La MasterGlace de La Reine des Neiges

L'article

Publié le 11 novembre 2013

Jeudi 7 novembre 2013, Chronique Disney a pu rencontrer Jennifer Lee, la coréalisatrice de La Reine des Neiges, et de Peter Del Vecho, le producteur, lors deux évènements organisés autour de la sortie du film.

Jennifer Lee rejoint Walt Disney Animation Studios en mars 2011 en qualité de scénariste pour, alors, la très récente comédie d'aventures Les Mondes de Ralph. Son adaptation du roman de John Steinbeck, Le Roi Arthur et ses Preux Chevaliers, sera ensuite produite par Troika Pictures. Elle a également un scénario original en développement chez Appian Way, la société de Leonardo DiCaprio tandis que Radiant Productions, la société de Wolfgang Petersen, a pris une option sur un autre de ses scénarios originaux, Lucid Dreams.

Fort d'une solide expérience dans la production au théâtre, Peter Del Vecho intègre, lui, les studios de Mickey en 1995. Directeur de production sur Hercule, il gère là une équipe de production de 300 artistes. Par la suite, il devient le producteur associé sur La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers et sur Chicken Little puis redevient producteur sur La Princesse et la Grenouille et Winnie l'Ourson.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, un petit coup de chapeau se doit d'être fait à Disney France pour son idée marketing non seulement extrêmement originale mais également parfaite pour le thème. La filiale française a, en effet, eu l'idée d'envoyer à certains sites et blogs, une invitation à découvrir La Reine des Neiges, scellée dans un bloc de glace de 30 * 20 * 15 cm. Une capture d'écran de la une du site s'est ainsi retrouvée totalement gelée tandis que le nom de Chronique Disney était gravé dans la glace. Véritablement splendide !

Le Junket

La journée commence le matin par une interview en tête à tête avec Jennifer Lee et Peter Del Vecho.

La Masterclass

Le soir, Jennifer Lee et de Peter Del Vecho proposent aux bloggeurs français et à certains chanceux ayant gagné leur place via des concours organisés sur le net d'assister à une masterclass passionnante sur l'élaboration du film.

Voilà tout ce qui s'y est dit, en substance et bien évidemment sans spoiler.

2013 marque donc les 90 ans des Disney Studios : La Reine des Neiges étant le 53ème long-métrage des Walt Disney Animation Studios. Actuellement, il s'agit d'une époque excitante pour les studios où les idées nouvelles et fraiches boostent le moral des artistes. Quand John Lasseter et Ed Catmull sont arrivés chez Disney, ils ont, en effet, vraiment changé la manière dont les équipes travaillaient sur les films. La plus importante évolution a été que les artistes regardent maintenant le film en cours de préparation dans son intégralité toutes les douze semaines (cela peut-être d'ailleurs parfois juste un storyboard suggéré !). A ce moment là, les réalisateurs et scénaristes travaillant sur les autres longs-métrages en préparation dans les studios sont invités. Et parfois, deux jours sont nécessaires, dans une retraite menée à l'extérieur des locaux, pour écouter, reprendre et analyser les notes prises durant ces visionnages. Le tout afin de rendre le film encore meilleur ! Ce fut ainsi à Jennifer Lee, qui est à la fois scénariste et réalisatrice, de réassembler tout le matériel récupéré lors de ces séances pour tenir compte des remarques et améliorer le script. Cela constitue une belle opportunité pour peaufiner le projet en cours mais aussi permet à tout un chacun dans les studios, peu importe son film, d'améliorer et de s'imprégner de celui des autres. Raiponce, Paperman, Les Mondes de Ralph.... Toutes ces œuvres ont suivi le même processus. Pour La Reine des Neiges, ce fut la même chose où 600 personnes dont 300 artistes ont pu contribué chacun à leur manière à rendre le film le plus intemporel possible afin qu'il résonne pour tout le mond. Mêmes les dernières minutes de production, bien qu'exténuantes, étaient tout aussi passionnantes et intenses. Surtout que c'est la scène des trolls qui a été terminée en dernier et a amené beaucoup de fous-rires dans l'équipe.

Comme cela avait déjà été le cas avec Raiponce, il y a trois principes fondamentaux dans la production d'un film au sein des Walt Disney Animation Studios :

  • une histoire passionnante,
  • un monde crédible (pas forcément réaliste, mais toujours crédible !),
  • des personnages attachants.

