Tony Baxter
L'Imagineer de Disneyland Paris

L'article

Publié le 11 avril 2017

Né en 1947, Tony Baxter a grandi dans la région d’Orange County, près de Los Angeles, où fut inauguré le premier Disneyland lorsqu’il était alors âgé de huit ans. Fan des productions Disney et du premier Parc à thème de la firme, il devient, à 23 ans, Imagineer après avoir occupé divers postes à Disneyland Resort. Il travaille alors sur de très nombreuses attractions dont Big Thunder Mountain Railroad, Star Tours, Splash Mountain, Indiana Jones Adventure: Temple of the Forbidden Eye ou encore Finding Nemo Submarine Voyage. En 1992, il supervise le projet d’Euro Disneyland, devenu aujourd'hui le Parc Disneyland de Disneyland Paris. En 2013, il est décoré du titre de Disney Legend alors qu’il occupe le poste de vice-président du département Creative Development de Walt Disney Imagineering. Il a depuis quitté cette fonction mais continue toujours à conseiller la nouvelle génération d’Imagineers tout en participant à la conception de nouveaux projets pour les Parcs Disney.

Chronique Disney a eu la chance de rencontrer Tony Baxter le temps d'une interview exclusive mais aussi dans le cadre d'un tour guidé du Parc Disneyland.
Retour sur ces deux évènements.

L'Interview

[Chronique Disney] Pouvez-vous nous parler de Big Thunder Mountain Railroad que vous avez conçu pour Disneyland Resort et adapté pour Disneyland Paris en y ajoutant une île au centre de Thunder Mesa ?

[Tony Baxter] Bien sûr, et je peux même commencer par le commencement ! Il y avait une attraction qui se déroulait dans une certaine Thunder Mesa Mountain, que le célèbre animateur et Imagineer Marc Davis avait imaginée pour Walt Disney World Resort. Il s’agissait d’un immense bâtiment comme celui de Pirates of the Caribbean, qui abritait des montages russes avec un train et sa locomotive.
Lorsque Walt Disney World Resort a ouvert, les visiteurs se plaignaient du fait qu’il n’y avait pas d’attraction avec des pirates. Pour palier cela, Walt Disney World Resort fit construire une nouvelle version de Pirates of the Caribbean, ce qui sonna la fin du projet Western River Ride ; cette zone de Frontierland se retrouvant alors vide. J’ai pensé que je pouvais proposer une nouvelle idée pour cet espace. C’est ainsi que j’ai modélisé une première version de Big Thunder Mountain Railroad pour l'endroit qui aurait dû accueillir Western River Ride si le projet avait vu le jour. Pirates of the Caribbean s’étant finalement imposée, Western River Expedition devenait de fait un non-sens, une sorte de redite. Tout le monde s'est alors penché sur ma maquette, qui était de très petite taille ; l'idée a été jugée intéressante et il m'a été alors demandé de créer une plus grande maquette ainsi que des croquis de ce qu'on y verrait à l'intérieur. J’ai tout de suite pensé aux phénomènes naturels, tels que les tremblements de terre ou encore des explosions, qui surviennent dans les mines et empêchent les mineurs d’extraire l’or. Nous avons alors évoqué une légende indienne racontant que la montagne tremblerait et ferait fuir les mineurs dès que ceux-ci s’approcheraient du minerais d’or, ne leur permettant pas d’obtenir le trésor. Nous avons commencé à développer cette histoire pour Walt Disney World Resort car nous étions juste à côté du chemin de fer, Walt Disney World Railroad ; nous pensions que cette nouvelle attraction potentielle serait visible par beaucoup depuis le train et avions conçu une scène d'une crue soudaine à cet endroit. À Disneyland Resort, nous ne disposions pas d'espace de ce côté de la rivière et avons alors retourné tous les concepts pour prévoir l'attraction dans l'autre sens, positionnant la séquence de crue soudaine face à Fantasyland. Nous devions alors la cacher et avons construit un canyon qui descend très profondément, avec des coyotes qui s'y cachent. Si le fait de descendre au fond du canyon est plus amusant au cours du parcours, ce n'était visuellement pas aussi marquant qu'en Floride. Et ces problèmes découlent du fait qu'à Disneyland et Walt Disney World Resort, il s'agissait de rajouts non prévus dans les Lands initiaux.

