Goliath 2
L'écran titre
Titre original :
Goliath II
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 21 janvier 1960
Série :
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Musique :
Durée :
15 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Goliath II (ou junior, c'est selon) est un éléphant minuscule pas plus grand qu'une souris. Il est la honte de sa tribu, et en particulier de son père, le roi des Eléphants, jusqu'au jour où il affronte la terreur de ses congénères : une souris.

La critique

rédigée par
Publiée le 24 juillet 2015

Goliath 2 est exceptionnel à plus d'un titre dans la filmographie Disney.

Pourtant, il reprend un schéma narratif assez commun chez Disney. Le cartoon est, en effet, typique du studio aux grandes oreilles où un personnage est rejeté car il est différent des autres. Les spectateurs se souviennent ainsi du  (Le) Vilain Petit Canard, de Ferdinand, le Taureau, de Morris, le Petit Élan ou de Lambert, le Lion Bélant. Les aventures du petit Goliath s'inscrivent ainsi parfaitement dans cet héritage. En fait, la vraie innovation dans son histoire vient de la nature du Méchant qui, pour la première fois dans la filmographie de la Compagnie de Mickey, est une souris ! Utilisant la peur qu'ont les éléphants envers lui, le petit rongeur se permet, il est vrai, de terroriser son monde, y compris le pauvre Goliath ! Ce dernier, qui a la même taille, n'a en revanche pas peur de son ennemi pour ce qu'il est mais uniquement parce qu'il utilise sa "puissance" physique contre lui.

Mais Goliath 2 vaut surtout pour son aspect technique qui lui vaudra d'être nommé à l'Oscar du Meilleur Court-Métrage. L'apparence même du film va ainsi être une première pour les studios Disney et devenir ensuite la norme pour leurs courts et longs métrages d'animation pendant plus d'une vingtaine d'années !
Cette révolution technique est due en grande partie à une invention du début des années soixante : la photocopieuse ! Inventée par la société Xerox, la machine permet, il est vrai, d'économiser du temps et de l'argent. Désormais, les dessins ne sont plus reproduits à l'encre, manuellement sur cellos, mais photocopiés. Tout le processus de fabrication est revu. Finie l'époque où le travail des animateurs étaient d'abord nettoyés par "clean-up man", pour en retrouver les lignes essentielles parfois même au travers d'un vrai brouillon afin de rendre le dessin encore plus net. Fini l'encrage fait à la plume sur cello offrant, certes, toujours plus de netteté mais ôtant toute spontanéité. Les animateurs subissaient, au final, le résultat obtenu et revendiquaient sans cesse, la possibilité de retrouver un dessin plus approximatif afin de mieux témoigner de leur travail. Désormais en capacité de répondre à leurs attentes, Disney, via Ub Iwerks, adopte la machine Xerox. Le visuel des Goliath 2 témoigne ainsi de cette évolution - une première alors - en offrant une image plus brouillonne que les cartoons précédents. Il est en effet alors décidé que Goliath 2, réalisé en 1960, serait destiné à servir de ban d'essai de ce nouveau procédé !
La technique de la photocopie, outre la faveur des animateurs, présente des atouts financiers évidents. Elle raccourcit, il est vrai, considérablement les délais et le besoin en main d'œuvre, en supprimant la phase qui consiste à redessiner de grands nombres de fois un dessin. Mais son intégration n'est pas neutre socialement. Les encreurs et les peintres perdent leur utilité. Certains parviennent à changer de département mais beaucoup sont contraints de quitter le studio. Walt Disney, lui même, est affecté par ces conséquences. Il n'aime d'ailleurs pas personnellement le résultat visuel obtenu et moins encore de voir son personnel mis à la porte. Mais il se rend bien vite à l'évidence : là où le futur Les 101 Dalmatiens coûtait quatre millions de dollars, La Belle aux Bois Dormant en avait demandé six. Un encreur faisait quatre cellos par heure, la Xerox, soixante ! L'intérêt financier du studio finit pas convaincre le papa de Mickey.

Pourtant, la technique « Xerox » n'est utilisée dans le cartoon uniquement pour les personnages. C'est à partir des (Les) 101 Dalmatiens, et afin d'obtenir un résultat totalement harmonieux, que la méthode de travail se voit aussi appliquée aux décors. Ces derniers suivaient, il est vrai, le même processus - ou presque - que les personnages : leurs couleurs étaient nettes et clairement séparées par des traits distincts. D'ailleurs, la personne chargée de les dessiner était la même que celle qui les peignaient. Désormais, les décors vont voir leur méthode de fabrication alignée sur celle des personnages. Ils seront dessinés en noir-et-blanc. Les couleurs seront rajoutées en arrière plan sur un autre cello sans suivre exactement les lignes originelles : plus elles déborderont, mieux cela sera. Dans Goliath 2, il s'agit encore de l'ancienne méthode même si les décors sont bien plus stylisés que d'habitude. La couleur et la forme de la jungle ressemblent de la sorte beaucoup aux tableaux du Douanier Rousseau.

Pour Goliath 2, et comme pour la création de ses nouveaux longs-métrages d'animation, Walt Disney continue de s'appuyer sur des artistes confirmés notamment les fameux Neuf Vieux Messieurs. A la réalisation, il choisit ainsi Wolfgang Reitherman qui fait ses premières armes en tant que réalisateur en solo. Il va devenir ensuite le réalisateur officiel des films d'animation des studios Disney durant les deux décennies suivantes en commençant par Les 101 Dalmatiens jusqu'aux (Les) Aventures de Bernard et Bianca. Goliath 2 marque, également, par sa faute, le début d'une fâcheuse habitude qui entachera toutes les productions Disney des années 70 du sceau du "déjà vu". Wolfgang Reitherman a en effet l'idée saugrenue de recycler des pans entiers de vielles séquences d'animation déjà utilisées dans d'autres œuvres ! Ainsi, ce sont pas moins de trois hiboux connus qui sont aperçus dans le cartoon : celui de Bambi, du (Le) Crapaud et le Maître d'École et de (La) Belle au Bois Dormant. Le tigre ressemble à s'y méprendre, y compris dans sa démarche, à celui du cartoon La Chasse au Tigre de Dingo. L'animation de l'oiseau rappelle, quant à elle, Alice au Pays des Merveilles tandis que la souris reprend une animation de Timothée dans Dumbo. Mais le plus flagrant est assurément le crocodile complètement copié sur celui de Peter Pan. Et le copieur deviendra le copié ! En effet, Le Livre de la Jungle réutilise, sept ans plus tard, des pans entiers d'animation des éléphants de Goliath 2 pour les scènes mémorables du colonel Hathi.

Goliath 2 bénéficie aussi de nombreuses voix coutumières des productions Disney. Le narrateur est Sterling Holloway (Winnie l'Ourson), la souris doublée par Paul Frees (Ludwig Von Drake) tandis que le rôle du petit Goliath est tenu par Kevin Corcoran (Moochie).

En plus de marquer un tournant pour l'animation Disney, Goliath 2 est aussi un cartoon aux personnages attachants et à l'animation certes copiée mais réussie.

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