Rencontre avec l'Équipe de Zootopie

L'article

Publié le 13 février 2016

Les 28 et 29 janvier 2016, Chronique Disney a eu la chance d'être convié à deux évènements extraordinaires autour de Zootopie : l'avant-première du film suivie d'une soirée annoncée comme sauvagement endiablée puis, le lendemain, deux tables rondes avec les créateurs ainsi que les doubleurs français.

La Soirée

La soirée commence donc le 28 janvier au Gaumont Marigan des Champs-Elysées où Zootopie est présenté à un parterre d'invités en présence des réalisateurs Byron Howard et Rich Moore mais également du producteur Clark Spencer. Ils abordent alors les origines du film ainsi que leurs inspirations avant que toute la troupe des doubleurs français ne les rejoigne sur scène : Claire Keim, Pascal Elbé, Fred Testot, Thomas Ngijol, Isabelle Desplantes, Lubna Gourion et Teddy Riner. Le film est ensuite lancé et c'est une salle hilare qui applaudit aussi bien pendant la séance qu'au générique de fin. La soirée n'est pourtant pas terminée puisque tous les invités sont conviés à se retrouver au Pavillon Champs-Elysées dont la salle avait été spécialement décorée selon la thématique du film. Des statuts et des PLV de Zootopie alliés à des ambiances jungle, toundra ou désert permettent alors à tout le monde de déguster des amusebouches plus ou moins exotiques. La soirée se voit également entrecoupée de petites scènes et spectacles avec des danseurs dont notamment une très belle chorégraphie sur la chanson de Shakira, Try Everything. La soirée fut assurément réussie et constitue une généreuse initiative de Disney France, qui, au delà de l'équipe du film et des stars invités, avait mis en jeux des places pour les fans.

Le Doublage

Le lendemain voit deux tables rondes organisées avec les blogueurs. La première se consacre aux doubleurs français du film dans une ambiance délicieusement bon-enfant et absolument délirante. Fred Testot (Benjamin Clawhauser), Lubna Gourion (Gazelle), Isabelle Desplantes (Bonnie Hops), Pascal Elbé (Chef Bogo), Claire Keim (Adjointe au maire Bellwether) et Thomas Ngijol (Yax) s'en sont en effet donnés à cœur joie, visiblement contents d'être là. Tous se sont en réalité sentis flattés que Disney pensent à eux pour interpréter des personnages, même si Thomas Ngijol s'est étonné avec humour que son nom ressorte chez Mickey quand il s'agit de prêter sa voix à un yak nudiste baba cool. Tous saluent le travail du directeur artistique qui leur a laissé une grande liberté tout en les guidant à merveille en fonction de ce qu'il voulait pour le film. Le texte en français a d'ailleurs été particulièrement bien adapté pour que les blagues et jeux de mots se marient parfaitement à la langue française et ne trahissent en rien l'opus original. Ils révèlent d'ailleurs que les tons anglais et français ne sont pas forcément identiques. Pour une même idée, la version anglaise est ainsi bien plus "chantée" alors que la française aurait tendance à être plus grave dans son intonation. Il faut donc adapter le dialogue pour ne pas se sentir enfermée par la version anglaise tout en la respectant. Le travail est d'autant plus difficile que chacun des doubleurs n'aborde ses scènes que de manière non finalisée sans voir le film dans son intégralité. Ils l'ont tous découvert lors de l'avant-première de la veille ! Chose notable, les acteurs font preuve d'une grande humilité. Quand la question leur est posé de savoir pourquoi aucun d'eux n'a doublé les héros principaux, ils répondent que l'exercice de doublage est très dur et qu'il s'agit là d'un vrai métier si bien qu'aucun d'eux n'aurait pu faire aussi bien que Marie-Eugenie Marechal et Xavier Fagnon qui livrent sur Judy et Nick un travail tout simplement extraordinaire. Chez Disney, le but n'est manifestement pas de trouver des stars à tout prix mais bien de rester au service du film. Et c'est heureux !


Fred Testot, Lubna Gourion, Isabelle Desplantes, Pascal Elbé, Claire Keim et Thomas Ngijol

La Réalisation

La seconde table ronde se consacre à l'équipe américaine du film : les réalisateurs Byron Howard et Rich Moore et le producteur Clark Spencer. C'est bien simple : les artistes des films d'animation Disney sont tellement investis dans leur travail que les blogueurs boivent leurs paroles tant ils arrivent à communiquer leur passion. Voici donc la retranscription de cet échange passionnant.

Attention : la suite de cet article peut contenir des spoilers dont la teneur est variable selon le niveau de connaissance du film par le lecteur.


