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Timely Comics (2/2)

L'article

rédigé par Robin Nègre
Publié le 20 juin 2014

A peine arrivé, le jeune Stanley Lieber signe sa toute première histoire dans le troisième numéro de Captain America Comics. Intitulé Captain America Foils the Traitor's Revenge (Captain America déjoue la vengeance du traitre), elle voit apparaitre le nom de « Stan Lee » en signature. L'auteur prend ainsi un nom de plume qu'il ne quittera jamais plus.
Le succès du personnage permet la création de nombreux autres héros, dont Jack Frost, imaginé par Stan Lee lui-même et qui constitue donc le tout premier héros qu'il créé. Mais le succès est éphémère et seules les trois têtes d'affiches (La Torche Humaine, Namor et Captain America), connaissent des ventes durables et satisfaisantes. La publication de comics augmente tout de même globalement ce qui permet à de jeunes artistes, dessinateurs et scénaristes, de rejoindre la société ; cette vague de recrutement apportant un vent de renouveau chez Timely Comics (Ou Timely Publications) qui ne tarde pas ensuite à se diversifier et explorer des domaines jusqu'alors ignorés.


Captain America Comics #3 et USA Comics #1, où la première apparition de Jack Frost

Mais un premier coup dur frappe l'éditeur : les deux grands vétérans que sont Joe Simon et Jack Kirby, suite à une grave dispute avec Martin Goodman, quittent en effet la maison qui perd ainsi son rédacteur en chef (Joe Simon) et l'un de ses artistes les plus précieux (Jack Kirby). Les conséquences de la crise sont toutefois moins graves que prévues : Stan Lee, à l'âge de 18 ans, accède il est vrai au poste de rédacteur en chef et fait des merveilles. Ainsi, malgré le départ des deux hommes, Timely Comics continue de prospérer...
L'attaque de Pearl Harbor en 1941 change légèrement la donne, pas tant financièrement qu'artistiquement. La plupart des employés, dont Stan Lee, s'engage en effet dans l'armée. Ce dernier demande ainsi à l'un de ses plus proches collaborateurs, Vince Fargo, de prendre sa place de rédacteur en chef. Les principaux comics sont dans cette période toujours publiés mais aucun héros viable n'est plus créé. Martin Goodman décide alors de diversifier réellement Timely Comics en lançant de nouvelles collections : des séries comiques dont Joker Comics, et des séries mettant en scène des animaux qui surfent sur le succès des cartoons animaliers, très à la mode au cinéma à l'époque, dans la foulée de toute la vague des Silly Symphonies des années 30, ou encore des aventures de personnages devenus emblématiques tels Mickey Mouse, Donald Duck ou Bugs Bunny.
La situation de Timely Comics sera stable jusqu'à la fin de la guerre. Captain America, Namor et la Torche Humaine rencontrent, il est vrai, toujours autant de succès, et se permettent  même d'apparaitre dans d'autres revues dont All Select Comics. Captain America aura également droit à sa toute première adaptation au cinéma, en 1944, grâce au studio Republic Pictures !


Joker Comics #1 et All Select Comics #1

Timely Comics continue toutefois sa politique de diversification. Le genre héroïque n'est ainsi plus le seul mis en avant et pléthore de collections sont lancées. Il est utile notamment de citer Miss America Comics (dont la cible privilégiée est le lectorat féminin), Ziggy Pig And Silly Seal Comics (un comics animalier), ou bien Powerhouse Pepper Comics (un comics humoristique) qui apparaissent toutes trois entre 1943 et 1944 parmi bien d'autres revues publiées pendant la guerre. Les ventes se portent donc bien quand Stan Lee, démobilisé, reprend son poste de rédacteur en chef.
Paradoxalement, la fin de la guerre va faire connaitre à Timely Comics sa première crise importante. Son genre de prédilection, celui des héros, ne se vend, en effet, plus. Les Américains, avec le retour de la paix et en l'absence de menaces, n'ont plus le même besoin de s'identifier à des personnages haut en couleur comme c'est le cas avec Captain America. Les super-héros lassent le lectorat qui recherche de nouvelles écritures. Parallèlement, les autres séries de Timely Comics fonctionnent et continuent elles de bien s'écouler. Mais voilà, à trop multiplier les comics humoristiques, le grand public commence à stigmatiser le genre et voir en lui une « sous-littérature », seulement bon pour les très jeunes garçons, et sans aucune valeur artistique (ce qui n'est pas faux dans l'absolu, à cette époque !) 


Ziggy Pig And Silly Seal Comics #1 et Powerhouse Pepper Comics #1

Se rendant compte de la situation, Timely Comics tente alors d'adopter une nouvelle posture en essayant de conquérir un peu plus le lectorat féminin, grâce à deux personnages qui marqueront les 20 années suivantes : Millie le mannequin, et Patsy Walker.


