Titre original :
Incredibles 2
Production :
Pixar Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 15 juin 2018
Genre :
Animation 3D
IMAX
3-D
Réalisation :
Brad Bird
Musique :
Michael Giacchino
Durée :
118 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Un changement de rythme difficile attend la famille Parr ! Hélène, alias Elastigirl, est en effet amenée à se retrouver sur le devant de la scène médiatique laissant à Bob le soin de mener à bien les mille et une missions de la vie familiale quotidienne en gérant Violette, Flèche et bébé Jack-Jack. Et il n'est pas au bout de ses peines d'autant qu'il mesure mal l’étendue des incroyables pouvoirs du petit dernier…

La critique

rédigée par
Publiée le 11 juin 2018

Quatorze ans après Les Indestructibles, le chef-d'œuvre de Brad Bird, le réalisateur revient avec cette suite tant attendue. Si le plaisir de retrouver les personnages est intact, Les Indestructibles 2 se complaît vite malheureusement à proposer une histoire en mal d'ambition et fort peu inspirée. Certes visuellement splendide, le long-métrage souffre ainsi de longueurs en dépit de scènes d'action trépidantes. Pire encore, il est dépourvu d'un message fort à véhiculer quand il ne se perd pas, en plus, dans des stéréotypes de couple désespérément datés. La suite répète alors à foison son aîné, souvent en étant son miroir inversé et se voyant toujours dépassé autant sur son enjeu super-héroïque que sur son discours sociétal. Seul Jack-Jack sauve l'honneur en devenant un personnage tout simplement bluffant à grands coups d'humour et d'énergie. Au final, la déception prime : Brad Bird signe là peut-être son film le plus paresseux, même si sa maestria technique et sa mise en scène éblouissantes demeurent.

En 2004, quand sort Les Indestructibles, l'opus est encensé par la critique et le public. Tous saluent son inventivité, sa réalisation, ses personnages et son écriture. Près de quinze ans plus tard, il demeure dans le cœur des spectateurs parmi les préférés du studio. Le box-office montre d'ailleurs cet amour. Aux États-Unis, le film réalise à l'époque le meilleur démarrage d'un Pixar avec 70 millions de dollars (exception faite de Toy Story 2 qui avait récolté 80 millions de dollars en 1999 mais sur cinq jours et non en trois comme ici). Au total, sur le territoire américain, il rapporte pas moins de 261 millions de dollars et 631 au niveau mondial. Un excellent résultat qui confirme la main mise sur l'animation du studio de Luxo Jr. au sein de celui de Mickey. En France, le public est également conquis en accordant aux (Les) Indestructibles un total de 5.6 millions d'entrées, le plaçant quatrième de l'année. Preuve de son aura, Les Indestructibles récolte pas moins de quatre nominations aux Oscars et en remporte deux dont le prestigieux Oscar du Meilleur Film d'Animation.

Bizarrement, malgré sa popularité et son succès, la franchise ne semble pas avoir été exploitée au maximum de son potentiel. Le film a seulement droit à un court-métrage spin-off, Baby-Sitting Jack-Jack, offert en bonus de l'édition vidéo du long-métrage. Ce dernier a d'ailleurs la bonne idée de montrer ce qu'il se passe du côté de la baby-sitter quand elle garde le petit dernier resté à la maison. Il en profite ainsi pour expliquer les messages étranges qu'Hèlene Parr reçoit sur son répondeur. Côté Parcs Disney, et étonnamment, aucune attraction digne de ce nom ne sera construite autour de la franchise. Les personnages, par contre, apparaissent dans de nombreux spectacles ou animations comme par exemple Le Challenge des Indestructibles dans le Parc Walt Disney Studios à Disneyland Paris. Réclamé à corps et à cris, y compris par les spectateurs qui sont réfractaires aux suites cinématographiques, l'annonce d'un deuxième opus se fait pourtant désirer. C'est seulement en mars 2014 que Bob Iger annonce enfin, lors de l'assemblée annuelle des actionnaires de The Walt Disney Company, que la suite du film est en cours d'écriture par Brad Bird en personne.

