Billy
Le Grand Frère du Disney Club

L'article

Publié le 29 janvier 2014

Fin des années 1980, Frédéric Richard avait douze ans et habitait la petite ville de Pontarlier à la frontière suisse. La croissance des radios FM donna naissance à RPHD (Radio Pontarlier Haut Doubs), animée par des bénévoles qui eurent un jour l'idée de distribuer des tracts à la sortie des écoles pour proposer aux enfants de participer à l'émission En Sortant de l'École le mercredi. Frédéric s'y rendit et ce fut la révélation, c'était le métier qu'il voulait exercer. Alors que les enfants ne venaient que pour un seul mercredi afin de céder leurs places à d'autres, Frédéric insista et obtint la possibilité de revenir la semaine suivante, puis celle d'après, jusqu'à devenir la mascotte de l'émission.
À la saison d'après, Frédéric se vit proposer l'animation de la case du mercredi matin, Fréquence Junior, puis celle du samedi, du dimanche, de Noël...
Comme un autre Frédéric animait le hit-parade, le jeune garçon se vit surnommé Billy, sobriquet inspiré du chanteur qui collaborait avec Les Forbans, une astuce qui était monnaie courante dans ce métier où chacun avait droit à un surnom. Billy jongle ainsi avec le milieu scolaire et ses émissions de radio, entre l'âge de treize et seize ans.

Radio Décibels, située à Besançon, à cinquante kilomètres de là, remarqua le talent du jeune garçon et lui fit une proposition dont il s'empressa de parler à son proviseur qui, lors d'une convocation de ses parents, les incita à accepter de le laisser partir, convaincu du potentiel du jeune garçon dans ce domaine et du désintérêt qu'il éprouvait s'agissant de l'école.
À l'approche de ses dix-huit ans, Billy s'inquiéta du Service Militaire obligatoire. Plutôt qu'attendre ses dix-huit ans et perdre un temps précieux qu'il aurait voulu consacrer à sa carrière d'animation, il préféra faire un lancement d'appel et partir en avance. Trois semaines plus tard, il était à Epinal, au moins de décembre, par -20°C le matin. Il y servit dix mois et étonna ses collègues tant son futur était déjà tracé dans son esprit. Alors que la plupart des jeunes ne savaient que faire en rentrant du Service Militaire, Billy avait déjà des projets bien précis. Son intérêt pour l'animation lui permit d'organiser la Journée Portes Ouvertes du 14-Juillet.
À la sortie de l'armée, il entretint des relations avec le directeur des productions d'AB Productions, Jean-Marie Aumont. Alors qu'il lui avait envoyé ses vœux pour Noël pendant son service militaire, ce dernier l'avait incité à le recontacter à sa sortie. Il s'inscrit à un cours d'audiovisuel par correspondance dans le seul but d'obtenir une convention de stage et d'entrer chez AB Productions, cinq jours après son retour de l'armée du 30 septembre 1992.

Dash, Crystal et Alex ont eu la chance de rencontrer, pour Chronique Disney, Billy...

[Chronique Disney] Comment se sont déroulés tes débuts à AB Productions ?

[Billy] J'étais arrivé très tôt, il n'y avait personne et quand quelqu'un vint finalement, il me dit : "Ouh là, tu sais, nous, à la télé, c'est pas avant dix heures !".
J'arrivais sur les plateaux et retrouvais Dorothée qui me reconnaissait car je l'avais interviewée plusieurs fois pour Radio Décibels. À dix-neuf ans, j'étais assistant de production, c'est-à-dire l'homme à tout faire. Je descendais des chevaux d'un camion, apportais des cafés, allais acheter des sapins de Noël. Je travaillais au Club Dorothée produite par Jean-Luc Azoulay (le "A" de AB Productions) et une opportunité est venue de la part de Claude Berda (le "B") qui m'a proposé de présenter l'émission Récré Kids, diffusée sur Télé Monte-Carlo et où étaient diffusés les dessins animés du catalogue de Tōei Animation dont AB avait les droits en France. J'avais déjà participé à Récré Kids lors d'un petit rôle qui m'avait été écrit durant une saison estivale tournée en Italie. À la rentrée suivante, on m'annonçait que le présentateur Éric Galliano quittait l'aventure et que je le remplaçais, chose que j'ai du annoncer à Jean-Luc Azoulay. J'ai jonglé entre mon rôle d'assistant au Club Dorothée et celui d'animateur de Récré Kids aux côtés d'Isis. Nous avions plus de libertés qu'ils en avaient sur TF1 car il s'agissait alors d'une petite chaîne régionale. Nous tournions à Paris, dans les locaux d'AB Productions, et je m'amusais de réaliser à quel point nous étions connus à Monaco quand nous nous y rendions. L'émission a duré deux ans.

[Chronique Disney] Comment s'est passé le casting pour Disney ?