Rich Moore, Byron Howard et Clark Spencer

[Presse] Aviez-vous prévu que le public réagisse de la même façon, d'un pays à un autre, d'une culture à une autre ?

[Clark Spencer] Nous avions fait des projections test de notre film, tôt dans le processus, pour voir comment le public réagirait dans différents pays. Le test s'est fait sur dix pays différents dont la France, l'Angleterre, la Corée du Sud, le Brésil, le Japon ou l'Australie. Et ce fut incroyable de voir les retours et de se rendre compte qu'il fonctionnait à merveille partout. C'est dû surement à la thématique et aux situations : le public s'attache directement aux personnages et plébiscite le comique. Il est par exemple incroyable de constater que la scène des paresseux parlent à toutes les cultures. Dans le film, c'est le bureau du permis de conduire mais ailleurs cela peut être celui des passeports, la poste ou tout autre administration. Et en fait, c'est partout pareil !

[Presse] Qui a eu l'idée de la scène avec les paresseux et comment est-elle venue ?

[Byron Howard] On voulait vraiment que l'action se passe dans un monde contemporain. Jim Reardon, chef de l'histoire, a donc amené l'idée. On essayait de trouver des blagues en se posant la question de quel animal était le plus adapté pour tel emploi. Dès fois, on cherche le contraste mais bizarrement, pour celui de l'administration, le choix a été évident ! Pourquoi pas des paresseux travaillant au département des cartes grises ? Et au fur à mesure qu'on construisait la scène, on se disait que cela coulait de source. Et puis la scène devenait de plus en plus drôle. On réfléchissait comment placer Judy, qui est très pressée, dans une situation où elle se retrouvait à la merci de ce type qui est d'une lenteur incroyable. On visualisait ce que cela pourrait donner en animation et on trouvait que c'était tout simplement parfait. On ressentait l'électricité et la force de cette scène rien qu'en la racontant avec Nick savourant sa petite vengeance.

[Presse] Durant Annecy et lors du D23, vous avez montré certaines scènes ? Ont-elles évoluées en cours de production ?

[Rich Moore] En fait, le script était quasiment finalisé à ce moment-là. Il n'y a que la scène du marchant de glace qui a évolué. Le problème avec cette scène, c'est qu'elle n'était pas racontée selon le point de vue de Judy. Elle l'était bien plus selon de le point de Nick où il était évident qu'il filoutait la pauvre lapine si bien que les spectateurs en prenaient tout de suite conscience. Lors de ces deux évènements, la scène a fait beaucoup rire le public mais, dans le contexte du film, elle ne fonctionnait pas car il était impératif que les spectateurs soient au même niveau d'information que Judy. C'est l'une des parties les plus difficiles pour un réalisateur : savoir quand couper une scène, même quand celle-ci est réussie, car l'important est le recit dans son ensemble. Sinon, le film était à peu-près déjà sur de bons rails. Mais le travail sur Zootopie a eu lieu jusqu'au dernier moment. L'un des tout derniers travaux s'est produit sur la programmation de la version 4-D. Elle devait durer 90 minutes mais la réunion s'est éternisée quatre heures pendant lesquelles nous avons donné des instructions aux pauvres programmateurs pour leur dire comment devaient bouger les sièges dans les cinémas équipés. Ce fut assez éprouvant.

[Chronique Disney] Comment avez-vous réagi quand vous avez dû changer le point de vue de l'histoire de Nick à Judy ?

[Byron Howard] Durant de nombreuses années, c'était en effet Nick le héros de l'histoire ! Le problème est que Nick est cynique. Il a connu de nombreuses désillusions. Or, si nous voulions que le public croit en la ville de Zootopie, il fallait un personnage qui croit dans le potentiel de cette cité. Et c'était donc Judy ! Pour cela, il fallait faire un changement radical et changer le point de vue du film. Et ce n'est pas une chose simple. C'est beaucoup d'heures de travail à jeter. Nous devions en outre convaincre le reste de l'équipe que nous prenions la bonne décision. Mais c'était la meilleure façon de raconter notre histoire et de tomber amoureux de la ville, en même temps que Judy le fait. Et quand elle se rend compte de la réalité, elle doit grandir et apprendre ; et nous avec...

[Clark Spencer] A partir de là, en fait, tout en a découlé : la scène des paresseux, la scène naturiste… Beaucoup du comique du film vient de ce changement. Il a réellement apporté que du bon permettant à chacun de se surpasser. Au début, pour l'équipe, cela a été peut-être un peu déprimant mais quand on voit tout ce que cela permettait derrière, en créativité, la décision s'est légitimitée d'elle-même.

[Presse] Comment avez-vous choisi les caméos Disney, présents et à venir, mais aussi les références aux autres films ?