Passionné par l'animation dès son plus jeune âge, Brad Bird signe son premier film à seulement treize ans. Ce futur réalisateur de renom se fait très vite embaucher par la firme de Mickey puis conseiller, en son sein, par Milt Kahl, l'un des pionniers du studio au château enchanté. Il débute alors véritablement sa carrière en 1981 en qualité d'animateur sur Rox et Rouky. Il réalise ensuite un épisode de la série Amazing Stories, produite par Steven Spielberg, avant de signer quelques aventures des Simpson. En 1999, Brad Bird met en scène son premier long-métrage d'animation, Le Géant de Fer pour la Warner, considéré par beaucoup comme un chef d'œuvre qui ne dit pas son nom. Cinq ans plus tard, il passe à la vitesse supérieure en réalisant Les Indestructibles pour le compte, cette fois-ci, des studios Pixar. Par la suite, en 2007, les mêmes studios lui demandent d'être le réalisateur de Ratatouille, pour remplacer Jan Pinkava ayant quitté le projet. Il change juste après son fusil d'épaule et décide de passer à la réalisation de films en prises de vues réelles. Pour sa première incursion, il décide toutefois de rester en terrain conquis. Il se charge donc de la réalisation de Mission : Impossible - Protocole Fantôme, le quatrième volet de la saga Mission : Impossible, sorti en 2011. En 2015, il s'essaye à mettre en scène un projet personnel, via un univers qu'il a créé de A à Z : le superbe À la Poursuite de Demain pour Disney. Malheureusement, le long-métrage est un échec cinglant. Les studios de Mickey qui avait accepté la mise en chantier de ce film "live" au bilan financier catastrophique obtiennent comme une sorte de dédommagement une suite aux (Les) Indestructibles en lui demandant d'en accélérer l'écriture. Prévu un temps pour 2019, Les Indestructibles 2, sort donc finalement le 13 juin 2018.

Brad Bird pense tout de suite à construire un récit qui commence directement après le premier opus. Il ne veut pas en effet que Les Indestructibles 2 se passe des années après l'histoire du premier long-métrage. Il n'a en réalité aucune envie de voir les personnages de Flèche et de Violette devenir adultes et partir à l'université tandis que Jack-Jack serait lui au lycée. Il préfère donc les garder tels qu'ils sont sans se poser la question de savoir s'ils ont réussi à obtenir de nouveaux pouvoirs. À y réfléchir de plus près, le gap temporel a déjà eu lieu dans le premier opus. Trois mois séparent ainsi la victoire sur Syndrome de l'attaque du Démolisseur. Autre difficulté, comment créer un film de super-héros dans les années 2010 alors que le genre inonde le marché surtout avec le succès du Marvel Cinematic Universe. En 2004, lors de la sortie des (Les) Indestructibles, seules les sagas Spider-Man et X-Men sont, il est vrai, sur le devant de la scène, et encore ils n'ont que deux films chacun à leur actif. Le reste est anecdotique tandis que la saga Batman n'a pas encore été relancée. Brad Bird ne s'embête donc pas de cette considération car, comme pour le premier film, l'aspect super-héroïque a toujours été anecdotique pour lui. Le thème principal de la franchise reste centré sur la famille. Les pouvoirs sont là uniquement pour lui permettre de réagir à des situations extraordinaires. Il va donc reprendre certaines idées qu'il avait laissées en suspens lors du premier film et essayer de triturer la dynamique de cette famille hors du commun. Pour cela, il change le centre de gravité et décide de s'intéresser particulièrement à Elastigirl.

Sur le papier, l'idée est plutôt bonne. Mais autant le fait de mettre en avant la mère tandis que le père reste à la maison à s'occuper des enfants était progressiste en 2004, autant en 2018, les nouvelles générations ne prennent plus cela comme un message révolutionnaire. De plus, Les Indestructibles 2 a la mauvaise idée de montrer un mari complètement dépassé devant les devoirs de maths du fiston, les émotions de son adolescente ou les besoins du bébé. Sans compter, bien sûr, qu'il est jaloux de la réussite de sa femme mais qu'il ne peut se permettre de le dire ! La réaction de Bob est non seulement clichée mais aussi complètement datée. C'est évidemment louable de vouloir montrer qu'une femme est dans le travail, quelqu'il soit, l'égale de l'homme. Mais il serait peut-être temps d'affirmer aussi l'inverse dans cette quête d'égalité sexuelle. Pourquoi le père ne serait-il pas en mesure d'assurer la gestion quotidienne de sa famille, comme c'est souvent déjà le cas dans la vraie vie, et au-delà, pourquoi ne serait-il pas totalement en phase avec l'évolution professionnelle de son épouse ? Pourquoi faut-il, pour montrer l'émancipation de la femme, insister sur l'échec du mari ? Que diable : le monde a déjà changé et cette morale n'a plus lieu d'être !