Ce qui est plaisant pour le projet du Parc Disneyland c’est que nous avons pu construire l’ensemble de Frontierland d’un seul tenant. Le meilleur espace pour construire Big Thunder Mountain se trouvait au milieu de la rivière. Cela ne pouvait se faire dans les autres parcs où le Land avec déjà été construit quand le projet de Big Thunder Mountain Railroad est apparu. Nous avons donc osé le pari de le positionner en plein milieu, ce qui présentait deux avantages conséquents : la mise en place de la partie la plus excitante de l'attraction, à la fin du parcours, quand les visiteurs passent sous l'eau afin de rentrer à la station et plus généralement le fait qu'avec ce projet l’ensemble de Frontierland, de Phantom Manor jusqu’à The Chaparal Theater est baigné dans une ambiance où les visiteurs peuvent apercevoir les trains et entendre le bruits qui s’en échappent ; tout le Land est de la sorte animé. Quand j’étais plus jeune, Walt Disney nous disait toujours : « Je veux que Disneyland soit vivant avec du mouvement et de l’agitation partout où les gens regardent ». Je pense qu’avoir construit Big Thunder Mountain au milieu du Land rend le Frontierland de Paris le plus stimulant et le plus animé de tous les Frontierland. Et le très beau travail de la roche et le contraste que crée le paysage aride de Big Thunder Mountain avec celui de Marne-la-Vallée, à côté de Paris est tellement unique contrairement à la Californie où le paysage de l’attraction ressemble à ce que l’on peut trouver dans le désert. C’est très spécial à Paris, c’est comme un rêve pour les Européens de pouvoir retrouver un paysage évoquant le Grand Canyon ou le Monument Valley et Bryce Canyon. C’est ce qui explique le succès de l’attraction, et je dois admettre que c’est une meilleure attraction ici. C'est mon attraction préférée de Disneyland Paris et celle des visiteurs également.

[Chronique Disney] Une des particularités des Lands de Disneyland Paris est leurs récits qui connectent toutes les attractions, les restaurants et les boutiques qu'ils contiennent. C'est notamment très probant avec les histoires de Thunder Mesa, des deux îles d'Adventure Isle ou des attractions qui semblent avoir surgi de terre autour du Discovery Lagoon et des Crater Pools. Pouvez-vous nous raconter comment ce degré de détail est devenu réalité ?

[Tony Baxter] C’est vrai ! Les designers de chacun des cinq Lands (Eddie Sotto, Jeff Burke, Chris Tietz, Tom Morris et Tim Delaney) ainsi que moi-même avons grandi avec Disneyland Resort. Quand nous étions enfants, nous allions à Disneyland. C’est intéressant de noter que les personnes qui ont créé Disneyland était des adultes qui n’avaient pas connu de Disneyland lorsqu’ils étaient enfants. Ils n’avaient pas cette fascination enfantine « Oh, le sous-marin ! Oh, le Mont Cervin ! Oh mon Dieu, une jungle ! » ou « Une attraction avec des pirates ! ». Ces attractions étaient comme des miracles, des rêves pour notre génération. Lorsque nous avons eu l’opportunité, une fois adulte, de créer quelque chose de nouveau, nous savions ce qui plaisait énormément aux enfants que nous étions et ce qui était moins attrayant pour nous. Je pense que le Parc de Disneyland Paris fut le premier où chacune des personnes qui avait un rôle de chef créatif majeur avait la possibilité de travailler sur les éléments qui avaient le plus de sens selon nous pour créer les plus belles histoires possibles. C’est ce qui nous a motivés ! Par exemple, l’un de mes souhaits les plus forts était la présence du dragon dans l’enceinte du château. On m’avait dit que nous n’avions pas la capacité de le faire, que cela ne constituait pas une attraction … Mais pour moi, c’était certain que les visiteurs allaient adorer ce dragon. Et lorsque que nous avons interrogé les visiteurs sur leurs attractions préférées après l'ouverture, la première était Big Thunder Mountain, la seconde Pirates of the Caribbean et la troisième La Tanière du Dragon. Je pense qu’avoir visité Disneyland étant plus jeune nous a donné cette perspicacité. Les premiers Imagineers comme Claude Coats et Marc Davis, avec qui j’ai travaillé, n’ont pas eu cette opportunité en construisant le premier Disneyland. Ils ont du imaginer ce qui plairait aux enfants mais ils n’avaient pas de référence comme nous avons eu, c’était une grande première pour eux. Disneyland Resort fait partie, pour nous, de notre culture d’enfant et nous avons eu la chance de pouvoir nous en servir pour construire Disneyland Paris. Je pense que chacun d’entre nous était vraiment très sensible aux petits détails qui font de Disneyland un lieu très spécial. Je pense que Disneyland Resort et Disneyland Paris ont ainsi beaucoup en commun, là où Walt Disney World Resort est plus grand et sûrement plus impressionnant mais pour moi, on ressent moins le cœur et l'âme qu'ont les deux autres.

