Hansel et Gretel
L'écran titre
Titre original :
Hansel and Gretel
Production :
Disney Channel
Date de diffusion USA :
Le 29 octobre 1983
Genre :
Compilation
Réalisation :
Tim Burton
Musique :
John Costa
Durée :
35 minutes

Le synopsis

Hansel et Gretel doivent échapper à une sorcière et à sa maison en pain d'épice, afin de retrouver leur père.

La critique

rédigée par

Hansel et Gretel est assurément le court-métrage le plus bizarre, le plus recherché, le plus fantasmé,et le plus rare de toute la filmographie de Tim Burton ! Réalisé pendant sa période où il travaillait en qualité d'animateur chez Disney, pour le compte de Disney Channel USA, il constitue le deuxième des trois courts-métrages que le futur réalisateur d'Alice au Pays des Merveilles et d'Ed Wood allait signer chez les studios de Mickey entre Vincent et Frankenweenie...

A l'époque, Disney Channel USA vient tout juste d'être lancée et cherche à combler sa grille de programmes par des contenus inédits. Elle lance donc une série d'émissions spéciales sous l'appellation de Disney Studio Showcase. Leurs contenus forment un tout non homogène. Il peut, en effet, s'agir de productions acquises en dehors du studio, pour une diffusion sur la chaine à l'exemple d'Animation From Around the World ou d'A Matter of Survival. Des productions internes, comme Backstage at Disney ou Beyond Tron, censées donner des informations sur les projets en cours du label Disney ou ses travaux passés, sont également mises à contribution. Enfin, des cartes blanches sont données à des enfants d'employés du studios, triés sur le volet. Theodore Thomas, fils de Frank Thomas, et futur réalisateur de Walt & El rupo et Frank et Ollie, se voit ainsi offrir la possibilité de réaliser Where the Toys Come From tandis qu'Harrison Ellenshaw, fils de Peter Ellenshaw, le fameux peintre de décors de Mary Poppins, et qui est, comme son père, responsable d'effets spéciaux, réalise, lui, So You're Afraid to Fly et Red Riding Hood. Red Riding Hood caractérise d'ailleurs le dernier type de productions mis en chantier par la chaine pour Disney Studio Showcase. Il consiste à proposer une version différente de contes de fées classiques. Tim Burton, alors tout jeune animateur du département animation, s'engouffre dans le filon et signe le second du genre : Hansel et Gretel..

En réalité, Tim Burton travaillait déjà sur une version décalée du fameux conte. De nombreux croquis trainaient, en effet, sur son bureau et ont pour conséquence malicieuse de rassurer quelque peu la productrice exécutive de l'émission, Julie Hickson. Un budget de 166 000 dollars est donc débloqué pour financer le court-métrage : joli exploit dans la mesure où Tim Burton est alors un jeune réalisateur qui vient tout juste de finir Vincent ! Autre chose notable, il s'avoue être à l'époque passionné par les films japonais et notamment ceux de kung-fu. Il décide donc, contre toute attente, de faire jouer ses personnages par des japonais pures souches et de confier le rôle de la belle-mère et de la sorcière à un homme, l'acteur Michael Yama. De plus, il se permet de mélanger le conte du Petit Poucet à celui d'Hansel et Gretel. C'est ainsi que, pour la première fois, Tim Burton va travailler avec des comédiens de chair et d'os. Il reconnait, après coups, que cette expérience va énormément lui en apprendre sur son métier, même s'il donne alors dans l'amateurisme le plus complet. Toutefois, malgré la nature "live" du court-métrage, le réalisateur ne peut s'empêcher d'utiliser différentes techniques comme l'animation image par image, les projections frontales et tous types d'effets spéciaux connus. Il confie d'ailleurs l'animation à Rick Heinrichs et Steven Chiodo qui ont collaboré avec lui sur Vincent et qui le feront de nouveau sur bien d'autres œuvres. Hansel et Gretel se limite cependant à de l'animation très sommaire, quasi expérimentale ! En donnant au personnage du père le métier de constructeur de jouets, Tim Burton peut, en revanche, s'en donner tranquillement à cœur joie et imaginer le design d'objets plus ou moins bizarres. Le résultat respire l'ambition, la dinguerie, mais aussi le bric et le broc, rendant l'ensemble fauché et ringard.