Ce constat fait, il faut avouer que la dynamique de la famille fonctionne toujours aussi bien. Les scènes où ses membres sont tous ensemble dans leur vie de tous les jours sont ainsi les plus réussies du film. Les interactions avec les personnages sont parfaites et l'humour des situations fait souvent mouche. Même si la réaction de Bob en père dépassé est clichée à outrance, force est de constater que les séquences où il s'occupe de ses enfants sont particulièrement drôles. Il est ici facile de comprendre le choix de narration du réalisateur car la réaction de M. Indestructible face à ses problèmes du quotidien permet des répliques savoureuses. C'est certes facile mais terriblement efficace. Les Indestructibles 2 manque toutefois d'un zeste d'émotion là où globalement le premier opus savait plus attendrir le spectateur. Ceci dit, elle arrive tout de même à perler de-ci de-là, notamment dans une scène particulièrement touchante entre Violette et Bob dans le salon de leur maison. L'autre grande réussite de l'opus avec la famille est assurément quand tous ses membres sont réunis pour se battre côte à côte et s'entraider comme une véritable équipe. Dans ce cadre, la séquence d'introduction comme le grand final sont tout simplement parfaits : haletants tout en sachant utiliser les pouvoirs et la personnalité de chacun des personnages toujours à bon escient. C'est dans ces moments-là que le film dévoile tout son potentiel.

Il faut dire que le retour des personnages fétiches du premier film est assez jubilatoire et les retrouver après tant d'années est un plaisir immense.
Bob reste particulièrement humain et c'est là tout son charme. Même si sa jalousie vis-à-vis de sa femme n'est pas forcément un joli sentiment, il sait dépasser ce stade et va tout faire pour l'aider à réussir. Car son rôle à lui est désormais d'être le gestionnaire du quotidien de la famille, pour que son épouse puisse s'épanouir professionnellement et mettre, par la même, toute la tribu à l'abri du besoin. Il se découvre alors père au foyer et va se rendre compte qu'il s'agit là d'un travail à plein temps qui nécessite toute son énergie. Craig T. Nelson reprend son rôle en anglais tandis qu'en français, le personnage change de voix à la suite du décès de son doubleur originel Marc Alfos. Gérard Lanvin a ainsi été choisi pour le remplacer...
Hèlène laisse donc son rôle de mère au placard pour celui de working-girl. Réticente dans un premier temps, elle adore finalement son nouveau job. Elle reste tout de même dubitative sur la capacité de son mari à s'occuper de ses enfants (et là aussi ce sentiment n'est pas à son honneur). Mais voilà, elle n'a pas vraiment le choix et se voit contrainte d'assumer son nouveau positionnement. Elle doit faire confiance à Bob pour gérer le quotidien même s'il est manifestement toujours dur pour elle de déléguer des tâches qu'elle considère lui être assignées d'office de par son rôle de mère. Pas de changement de doublage ici, ni en anglais avec Holly Hunter ni en français avec Deborah Perret.
Violette est, quant à elle, la jeune fille en pleine crise d'adolescence. Là où dans le premier film, elle est timide à l'excès, elle est ici une véritable boule explosive passant par toutes les phases de l'énervement complet à l'euphorie en passant par la honte totale. Elle évolue grandement pendant l'aventure et apprend à prendre ses responsabilités mais aussi à gérer ses émotions. La voix est toujours tenue en anglais par Sarah Vowell tandis qu'en français Lorie cède sa place à Louane.
Étonnamment, Flèche est le personnage qui montre le moins de changement par rapport au premier opus. Il reste un garçon, certes hyper-actif et toujours enclin à faire des bêtises, mais éminemment sympathique. Il s'agit du seul personnage à changer de voix en anglais puisque son doubleur d'origine, Spencer Fox, a mué en 14 ans. Il est remplacé par Huck Milner.
Lucius, alias Frozone, l'ami de la famille, voit lui son rôle étoffé et offre quelques scènes agréables. Il est notamment une aide précieuse pour Bob. Il utilise également ses pouvoir réfrigérants dans les séquences d'action aux côtés de l'équipe des Indestructibles. Là encore, Samuel L. Jackson en anglais et Thierry Desroses en français reprennent le rôle.
Mais la véritable révélation du film est clairement et sans conteste Jack-Jack. Il est LA vedette du film et ses apparitions en constituent les meilleurs moments. La scène avec le raton-laveur, à la fois drôle et survoltée, va vite devenir culte et rester dans les annales. Les différents pouvoirs du bébé, entrevus dans le premier opus ainsi que dans le court-métrage Baby-Sitting Jack-Jack, sont utilisés ici avec tout leur potentiel visuel et comique. Les interactions avec son père sont particulièrement amusantes et le public ne regardera plus une boîte de cookie sans penser à ce petit bout'd'chou.