[Chronique Disney] En 1983, alors que Tokyo Disneyland ouvrait avec un Fantasyland inspiré des anciennes versions de Californie et Floride, vous avez remodelé celui de Californie pour en faire un charmant village médiéval. Quelle différence entre ce projet de transformation et celui du Fantasyland de Disneyland Paris pour lequel vous étiez libre de partir d'une page vierge. Y avez-vous fait des choses que vous ne pouviez pas faire à Disneyland ?

[Tony Baxter] Oui, totalement. Tout d'abord, une des choses principales était l'idée selon laquelle il est possible de se déplacer depuis Main Street, U.S.A. en traversant Frontierland puis Adventureland en poursuivant jusqu'Au Chalet de la Marionnette puis par Fantasyland jusqu'au château tout en étant constamment abrité, car nous avions songé au fait qu'il peut faire souvent froid, pleuvoir ou même neiger dans la région. Mais très vite après l’ouverture de Disneyland Paris nous nous sommes rendus compte que les visiteurs étaient habitués à ces conditions climatiques et ce parcours intégralement couvert a finalement été altéré avec l'arrivée d'Aladdin et la transformation du bazar en Restaurant Agrabah Café. Nous avons pensé le Parc pour que les visiteurs puissent se balader dans les conditions les plus confortables, c’est pour cette raison que de nombreuses zones sont couvertes, contrairement au Parc de Californie où il pleut à peine dix jours par an.

Par ailleurs, si certaines des façades du Fantasyland de 1983 en Californie ont été reproduites à Paris et qu'on y retrouve celles des Voyages de Pinocchio, de Blanche Neige et les Sept Nains, de Peter Pan's Flight et de Mr. Toad's Wild Ride devenu ici le Toad Hall Restaurant, l’autre partie du Land se voulant particulièrement française a spécialement été créée pour Paris avec Le Château de la Belle au Bois Dormant ou l’Auberge de Cendrillon. Ces éléments ont été créés ici et nous voulions que cette partie française soit la plus grande fin de mettre en avant au mieux l’histoire de la France dans nos attractions.

L’exemple le plus probant est celui du château. J’adore ce que nous avons fait, quand les visiteurs traversent le château, ils sont impressionnés par sa taille alors qu'il n'est pas aussi grand qu’à Walt Disney World Resort mais tout ce qui se voit parait être davantage que ce qu'il est réellement. En Floride, le plafond du château est très bas du fait de la présence d’un restaurant au premier étage. Mais là où durant la journée seuls quelques visiteurs vont se restaurer dans ce lieu, tous traversent le château et sont, en France, immédiatement attirés par tous les détails, notamment ceux des vitraux à l’étage qui retracent l’histoire de La Belle au Bois Dormant. Comme je vous l’ai dit, j’ai aussi une véritable passion pour le dragon créchant dans le château. En France, vous avez de véritables châteaux. Disneyland Resort a beaucoup emprunté au château Neuschwanstein en Allemagne tandis que Walt Disney World Resort s'inspire de ceux de la vallée de la Loire et nous pensions que pour Disneyland Paris il fallait retourner aux livres et contes de fées originaux et prendre en compte l’Histoire de l'art français comme la tapisserie La Dame à la Licorne située à Cluny ou les illustrations des Très Riches Heures du Duc de Berry. Il s’agissait de retrouver des éléments de magie et de rêves sans pour autant prétendre la comparaison avec le château de Chambord par exemple. Je suis encore très impressionné par la réalisation du château à Disneyland Paris, plus encore que par celle des autres châteaux, souvent plus imposants, comme celui de Shanghai Disney Resort. J'adore ce château. Quand je traverse Fantasyland, je m’arrête pour prendre une photo car je vois le haricot géant de Sir Mickey's Boutique avec le château en arrière-plan ou bien je vais dans la cour de l’Auberge de Cendrillon et j'observe une vue magnifique sur le château depuis cet endroit. Peu importe d'où vous l'observez, c'est du très bel ouvrage.

[Chronique Disney] Comment expliquez-vous qu'Euro Disney Resort soit le plus ambitieux Resort jamais conçu à son ouverture ? Même Walt Disney World Resort n'avait ouvert en 1971 qu'avec un Parc, trois Hôtels et trois terrains de golf. Euro Disney Resort avait le plus grand Parc Disney, Festival Disney, sept (!!) Hôtels Disney dont l'immense Disney's Newport Bay Club et le plus grand golf Disney.