[Billy] À l'origine, Le Disney Club était présenté par trois animateurs (Julie, Philippe et Nicolas qui sera remplacé par Grégory) puis deux (Frédéric Joly et Delphine McCarty).
Un jour, Olivier Margerie, une connaissance qui travaillait chez Disney, m'a proposé de rencontrer Nathalie Carter lors d'un déjeuner. Elle me dit d'entrée de jeu que je ne correspondais pas à ce que Disney recherchait car j'étais trop speed et déjanté là où les animateurs Disney étaient plus sages. Plus tard, elle m'invita néanmoins à venir au troisième casting de recherche d'un remplaçant de Frédéric Joly. Je m'y rendais devant la productrice de Buena Vista Television, un directeur artistique et de nombreuses personnes importantes de Disney France. Je sortais d'un tournage et n'avais pas pris la peine de m'habiller comme Disney l'avait demandé. Tous les prétendants étaient vêtus de rouge et jaune alors que j'arrivais dans des costumes excentriques du créateur belge W&T, les cheveux en pétard. En arrivant, je saluais chacun d'un "Bonjour, Billy !", ce à quoi Isabelle Grouchka, qui produisait Le Disney Club de l'époque, me répondit "Je ne peux pas dire bonjour à tout le monde."
Je passais devant le jury, sans avoir appris de texte et improvisais quelque chose dans le style de ce que je faisais déjà dans Récré Kids. Je faisais ensuite un test avec Delphine McCarty (car il n'était alors question que de remplacer Frédéric et non de passer à un seul animateur) qui avait aussi l'air surprise par mon énergie.
Florence Cotar-Renaudat, Directrice Générale de Disney Télévision et qui avait été débauchée de TF1 par Pierre Sissmann, le PD-G de The Walt Disney Company Europe, pour redynamiser les émissions existantes, en créer de nouvelles (Dessinez, C'est Gagné !) et restructurer tout le département en vue de la création future de Disney Channel, vint alors me voir pour me poser quelques questions, visiblement intéressée par moi. Mes essais furent envoyés à Pierre Sissmann puis au siège de The Walt Disney Company de Burbank et je reçus une convocation une semaine après, au siège de Disney France situé avenue Montaigne. Je m'y rendis et y retrouvai Florence Cotar-Renaudat qui m'annonça que j'étais pris, que j'animerais l'émission seul et que ma productrice serait la respectée Geneviève Bruno (aujourd'hui décédée, hélas), qui rejoignait Disney après plusieurs années chez TF1 en tant que productrice d'Ushuaïa.

[Chronique Disney] Quelles ont été les réactions à AB Productions ?

[Billy] C'était d'autant plus délicat que cela arrivait au même moment où de grands changements étaient en cours. AB avait le monopole sur TF1 et produisait pour vingt-sept heures de programmes par semaine. Fort de son succès, AB a débauché Christian Dutoit de TF1, a convié tout Paris lors d'une grande soirée et a annoncé le lancement de leur propre offre satellite, AB Sat, sous les yeux ébahis de Patrick Le Lay, alors à la tête de TF1 et patron du bouquet concurrent TPS. Dès le lendemain et progressivement, les programmes d'AB diffusés sur TF1 se sont réduits à la demande de la chaîne, non pas par manque de succès mais par décision politique. TF1 a mis en place une équipe pour penser l'après-Dorothée alors même qu'il n'y avait quasiment aucune production française en dehors de celles d'AB. Ils offraient alors de plus en plus d'antenne à Disney et favorisaient la concurrence entre les deux studios qui était déjà très forte (Pierre Sissmann, PD-G de Disney, avait lancé Dorothée lorsqu'il travaillait pour Sony avec les chansons des Ewoks ou encore de Rox et Rouky).
Je n'étais chez eux que depuis trois ans et ils m'avaient tout appris et offert des opportunités. J'entrais dans le bureau de Jean-Luc Azoulay et le remerciais sincèrement pour tout. Il n'a pas réalisé immédiatement et quand il a compris que j'allais chez Disney, j'ai senti une vraie tension.

[Chronique Disney] Comment cette nouvelle version du Disney Club a-t-elle été mise en place ?

[Billy] Geneviève a été la première a dire qu'il fallait faire quelque chose de délirant, a embauché le réalisateur Arnaud Vincenti qui s'était chargé des trucages d'émissions de Karl Zéro sur Canal+ et d'autres artistes venus d'univers très différents et qui n'avaient jamais fait d'émissions pour la jeunesse. Il y avait aussi Xavier Pujade-Lauraine qui avait fait de la publicité. Tous ensemble, ils ont imaginé une histoire mettant en scène les personnages Disney et moi-même, en se basant sur les concepts de Toy Story et Pinocchio. Plutôt qu'être un animateur, Billy serait un personnage. De là est née l'histoire des deux animateurs Fildœuf et Grodule qui créent une petite marionnette qui prend vie grâce à la fée Clochette. L'utilisation de cette dernière fut délicate car il nous fallait l'autorisation de Burbank. Pierre Sissmann les contacta, Nathalie Carter en fit de même auprès de ses contacts, un storyboard a été envoyé pour bien expliciter le rôle que Clochette allait tenir, ce qui nous a été exceptionnellement accordé.
Après la première, Pierre Sissmann m'a fait parvenir une corbeille de fruits et un mot : "Merci pour ta première. Ça décoiffe ! Et ça fait du bien !". Quelques semaines après, nous recevions un message de Michael Eisner (PD-G de The Walt Disney Company) qui nous félicitait d'avoir créé le meilleur show télévisé Disney !
Les Anglais, eux, n'aimaient pas tellement et voulaient nous forcer à utiliser leurs concepts tels que La Chambre Folle, ce que nous avons fini par faire au bout d'un moment, car Pierre Sissmann ne pouvait pas se battre sur tous les fronts.

[Chronique Disney] Peux-tu nous parler de Maquetteville, le décor du Disney Club ?

