Rencontre avec l'Équipe de Félins (2/2)
La Masterclass

L'article

Publié le 20 janvier 2012

Après avoir rencontré Jean-François Camilleri, les réalisateurs Keith Scholey et Alastair Fothergill, la cadreuse Sophie Darlington et le narrateur Pascal Elbé (voir 1ère partie), Disneynature nous a permis d'assister à une projection du film Félins suivie d'une masterclass.
Chaque intervenant nous a proposé d'en savoir plus sur son rôle dans le projet tout en illustrant son discours avec des photos et vidéos du tournage et du film, projetées sur l'écran de la salle de cinéma.

Keith Scholey commence par nous expliquer que le plus grand challenge et la décision la plus importante qu'ils aient eu à prendre fut de choisir les animaux pour les rôles principaux du film. Après plus de trente ans d'expérience de tournage dans le Masai Mara, il leur est paru évident de choisir cette réserve naturelle pour y réaliser Félins car elle a l'avantage de proposer une très grande diversité d'animaux sauvages, notamment en période de migration, mais c'est surtout l'endroit au monde où il y a le plus de fauves.
Durant les trente années de tournage pour la télévision, ils ont étudié en particulier les guépards et les lions et savaient qu'ils pourraient compter sur leurs personnalités fortes pour donner un cachet certain au film et vivre des aventures épiques et divertissantes. Qui plus est, le Masai Mara est une étendue finalement assez petite à l'échelle de ces espèces et les différents animaux ont d'autant plus de chances de se croiser, ce qui pourra mener à des scènes de rencontres à l'intensité dramatique remarquable.
Keith nous avoue également qu'en voyant Le Roi Lion, il s'était demandé à l'époque si on pourrait un jour porter à l'écran la véritable histoire du roi lion, au Masai Mara.

Alastair Fothergill prend alors la parole pour nous expliquer qu'ils avaient dès le départ l'idée de créer un drame fort avec des personnages engageants et non pas un documentaire classique. Ils ont donc commencé à rédiger un scénario, dans la plus pure tradition des films hollywoodiens. Grâce à leur expérience durant les trente années passées, ils avaient une très bonne idée de ce qui allaient probablement pouvoir se passer durant le tournage mais la seule chose qu'ils purent véritablement contrôler fut le casting des animaux, le choix des stars du film.
Ils ont commencé par les guépards et ont eu beaucoup de chance en trouvant immédiatement cinq bébés âgés de seulement quelques semaines. Par ailleurs, fait encore plus important, ils connaissaient très bien la mère des bébés pour avoir suivi son évolution ainsi que celle de sa mère et même de sa grand-mère, et savaient à quel point ces mères étaient douées pour mener à bien leur mission, garder en vie leurs petits. Il est à noter que seul un bébé sur vingt atteint l'âge adulte dans le Masai Mara, il leur fallait donc trouver une mère que l'on savait douée pour s'assurer une fin heureuse comme dans tout bon Disney qui se respecte. Ils ont prénommé la mère Sita (du swahili "six" pour rappeler sa famille composée d'elle et de ses cinq petits) et elle parvint à garder en vie trois petits, ce qui est extraordinaire compte tenu des statistiques.
Pendant de nombreuses années, leurs équipes avaient travaillé avec le Clan du Marais, une tribu de lions dans laquelle les femelles sont extrêmement puissantes. Les deux mâles étaient également très forts mais ils se sont dit que c'était un mauvais choix que de travailler avec eux car il ne leur arriverait probablement rien pendant les deux années à venir, étant donné leur stabilité et leur force. Ils se sont donc tournés vers le Clan de la Rivière dans lequel vivait une lionne très reconnaissable de par une de ses blessures. Ils l'ont appelée Leila. Elle avait une fille nommée Mara et les réalisateurs savaient que cette dernière allait devoir choisir entre suivre sa mère ou le reste de la tribu. Le chef de la tribu était facilement reconnaissable à cause de sa dent cassée, raison pour laquelle ils l'ont appelé Fang ("croc" en anglais). Il était le seul mâle du Clan de la Rivière et ils savaient qu'il n'allait pas garder ce pouvoir très longtemps et allait tôt ou tard être détrôné par d'autres mâles plus jeunes.
Tout film a besoin d'un bon méchant. Ils se sont intéressés à Kali (du swahili "dangereux") facilement reconnaissable à sa crinière sombre. Le plus incroyable était qu'il vivait avec ses quatre fils avec lesquels il avait été banni de sa tribu alors qu'ils étaient bébés. Aujourd'hui, les bébés ont grandi et sont devenus des mâles très puissants. Ils étaient si proches du clan de Fang que les réalisateurs se doutaient que tôt ou tard une confrontation allait avoir lieu. Par ailleurs, Sita, mère guépard célibataire, était obligée de se déplacer régulièrement pour survivre avec ses petits, et elle allait très certainement se retrouver au cœur de la confrontation entre le Clan de la Rivière et celui de Kali.