[Rich Moore] Nous avons écrit beaucoup de blagues. Certaines sont très bonnes, d'autres très mauvaises. J'ai commencé ma carrière sur Les Simpson et il y a de nombreux genres de comédies : le comique potache, le comique social, des blagues sur la science... On a voulu amener beaucoup de ça dans Zootopie. En réalisant un film anthropomorphe moderne et dans l'air du temps, le comique et la comédie devaient être également contemporains. Cela ne peut plus être des blagues vues il y a vingt ou cinquante ans. Donc, pour chaque blague que vous avez remarquée, dix autres sont encore cachées et méritent un deuxième visionnage tellement le film en regorge.

[Byron Howard] C'est amusant car on testait nos blagues avec l'équipe et celles qui faisaient rire le plus grand nombre était considérées comme pouvant fonctionner avec le public. Le fait de faire des films avec des animaux fait aussi qu'on a pu se lâcher et tenter des choses nouvelles.

[Rich Moore] L'un des gros risques était le personnage de Mister Big. Après tout, on faisait une blague à partir d'un film de plus de quarante ans ! Est-ce que les enfants d'aujourd'hui allaient comprendre ? Et puis, ce film a été copié de nombreuses fois. Est-ce que notre version allait vraiment être inédite ? On l'espère en tout cas et le public semble bien accueillir cette scène.

[Presse] Comment avez-vous construit la riche thématique du film ?

[Byron Howard] Le but principal était que Zootopie s'adresse à tout le monde : que les enfants se retrouvent dans le film mais également qu'il parle aux adultes. La ville de Zootopie est foncièrement humaine car elle ressemble aux nôtres. Il fallait que les spectateurs s'attachent à l'émotion que dégage le film. J'aime beaucoup le personnage de Judy car ses buts et ses ambitions sont purs. J'aimerais avoir des sentiments aussi purs et aussi positifs. J'admire sa certitude que le monde peut être meilleur. Elle veut absolument devenir un flic pour protéger la population. Pourtant, elle arrive dans une équipe qui est plein de préjugés sur sa taille et son espèce et qui est persuadée qu'elle ne peut réussir. Elle, contre vents et marées, garde son optimisme. Et c'est pour cette raison que le personnage parle à tout le monde. Même si c'est une comédie, même si c'est de l'animation, nous avons essayé de mettre de très nombreuses de lectures dans le film pour que les gens puissent l'apprécier de différentes manières en le regardant, même lors d'un nouveau visionnage.

[Presse] Comment avez-vous choisi le casting ?

[Rich Moore] Dans de nombreux films d'animation, on se pose souvent la question : "pourquoi ont-ils choisi cette star ?". Chez Disney, on fonctionne à l'envers. On ne choisit pas une star à qui on donne un personnage mais, en fonction du personnage, on cherche la voix qui lui conviendrait le mieux, qu'elle soit star ou non. On cherche des personnalités, en fonction des rôles qu'elles ont déjà joués. Et à chaque fois, les acteurs nous étonnent en insufflant encore plus de vie aux personnages et les faisant évoluer avec des propositions qu'ils font lors de l'enregistrement. Idris Elba qui fait la voix de Bogo dans la version anglaise nous par exemple énormément étonné. On ne se doutait pas une seconde qu'il avait autant de sens de l'humour. Il a énormément apporté au personnage.

[Clark Spencer] En français, la voix de Finnik nous amuse beaucoup. Ce petit gars avec la voix du grand champion Teddy Riner. C'est tout simplement fabuleux !

[Presse] Les animaux sont toujours rivés à leurs smartphones. C'est voulu ?

[Byron Howard] On voulait que le film reflète notre société actuelle et le téléphone est devenu indispensable. Il y a beaucoup d'humour avec le téléphone portable : cela peut-être une bonne chose pour Judy de temps en temps mais aussi une mauvaise chose à un autre moment. On a aimé jouer avec le monde contemporain. Je pense que c'est l'une des raisons qui fait que le public autour du monde apprécie tant le film car tous, autant que nous sommes, nous nous reconnaissons dedans. Bien que la ville soit construite avec des bâtiments dingues créés par les animaux, on retrouve plusieurs influences du monde entier dans les différents quartiers : Paris, Shanghai, Barcelone... Et dans toutes ses villes, les gens sont sur leurs smartphones !

[Presse] Y aura-t-il une suite ?

[Clark Spencer] On a adoré travailler sur ce film, sur cette ville et ce monde. Il y a encore tellement de chose à explorer. On aimerait travailler sur une suite. Et le fait que vous posiez la question est la plus belle des récompenses car cela signifie que vous avez envie d'y retourner et donc que le voyage vous a plu.

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