[Tony Baxter] Je n’étais pas totalement investi dans tous les aspects de la construction du Resort. Le travail était réparti entre différents groupes. Disney Development Company s’occupait des Hôtels et un autre groupe travaillait sur Festival Disney (aujourd'hui Disney Village) en collaboration avec de célèbres architectes. Je suis intervenu quand je suis allé parler à Michael Eisner pour lui dire de ne pas construire l'un des Hôtels prévus afin d’économiser assez de capitaux pour la construction du Disneyland Hotel. Cela découle du fait que nous avions remarqué qu'en Europe, lorsqu'on approche d'un lieu culturel, un grand soin est apporté à la séquence d'entrée. Il y a une certaine élégance dans la façon d'introduire les lieux qui n'existe pas aux États-Unis où il y a les guichets sans thème pour payer et entrer. Nous nous sommes donc dit qu'à la sortie du RER, les visiteurs devaient être immédiatement immergés et se disent « c’est vraiment génial ! ». Nous nous sommes également dit qu’une entrée abritée serait agréable, notamment les jours de pluie, et aimions l'idée qu’une fois passés de l’autre côté, les visiteurs entrent dans un nouveau monde. Pour faire ce projet exceptionnel, nous n’avions pas de fonds financiers supplémentaires et avons dû annuler la construction de l'Hôtel qui devait se situer au Venturi Site. Personne ne croyait en ce projet, tout le monde pensait que cela n’allait pas marcher et c’est finalement devenu notre meilleur Hôtel. Maintenant nous avons le Disney's Grand Californian Hotel & Spa à Disneyland Resort, le Tokyo DisneySea Hotel MiraCosta et le Tokyo Disneyland Hotel à Tokyo Disney Resort et c'est désormais devenu commun de trouver un Hôtel à l'entrée d'un Parc Disney. Mais dans le cas du Disneyland Hotel de Paris, cela a été plus difficile à mener car ça n'avait jamais été fait auparavant.

Nous avions probablement vu trop grand concernant la quantité d'Hôtels à l'époque et je pense aujourd'hui que nous aurions dû ralentir sur le programme de développement des Hôtels à l’ouverture. Principalement parce que si à Orlando et à Anaheim, les gens ne viennent que pour les Parcs Disney et ne visitent pas les villes, là les voyageurs viennent aussi parce que Paris est une des plus belle ville du monde. Et c’est aussi parce que la beauté des infrastructures, des paysages, des zones touristiques pour le shopping proposés à Paris était telle qu’il était important pour nous de faire de Disneyland Paris un lieu aussi extraordinaire que possible afin de pouvoir être au niveau des beautés de la capitale. Ce n’est pas le cas à Orlando et Anaheim où il n’y avait rien et où nous pouvions faire ce qui nous plaisait car personne ne pouvait comparer avec autre chose. Ici, il suffit de prendre le train pour être en quarante minutes dans une ville extraordinaire.

[Chronique Disney] À quelle fréquence visitez-vous Disneyland Paris ? Vous êtes resté une semaine cette année et on se souvient vous avoir vu le 12 avril 2012. Comment vivez-vous vos visites, quel regard adoptez-vous ? À quoi cela ressemble-t-il de voir Tony Baxter visiter Disneyland Paris ?

[Tony Baxter] Cette année, j’étais vraiment très impatient de venir car j’ai suivi avec intérêt tout ce qui se passait via de nombreuses photos des nouveaux projets de Disneyland Paris sur différents sites Internet. Certains sont vraiment très fort pour nous montrer en avant première un aperçu ce qui va se passer sur les Parcs, parfois en prenant des photos entre les palissades, notamment ce qui concerne la rénovation de Big Thunder Mountain. Il se peut d’ailleurs que quelques salariés participent à cela. C’est comme si j’avais pu observer le fabuleux travail que les équipes Disney mènent depuis deux ans. Je pense que beaucoup de choses changent en ce moment, notamment en ce qui concerne le financement du Parc, ce qui rend plus facile la réhabilitation et l’amélioration du complexe. J’ai été pas mal informé du travail qui a été mené sur Big Thunder Mountain et Adventure Isle. Maintenant ils font le même travail sur Star Wars Hyperspace Mountain et Pirates of the Caribbean. Cela faisait très longtemps que le Parc n’avait pas eu les moyens de faire cette réhabilitation profonde. Venir aujourd’hui sur le Parc est très excitant pour moi car je peux retrouver ce que dont je me souvenais étant plus jeune même si dans la plupart des cas c’est encore mieux qu’en 1992. Les arbres ont bien sûr grandi et sont devenus plus majestueux et puis ils savent désormais comment les visiteurs occupent les lieux et ont donc pu rendre le complexe encore plus efficace et dans certains cas encore plus beau. Par exemple, je pense que Big Thunder Mountain est aujourd’hui plus beau qu’il ne l’était à l’ouverture, j'ai pris plaisir à monter dans le Fort Comstock pour l'observer, c’était extraordinaire ! Évidemment j’ai mes endroits préférés que je connais déjà, mais il y a aussi l’excitation de découvrir de nouvelles zones comme La Place de Rémy dont j’avais vu la construction débuter il y a cinq ans. J'ai fait l’attraction, ai mangé dans le restaurant, c’est une très belle zone. Je fais toujours les nouveautés du Parc dans un second temps. Je me rends toujours dans mes endroits préférés du Parc pour commencer, je dis bonjour au dragon, fais un tour de Big Thunder Moutain, suis déçu de ne pas pouvoir encore faire Star Wars Hyperspace Mountain mais ai eu la chance de marcher dans la bâtiment de Pirates of the Caribbean qui est en réhabilitation. Les visiteurs vont être impressionnés par les changements qui vont y être faits. C’est comme recommencer à nouveau. Je marchais à travers les travaux, de nombreux changements vont être fait, de nouvelles choses à la fin du parcours … Très impressionnant mais je ne peux rien vous dévoiler !