[Billy] À Maquetteville, il y avait des éléments réels tels que l'énorme pot à crayon, la gomme, des crayons et un décor pour jouer avec l'échelle et faire évoluer le petit Billy dans un décor surdimensionné. Les décors ont été construits, selon le vœu de la productrice, par des décorateurs professionnels. Parmi les nombreux accessoires, Geneviève la marguerite portait ce nom en hommage à notre productrice. Le décor était incrusté dans d'autres éléments pour donner l'impression que tout Maquetteville était posée sur un meuble des dessinateurs. Le générique avec Fildœuf et Grodule avait été tourné dans un décor réel supposé se trouver dans des studios Disney fantasmés représentés par un building portant des oreilles de Mickey. Les Américains ont été surpris qu'on n'utilise pas un studio existant comme celui de Burbank ou bien une représentation de la maison de Mickey (comme dans Disney Parade). Il est possible d' imaginer que l'action se situait dans les studios d'animation de Montreuil, même si la tour Disney n'existait pas véritablement ; c'était un mélange de plusieurs idées que nous avions.
Durant la première ère, il m'arrivait de sortir tourner à l'extérieur, ce qui posait des problème de logique étant donné que j'étais supposé être minuscule. Nous avions donc inventé l'idée selon laquelle j'obtenais le pouvoir de grandir en surfant sur la gomme. C'est un peu tiré par les cheveux mais difficile de faire autrement.
Par la suite, j'ai eu un interlocuteur en la personnification de la caméra appelée Bidule. Elle me suivait partout, nous avions rajouté une voix pour coller à l'œil subjectif de la caméra ; cela ressemblait à ce que j'avais créé dans Récré Kids avec le cadreur fou. J'aimais bien jouer avec la caméra. Des enfants m'écrivaient en me disant de passer le bonjour à Bidule, les personnes interviewées jouaient le jeu et la voix était rajoutée en post-production.
Plus tard, nous avons bifurqué car les anglais tenaient à ce que nous nous recentrions sur un magazine en plateau. Je n'étais plus miniaturisé, il y avait des enfants et des invités autour de moi. Comme nous trouvions dommage que je n'aie aucun interlocuteur, deux animatrices ont tenté de m'accompagner sans beaucoup de succès, suite à quoi nous avons créé M. Micro, ce qui a permis d'adopter un ton décalé. Régis Fassier lui prêtait sa voix. Parfois, alors qu'il restait bloqué des heures durant sous la table, je lui demandais s'il allait bien et c'était la tête de Micro qui bougeait et répondait. J'avais beau lui dire que le tournage était en pause, il gardait son rôle. À ce niveau, il s'agissait d'un dédoublement de la personnalité, surtout quand l'équipe partait manger et se demandait où était Régis qui lui était resté sous la table.

[Chronique Disney] À quel rythme étaient enregistrées les émissions du week-end ?

[Billy] Les émissions étaient regroupées et étaient tournées consécutivement étant donné la complexité du plateau. Environ trois samedis et trois dimanches étaient tournées à la chaîne, ce qui fait beaucoup même si les samedis étaient plus rapides. Il fallait bien penser à tout, aux rubriques, à suivre la chronologie du magazine, c'est du même ordre que les jeux télévisés où s'enchaînent six émissions par jour. Au Disney Club, nous tournions deux samedis le matin et trois dimanches l'après-midi.
Pour les quotidiennes, c'était différent, nous tournions tous les jours sur un plateau dédié pendant un mois, mais un tel dispositif coûtait cher. Ces plateaux qui ne nous appartenaient pas étaient mutualisés, ce qui impliquait de fréquentes séances de montage puis de démontage ; tout repartait dans des camions et le lendemain une émission comme Hit Machine prenait notre place. Nous avons tourné à Saint-Cloud puis à la Plaine Saint-Denis. Une fois, j'ai même tourné sur les anciens plateaux de Dorothée : cela m'a fait un drôle d'effet !

[Chronique Disney] Parle-nous des petits programmes de l'émission comme Epat'Etruc, présenté par Jimmy.

[Billy] Je n'aimais pas tellement, c'étaient des modules tournés en amont. Il y avait aussi Monsieur Padbol (une sorte de Mister Bean), Animaux en Liberté (une demande la productrice), et puis après certaines choses imposées qui ne nous plaisaient pas mais dont on gardait quelques modules par concession. Tous ces reportages étaient faits par une autre équipe de tournage. L'entente n'était pas toujours au rendez-vous mais avec le temps, nous avons appris à nous connaître. Je regardais les modules en régie avant leur intégration dans l'émission.

[Chronique Disney] Qui écrivait tes textes ? Nous avons vu qu'Emmanuel Sapolsky et Gilles Penso avaient participé.

[Billy] Ce n'est vrai que pour Disney Club Été en Floride car nous avions besoin de tout prévoir longtemps à l'avance et d'obtenir certaines informations. Les textes m'étaient apportés mais je modifiais ce qui ne me plaisait pas. Ils étaient nécessaires car les conditions de tournage étaient complexes, à Epcot, par exemple. Il y avait des intervenants, des enfants, un petit scénario, le tout supervisé par le réalisateur Eric Communier .
En revanche, sur Le Disney Club hebdomadaire, je décidais de mes textes et en parlais avec ma productrice. Puis, le réalisateur me disait comment me déplacer d'une caméra vers l'autre et j'improvisais comme au théâtre sans prompteur ni oreillette.
Pour la narration d'Animaux en Liberté, je regardais les magnétos, travaillais avec le réalisateur et à partir d'une base écrite, je disais ce que je voulais. TF1 laissait faire car l'émission avait du succès.

