Cheval de Guerre

Cheval de Guerre
L'affiche du film
Titre original :
War Horse
Production :
DreamWorks Pictures
Date de sortie USA :
Le 25 décembre 2011
Distribution :
Touchstone Pictures
Genre :
Guerre
Réalisation :
Steven Spielberg
Musique :
John Williams
Durée :
146 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Albert, un jeune garçon assiste impuissant à la réquisition de son cheval Joey par la cavalerie britannique aux premières heures de la Première Guerre Mondiale. Rapidement capturé par les allemands, l’animal est alors utilisé pour servir directement dans les combats...

La critique

rédigée par

Cheval de Guerre est un évènement dans l'histoire des studios Disney. C'est en effet la première fois que le label du grand Walt distribue, via la signature Touchstone Pictures, un film de Steven Spielberg, l'un des plus grands réalisateurs des trente dernières années. Il livre ici un film poignant, revenant à un ton qu'il n'avait plus repris depuis la seconde moitié des années 80.

Devenu l'une des personnalités les plus emblématiques et influentes du septième art, Steven Spielberg est né le 18 décembre 1946 à Cincinnati dans l'Ohio. Cinéaste très précoce, il réalise, enfant, quelques petits films amateurs puis, toujours très jeune, abandonne rapidement ses études pour tenter sa chance à Hollywood. Assistant monteur sur la série Wagon Train en 1957, il apprend alors son métier sur le tas, dans les années 60, en réalisant des courts-métrages tels que Firelight ou Amblin' (dont il emprunte l'appellation pour sa future maison de production), puis travaille pour le petit écran, dirigeant notamment des épisodes de Columbo.
Son talent de mise en scène se révèle au grand jour en 1971 avec le téléfilm Duel (exploité en qualité de film à l'international) qui remporte notamment, en France, le Grand Prix du Festival d'Avoriaz. Le cinéaste réalise ensuite Sugarland Express (1974). Prix du scénario à Cannes, ce drame confirme ses belles aptitudes et annonce une jolie carrière qui prend un virage dans le fantastique dès l'année suivante.
Il y a, à l'évidence, pour Steven Spielberg, un avant et un après 1975 ! Cette année-là, il terrifie, en effet, le monde entier avec Les Dents de la Mer, une référence dans le cinéma d'épouvante qui le propulse star internationale de la mise en scène à seulement 29 ans. Ses films suivants remportent tous le même succès, atteignant pour la plupart les cimes du box-office international et s'inscrivant dans l'imaginaire de millions de spectateurs. Steven Spielberg est d'ailleurs le créateur (avec son ami George Lucas et sa (La) Guerre des Étoiles) d'une catégorie enviée du tout-Hollywood : les films à plus de 100 millions de dollars de recettes sur le seul territoire national. Cette manne colossale pour les Majors permet ainsi aux deux cinéastes de revendiquer par la suite une totale autonomie vis-à-vis des studios.
En 1977, Rencontres du Troisième Type initie son rapport étroit avec la science-fiction qui se poursuit en 1982 avec E.T. l'Extra-Terrestre puis A.I. Intelligence Artificielle (2001), Minority Report (2002) et La Guerre des Mondes (2005). Son goût pour l'aventure lui permet par ailleurs de donner naissance à la légendaire saga des Indiana Jones : Les Aventuriers de l'Arche Perdue (1981) , Indiana Jones et le Temple Maudit (1984), Indiana Jones et la Dernière Croisade (1989) et Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal (2008).
En 1983, Steven Spielberg participe à un film collectif avec John Landis : La Quatrième Dimension, dont il réalise la deuxième séquence. Il aborde ensuite dès 1985, dans sa filmographie, des sujets différents, moins orientés sur le cinéma dit « de divertissement » et plus axés sur l'Histoire : La Couleur Pourpre (1985) et Empire du Soleil (1987), deux œuvres qui racontent respectivement la vie d'une famille noire aux États-Unis du début à la moitié du XXe siècle, et celle d'un jeune Britannique pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit le passionne à l'évidence. Il reviendra deux autres fois sur le sujet avec La Liste de Schindler (1993) et Il Faut Sauver le Soldat Ryan (1998), des long-métrages qui lui font gagner la consécration auprès des critiques et de ses pairs en remportant, notamment, de nombreux Oscars.
Ne délaissant pas le divertissement à grand spectacle, il continue à relever les paris les plus fous en allant jusqu'à ressusciter, grâce à une combinaison novatrice de maquettes animées et d'images de synthèse, plusieurs espèces de dinosaures pour Jurassic Park (1993) et sa suite Le Monde Perdu : Jurassic Park (1997).
Tout aussi bien, il s'amuse également à revisiter les thèmes de l'enfance et de la famille (Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet en 1991, Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne en 2011) et à explorer la comédie burlesque avec 1941 (1980), la plus légère avec Arrête-Moi Si Tu Peux (2002) ou la romantique avec Le Terminal (2004). Il sait aussi prendre ses distances vis-à-vis des œuvres de pur divertissement pour aborder des sujets plus graves : le deuil (Always - Pour Toujours, 1989), l'esclavage (Amistad, 1997), la géopolitique (Munich, 2006) sont ainsi autant de thèmes délicats qui prouvent l'éclectisme et la sensibilité du cinéaste.
Parallèlement et dès 1981, Steven Spielberg, qui a créé sa propre société de production, supporte en plus de ses films, ceux d'autres cinéastes, considérés avec le recul comme les plus imaginatifs des années 80 : Gremlins (1984), Les Goonies (1985), Retour Vers le Futur (1985), Bigfoot et les Henderson (1987), L'Aventure Intérieure (1987), Miracle sur la Huitième Rue (1987) ou Qui Veut la Peau de Roger Rabbit (1988).