Malgré ses personnages attachants, Les Indestructibles 2 souffre malheureusement d'un scénario terriblement paresseux qui ne peut cacher son incroyable impression de redite. Au-delà de l'aspect familial, l'histoire du long-métrage est en effet à la fois un miroir inversé du premier tout en étant sa copie conforme dans les motivations et les rebondissements. Le déclencheur, la menace, la révélation... tout rappelle laborieusement la première aventure. Le spectateur ne peut s'empêcher de cocher des cases sur le cahier des charges en se désolant de tomber juste à chaque fois. Le clap de fin venu, le long-métrage n'a proposé aucune vraie surprise et aucune tension crédible dans la trame globale. Cela aurait pu ne pas être gênant si l'histoire n'avait pas été autant un copier / coller et que le déroulé avait été audacieux. Au contraire, il y a ici un vrai creux au milieu du récit malgré les trois scènes d'action avec Elastigirl rondement menées mais au final un peu vaines : elles servent juste à freiner l'arrivée de la "révélation" qui n'en est finalement pas une. L'ennui finit par se faire ressentir si bien qu'un bon quart d'heure aurait pu être coupé. Le spectateur voit en fait défiler les actes de bravoure mais finit par se lasser d'un second opus qui raconte décidément peu ou prou la même chose que son aîné. Même le personnage d'Edna Mode, pourtant génial (toujours doublé par Brad Bird en anglais et Amanda Lear en français), se voit confiné au même temps de présence que dans le premier film allié à une construction et un découpage quasi identiques. Il y aurait sûrement eu moyen de la montrer différemment en privilégiant ses recherches et non, encore une fois, la présentation de ses travaux. Heureusement, le dernier acte avec les retrouvailles super-héroïques de toute la famille réveille l'ensemble pour finir sur une note positive.

À l'inverse de son ambition initiale, Les Indestructibles 2 s'avère au final un peu plus super-héroïque que son prédécesseur. Et là encore, un air de déjà-vu plane sur l'opus. Depuis le premier épisode de 2004, nombre de films de super-héros ont été proposés et les idées développées ici n'ont rien de franchement transcendantes. La suite repart sur l'idée de la loi anti-super-héros alors que la fin du premier laissait penser que le problème était réglé. Surtout que depuis 2004, ce genre de considération a déjà été trituré dans tous les sens que cela soit dans la saga X-Men ou le MCU comme dans Captain America : Civil War. Le film n'arrive pas à réinventer son discours et s'enlise dans la répétition. Surtout que les nouveaux super-héros créés pour l'aventure sont pour la plupart insipides et fades, y compris dans leur pouvoir déjà vu et sans réelle imagination. La seule qui sort du lot est ainsi Vortex (Sophia Bush en anglais). Son pouvoir de création de porte interdimensionnelle est plutôt bien trouvé en offrant quelques jolies trouvailles visuelles. Malgré l'apport de nouveaux super-héros, dans les séquences d'action au milieu du récit, les deux seuls protagonistes qui comptent sont Elastigirl et son antagoniste, L'Hypnotiseur. Le fait de voir une super-héroïne sauver le monde a, en effet, un côté rafraîchissant surtout que l'accent est mis sur sa féminité dans la prise de décision : celui d'être le plus pragmatique possible sans foncer dans le tas et donc sans provoquer de dégâts inutiles. L'Hypnotiseur, quant à lui, aurait pu être un méchant charismatique et ses pouvoirs de prise de contrôle des foules auraient pu promettre de grandes choses. Malheureusement, son identité et ses motivations sont aussi décevantes que... prévisibles.

