Mission to Mars

Mission to Mars
L'affiche du film
Titre original :
Mission to Mars
Production :
Touchstone Pictures
Date de sortie USA :
Le 10 mars 2000
Genre :
Science-fiction
Réalisation :
Brian De Palma
Musique :
Ennio Morricone
Durée :
113 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

En 2020, la première expédition sur Mars atteint enfin sa destination. Peu de temps après son arrivée, l'équipage de Mars One se trouve confronté à un étrange phénomène. L'unique rescapé, Luke Graham, parvient alors à envoyer un message de détresse à la NASA qui dépêche une mission de sauvetage pour lui venir en aide...

La critique

rédigée par
Publiée le 18 septembre 2017

Avec Mission to Mars, Brian De Palma signe son seul et unique film de science-fiction ; autant dire, à l'époque, combien il est attendu par les fans du metteur en scène. Tourné pour The Walt Disney Company sous le label Touchstone Pictures, l'opus résume à lui-seul les relations compliquées que le réalisateur a entretenu au cours de sa carrière avec le milieu hollywoodien.

Né le 11 septembre 1940 à Newark, dans le New Jersey, Brian De Palma grandit à Philadelphie, où il suit une éducation protestante rigoureuse. À sa majorité, il entreprend des études de physique-chimie à l'Université Columbia de Manhattan qui, plus tournée vers les sciences humaines et l'enseignement de l'art, lui fait découvrir le milieu du cinéma et du théâtre au point de le convaincre de changer d'orientation... Il termine ainsi ses études à Columbia en obtenant le diplôme de « Bachelor of Arts » en 1962. En 1964, il réalise alors son tout premier film, The Wedding Party, tourné avec peu de matériel et mettant en vedette un tout jeune acteur, Robert de Niro. Il réalise ensuite deux documentaires, Bridge That Gap en 1965 et Show Me a Strong Town and I'll Show You a Strong Bank en 1966. Grâce à l'argent réuni par ses deux films, De Palma sort en 1968 - de manière très confidentielle - sa seconde fiction en tant que réalisateur et scénariste, Meurtre à la Mode, un long-métrage passé complètement inaperçu et distribué dans une seule salle à New York. La décennie suivante se montre bien plus positive pour le cinéaste, qui transforme le paysage hollywoodien aux côtés de Steven Spielberg, George Lucas et Francis Ford Coppola. Son premier succès arrive, en effet, en 1970 avec Grettings, une comédie qui remporte à Berlin l'Ours d'argent. La consécration se poursuit en 1973 avec le thriller horrifique Soeurs de sang, Phantom of the Paradise en 1974, qui obtient le Grand Prix au Festival International du film fantastique d'Avoriaz 1975 et Carrie au Bal du Diable en 1976. Il se forge ensuite une belle réputation dans les années 1980 et 1990 grâce notamment à Scarface en 1983, Les Incorruptibles en 1987, L'Impasse en 1993, Snake Eyes en 1995 avec Nicolas Cage (son premier film pour un label Disney) et le premier volet de la franchise Mission : Impossible avec Tom Cruise en 1996. Les années 2000 marquent en revanche un léger déclin dans sa carrière : la majorité de ses films sont, il est vrai, des échecs au box-office et obtiennent des critiques très mitigées. Parmi eux, se retrouvent notamment l'opus de science-fiction Mission to Mars en 2000 et le film policier Le Dahlia Noir en 2006. L'année suivante est bien meilleure, Brian de Palma recevant le Lion d'Argent – Prix de la Mise en Scène à la 64ème Mostra de Venise pour Redacted consacré à la guerre en Irak.

Mission to Mars est donc inspiré d'un projet organisé par l'Agence Spatiale Américaine, la NASA, intitulé Mars Direct en 1990. Le but était alors d'envoyer des hommes sur la planète Mars à moindre coût, grâce à une technologie aérospatiale innovante. Cette mission impliquait ainsi d'utiliser des vaisseaux plus simples dans leur conception, mais au fonctionnement beaucoup plus complexe. Les possibilités d'une exploration de la planète rouge et les détails de ce projet sont d'ailleurs décrites dans le livre The Case for Mars de Robert Zubrin (fondateur de la Mars Society) dont les droits ont été achetés pour l'occasion par le producteur du film, Tom Jacobson. C'est alors que tout naturellement l'œuvre littéraire devient la bible de l'équipe de tournage pour sa précision et son réalisme. Malgré tout, le projet initial connait ensuite de nombreux changements, pour finalement ne plus ressembler à ce qu'il devait être au départ. Certaines de ses idées sont néanmoins reprises par les créateurs de Mission to Mars qui entendent là capitaliser sur une attente du public indéniable, comme pouvait le témoigner la centaine de millions d'internautes se connectant sur le site de la NASA pour observer les premières images envoyées par Pathfinder, la navette spatiale qui s'était posée sur la planète rouge le 4 juillet 1997.

