Commando Duck

Commando Duck
L'affiche
Titre original :
Commando Duck
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 2 juin 1944
Série :
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Jack King
Durée :
7 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Donald se bat avec succès contre les Japonais...

La critique

rédigée par
Publiée le 23 mai 2018

Commando Duck est le huitième et dernier cartoon de Donald en relation avec la Seconde Guerre Mondiale. C'est aussi la seule fois où il se retrouve sur le front et la première où il affronte les Japonais dans la Guerre du Pacifique. Les précédentes œuvres de propagande où le canard apparaissait ciblaient en effet plutôt l'Allemagne hitlérienne.

Jusqu'à l'entrée en guerre des États-Unis consécutive à l'attaque de Pearl Harbor par l'aviation japonaise, les Studios Disney n'étaient touchés par le conflit que sur l'aspect financier. L'Europe en guerre était devenue, en effet, un marché éteint où les productions de la Compagnie ne s'écoulaient plus. D'un point de vue artistique, la guerre, dont les enjeux restaient très éloignés des préoccupations de l'Amérique profonde, n'avait, qu'à de très rares exceptions (telle une commande du gouvernement canadien pour quatre films de propagande) d'influences sur les productions Disney.

Pourtant, ce fameux 7 décembre 1941, l'Amérique attaquée se retrouve subitement partie prenante au conflit. Le gouvernement U.S. réquisitionne alors immédiatement les Studios de Mickey ; la machine de guerre américaine se mettant en marche. Disney reçoit la lourde tache de vulgariser les enjeux du conflit, ses tenants et aboutissants. Toutes les Stars de la Compagnie sont mises à contribution et participent à l'effort de Guerre. La fibre patriotique est exacerbée et tous les thèmes sont bons à mobiliser : de l'intérêt pour tout un chacun de payer ses impôts en temps et en heure (The New Spirit) à la dissection des méthodes de la dictature hitlérienne (Education for Death)...

De tous les courts-métrages des séries officielles ayant pour thématique la guerre, ceux qui mettent en scène Donald sont les plus nombreux (huit au total contre deux pour Dingo, deux pour Pluto et aucun pour Mickey). Pourtant, et contrairement à une légende répandue, Donald n'est pas choisi parce qu'il est le plus belligérant des stars Disney mais plutôt parce que sa personnalité est parfaite pour le voir dans la peau d'un "monsieur tout le monde" appelé sous les drapeaux. Donald a, en effet toujours tenu le rôle de porte-parole des "opprimés" qui doivent garder leur sang-froid dans des situations exaspérantes dont ils n'ont pas la maîtrise. Son potentiel comique, quand il s'énerve face à la frustration, est donc sans limite. Le milieu militaire avec ses gradés bornés et sa discipline stricte est ainsi le terrain idéal pour y placer un canard colérique qu'un rien énerve. Les artistes Disney vont donc vite arriver à la conclusion qu'il faut enrôler Donald dans l'armée !

Pour la toute première fois, Commando Duck propose donc de voir Donald évoluer sur un terrain de guerre. Jusque-là, dans Donald à l'Armée (1942), Donald se Camoufle (1942), Donald Parachutiste (1942), Donald Portier (1942), Gauche... Droite (1943) et Facéties Militaires (1943), il n'avait été, il est vrai, qu'entrainé à faire ses classes tandis que dans Der Fuehrer's Face il ne vivait  qu'un cauchemar ; enfin, dans À l'Attaque ! il était un civil qui surveillait les côtes américaines. Ici, Donald est donc un vrai soldat et se voit assigné à une expédition suicide : plonger dans la jungle, trouver le repère ennemi et le neutraliser. Une mission impossible pour un seul homme ! Peu importe, sa hiérarchie ne s'embête pas avec ce genre de considération et l'envoie sur zone en parachute. Le spectateur remarque alors que le pauvre Donald n'est vraiment pas formé à ce genre d'exercice puisqu'il est en train de consulter un livre au cours de son saut pour savoir comment atterrir. Il aura heureusement de la chance en se réceptionnant sur des arbres ! Il ne se rend toutefois pas compte qu'il n'est pas au sol et déboucle sa ceinture sans précaution si bien qu'il tombe au fond d'un canyon où des crocodiles, gueules grandes ouvertes, attendent de le dévorer. Sa façon d'échapper à ce triste sort est alors très amusante, s'arrêtant en plein vol plané pour prendre le temps de fermer les mâchoires des deux reptiles à la façon d'une fermeture éclair.

Sur son bateau pneumatique miniature, Donald s'aventure ensuite dans la rivière inhospitalière. Il pense alors se faire attaquer par des moustiques ou des insectes des marais  sans jamais prendre conscience qu'il s'agit là de balles tirées par les soldats japonais. Si les caricatures des ennemis nippons sont à l'image de leurs actes de guerre, elles sont particulièrement offensantes à l'époque contemporaine. Pas toujours montrés de face, les Japonais sont en effet dépeints avec des déguisements où leurs incisives sont proéminentes. De plus, ils n'arrêtent pas de s'excuser en se penchant en avant pour finir par réciter un faux proverbe japonais, typique de la propagande de guerre américaine, insistant sur leur fourberie. Ces caricatures expliquent évidemment pourquoi le court-métrage n'a jamais été proposé en DVD en dehors des États-Unis, ceci afin de ne pas vexer les peuples visés dont le public aurait des difficultés à se remettre dans le contexte historique de la création du cartoon.

Donald arrive finalement au bord d'une chute d'eau dont il essaye de se sortir au moyen d'une corde qu'un Japonais finit par rompre. Il tombe mais se voit sauvé in extremis par une branche, retenu en plein milieu ; son bateau pneumatique devenant par la même une immense piscine gonflable. Donald cherche alors à le préserver de tout percement et débarrasse son chemin lors de sa fuite de tout ce qui est pointu : clous, baïonnette et même un cactus... Mais c'est sans compté sur l'arrivée d'un rondin de bois qui fait exploser le bateau et déverse alors l'eau et des cailloux sur la base japonaise. Sans le vouloir, rien que par sa maladresse, la mission qui semblait impossible est accompli avec succès ; et même au delà des espérances ! Les artistes Disney reprennent ici la même idée que dans le cartoon Pour Être un Bon Marin sorti six mois plus tôt où Dingo parvient lui aussi à se débarrasser de la marine japonaise grâce à sa maladresse.

Commando Duck est un cartoon assez détonant dans la carrière de Donald. Étant sur un terrain de guerre, les gags, aussi bons soient-ils, donnent plus un sentiment de malaise qu'une touche divertissante aux spectateurs d'aujourd'hui. Les caricatures des Japonais sont pour le moins réductrices pour ne pas dire racistes. Par contre, le court-métrage est passionnant d'un point de vue historique au sujet de l'impact de la guerre sur l'animation Disney.

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