Alice the Whaler

En 1927, Charles Mintz est assurément en position de force. Les séries qu'il distribue ont, en effet, suffisamment de succès pour les proposer à des majors. Sa propre production, Krazy Kat, est ainsi achetée par Paramount tandis qu'il signe avec Universal la sortie de la toute nouvelle collection de Walt Disney. Ce dernier découvre à l'occasion les avantages d'une distribution à grande échelle, en terme de qualité d'exposition de ses œuvres et de puissance de marketing. Mieux, Universal le soutient, contre son distributeur attitré, dans sa volonté de ne pas poursuivre avec Julius, dont il a été, un temps, question de réaliser sa propre série détachée des Alice Comedies. Walt Disney souhaite, en effet, se tourner vers un personnage inédit et propose, dans ce but, les premières ébauches de sa "nouvelle star", Oswald, le Lapin Chanceux. Universal est emballé, Charles Mintz se résigne, lui, à dire adieu définitivement au compagnon félin d'Alice.

La décision est prise en mars 1927. Walt Disney va ainsi mener de front deux collections : les quatre derniers cartoons qu'il doit pour la troisième série des Alice Comedies et les premiers cartoons d'Oswald, le Lapin Chanceux, sa nouvelle production. Tous ces changements se ressentent bien évidemment dans ses dernières livraisons. Non seulement, Alice est devenue presque inexistante dans les aventures, Walt Disney privilégiant l'animation au "live", mais - gros changement également -, Julius lui-même apparait encore moins que sa maitresse. Walt Disney, qui s'est fait un nom en signant une série avec un nouveau personnage (Oswald), n'éprouve désormais plus vraiment le besoin – ni même l'envie -, d'utiliser son personnage félin qu'il considère trop passe-partout, tant les personnages animés de l'époque sont souvent des chats comme Krazy Kat ou Félix Le Chat..

Un autre changement s'opère également : Pat Hibulaire, qui a été longtemps un ours, redevient un chat (mais sans jambe de bois pour l'instant). Il ne gardera d'ailleurs ce statut félin qu'un temps et ne se fixera véritablement qu'après Oswald, le Lapin Chanceux.
Les spectateurs les plus attentifs remarqueront enfin que les artistes des studios Disney ne se gênent pas pour utiliser les derniers Alice Comedies comme ban d'essai. Avec la disparition de Julius, de nombreux personnages secondaires font, il est vrai, leur apparition, et notamment, de précieuses souris qui voient leurs oreilles s'allonger au point de ressembler à des oreilles de lapins, une manière habile de s'entrainer à animer le bientôt-né Oswald !

Alice the Whaler marque clairement la fin d'une époque. Les artistes de Disney ont la tête ailleurs et n'animent ce cartoon que pour remplir leur contrat. Il porte, en revanche, déjà en lui les prémices de Steamboat Willie...