Sophie Darlington était directrice de la photographie sur le tournage. Elle nous explique que durant ces deux années, ils se sont déplacés en voiture pour passer inaperçus en tant qu'être vivants et pouvoir se déplacer rapidement et suivre les animaux. Chaque matin, la première tâche était de retrouver les stars du film : ils se levaient à l'aube et, grâce à vingt années d'expérience, ils réussissaient à repérer les félins. Par chance, tant que les bébés guépards étaient jeunes, les retrouver était facile car ils se déplaçaient peu, mais ça s'est compliqué lorsqu'ils ont grandi.
Ils avaient adapté les voitures, ôtant les portes et plaçant les caméras très bas à hauteur du regard des animaux.
Par la suite, Sophie nous a présenté des vidéos du tournage des chasses de Sita en les commentant. Il fallait positionner la voiture à 500 mètres, repérer la cible de Sita afin de savoir où filmer dès que la chasse commence et filmer à 60 images par seconde pour qu'on puisse y voir quelque chose par la suite, tant l'action est rapide.

Keith Scholey reprit la parole pour nous dévoiler quelques secrets de montage et de tournage pour rendre le film plus dramatique et s'éloigner au maximum du genre du documentaire.
Par exemple, la scène introduisant Kali commence par un large plan aérien qui finit sur un gros plan. Ils ont utilisé un hélicoptère et un pilote suffisamment expérimenté pour s'approcher au plus près. La Cineflex posée à l'avant de l'hélicoptère a pour particularité de compenser les vibrations de l'engin tout en utilisant de grandes focales permettant des gros plans très réussis. L'un des plans suivants est un traveling suivant Kali et ses fils. Dans un film classique, ils auraient posé des rails sur le sol, ce qui était inenvisageable face aux lions. Ils ont pris la Cineflex de l'hélicoptère et l'ont posée à l'arrière d'une de leurs voitures. Ainsi, ils ont pu rouler aux côtés des lions tout en profitant de la compensation des vibrations qu'offre la Cineflex.
Dans la majorité des documentaires, les images sont toujours tournées par un temps radieux pour magnifier la nature au maximum. Or, cela n'est pas toujours fidèle à la réalité et les réalisateurs de Félins voulaient des images montrant également des temps pluvieux, orageux, froids et des images sombres, afin de renforcer l'intensité dramatique de certaines scènes. Parfois, il leur est arrivé d'assombrir l'image réelle lors de l'étalonnage afin de coller à la dramaturgie des séquences filmées : c'est le cas pour l'attaque des hyènes où la lumière naturelle a été modifiée. Ils ont aussi volontairement choisi des plans décadrés pour cette scène afin de la rendre moins lisse et plus rude. Il également fallu retravailler la piste sonore des séquences filmées à longue focale et donc trop loin des animaux pour capter les rugissements des animaux en direct. La musique de Nicholas Hooper joue enfin le rôle d'un second narrateur et accompagne l'émotion de la scène alors que le narrateur choisit ses mots en fonction de l'ambiance désirée.

Pascal Elbé revient sur sa narration et explique en quoi il faut parfois savoir économiser ses mots pour laisser parler l'émotion brute de la scène tout en apportant le minimum d'informations nécessaire à la compréhension de l'histoire, en tenant compte des attentes des parents et des enfants. Pascal s'est également rendu sur le tournage et a suivi les réalisateurs lors du tournage de deux scènes de chasse qui l'ont beaucoup marqué.

Ainsi s'est terminée cette passionnante présentation des différents intervenants. Elle a été suivie par une séance de questions-réponses avec les spectateurs. Ceux-ci n'ont pas manqué de faire part de leur admiration face au travail accompli et au résultat, le film en lui-même, qui les ont visiblement tous marqués.

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