Mis en chantier en grandes pompes par Disney, Mission to Mars est d'abord proposé à Gore Verbinski, qui accepte de prendre les rênes du projet. Malheureusement, en raison de différends artistiques et financiers, le futur réalisateur des trois premiers volets de Pirates des Caraïbes jette l'éponge et claque la porte à la dernière minute. Brian De Palma, initialement de formation scientifique et mordu de sciences, est alors choisi en urgence pour reprendre l'opus, qui reste à ce jour sa seule incursion dans le domaine de la science-fiction. Plus qu'un projet cinématographique, pour De Palma c'est avant tout l'occasion de renouer avec un sujet qui le passionne depuis sa plus tendre enfance.

Pour se rapprocher le plus possible de la réalité, il n'hésite pas à s'entourer de professionnels de la NASA à l'instar des anciens astronautes Story Musgrave, vétéran de l'Agence Spatiale et détenteur du record de sorties dans l'espace, mais également Joe Allen, ayant travaillé sur Armageddon. Il s'agit là  de garantir notamment l'authenticité technique du script et de partager avec les acteurs de réelles expériences dans l'espace. Le tournage ne lésine pas non plus sur les moyens financiers afin de rester crédible. Pour habiller les acteurs, chaque combinaison, pesant environ vingt-huit kilos, coûte ainsi près de cent mille dollars pièce. De même, le tournage a lieu sur l'un des plus grands sets jamais créés pour un film à l’époque : la création d'un sol martien de plus de vingt-trois hectares à côté de Vancouver et entièrement peint en rouge, avec plus de cinquante mille litres de peinture ! Mais pour pouvoir circuler sur cet ersatz de sol martien, il faut un véhicule à la hauteur : ainsi, un Mars Rover quatre places a été entièrement construit pour les besoins du film ! La filiale Industrial Light & Magic, qui n'est pas encore la propriété de The Walt Disney Company, participe également aux effets spéciaux de l'opus et crée notamment les maquettes des modules d'approvisionnement REMO (Resupply Module) et de la navette ERV (Earth Return Vehicle). Pour les décors réels des paysages martiens, certaines scènes sont tournées par un autre studio d'effets visuels, également filiale de The Walt Disney Company, Dream Quest Images, en Jordanie mais aussi à Lanzarote, dans les îles Canaries. Enfin, pour recréer les tempêtes de sable rouge, pouvant durer jusqu'à six mois sur Mars, une douzaine de souffleries de 350 chevaux chacune a été utilisée répandant une poussière de silice rose.

Côté casting, Mission to Mars bénéficie d'une excellente distribution, portée par Gary Sinise, qui enchaîne à l'époque les grands films dont Forrest Gump et Apollo 13 et a déjà tourné pour Brian De Palma dans Snake Eyes. L'acteur connaît peu après la consécration dans la série Les Experts : Manhattan. Tim Robbins fait également partie de l'équipage spatial, sa carrière exemplaire lui ayant permis de jouer des rôles autant intimistes que hauts en couleur, que ce soit dans L'Échelle de Jacob, Les Évadés ou encore Mystic River. Don Cheadle, abonné à l'époque aux seconds rôles et dont la reconnaissance se fera grâce à la saga Ocean's de Steven Soderbergh puis le rôle du lieutenant-colonel James Rhodes alias War Machine dans le Marvel Cinematic Universe, est aussi de l'aventure sans oublier Connie Nielsen, révélée dans L'Associé du diable et à l'affiche du blockbuster Gladiator la même année et Jerry O'Connell, connu pour ses rôles à la télévision dans Sliders, Les Mondes Parallèles et au cinéma dans Jerry Maguire et Scream 2. Tous très impliqués dans leurs rôles respectifs, les acteurs parviennent, en effet, à trouver le ton juste entre moments plus légers, la plupart du temps lors de scènes d'exposition, et moments de tension où les personnages doivent lutter pour survivre à leur périple spatial. Sans pour autant effacer le reste du casting, Gary Sinise et Connie Nielsen réussissent à sortir du lot et livrent chacun une prestation étonnante.