Cheval de Guerre est l'adaptation d'un roman pour enfant éponyme de l'auteur britannique, Michael Morpurgo.
Né en 1943 à Saint-Albans près de Londres, ce dernier entre à dix-neuf ans à la Sandhurst Military Academy où, délaissant la carrière militaire qui lui tend alors les bras, il choisit plutôt d'enseigner l'anglais. En 1972, il s'installe à Devon dans un petit village près de Iddelsleigh pour y exploiter une ferme qu'il fait visiter aux enfants issus des quartiers défavorisés de la ville. Il habite ainsi avec sa femme Clare Lane, fille du fondateur des éditions Penguin Books (son premier éditeur !) et débute concomitamment sa carrière d'écrivain.
Michael Morpurgo a toujours déclaré vouloir adapter Cheval de Guerre au cinéma bien qu'il ne parvienne jamais à livrer un scénario digne de ce nom. Il se console alors au théâtre où la pièce tirée de son roman se joue à guichets fermés. C'est par ce biais que la productrice Kathleen Kennedy prend connaissance de l'histoire et imagine la proposer à son ami Steven Spielberg. Venu voir la pièce, ce dernier est immédiatement conquis : il décide, en effet, d'en signer une adaptation au cinéma pour Dreamworks, tout frais acquéreur des droits dessus...

Après un hiatus de quatre ans depuis son dernier film, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal en 2008, Steven Spielberg revient donc à la réalisation. Ce laps de temps, relativement long, prend sa source dans deux péripéties de taille. D'une part, le réalisateur est à titre personnel l'une des plus grosses victimes de la fraude Madoff. Et d'autre part, son studio Dreamworks n'est lui-même pas en grande forme et il apparait vital de le restructurer et relancer. Il se remet  par conséquent au travail de manière intensive et parallèlement à la postproduction de son film d'animation événement, en Motion-Capture, Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, se consacre à un deuxième long-métrage dont le tournage est vite bouclé. Les deux opus seront donc prêts presque en même temps ! Si, en effet, en France, l'écart est de quatre mois (Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne étant sorti deux mois plus tôt qu'aux USA et Cheval de Guerre deux mois plus tard), aux Etats-Unis, les deux films sortent à quatre jours d'intervalle ! Du jamais vu dans sa filmographie.