Heureusement, Les Indestructibles 2 aborde quelques idées nouvelles à défaut d'être originales. L'importance de la communication et de l'emballage sur l'utilité et la qualité du produit est sympathique en critique à peine voilée des produits de l'entreprise de l'ancien propriétaire de Pixar, Steve Jobs. Les deux nouveaux personnages de Winston Deavor (Bob Odenkirk en anglais) et de sa sœur Evelyne Deavor (Catherine Keener en VO) pourraient, il est vrai, presque représenter les deux facettes du créateur d'Apple. Plus intéressant encore est cette idée abordée en marge des questions super-héroïques. Comment faire pour démontrer à l'opinion publique qu'une loi est mauvaise ? Faut-il rentrer dans l'illégalité pour le prouver en espérant que le peuple soit du côté des hors-la-loi et pousser les politiques à revenir en arrière ou, au contraire, rester dans le rang en espérant que le législateur aura le bon sens de défaire ce qu'il a mal fait ? Elastigirl devra répondre à cette question en allant à l'encontre de ses propres convictions.

S'il y a bien un aspect sur lequel Les Indestructibles 2 ne souffre d'aucune critique, c'est sûrement dans son visuel. Il a, en effet, la bonne idée de reprendre l'apparence du modernisme des années 60 qui avait si bien réussi au premier opus. Les quatorze années qui séparent les deux films permettent en outre de faire un bond en avant technique impressionnant même si, à la différence du film de 2004, l'ébahissement n'est forcément pas le même. À l'époque le premier opus avait révolutionné le monde de l'animation assistée par ordinateur. Là, le résultat est superbe mais absolument pas révolutionnaire dans l'art du CGI ; celui-ci ayant atteint sa maturité depuis des années. Pour autant, les décors sont de toute beauté. Ainsi, la nouvelle maison des Parr est à tomber par terre, non seulement dans son design mais aussi dans tous les gadgets qu'elle possède. C'est bien simple : n'importe quel spectateur aurait envie de la visiter et d'en étrenner tous les boutons. Le second opus est aussi bien plus urbain que Les Indestructibles ; les décors s'en ressentent avec des buildings et des monorails à foison. D'ailleurs, le film semble avoir profité du travail du réalisateur sur son précédent long-métrage, À la Poursuite de Demain, où les influences urbanistes optimistes se font vraiment ressentir.

Autre point exemplaire dans Les Indestructibles 2, la réalisation de Brad Bird est époustouflante. Il offre des mouvements de caméra et des plans à couper le souffle. Les séquences d'action sont chorégraphiées à merveille en étant aussi fluides que lisibles. Nombreuses scènes sont inventives, aussi virevoltantes qu'impressionnantes. Sans contexte, le film est très beau, rehaussé, qui plus est, par une musique d'un Michael Giacchino très efficace comme à son habitude. Le compositeur reprend les thèmes originaux tout en ajoutant de nouveaux tout aussi percutants.

L'impression laissée par Les Indestructibles 2 est aussi victime de la mauvaise politique des studios Pixar de ces dernières années. Jusqu'à Toy Story 3 en 2010, le studio à la lampe avait obtenu un joli palmarès avec des chefs-d'œuvres presque coup sur coup ; les seules suites étant celles de la trilogie Toy Story dont le troisième opus - absolument légitime - s'est terminé en apothéose. Malheureusement, cette décennie a été beaucoup moins couronnée de succès. Seuls Vice-Versa et Coco ont fait l'unanimité. Les autres ont été accueillis plus ou moins chaudement. Pire : sur leurs dix derniers films, six sont des suites pour la majorité moins bonnes que les originaux. Cette avalanche de numéros 2 et 3 a ancré petit à petit l'idée d'une panne d'originalité chez Pixar, endormi sur ses lauriers. Et ce n'est pas la sortie en 2019 de Toy Story 4, jugée illégitime narrativement parlant, qui va changer cette impression...

Malgré le plaisir immense de retrouver les personnages de la famille Parr, Les Indestructibles 2 ne peut cacher son manque d'originalité dans son histoire et son propos usé : en 2018, un père dépassé par la gestion du quotidien de sa famille est une piste narrative ringarde ! Le découpage pêche également : bancal, il offre un deuxième acte ennuyeux à bien des égards. Le film peut en revanche compter sur un visuel superbe, une réalisation époustouflante et surtout un Jack-Jack extraordinaire au point de voler la vedette à chacune de ses scènes.

En somme, Les Indestructibles 2 offre des retrouvailles attendues mais paresseuses...

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