Mission to Mars fait partie de ces projets maudits dès le départ, qui connaissent beaucoup de difficultés pendant leur production. Il est de ces oeuvres trop sous-estimées, injustement oubliées de tous, qui, malgré leurs défauts, ne déméritent pas. Dans son film, Brian De Palma traite, en effet, de sujets qui passeront inaperçus dans l'inconscient collectif, alors que ces thématiques sont portées par des références et une mise en scène particulière. Le réalisateur en profite pour offrir de grands moments de cinéma et détourne même les codes du genre pour tenter de sauver un opus malade des indécisions de Disney sur la direction qu'il devait prendre. N'ayant pas participé à l'écriture du scénario, Brian De Palma souhaitait, en effet, signer une œuvre sortant des sentiers battus et renouvelant le genre, tandis que Disney préfère un récit d'aventure spatiale basique, pour une sortie impérative avant le film concurrent Planète Rouge programmée la même année, avant de céder et de laisser le champ libre au réalisateur, sans doute trop tard...

Garni de thématiques fortes telles que la séparation, le manque et le deuil, le film ne se contente pas ainsi de parler d'un voyage en direction de Mars. Si à l'époque de sa sortie, la science-fiction rimait avant tout avec cinéma à grand spectacle, à coup d'effets spéciaux et techniques spectaculaires, Mission to Mars en est alors le contre-exemple. Le film contient certes des scènes impressionnantes, mais ne se contente pas d'en mettre plein la vue au spectateur, le but est ici d'apporter une réflexion tout en faisant fi de la rigueur scientifique (la confusion des termes "chromosomes" et "nucléotides" étant évidemment, ici, pointée du doigt). Étranger au genre, Brian De Palma refuse donc de se plier aux codes de la science-fiction, préférant s'emparer du sujet plutôt que de resservir une énième expédition dans l'espace. Le réalisateur fait alors preuve de maîtrise dans sa mise en scène, épousant là une démarche moins en phase avec le cinéma SF. Soucieux de rester proche du thème principal du film, Brian De Palma s'inspire pourtant de Destination Lune, grand classique de SF des années 50.

Mais Mission to Mars fait évidemment référence au chef-d'oeuvre 2001, L'Odyssée de l'Espace et se veut comme une continuité du film de Stanley Kubrick. Tout le scénario est de la sorte un hommage à ce classique, que ce soit le voyage se déroulant de façon tragique, l'arrivée sur la planète et la conclusion sur un ton philosophique et métaphysique, sans oublier la réalisation, très soignée, et les effets de caméra impressionnants. L'influence de 2001, L'Odyssée de l'Espace est donc indiscutable dans Mission to Mars sans pour autant plagier le matériel d'origine, Brian de Palma livrant ici au contraire une œuvre unique, s'affranchissant des limites imposées par le genre auquel son film est censé appartenir.

Du côté de la musique, Ennio Morricone signe la bande-son de l'opus. Ayant déjà collaboré avec De Palma pour Les Incorruptibles (1987) et Outrages (1989), le célèbre compositeur d'Il Était Une Fois Dans l’Ouest installe ici une tension constante qui n'agresse jamais les oreilles du spectateur, en particulier lors de scènes se déroulant dans l'espace ou mettant en danger les protagonistes. La tension retombe toutefois assez rapidement une fois l'équipage arrivé sur Mars, ce qui ne gâche pour autant pas le suspense mis en place...