[Chronique Disney] Collaboriez-vous avec les équipes de Disney Parade ?

[Billy] Non, chacun faisait son émission dans son coin. C'était la même production mais pas les mêmes équipes. Cela dit, il y avait parfois un peu de synergie pour promouvoir certains films mais chacun traitait du sujet différemment. Au Disney Club, nous avions des émissions à remplir de contenu donc je faisais de nombreux reportages et des interviews là où Disney Parade se contentait de lancer un téléfilm et un cartoon.

[Chronique Disney] Qu'en est-il de la programmation de dessins animés ?

[Billy] Je les regardais mais je grognais parfois car il y avait trop de rediffusions là où Disney Parade proposait plus d'inédits. Bien sûr, nous avons passé des nouveautés (Disney's Doug, Mighty Ducks - Les Canards de l'Exploit, Couacs en Vrac, Les 101 Dalmatiens - La Série) mais, même si je trouvais dommage de lancer Les Nouvelles Aventures de Winnie l'Ourson pour la énième fois, si une série nouvelle fonctionnait moins bien, il fallait parfois revenir aux fondamentaux. Aladdin et Timon & Pumbaa - Les Héros du Film Le Roi Lion faisaient les meilleures audiences vers 10 heures. D'autres tentatives ont été faites avec des programmes pour adolescents tels que Dinosaures ou encore l'émission Ça Me Dit et Vous ?.

[Chronique Disney] En plus du Disney Club classique, tu as également tourné dans des émissions saisonnières telles que Disney Club Noël.

[Billy] Nous sommes allés en Laponie à l'époque de la première saison où j'étais encore le petit personnage de Maquetteville. Billy quittait sa maquette pour voir le Père Noël. J'avais les mêmes pouvoirs avec de nombreux effets spéciaux et il fallait deux jours pour tourner cinq minutes exploitables par -40°C.
J'ai fait du parachute ascensionnel, plongé sous la glace, conduit des chiens de traineaux, rencontré des rennes. De supers souvenirs même si c'était très dur. Nous y avons passé quinze jours, à la limite du Pôle Nord. Il faisait jour de midi à quinze heures uniquement, ce qui nous a forcé à utiliser de nombreux éclairages. La nuit, avec la neige, cela avait un aspect magique, d'autant plus que notre chalet était magnifique. Toute l'équipe y dormait.
Au fin fond de la Laponie, nous sommes allés à la fabrique du Père Noël qui nous a déçus, ce qui nous a poussé à réduire le temps que nous y avons passé.

[Chronique Disney] Parle-nous de la première saison du Disney Club Été que tu as animée, en 1997.

[Billy] Avec l'animatrice Alice, nous avions pour but de faire découvrir la France aux enfants dans une émission en extérieur sans tous les trucages de la version habituelle. Pendant deux mois, en juin et juillet, nous sommes partis en tournage. Plusieurs équipes se sont relayées mais j'étais le seul à être toujours là. Le planning était énorme, je me souviens avoir trouvé ça super au début mais lorsque je lisais "Jour 60", j'étais cuit, c'était très fatigant !
Une première équipe technique venait tourner une semaine, repartait à Paris avec les rushes et la script se chargeait du montage alors que pendant ce temps, une autre équipe était arrivée en province pour poursuivre. Il  y avait trois équipes, une par région, puis la première équipe revenait. Trois réalisateurs ont travaillé sur ce projet, dont Gilles Amado qui se chargeait aussi de Sacrée Soirée et qui s'amusait beaucoup avec Disney Club Été.
En amont, il y avait aussi eu une équipe de repérage qui avait fait le tour de France pour trouver des intervenants, des sujets, des lieux à visiter.
À Ibiza, nous avons tourné une ou deux émissions sur le Belem (le plus ancien voilier trois mats inscrit au patrimoine historique, propriété de la Caisse d'Épargne) puis j'ai enfin vu un jour de repos sur mon planning... durant lequel j'avais en réalité trois avions à prendre ! Et le lendemain, je me retrouvais à sept heures du matin à faire du rafting dans les Pyrénées. Le soir, nous étions souvent invités par les maires, la presse locale. Ils étaient tous très gentils et voulaient nous faire plaisir, mais je ne rêvais que d'aller dormir !

[Chronique Disney] Le 31 août 1997, suite aux émissions spéciales couvrant le décès de Lady Diana, Le Disney Club n'a pas été diffusé. Est-ce une émission inédite ?

[Billy] Oui, elle a été tournée sur le bateau Mississippi. C'était la conclusion de la saison estivale où nous étions de retour à Paris et elle n'était donc pas récupérable pour une diffusion ultérieure.
Ce qui est fou, c'est que la veille, j'ai manqué l'accident à cinq minutes près. Je rentrais de Disneyland Paris, avec des amis, et nous passions sous le pont de l'Alma pour rentrer à Boulogne-Billancourt. À la vue des gyrophares, des bandes jaunes déployées par la police et des pompiers, nous avons décidé de passer par les quais. Durant la nuit, j'ai fini par apprendre ce qui s'était passé et je me suis dit que si c'était bien ça, je n'allais pas être à l'antenne le lendemain. Et j'avais vu juste. Cette émission est sans doute dans les archives de TF1.