J’ai aussi beaucoup apprécié la nourriture et les changements qui y ont été apportés. Il y a beaucoup plus de buffets ce qui signifie pour les visiteurs étrangers qu’ils ont moins besoin d’essayer de communiquer à propos de ce qu’ils veulent manger et seront sûrs de manger ce qu’il aiment. Ils ont la possibilité d’essayer de nouvelles saveurs et d’apprécier le repas. Je dirai que la seule chose sur laquelle je suis moins enthousiaste est peut être le merchandising qui est de plus en plus centré sur les Personnages alors que j’aime tomber sur un objet unique que l’on peut trouver dans chaque zone du Parc. Mais je comprends ça, les visiteurs veulent ce type de merchandising et tout ne peut être idéal. Ils font ce que le public réclame, ce que je comprends même si j’adorerais trouver une petite boutique à l’arrière d’Indiana Jones et le Temple du Péril, quelque chose de spectaculaire que je peux ramener à la maison pour dire « regardez ce que j’ai trouvé ! ». Mais je vois la même tendance en Californie et en Floride.

En tout cas ce fut une très belle semaine, j’ai mangé dans le nouveau restaurant italien de Disney Village, Vapiano, où l’on peut créer ses propres spaghetti, ce qui est également plus simple pour moi. J’ai été au Disney's Hotel Santa Fe pour y voir les changements suite à l'ajout du thème de Cars - Quatre Roues. J’ai eu une très bonne impression, ils sont sur la bonne voie et ont font un excellent travail.

Le Tour Guidé du Parc Disneyland

Le lendemain, le 31 mars 2017, Tony Baxter a proposé un tour guidé du Parc Disneyland à un groupe de fans privilégiés (comme cela a été fait plus tôt dans la semaine pour de chanceux Cast Members) dont Chronique Disney eu l'honneur de faire partie. Nous avons ainsi débuté la visite à Town Square, traversé Main Street, U.S.A. puis discuté succinctement des quatre autres Lands depuis Central Plaza avant que Tony Baxter nous laisse le choix duquel nous souhaitions visiter plus en détail, la majorité ayant voté pour Frontierland. Suite à cela, il s'est rendu à Videopolis pour une séance d'autographes accessible à tous.

Main Street, U.S.A.

Tony raconte comment Main Street, U.S.A. s'inspire de l'enfance de Walt Disney à Marceline et faisait sens à Disneyland Resort car, dans les années cinquante, une forte nostalgie du début du XXème siècle existait, nombre de visiteurs du Parc ayant connu cette époque. Pour Disneyland Paris, dans les années quatre-vingt-dix, Main Street, U.S.A. ne peut évoquer cela et prend un sens différent. Les Imagineers ont considéré que ce Land représentant une ville calme et paisible était une belle introduction au reste du Parc où beaucoup de divertissements plus intenses attendent les visiteurs. Cela permet de mettre chacun dans le bain, afin de les préparer à entrer dans un monde plus fantaisiste.

Soucieux de concevoir une séquence d'entrée digne des Tuileries menant au Louvre ou des jardins introduisant le château de Versailles, ils ont développé le concept du Disneyland Hotel en créant un bâtiment qui sert réellement à ce à quoi son thème fait référence (là où City Hall n'est pas un vrai hôtel de ville, The Storybook Store une véritable bibliothèque, etc.). Initialement, il ne s'agissait pas d'un véritable Hôtel et ils ne réussissaient pas à convaincre les dirigeants de consacrer un budget pour lui ; c'est Michael Eisner qui a proposé d'en faire un Hôtel réellement en fonctionnement. Aujourd'hui, le Disneyland Hotel fait la fierté de Walt Disney Imagineering qui l'a conçu en grande partie et est l'Hôtel favori de beaucoup de visiteurs. D'aucuns craignaient que la majorité des visiteurs souhaiteraient s'éloigner du Parc le soir après une longue journée à l'arpenter mais cela s'est avéré faux, bien au contraire.