Le final se déroulant sur la planète Mars risque cependant d'en perdre plusieurs : débarqués pour connaître les raisons de la disparition de leurs prédécesseurs, les héros entrent dans un temple martien où un alien leur offre une visite de leur propre histoire dans le système solaire. L'entité extra-terrestre explique ainsi que l'homme est un descendant du martien. Le film reprend ici quelques éléments bibliques : ayant perdu espoir, victime de la perte d'un être cher ou d'un coup du sort (tout comme les personnages du film), l'Homme se tourne donc auprès de son créateur pour que ce dernier lui montre le chemin de la rédemption et de la foi. Mission to Mars ne verse pas pour autant dans le mysticisme complexe : il est ici question d'humanité, de retour aux sources, de foi en l'avenir et en l'être humain. Un message somme toute peu crédible et bancal, qui s'imagine à la portée idéaliste et enthousiaste mais qui contraste avec les thématiques mélancoliques mises en avant tout au long du récit.

Mission to Mars parle également de la séparation et de la solitude. Que ce soit dans l'absence de communication entre Mars One et la Terre, abordée dans la relation entre Gary Sinise et sa femme disparue, la séparation entre Connie Nielsen et son mari Tim Robbins, tous ces moments somptueux en toucheront plus d'un. Une séparation qui conduit évidemment au manque, plus précisément l'absence d'amour qui conduit l'homme à perdre son humanité. Cette douleur touche alors tous les membres de l'équipage, mais se transforme rapidement en énergie positive, chacun s'acharnant à poursuivre ses rêves et ses ambitions. Conformément au message final, l'homme doit ainsi retourner à ses origines et donc dans l'espace s'il veut retrouver son humanité : le symbole se veut fort et ne peut pas laisser indifférent. Le visage aperçu à la fin du récit s'inspire d'ailleurs des figures de Cydonia Mensae, des reliefs martiens existant réellement sur la planète rouge. En revanche, pour coller à l'esthétique du visage dans le film, la référence est éminemment humaine, venant d'une sculpture en bronze poli de Constantin Brancusi datant de 1910 appelée « La Muse endormie ».

À sa sortie, Mission to Mars, présenté hors compétition au Festival de Cannes, reçoit des critiques désastreuses aux États-Unis - plus tempérées en Europe - et subit un revers au box-office, rapportant cent-dix millions de recettes dans le monde pour un budget de cent millions. Le film ne se rembourse donc pas, la règle voulant pour se faire qu'il rapporte le triple de son coût initial... La presse juge l'opus ennuyeux et passant totalement à côté de son sujet. Brian de Palma se voit même nommé pour le prix du Pire réalisateur au Razzie Awards 2001, « récompensant » les pires performances du cinéma chaque année.
Échec financier et critique, Mission to Mars connaitra pourtant le succès avec les années, le public découvrant, après coup, une œuvre à part entière, renouvelant un genre enfermé dans ses clichés et ses codes éculés, injustement présentée comme une série B à gros budget.

Pour l'anecdote, le titre Mission to Mars n’est pas sans rappeler une célèbre attraction éponyme ouverte en 1975 dans les deux Resorts américains, Disneyland Resort en Californie et Walt Disney World Resort en Floride, et ce, à quelques mois d'intervalle. Conçue en coopération avec la NASA, les visiteurs embarquaient, en effet, dans une fusée en direction de l'espace, avec des écrans-hublots au sol, pour atteindre la surface de la planète rouge. Dès 1991, l’attraction californienne n’apparaît plus sur les brochures du Parc avant de fermer définitivement ses portes en novembre 1992 pour laisser place à ExtraTERRORestrial Alien Encounter. L’attraction floridienne subit le même sort l’année suivante. Si Brian De Palma niera s'être inspiré de l'attraction, prétendant même ne pas avoir eu vent de son existence, le film aura tout de même un impact sur l’univers des Parcs Disney. Quelques-uns de ses objets (comme le plateau circulaire tournant) sont, en effet, en exposition dans la queue de l'attraction Mission: SPACE à Epcot à Walt Disney World Resort en Floride, dont le narrateur n'est autre que Gary Sinise : la boucle est bouclée ! En 2017, Sinise sera remplacé par l'actrice Gina Torres (la saga Matrix, Suits : Avocats sur Mesure, The Catch).

À l'arrivée, Mission to Mars est un film d'une beauté époustouflante, réalisé par un Brian De Palma inspiré, qui parvient à s'approprier un scénario classique en premier lieu, mais rempli d'idées intéressantes. Loin d'être un grand classique, souffrant d'une histoire qui s'enlise dans ce qu'elle énonce, Mission to Mars n'est assurément pas la catastrophe prétendue et fait preuve d'une solidité remarquable.

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