 

[Chronique Disney] À Noël 1997, l'émission change pour La Chambre Folle, avec les poussières Flip et Flop, un concept inspiré de l'émission anglaise Wake Up In the Wild Room.

[Billy] Je tournais avec ces poussières pendant un mois tous les jours pour couvrir toutes les vacances de Noël. Le décor venait de Londres car Wake Up In the Wild Room n'était plus en tournage et que nous pouvions récupérer le décor. J'avais trouvé ça dur car tout s'enchaînait, épreuves, enfants, parents. L'année suivante, les poussières présenteront l'émission seule pendant que mon personnage partait en vacances.

[Chronique Disney] L'été suivant, en 1998, Disney Club Été  partait en Guadeloupe puis en Floride...

[Billy] La productrice était amie avec un skipper qui avait gagné la Route du Rhum, ce qui nous a permis de tourner en Guadeloupe avec lui, ce qui était très sympa. Nous allions voir les gens pour s'imprégner de la culture locale, avons vu les plantations, fait de la plongée, pêché et comme l'année précédente, je courais partout. À tel point qu'il m'a été demandé de me calmer... jusqu'à ce que Gilles Amado débarque avec sa steadycam. Les gens sur le plateau me demandaient de ralentir le rythme, Gilles me disait le contraire et nous partions en courant avec la steadycam. Ceux qui regardaient les images disaient à Gilles que c'était trop speed. Aujourd'hui, peut-être aurais-je fait différemment mais c'était l'énergie qui me correspondait à cette époque. Certaines personnes de TF1 se demandaient même si je ne prenais pas des substances illicites !
En Floride, le thème était le cinéma et le fil rouge à Walt Disney World Resort était la création d'un film. À Disney-MGM Studios, nous allions tourner dans Studio Backlot Tour ou encore dans la file d'attente de The Twilight Zone Tower of Terror. Je me battais parfois contre les textes des auteurs. Et puis, il y a eu la NASA, quel bonheur ! Il fallait montrer son Visa où était indiqué que je travaillais pour Disney, ce qui me donnait droit à des accueils très chaleureux de leur part. Pour eux, Disney, c'est colossal, c'est toute leur culture. Nous avions accès à des endroits interdits au public. Je me souviens particulièrement de l'entrepôt où sont stockées les fusées, un bâtiment immense flanqué du drapeau américain. Je garde de superbes souvenirs de la NASA, sauf des températures qui étaient si élevées qu'il fallait donner à boire aux enfants pour ne pas qu'ils tombent dans les pommes.

[Chronique Disney] Pour les enfants de l'époque, Jean-Pierre Foucault était l'oncle qui endossait le même rôle que celui qu'avait Walt Disney dans Disneyland et Billy était plutôt le grand frère.

[Billy] Tout-à-fait. Il n'y a pas un jour sans lequel quelqu'un ne vienne me parler de ça quand je me balade à Paris le week-end ou dans le métro en semaine. Certains ont du mal à me remettre dans le contexte car j'ai fait de nombreuses choses. On me parle de Canal J, TF1 et Disney Channel alors que je n'ai jamais été sur Disney Channel que les gens confondent avec Le Disney Club.

[Chronique Disney] Ton départ marque la fin du Disney Club remplacé ensuite par Disney ! présenté par Doug, le chien qui cherchait son maître.

[Billy] Je dis tout le temps que j’ai été remplacé par un chien. C'était ici encore une idée des anglais qui estimaient qu'il n'était plus nécessaire de faire présenter les émissions par des animateurs. Ma productrice a dû changer de vie, elle était habituée aux studios et a poursuivi sa carrière sur des émissions tournées en extérieur à Londres avec des animaux. Cette extinction du Disney Club était stratégique car Disney voulait proposer tous les contenus intéressants et exclusifs sur la nouvelle Disney Channel. Le contrat avec TF1 finira par expirer et Disney signera ensuite avec M6 pour Disney Kid.

 

[Chronique Disney] Disney ! faisait partie du bloc TF! puis a été présentée par Julie et Mathieu (ce dernier quittera l'aventure), l'émission a été renommée en Club Disney avec Julie seule et a fini par cesser. Durant les années suivantes, plus aucun animateur jeunesse n'apparaissait sur les grandes chaînes (Disney Kid est présenté par des personnages animés comme Buzz l'Éclair), cela devient exclusif à Canal J et Disney Channel qui proposait Zapping Zone. Vous a-t-on proposé cette émission ?

[Billy] Zapping Zone était une vraie quotidienne en direct, c'était top. On ne me l'a pas proposée car j'étais très identifié TF1.

[Chronique Disney] Pourquoi as-tu quitté Disney ?