Walt Disney souhaitait installer un kiosque à musique, ou gazebo, sur Town Square, à Disneyland Resort mais il a été retiré pour laisser place au drapeau américain. Pour la France, il semblait acceptable de planter un drapeau américain sur les toits de City Hall mais beaucoup moins de l'y mettre en plein milieu de Town Square et c'est ainsi qu'est réapparue l'idée du kiosque, comme l'avait initialement imaginé Walt Disney. Le gazebo original existe toujours dans le comté d'Orange de Californie, au Roger's Garden de Newport Beach auquel il avait été légué par Disney.

Pour palier la météo parfois défavorable, il avait été proposé de couvrir l'ensemble de Main Street, U.S.A. comme cela a été fait avec l'équivalent World Bazaar de Tokyo Disneyland. Mais après avoir constaté combien les Parisiens aimaient prendre des cafés en terrasse et se promener à l'extérieur, cela ne semblait plus la bonne solution, d'autant que cela rendait impossible le passage de calèches, de voiture, de parades. Il a donc été choisi de concevoir les deux très belles arcades latérales, Liberty Arcade et Discovery Arcade, permettant tout de même de se déplacer à l'intérieur en cas d'intempéries tout en coûtant beaucoup moins cher que le projet de verrière couvrant l'intégralité du Land et permettant ainsi de mieux dépenser ce budget supplémentaire en ajoutant plus de thématisation dans toutes ses boutiques.

Concernant le remplacement de Town Square Photography par New Century Notions - Flora's Unique Boutique, Tony Baxter considère que la boutique précédente qui proposait essentiellement des produits photo n'était plus pertinente à l'époque du tout numérique et qu'un Parc Disney n'étant pas un musée, il a fallu s'adapter et proposer quelque chose de plus actuel. Les fans ont réagi avec beaucoup de nostalgie à son départ mais cela est très courant dans les Parcs américains également. Il se souvient notamment du remplacement du manoir de Crapaud Baron Tétard par le palais d'Agrabah en 1994, beaucoup s'indignaient car il s'agissait là d'un élément datant de l'époque de Walt Disney lui-même mais leur choix a été conforté lorsqu'ils ont vu une petite fille s'émerveiller de reconnaître le palais de Jasmine.

Tony Baxter revient sur la tradition des noms sur les fenêtres de Main Street, U.S.A. qui rendent hommage aux créateurs du Parc et considère que sa plus grande récompense, plus importante encore que son statut de Disney Legend, est sa fenêtre sur Main Street à Disneyland Resort. À Paris, il s'arrête sur celle de Michael Eisner et Frank Wells qui ont dirigé The Walt Disney Company avec beaucoup de succès à l'époque de la création de Disneyland Paris, à l'image des frères Disney des débuts de l'entreprise, Frank rappelant Roy O. Disney et Michael étant le Walt de l'époque. Il se rappelle avec émotion du jour où il a appris le décès de Frank Wells et combien cela a changé le destin de la compagnie par la suite. Il apprécie également la fenêtre les honorant, Marty Sklar et lui, Marty étant alors à la tête de Walt Disney Imagineering. Sur la fenêtre, ils sont supposés faire partie de la rédaction du journal Main Street Gazette et il est amusant de noter que des Cast Members ont par la suite véritablement créé ce journal pour les employés.

À une certaine étape du projet, il était question de faire se situer l'action du Land durant les années vingt, car il se disait que les États-Unis étaient devenus intéressants aux yeux des Européens qu'à partir de l'arrivée de la technologie. Le Land aurait fait référence à l'apogée du jazz, aux villes modernes très orientées vers l'automobile, aux gangsters. Mais suite à un cauchemar, Michael Eisner a tout annulé pour revenir au projet initial rêvé par Walt Disney. Il savait que l'architecture victorienne venait d'Europe et, pour rendre l'allure de la ville plus américaine, ont ajouté de grandes publicités peu subtiles rappelant qu'il s'agit là d'un jeune pays en quête de modernité.

