutefois, de la galerie de personnages, très éloignée de ce dernier. La fée Clochette n'a notamment plus grand chose à voir avec sa version de 1953. Elle conserve certes son sale caractère, mais en perd des traits constitutifs, et non des moindres, tels la jalousie, l'égocentrisme et la malignité. Elle apparait ici franchement naïve et innocente. Son très jeune âge dans l'opus explique sans doute ce revirement psychologique qui ne dit pas son nom. La plus grande surprise de la "nouvelle" fée Clochette reste cependant, à n'en pas douter, son inédite aptitude à parler. Muette dans Peter Pan, elle est, en effet, désormais une vraie pipelette. La raison officieuse de ce changement radical repose dans une pirouette scénaristique, expliquant - à qui veut l'apprendre - que les fées discutent entre elles mais ne peuvent, en revanche, converser avec les humains. La version française offre ainsi à ce personnage de pantomime légendaire la voix de la chanteuse Lorie, qui, ni bonne, ni mauvaise, livre une prestation au minimum syndical. Et si finalement, il était impossible de se faire à l'idée de voir Clochette parler ?  
Les autres personnages de La Fée Clochette sont, quant à eux, tous des créations originales. La galerie est d'ailleurs terriblement riche et offre une panoplie complète de fées mâles ou femelles. Clochette est ainsi, d'abord et avant tout, entourée de quatre proches amies, représentant chacune un élément et un don ; Ondine est une fée de l'eau, Rosélia, une fée du jardin, Iridessa, une fée de la lumière et  Noa, une fée des animaux. Dotées d'un caractère bien défini, elles ont toutes les traits d'une minorité visible (asiatique, afro-américaine...) Tout ce petit monde évolue dans une société hiérarchisée que la reine Clarion dirige, secondée dans sa tâche par les ministres des saisons puis les responsables des clans, à l'exemple de la Fée Marie, responsable des fées bricoleuses. Chacun mène une existence paisible en adéquation parfaite avec la nature, omniprésente. Les habitants de la forêt (souris, écureuils et autres oiseaux...) sont d'ailleurs formidablement attachants. L'animation, sans égaler les films visant une sortie cinéma, reste, pour se faire, de très bonne facture. Seul l'aspect des personnages humains arbore, en effet, dans certaines postures, un côté "plastique" dénaturant, alors qu'au contraire, les décors affichent eux un superbe rendu. Quelques-uns, particulièrement réussis, s'approchent, il est vrai, de la peinture alors même qu'ils sont issus de la technologie de l'animation 3D. L'univers créé, fait de petites maisons aux objets bricolés à partir de fleurs et de branches, est tellement immergeant que le spectateur, adulte compris, se sent transporté dans une atmosphère bienveillante, difficile à bouder. Ce sentiment est logiquement renforcé par la bande originale qui, ayant la bonne idée de reprendre des musiques celtiques, apparait idéale pour appuyer un univers de farfadets. Les deux chansons du film participent d'ailleurs à l'élan, sans afficher toutefois le même bilan. La première offre, en effet, une mélodie entêtante tandis que la seconde trouve sa  limite dans une ritournelle sans imagination.

Enchanteur à bien des égards, remplissant parfaitement son objectif,  La Fée Clochette est un film à destination des petites filles, qui a néanmoins la capacité d'attendrir finalement toute la famille !

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