[Billy] Parce que je me suis fait remplacer par un chien ! J'aurais bien fait une année de plus mais il se disait que les animateurs ne servaient plus à rien et l'envie de continuer n'était plus là. Ce n'était pas une demande de TF1 mais de Disney qui tenait à tout miser sur Disney Channel. Suite au contrat avec M6, je ne pouvais par ailleurs pas changer de chaîne si facilement. Mais cela m'a aussi permis de faire d'autres choses. Les programmes jeunesse marquent beaucoup leurs animateurs, c'était une période importante de ma vie mais je n'ai pas l'impression de n'avoir fait que cela. Etienne Mougeotte, directeur de TF1, voulait que je reste sur la chaîne et m'a proposé Clic & Net.
J'ai aussi fait des apparitions dans 30 Millions d'Amis Spécial Noël, Les Petits Champions, Les Petits Princes, Télé Délires. J'étais l'homme à tout faire et avais sans arrêt des appels de quelques secondes de Brigitte, responsable des opérations spéciales à TF1, pour faire une apparition dans une émission. Suite aux Petits Champions, Bataille et Fontaine m'ont proposé une chronique en deuxième partie de soirée, dans Y'a Pas Photo.
J'ai eu l'occasion de présenter Les Pièces Jaunes avec une vraie visibilité ainsi que le Sidaction avec Thomas Hugues.

[Chronique Disney] Vient ensuite l'aventure Internet...

[Billy] Il y avait déjà la pastille Clic & Net tous les soirs. C'est Club Internet de chez Lagardère qui avait trouvé judicieux de s'offrir une minute trente de publicité juste avant vingt heures, via un programme qui expliquait en quoi consistait Internet.
Toutes les enquêtes démontraient que le public m'identifiait à la jeunesse et à Disney. Etienne Mougeotte voulait quelque chose de "speed et rigolo" avant le journal de vingt heures. J'ai tourné un pilote, il a été montré à l'agence, à TF1 Productions et aux intervenants qui m'ont recalé sous prétexte que j'étais "trop jeune et trop speed". Un deuxième pilote bien plus sérieux a été tourné avec des animateurs de LCI. Etienne Mougeotte a refusé en insistant qu'il voulait quelque chose d'amusant pour démystifier Internet dont les gens ne savaient rien. Le mot lui-même faisait peur et personne n'était équipé. On m'a appelé à 23 heures pour me dire que j'avais rendez-vous le lendemain pour les essayages des costumes et que je tournais le jour suivant. J'étais calme durant les premiers épisodes mais nous avons fini par adopter un ton plus décontracté au fil du temps ; je parlais parfois à la caméra comme je le faisais avec Bidule.
Jacques Chirac avait fait rire à l'époque en parlant d'un "mulot" en lieu et place d'une souris, ce qui nous a donné l'idée de la petite souris dans le générique d'ouverture. J'ai tourné cinq cents émissions et je lançais ainsi tous les soirs le journal de Patrick Poivre d'Arvor. Cela coïncidait avec les débuts de TF1.fr.

[Chronique Disney] Peux-tu nous parler de la création de Billy Web, ton alter-égo numérique ?

[Billy] J'étais étiqueté Disney puis suis devenu Monsieur Web chez TF1. Parallèlement, des investisseurs dans le domaine d'Internet avaient l'idée de créer un portail d'accès pour la jeunesse, dans le genre de ce qu'est aujourd'hui Club Penguin, avec des jeux et des contenus inédits, des clips. Ils sont donc venus me voir et nous avons créé Billy Web ensemble. Je me souviens que les enfants cumulaient des points sur une carte de crédit, la Billy Web Card ; nous avions des webdesigners sur trois cents mètres carré de bureaux dans le huitième arrondissement de Paris. Le lancement du site s'est fait au Festival de Cannes, nos investisseurs rencontraient des homologues américains, une entrée en bourse s'envisageait. J'avoue avoir été un peu en recul car tout cela me paraissait bizarre mais ça a tout de même eu son succès et le site a existé deux années durant avant que la société ne soit revendue. Le problème était que nous étions avant-gardistes ; quand, en 1999, nos équipes expliquaient à Etienne Mougeotte que les enfants ne regarderaient plus la télévision à l'avenir et passeraient leur temps  sur des ordinateurs ou des tablettes, elles n'étaient pas prises au sérieux.
Les tendances sont parfois complexes à voir arriver mais j'ai toujours essayé de les dénicher. Le breakdance en est un bon exemple (les séquences de Sasha Dance fonctionnaient à merveille dans Le Disney Club), le lancement d'Ozie Boo, un an avant La Marche de l'Empereur, en est un autre. Nous avons d'ailleurs pu nous associer à Disney pour un coffret DVD réunissant les deux productions.

[Chronique Disney] Après l'aventure Internet, tu es de retour dans les émissions jeunesse sur Canal J.

[Billy] Suite à une proposition du groupe Lagardère, j'ai fait le pilote de Iapiap ! (cela signifiait "Interdit aux parents") qui durera neuf ans. Il m'a été proposé de chanter pour le générique, et cela a donné Billy Dimension, écrite par Ariane Carletti (qui participait au Club Dorothée) et composée par son mari Rémy Sarrazin.

[Chronique Disney] L'émission musicale Iapiap ! avait-elle pour ambition de contrer Zapping Zone ?

[Billy] On y a jamais pensé. Canal J était une chaîne majeure de Lagardère et Pierre Belaïsch (qui venait de TF1 où il avait travaillé au remplacement de Dorothée) voulait insuffler une vague de renouveau avec de nouveaux animateurs. Iapiap ! est arrivée dans ces circonstances, c'était un prime-time de quatre-vingt-dix minutes où tous les chanteurs de l'époque apparaissaient (les 2Be3, Priscilla, Magalie Vaé, M. Pokora...). Il y avait un concours musical avec les enfants, certains faisaient de la gymnastique, du karaté, c'était La France a un Incroyable Talent avant l'heure. Des animaux venaient sur le plateau, l'émission était assez improbable et déjantée. Eric et Ramzy ont participé et n'oublions pas Bébé Charlie et son tube de l'été Qui a du Caca Kaki Collé au Cucul, on avait le même état d'esprit que l'équipe actuelle de Cyril Hanouna.