Millie the Model #1 et Patsy Walker #1

La maison d'édition se transforme donc peu à peu, au risque de perdre son identité. Pourtant, Martin Goodman et Stan Lee ne désespèrent pas et continuent de proposer des magazines mettant en scène les anciens héros de guerre. All Winner Comics par exemple met à l'honneur l'Escouade de la Liberté, composée des personnages les plus emblématiques que sont Captain America, Namor et la Torche Humaine. L'histoire se déroule sur sept épisodes et plusieurs dessinateurs de renoms s'y succèdent. Malgré cela, les ventes reculent encore. Le genre se meurt manifestement, étouffé par les autres séries et la demande d'un jeune public qui désire autre chose.

Martin Goodman réalise que cela ne sert à rien de s'obstiner, et se résout à simplement suivre la mode et les tendances qui fonctionnent. Si les films d'espionnages et de détectives ont du succès, il lance des comics de genre. Si ce sont des films sur les cowboys et les indiens qui attirent les foules, ses comics s'inspirent des westerns et ainsi de suite. Timely Comics ne crée plus la mode mais la suit....
La maison d'édition joue à fond la carte de la sécurité : les ventes fonctionnent néanmoins suffisamment pour voir Stan Lee donner à de nouvelles équipes artistiques, carte blanche. Plusieurs noms célèbres vont ainsi défiler dans les bureaux de Timely Comics, dont un certain Harvey Kurtzman, premier rédacteur du célèbre magazine MAD. Le nom de la maison d'édition connait lui aussi quelques changements. Martin Goodman trouve, en effet, que Timely Comics ne convient plus aux publications de l'époque, et décident de les nommer en Marvel Comics. Constatant son faible impact, il abandonne quasiment aussitôt ce nom pour revenir à Timely Comics. Le changement, passé pratiquement inaperçu, montre de la plus belle des façons à quel point l'éditeur se cherche....
De la fin de la guerre aux années 1950, c'est donc une véritable période de transition que connait Timely Comics. Et les premières victimes de ce profond bouleversement sont les héros qui ont fait du label ce qu'il est...


All Winner Comics #1 et #19

L'année 1949 marque ainsi la fin officielle des héros, puisque les trois derniers survivants disparaissent pour de bon. La Torche Humaine voit son magazine s'arrêter au numéro 35, avant d'être renommé Love Tales ; Namor ne donne, lui-aussi, plus de signes de vie quand Sub-Mariner Comics se voit rebaptisée Best Love en devenant une série romantique. Enfin, Captain America, le héros le plus emblématique de la maison des idées, assiste impuissant à la transformation de son magazine en un comics d'histoires d'épouvante. Son nom reste un temps présent sur la couverture (le comics se nommant Captain America's Weird Tales) mais le personnage, lui, n'apparait plus à l'intérieur. Le glas sonne quand son nom disparait également quelques numéros après...

Timely comics continue néanmoins son expansion avec la publication de comics humoristiques, de romance, de westerns, d'horreurs. Mais voilà. Alors que Martin Goodman espérait donner aux comics ses lettres de noblesse, il se passe tout le contraire. « Accusé » seulement jusque-là de « sous-littérature », la presse de l'époque blâme le genre et lui  reproche d'être à l'origine de la montée en puissance de la délinquance juvénile. Les comics sont devenus trop effrayants, trop violents et nuisent à la jeunesse de l'époque. Il est loin le temps d'un Captain America, haut représentant des valeurs américaines ! Cette opposition envers les comics aura des répercussions importantes durant les années 50, pour Timely Comics et ses concurrents, notamment sur le plan législatif avec des contraintes de diffusion toujours plus fortes.


Namor disparait avec Sub-Mariner Comics #32. Best Love garde la même numérotation et débute donc au numéro 33...


A noter : Le logo Marvel Comics apparait...

Malgré la crise qui se dessine et le vent qui commence sérieusement à tourner, Martin Goodman reste confiant et décide de se lancer dans une nouvelle stratégie, sans se soucier véritablement de l'opinion générale : il est temps, d'après lui, d'inonder le marché et de noyer tous les potentiels concurrents. Terminer la recherche d'une relative qualité, place à la quantité ! Il pousse ses billes le plus loin possible en reprenant dans la foulée, la distribution même des comics. Son action n'est pas sans rappeler la séparation avec Funnies Incorporated dont il avait pris son indépendance dans les années 30...


Captain America's Weird Tales #74. Captain America tombe lui aussi, peu à peu, dans l'oubli...

C'est ainsi qu'en 1951, Martin Goodman créé la société Atlas, nouveau réseau de distribution. Bien que le nom officiel soit toujours Timely Comics, les comics alors publiés portent donc le seul logo d'Atlas. Timely Comics est remisé peu à peu : la compagnie change officieusement de nom.
L'ère d'Atlas Comics commence...

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