Le concept du Parc Disneyland dont les Lands s'articulent autour de Central Plaza où trône Le Château de la Belle au Bois Dormant, est selon Tony Baxter le meilleur modèle de parc, éprouvé depuis 1955 en Californie, parfait pour orienter les visiteurs sans mal. Il aime aussi à quel point les noms des quatre autres Lands (Adventureland, Frontierland, Fantasyland et Discoveryland) sont clairs pour les visiteurs qui savent quoi y trouver mais également pour les Imagineers qui comprennent facilement quoi y mettre, ce qui est bien plus difficile pour une zone nommée, par exemple, Condor Flats (anciennement à Disney California Adventure).

Fantasyland, Discoveryland et Adventureland

Avec un château majestueux en guide de porte d'entrée, il était clair que Fantasyland devait faire honneur aux contes de fées européens dont s'est allègrement inspiré Walt Disney pour ses longs-métrages d'animation. Ainsi, les contes des frères Grimm, de Charles Perrault, de Lewis Carroll étaient de retour en Europe et c'était un plaisir de les honorer sur leur propre continent. L'architecture des bâtiments reflètent celles des différents pays européens, tels que l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni ou, bien entendu, la France.

L'un des projets qui tenaient à cœur aux Imagineers lors de la conception du Parc était de concevoir un Land rendant hommage à la culture française. Mais comment faire cela ? Une recréation d'un village à la française aurait semblé inapproprié face aux réels villages alentours. Ils se sont alors souvenu à quel point les grands esprits du XXème siècle ont été inspirés par les artistes européens tels que Jules Verne, H.G. Wells ou Léonard de Vinci. Jules Verne situait le premier départ vers la Lune en Floride... avait-il prédit le futur ou simplement inspiré inconsciemment ceux qui ont grandi avec ses histoires fantastiques et ont été les acteurs de la conquête spatiale ? Tony Baxter insiste sur le fait qu'il ne faut pas sous-estimer l'importance des œuvres que l'on découvre durant l'enfance, notamment vers l'âge de douze ans. Il a donc été décidé de faire de Discoveryland le lieu où sont célébrés les rêves, ceux-là mêmes qui nourrissent le futur. C'est pour cela que les œuvres de George Lucas se retrouvent aux côtés de celles de Jules Verne. Le choix d'une architecture rêvée et qui n'a jamais existé est intelligente car les modes évoluent très vite et un bâtiment qui se veut futuriste à une époque aura l'air vieillot des années plus tard, ce qui n'arrivera jamais avec le style steampunk imaginaire représenté dans le Land.

Pour Adventureland, ils ont fait le choix d'une entrée s'inspirant des Contes des Mille et Une Nuits alors que, par coïncidence, les Walt Disney Animation Studios travaillaient sur la création du film Aladdin. En faisant des recherches sur les histoires que les Européens considéraient exotiques, ils ont en effet remarqué que celles du Moyen-Orient arrivaient en première place. L'icône du Land est l'arbre de La Cabane des Robinson sur Adventure Isle qui remplace le concept de Tom Sawyer Island présent dans les Frontierland de Californie, de Floride et de Tokyo, car après quelques sondages autour d'eux, ils ont réalisé que plus de personnes étaient excitées à l'idée de rechercher un trésor de pirate sur une île déserte plutôt que par les aventures de Tom Sawyer. Ils ont ainsi conçues plusieurs attractions inspirées de la piraterie : Pirates of the CaribbeanAdventure Isle et, non loin, à Fantasyland, Peter Pan's Flight judicieusement placée près de la frontière avec Adventureland, un des avantages de créer toutes ces attractions d'un seul coup pour l'ouverture du Parc. Et à cette époque, ils étaient loin de se douter que leur attraction Pirates of the Caribbean allait inspirer une franchise cinématographique devenue encore plus populaire que cette dernière, d'où l'intérêt de l'actualiser à bon escient en rajoutant des éléments issus des films.

Frontierland

Aux États-Unis, Frontierland est une évidence mais pour la France, ils ont recherché comment les Européens se représentent les Américains et sont souvent tombés sur les westerns représentant les cowboys façon John Ford et John Wayne et ont réalisé que la série Zorro était toujours diffusée à la télévision en France (c'est toujours le cas en 2017 !).

Le Land a été conçu avant la sortie de Pocahontas, une Légende Indienne qui symbolise bien le conflit entre la pensée des colons et celle des Indiens qui chérissent la beauté des traditions et de la nature. Ils ont ainsi choisi de représenter un camp indien paisible prêt à faire du troc avec les colons, loin de l'image qui circulait au début du XXème siècle avec les tribus combattantes.