[Chronique Disney] Comment es-tu devenu producteur ?

[Billy] J'ai été animateur sur Iapiap ! puis ils m'ont fait confiance et j'ai pu proposer Mission 414 en tant que producteur. C'était un nom de code en lien avec l'adresse de nos bureaux mais c'est finalement resté et j'ai réussi à le justifier en disant que notre cible était les 4-14 ans et que c'était aussi le nom de la caméra qui me suivait. Quand j'ai présenté l'émission à la chaîne, je leur parlais d'aventures et du fait qu'un agent de la Mission 414 me demandait chaque semaine une nouvelle tache tel que le test d'un sous-marin nucléaire. Ce à quoi ils me demandaient comment j'avais l'intention d'obtenir le sous-marin. J'ai donc endossé mon rôle de producteur en créant ma propre société, Esteban, et ai fait tourner le pilote avec un Alpha Jet de la Patrouille de France. Cette belle émission m'a permis de valider le concept et nous en avons tourné quatre-vingt épisodes en deux ans. J'y ai pris un plaisir fou, ai volé sur le Mirage 2000, sur l'Alpha Jet, ai plongé avec un sous-marin nucléaire, vécu 10 jours sur un porte-avion, etc.
La caméra 414 avait été créée avec le même logiciel que celui qui servira plus tard à Ozie Boo.
Le deuxième projet d'Esteban a justement été les trois épisodes pilotes d'Ozie Boo. Pour cela, j'ai contacté Pierre Sissmann, ancien président de The Walt Disney Company Europe, qui a aimé le projet. Lorsque je lui ai annoncé que j'avais l'intention de proposer la série à France 5, il m'a invité à ne pas aller plus loin et a pris les choses en main en contactant le PD-G de Disney Channel et en fixant un rendez-vous pour la semaine suivante. La réunion étant un succès, Pierre et moi avons collaboré ensemble et avons co-fondé Cyber Group Studios pour développer d'autres programmes tels que Les Légendes de Tatonka, Manon, Ozie Boo : Protège ta Planète ou encore Zou. Je suis resté six ans avec Pierre avant d'intégrer Lagardère il y a deux ans.

[Chronique Disney] Comment perceviez-vous, à Canal J, la concurrence avec Disney Channel ?

[Billy] Nous n'en parlions jamais sachant à quel point les produits Disney étaient formatés. Même Zapping Zone qui était moderne dans la forme restait conventionnelle sur bien des points. Sur Canal J, nous nous permettions un langage plus familier, des invités rappeurs. Les enfants invités venaient comme ils étaient là où ils étaient maquillés et habillés sur Zapping Zone.

[Chronique Disney] Que penses-tu de l'image actuelle de Canal J ?

[Billy] Aujourd'hui Canal J reste une marque forte, j'ai le plaisir de produire une nouvelle émission : le Canal J Battle Dance avec de jeunes champions de Breakdance !! Il y a vingt-cinq ans, la concurrence était inexistante là où il faut aujourd'hui faire face au bouquet Disney, à Cartoon Network, Boomerang, et aussi au web. La chaîne s'est repositionnée vers les garçons avec Pokémon, Power Rangers et du breakdance. Auparavant, les jeunes regardaient Canal J jusqu'à 14 ans, âge auquel il est aujourd'hui sur les réseaux sociaux et devant Les Anges de la Téléréalité et Hollywood Girls. Nos moyens sont plus faibles que ceux de Disney Channel qui profite de l'aura des contenus américains, des stars maison (Jonas Brothers, Miley Cyrus), ce qui ne nous empêche pas de faire des choses qualitatives.

[Chronique Disney] Parle-nous de ton rôle actuel de producteur artistique pour OuiDo! Productions.

[Billy] Je me charge des dessins animés et nous produisons pour TF1, France Télévisions, Canal+, Cartoon Network ou encore Disney XD. Les chaînes ont leur mot à dire, s'impliquent dans l'écriture et l'animation. Mon rôle est de trouver les idées ou des propriétés telles que des livres pour enfants. C'est ce qui s'est passé avec Zou, j'ai contacté l'éditeur et l'auteur, engagé des scénaristes, vendu le projet à la chaîne, participé au développement. Nous produisons aussi Sonic Boom en collaboration avec Sega et Les Légendaires, adaptée de la bande dessinée éponyme.
Pour ce qui est des productions "live", j'essaie de trouver des concepts qui feront rêver les chaînes. Par exemple, Canal J Battle Dance n'avait pas d'équivalent car Danse avec les Stars est pour les adultes et Disney Channel Talents ne se consacre qu'à Violetta. Nous avons là une vraie émission de compétitions entre enfants semi-professionnels notés par un jury composés par des danseurs reconnus dans le milieu.

[Chronique Disney] Comment en es-tu arrivé à produire les spectacles des Arbres de Noël de l'Élysée ?