Regarder Hansel et Gretel relève de l'exploit ! Le spectateur sort de son visionnage à la fois mal à l'aise et un peu gêné. Tout d'abord, car le jeu des acteurs est catastrophique tant il s'inscrit dans le genre des séries à bas coûts importées du Japon où les comédiens sur-jouent tout et tout le temps... A la fois mal joué et très kitch, le film donne, de la sorte, l'impression d'être l'œuvre d'étudiants tâtonnants. Il accumule d'ailleurs les fautes de goût comme cette peinture gluante, censée représentée le sucré de la maison comestible : elle gicle dans tous les sens au point de donner des nausées à l'auditoire. Il y a également cette scène vraiment dérangeante où un bonhomme en pain d'épice contraint, avec un sourire démoniaque, le jeune Hansel à le manger : définitivement malsain ! Enfin, que dire des séquences un peu pathétiques comme celle du bâton de sucre d'orge de la sorcière qui se transforme... en nunchaku ?! Seule réussite - s'il est possible de parler ici de réussite -, les personnages de la sorcière et de la belle-mère sont vraiment effrayants. Les mimiques de Michael Yama, certes un tantinet ridicules, font, il est vrai, leur petit effet ; après, cette sorcière avec son nez de pain d'épice mal collé, peut aussi prêter à sourire, nerveusement. Une sensation que la musique psychédélique au possible amplifie, en rendant tout le monde vraiment mal à l'aise !

Dès lors, il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre pourquoi Hansel et Gretel est resté si longtemps à l'abri du grand public. Diffusé une seule fois à 22H30 sur Disney Channel USA, même sa date de diffusion ne semble plus très sure ; certains parlant du 29 mai 1983, d'autres de la nuit d'Halloween de la même année, la chaine la situant, elle, au 29 octobre 1983. Une chose est sure : il est, à l'époque, couplé avec Vincent, le tout étant présenté par Vincent Price lui-même ! Peu de gens ont alors vu ce court-métrage, la chaine ne diffusant que depuis six mois via le câble, un média au nombre d'abonnés très limité.
Il n'empêche : si Tim Burton n'avait pas été le réalisateur de renom qu'il est devenu aujourd'hui, personne n'aurait cherché à revoir ce court-métrage ! La légende dit même que Disney et Tim Burton sont gênés par ce résultat que, l'un comme l'autre, ont voulu cacher. L'oeuvre est ainsi restée invisible jusqu'en 2009 où, lors d'une exposition au MoMA à New-York, elle est retrouvée et montrée au public américain. Une déclinaison de cette exposition, importée à Paris par la Cinémathèque du 7 mars au 5 août 2012, fait de même et permet aux Français de pouvoir, à leur tour, prendre conscience de sa bizarrerie. Avant cela, il est vrai que seuls quelques croquis préparatifs trainaient sur le net, sans aucune image du court-métrage final. Il vaut d'ailleurs mieux pour le mythe, se contenter de ces jolies dessins, bien plus réussis que l'œuvre elle-même. Il y a donc très peu de chance qu'Hansel et Gretel se retrouve un jour en DVD ou de façon dématérialisée sur le web.

Hansel et Gretel est assurément le plus mauvais des projets professionnels de Tim Burton. Œuvre de jeunesse, il ne vaut que parce qu'il permet de voir poindre chez lui certains de ses thèmes et techniques favoris. Fort heureusement, après ce galop d'essai, Frankenweenie (réalisé l'année suivante) révèlera tout son potentiel.
Tous les grands réalisateurs commettent, un jour ou l'autre, de gros ratés - un euphémisme pour éviter de sombrer dans la grivoiserie ! - : Hansel et Gretel en est un énorme...

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