Inquiets du manque de connaissance potentiel des Européens sur l'Histoire américaine, les Imagineers ont intégrer des représentations historiques dans le Fort Comstock de Legends of the Wild West et s'y retrouvent notamment Buffalo Bill ou bien Davy Crockett. Tony Baxter s'amuse à remarquer que le monde ressemblait à cela il y seulement cent cinquante ans, tant cela lui parait improbable lorsqu'il se retrouve dans un embouteillage sur une autoroute de Los Angeles.

À Disneyland Resort, il existe deux forts (celui de l'entrée de Frontierland et celui situé sur Tom Sawyer Island) mais aucun n'est véritablement une attraction à part entière. Pour Disneyland Paris, l'idée est alors de n'en créer qu'un seul mais de le rendre bien plus imposant et intéressant avec un parcours à l'intérieur racontant une histoire et permettant d'avoir une très belle vue sur l'ensemble du Land.

Selon Tony Baxter, Big Thunder Mountain est aujourd'hui encore plus belle qu'en 1992. Il apprécie notamment le fait que la technologie actuelle ait permis de se débarrasser de l'imposant équipement servant à prendre les photos durant le parcours pour être remplacé par un système bien plus discret. Les arbres ont été remplacés pour mieux correspondre à l'échelle de la montagne volontairement biaisée pour paraitre plus imposante qu'elle ne l'est.

L'une des volontés de Walt Disney pour Disneyland était de s'assurer qu'il y ait beaucoup de mouvement dans les Lands pour leur apporter beaucoup de vie. En plaçant Big Thunder Mountain au centre du Frontierland de Disneyland Paris, le visiteur est constamment interpelé par le mouvement des trains dévalant la montagne ainsi que par les bateaux qui naviguent autour.

Les Frontierland de Californie et Floride reflètent diverses zones de l'Ouest américains mais certaines paraissaient trop proches de ce qui se trouve en Europe pour être reproduites ici ; il a donc été décidé d'oublier les forêts luxuriantes et de se contenter de représenter une ville aux décors arides où prospèrent les cactus, ce qui parait très exotiques pour un Européen. Pour les mêmes raisons, ils se sont également passé de New Orleans Square, peu évocateur pour les habitants du vieux continent.

À Disneyland Resort, la bâtisse de Haunted Mansion est élégante et découle d'une idée de Walt Disney qui voulait que les Imagineers s'occupent de créer un beau manoir tandis que les fantômes se chargent de l'intérieur. Mais les visiteurs de Disneyland Paris parlant plusieurs langues, il semblait plus approprié de créer une bâtisse qui avait l'air hantée au premier regard. De même, le nom Haunted Mansion est devenu ici Phantom Manor pour être plus transparent en français.

Les scènes de Phantom Manor sont globalement plus effrayantes que celles des Haunted Mansion américaines et ne reposent pas comme elles sur une voix off narrant l'histoire durant le parcours. Le célèbre acteur Vincent Price a enregistré cette voix en parlant en français avec un accent américain mais cela n'a pas été conservé ; Tony le regrette aujourd'hui car il trouvait cela cohérent et amusant d'avoir justement cette voix parlant avec un accent américain alors que l'action se situe au Far-West. Bie que l'attraction était selon lui a la pointe de la technologie en 1992, il a hâte de voir les changements qui y seront opérés bientôt pour la mettre au goût du jour avec de nouveaux effets.

Pat Burke était un Imagineer passionné par les antiquités de l'Ouest américain et faisait déjà beaucoup de recherches, sans budget, en se contentant de prendre des photos des objets quand il en trouvait. Il était très humble et discret et s'approchait d'un objet en disant par exemple « voilà un très beau bocard que vous avec là, que ne donnerais-je pas pour un avoir un comme celui-ci » et parvenait à l'acheter au fil de la discussion quand le propriétaire lui disait « je vois que vous êtes très passionné et je me fais vieux et ne suis pas sûr de pouvoir prendre soin de cet objet à sa juste valeur. Je peux vous le laisser à un bon prix ». Il sortait alors un chéquier et signait Walt Disney Imagineering à la stupéfaction générale, le propriétaire se disant qu'ils auraient probablement pu le vendre bien plus cher. Ainsi, un authentique bocard se trouve près de l'entrée de Big Thunder Mountain aujourd'hui grâce à lui. De même, tous les objets situés dans cette zone étaient véritablement utilisés il y a cent cinquante ans, Pat ayant utilisé son budget de la meilleure manière possible là où, sans lui, beaucoup moins d'objets auraient été récoltés. Tony Baxter pense que c'est le plus beau musée d'antiquités du Far-West au monde mais au lieu de les trouver dans une pièce avec une plaque en décrivant les usages, ils sont placés là où ils devraient se trouver s'ils étaient encore utilisés, car Pat savait parfaitement à quoi ils servaient.

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