[Billy] J'avais rencontré Bernadette Chirac sur les opérations Pièces Jaunes. La première année, ils voulaient que Disney soit partenaire et que j'y participe en tant qu'ambassadeur Disney mais ces derniers ont refusé car Disney ne pouvait être associé à des quêtes d'argent.
L'année suivante, j'ai pu aller faire quelques dédicaces et parler aux enfants mais en tant que présentateur de TF1. Bernadette Chirac signait sur les cartes que les enfants me tendaient et a fini par réaliser que j'étais celui que les enfants interpelaient. Elle a demandé à ce que nous soyons présentés, nous avons sympathisé et elle m'a invité au Noël de l'Élysée. Après cela, elle m'a demandé mon avis sur le spectacle que j'ai jugé "pas assez rock'n'roll". Madame Chirac a donc parlé à son chef de cabinet pour que je puisse organiser les spectacles des années suivantes. Je trouvais cela difficile au départ, il fallait suivre un protocole de sécurité strict mais nous avons fini par réaliser un spectacle de grande qualité.

[Chronique Disney] En quoi consiste le spectacle du Noël de l'Élysée exactement ?

[Billy] C'est un spectacle pour le personnel de l'Élysée et leurs enfants ainsi que pour les pupilles de la Nation venues de tout le pays y compris d'outremer, cela revient à 700 enfants invités, en présence du Président de la République. Celui-ci arrive aux environs de quinze heures, le spectacle débute et se termine à seize heures par un goûter et une remise de cadeaux.
Beaucoup craignaient que je ne casse trop de codes mais je m'étais dit que le seul risque serait que je ne le fasse qu'une année. J'ai été jusqu'à changer les sapins malgré les codes couleurs instaurés par le protocole. Une année, j'ai choisi le thème de Charlie et la Chocolaterie, le sapin de quinze mètres de haut était décoré avec des boules et des lampes fuchsia et turquoises. Une autre fois, le thème fut la banquise avec un sol travaillé de telle sorte que les enfant se croyaient sur la glace.

[Chronique Disney] Comment sont arrivés les Personnages Disney ?

[Billy] En 2009, avec Nicolas Sarkozy pour un spectacle qui a eu lieu au Théâtre Mogador afin d'inviter 1200 enfants plutôt que 700.
L'année passée, le thème était Astérix et coïncidait avec la sortie d'Astérix et les Jeux Olympiques et j'avais dû gérer le spectacle seul car Cécilia Sarkozy qui était la première dame a quitté son mari trois semaines après les premiers contacts que j'ai eus avec elle.
La fois suivante, Stage Entertainment (producteur des musicals du théâtre tels que Le Roi Lion, Sister Act, La Belle et la Bête) a participé et j'ai contacté Disneyland Paris pour faire venir Mickey. Ils ont également offert trois billets d'entrées par enfant pour venir à Disneyland Paris en famille. Par la suite, Disney s'est impliqué davantage et le spectacle a finalement intégré trente personnages sur scène.
J'ai du faire rapatrier 1200 enfants en bus du Théâtre Mogador au Palais de l'Élysée. Il fallait aussi les récupérer avec la garde républicaine alors qu'ils arrivaient en train, en bus, en avion pour certains.
Disney avait fait apporter des ballons Disney dès le matin puis souhaitait que Mickey soit également à côté du sapin de Noël de l'Élysée pour remettre les enveloppes avec les entrées aux Parcs et avoir droit à une photo avec le Président. Cela a été un carton total, les enfants ont adoré. L'évènement a été très médiatisé car c'était le premier Noël de Carla Bruni. Pour ma part, c'était le dernier Noël que j'ai organisé pour eux car l'évènement a connu des coupes budgétaires et que j'aurais été moins libre les années suivantes.

[Chronique Disney] Qu'a été Le Noël des Toons aux Folies Bergères ?

[Billy] Suite à mon expérience à l'Élysée, j'ai été contacté pour un spectacle que j'ai produit avec des apparitions de personnages tels que Shrek, Spider-Man ou encore Snoopy. Il y avait des danseurs, des magiciens, et ces spectacles étaient proposés à des Comités d'Entreprises, à raison de trois par jour. Je le referais volontiers bien qu'obtenir une salle à Paris soit si compliqué.

 

[Chronique Disney] Le 24 juin 2009, tu as été décoré Chevalier de la Légion d'Honneur. Comment cela s'est-il passé ?

[Billy] J'ai reçu une invitation par courrier disant que le Président de la République m'invitait à la remise de cette décoration qu'il m'accordait. Je n'en revenais pas. J'étais très ému et ai obtenu cette distinction essentiellement pour des faits non médiatisés, tels que les visites d'enfants dans les hôpitaux avec Bernadette Chirac. J'ai été honoré de participer à cette cérémonie au Sénat où étaient venus famille, amis, collègues de Disney et de TF1.
Le Petit Journal m'a surnommé "le bouffon du roi" en supputant que j'avais été décoré par le Président Sarkozy uniquement parce que j'organisais les Noëls de l'Élysée. Cela fait partie de la règle du jeu quand on est médiatisé mais cette information était d'autant plus fausse que je n'avais pas été décoré par Nicolas Sarkozy mais par Jacques Chirac.

[Chronique Disney] Quel est ton premier souvenir lié à Disney et ton film d'animation préféré ?

[Billy] Quand j'étais petit, j'étais allé voir Rox et Rouky et j'avais le 45 tours, c'est mon plus vieux souvenir. Mon film d'animation préféré serait traditionnel, je pense notamment au Livre de la Jungle et à Peter Pan, bien que j'adore le travail que fait Pixar.

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