Redux Riding Hood
L'écran titre
Titre original :
Redux Riding Hood
Production :
Disney Television Animation
Date de sortie USA :
Le 05 août 1997
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Steve Moore
Musique :
Bennie Wallace
Durée :
15 minutes

Le synopsis

Le loup est en totale dépression depuis qu'il a échoué à dévorer le petit chaperon rouge : il décide donc de construire une machine à remonter le temps pour corriger son erreur...

La critique

rédigée par

Le succès du (Le) Roi Lion va considérablement revoir à la hausse les ambitions pour l'animation au sein de la Walt Disney Company. Les moyens des studios vont, en effet, croitre et les techniques de films animés se diversifier. En un an, pas moins de quatre opus d'animation seront ainsi proposés au cinéma, par quatre entités différentes utilisant trois techniques distinctes : deux films en animation 2D, le 33ème long-métrage des Walt Disney Animation Studios, Pocahontas, une Légende Indienne, et le petit film Dingo et Max adapté d'une série de Walt Disney Television Animation ; un film en image de synthèse, Toy Story de Pixar et un film en animation image par image, James et la Pêche Géante produit par Walt Disney Pictures.

Cette effervescence de projets s'accompagne par ailleurs d'une mise en chantier d'une des collections les plus originales de l'animation chez Disney. En effet, aussi bien pour permettre à leurs artistes de laisser exploser leur talents que de montrer qu'ils ont le vent en poupe, les studios Disney lancent la série Totally Twisted Fairy Tales. Il s'agit là de remettre au goût du jour des contes classiques en associant les meilleurs scénaristes de sitcom du moment aux réalisateurs de l'animation télé de Disney ; le tout produit par Walt Disney Television Animation. Le mot d'ordre est alors simple : laisser faire ! Quatre courts-métrages seront finalement mis en production... ou presque !

Redux Riding Hood est le premier d'entre eux. Son réalisateur, Steve Moore, qui jouit là d'une liberté artistique totale, s'en donne visiblement à cœur joie quand il demande à Dan O'Shannon d'en écrire le script. Ce dernier livre, il est vrai, un des scénarios de cartoon les plus original et subversif jamais retenu par Disney. Ainsi, le loup s'avère marié à une brebis (!) avec laquelle il est souvent montré dans le lit conjugal... Rien que la symbolique vaut alors le détour ! Ensuite, il est excessivement dépressif, une chose inédite chez Disney pour un de ses « héros ». La brebis, quant à elle, n'est pas plus politiquement correcte, révélant qu'elle a choisi son mari par intérêt et non par amour. Elle n'hésitera d'ailleurs pas à le laisser choir comme une vieille chaussette dès qu'elle jugera qu'il ne lui sert plus à rien. Enfin, le cartoon part dans le grand n'importe-quoi avec une histoire de machine à voyager dans le temps ! Le loup essaie ainsi de retourner dans le passé afin de corriger son échec dans l'idée de retrouver la sérénité perdue. Sauf que, bien sûr, chaque nouvelle tentative échoue malgré la pléthore d'armes en tous genres utilisés pour « croquer » le petit chaperon rouge, sans compter l'apparition non-prévue de clones du loup qui se retrouve, à la fin de l'aventure, avec une palanqué de doubles de lui-même !

Côté design, Steve Moore demande l'aide de John Kleber. Il propose une approche assez inédite via une palette de couleurs attrayantes et un mélange entre la technique de l'animation 2D et celle du collage ; le tout placé au sein de décors simples mais efficaces. L'apparence des personnages humains est, en outre, très stylisée et peu avenante... Les dialogues, quant à eux, ont visiblement été taillés sur mesure tandis que la musique, confiée à Bennie Wallace, joue une partition très jazzy. Au final, comme l'histoire, le rendu du cartoon est à la fois rafraichissant de nouveautés, clairement éloigné du style Disney sans pour autant sombrer dans l'abstrait abscond.

Redux Riding Hood est finalement proposé dans une seule salle, à Encino en Californie, le 5 août 1997, et ce, afin de lui permettre d'être nommé pour l'Oscar du Meilleur Court-Métrage d'Animation. S'il décroche la précieuse nomination, il s'incline face à l'œuvre de son confrère Pixar, Le Jeu de Geri. Il participe ensuite à d'autres festivals mais tombe vite dans l'oubli, jusqu'à l'édition 2008 du Newport Beach Film FestivalRoy E.Disney, en personne, le propose, parmi une sélection de cartoons atypiques et autres raretés peu connues et, le plus souvent, indisponibles en vidéo à l'image d'Oilspot & Lipstick ou de Lorenzo. Il faut attendre encore quatre ans pour le retrouver sur le web, mis en ligne par son réalisateur et dans son intégralité. Il s'est ainsi écoulé 15 années avant que le grand public ne puisse accéder à lui !

Il faut dire que la série Totally Twisted Fairy Tales prend des airs de collection maudite. Le résultat final de Redux Riding Hood déplait, en effet, considérablement à la Direction de l'époque de Disney qui s'aperçoit alors que les artistes l'ont prise trop au mot sur l'idée de liberté d'expression totale. Les cartoons vont ainsi se révéler bien trop éloignés des standards du label. Dans ce contexte, le deuxième opus de la collection, Three Little Pigs, connait un sort encore moins glorieux que son ainé. D'une durée de 26 minutes, il n'est proposé qu'une seule fois, dans une unique salle le 21 octobre 1997 afin de pouvoir être nommé aux Oscars... Ce qu'il n'obteint même pas ! Le troisième, Jack in the eanstalk, limitée, lui, à 15 minutes, subit une destinée pire en restant inachevé. La bérézina est totale pour le quatrième dont le titre demeure inconnu : il est carrément annulé car jugé trop mauvais.

Au final, Redux Riding Hood est un des cartoons les plus bizarres des studios Disney, pas forcément dans sa forme, mais dans son ton, clairement adulte. Une pépite injustement laissée au placard !

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