L'animation a été un long processus. Parfois, il a fallu plusieurs semaines pour une seule scène. Tous les animateurs se soutenaient les uns les autres en se donnant des conseils mutuels. Sur la construction de l'environnement, Michael Giaimo, le directeur artistique, a ainsi toujours voulu que les décors, inspirés par les magnifiques paysages de Norvège, soit un personnage à part entière. Beaucoup de recherches ont donc été faites pour ce film. Pour la neige, par exemple, les artistes ont été envoyés se promener dans l'état du Wyoming. Ils ont là marché dans la poudreuse, avec une robe (y compris les hommes !) afin de bien comprendre l'effet produit sur la démarche pour ensuite pouvoir bien la retranscrire en images. Un autre exemple, la course à pied dans la neige a été étudiée avec le double effet de s'enfoncer doucement, puis plus profondément dans la poudreuse. L'équipe artistique est également allée visiter un Ice Hotel au Canada afin de bien comprendre la structure de la glace mais également les couleurs et les reflets de la lumière sur un tel matériau. Les décors sont donc très importants dans La Reine des Neiges, où ils ne se contentent pas uniquement d'être en blanc. Un mélange étonnant de couleurs vient il est vrai les magnifier. Les ombres ont ainsi été amplifiées afin d'offrir des contours aux différents éléments. La lumière, en fonction des différentes heures de la journée, permet aussi de varier les couleurs. Par exemple, le château de glace d'Elsa peut passer du bleu venant de la pleine lune au rose de l'aurore et au jaune du crépuscule. La couleur de la glace permet aussi de raconter une histoire, de souligner les émotions d'Elsa ; si elle est sereine, bouleversée ou en danger. Pour rendre la neige encore plus crédible, l'équipe technique a développé un logiciel appelé le Matterhorn : il rend la texture, le mouvement, le poids, et l'interprétation de la neige avec son environnement humain ou non, tout à fait crédibles.

Les recherches en Scandinavie ont aussi été très importantes. Les costumes ont ainsi été étudiés minutieusement comme par exemple, le Bunad, le costume national norvégien à la coupe délicate et aux motifs colorés. Les couleurs de la tenue hivernale d'Anna représente d'ailleurs les couleurs du film : le bleu et le magenta. Autre exemple, le rosemaling, véritable motif populaire de la Norvège, apparait tout au long de l'opus, sur les vêtements comme dans l'architecture. Il est même évoqué dans la magie d'Elsa et dans ses créations de glace !

Un autre point important a été le jeu d'acteur des personnages. Il était très important que les personnages soient totalement compris par le public rien qu'avec leur mouvement ou leur expression. L'acting de La Reine des Neiges est ainsi l'un des plus poussés des Walt Disney Animation Studios au niveau CGI. Les acteurs sont même venus aux studios, non seulement pour enregistrer les voix, mais également pour que les animateurs s'inspirent de leurs mouvements. Jonathan Groff a de la sorte servi de modèle pour montrer comment la pomme d'Adam ou la gorge bouge durant un chant. De même, l'observation d'Idina Menzel, ses respirations, a permis aux animateurs de coller à la voix de l'actrice et de la chanteuse. De nombreuses petites scènes ont d'ailleurs été réalisées pour tester la gestuelle des personnages. Si ces animations n'apparaissent finalement pas dans le film, elles servent néanmoins à créer des teasers pour le marketing !

Jennifer Lee et de Peter Del Vecho ont donc passé trente minutes à parler à des fans (conquis !) du processus de production du film. Passionnant, souriant et extrêmement sympathique, l'exposé a été un véritable plaisir. Par la suite, tous deux se livrèrent bien volontiers à une séance de question /  réponse. L'une les plus intéressantes fut de comprendre pourquoi l'origine des pouvoirs d'Elsa n'est pas expliquée dans le film. En fait, les auteurs ont essayé de l'incorporer et de l'expliquer en tentant de trouver une raison. Il y a ainsi des versions précédentes du film où le pourquoi du comment est expliqué : les trolls racontent une histoire épique ; comment il se crée un humain magique, s'il nait un soir de pleine lune, etc. Mais bizarrement, cela fonctionnait pas ! Plus ils donnaient des raisons, plus cela amenait des questions ! Au contraire, ne rien dire permettait de bien montrer l'environnement de l'histoire : il s'agit d'un monde où les pouvoirs magiques existent tout naturellement, tout simplement, sans questionnement. La question réglée, le focus a donc pu être mis sur l'histoire qui va arriver et non celle qui précède. Ceci est d'ailleurs possible grâce au fabuleux héritage de Disney où chaque spectateur sait que la magie n'est jamais loin !

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