Steven Spielberg a toujours été passionné par la Seconde Guerre Mondiale. Pas moins de quatre de ses œuvres cinématographiques prennent, il est vrai, pour thème cette époque : 1941, Empire du Soleil, La Liste de Schindler et Il Faut Sauver le Soldat Ryan ! Et encore, c'est sans compter la série des Indiana Jones dont l'action se situe pendant le conflit. A côté, la Première Guerre Mondiale le laisse visiblement de marbre. Il faut dire pour sa défense que cette guerre est somme toute peu connue du peuple américain. Les USA ne sont pas encore les Maîtres du Monde lors de son déroulement, s'y impliquent tardivement et retournent tout de suite après à l'isolationnisme... La lecture du roman de Michael Morpurgo change à l'évidence la vision du réalisateur sur ses événements...

Steven Spielberg revient avec Cheval de Guerre à un ton plus vu chez lui depuis La Couleur Pourpre ou Empire du Soleil. Il y a, en effet, beaucoup d'optimisme et une certaine naïveté dans le traitement de son sujet - la Première Guerre Mondiale - pourtant extrêmement dur. Toutefois, même si le réalisateur a voulu être le plus fidèle possible à la réalité historique, il choisit de pas donner dans la violence des images de La Liste de Schindler ou d'Il Faut Sauver le Soldat Ryan. Le but de l'opus n'est ainsi - et clairement - pas de dénoncer les horreurs de la guerre mais bien de raconter des destins brisés par le conflit, aux premiers rangs desquels se trouve la rencontre avec le cheval Joey. Car au fil des années de guerre, l'animal survit tant bien que mal tandis que tous les humains qu'ils croisent sur sa route tombent au combat, meurent de maladie, désertent et sont sanctionnés pour cela ou perdent simplement de vue le quadrupède. Joey n'a en réalité que faire du camp pour lequel il se bat, son seul but est de survivre, par instinct plus que par volonté...
Le fil conducteur de Cheval de Guerre est, dans ce contexte, fait de différentes histoires contées tout au long de son récit au fur et à mesure des divagations de l'animal. A chaque fois, le spectateur est donc appelé à s'attacher aux nouveaux personnages humains rencontrés. L'exercice pourrait assurément être périlleux tant il porte en lui une cassure de rythme. Mais voilà, Steven Spielberg veille si bien que l'exercice est réussi : pas un des personnages ne laisse de marbre, qu'il soit anglais, français et même allemand. Certaines scènes sont ainsi vraiment touchantes, avec toujours comme point d'orgue le cheval. La fraternisation d'un soldat allemand avec son alter-égo britannique pour sauver l'animal pris au piège de barbelés sur un champ de bataille est, pour l'exemple, remarquable de force narrative...

Le personnage central du film est donc Joey, le cheval. Ce sentiment est d'autant plus appuyé qu'il rencontre une ribambelle d'intervenants humains, difficile à énumérer dans leur intégralité. Néanmoins quelques-uns méritent attention. Albert (joué par Jeremy Irvine) est d'abord et assurément le premier rôle humain. Jeune propriétaire de Joey, il est, avant la guerre, un simple adolescent anglais du Devon qui aide ses parents à la ferme. Joey lui vient ainsi d'une vente aux enchères emportée par son père et dont il s'attache à valoriser la portée. Il fait ainsi tout ce qu'il peut pour parfaire l'éducation de son cheval. Albert mène alors une vie somme toute paisible aux cotés de son meilleur ami et de son rival, le fils des propriétaires de la ferme de ses parents... Déclaration de guerre effectuée par son pays, le jeune homme voit son cœur brisé quand il apprend que ses parents sont contraints de vendre Joey à l'armée anglaise...
Son cheval croise ensuite le destin de différents personnages dont les histoires sont aussi touchantes les unes que les autres : le Capitaine Nicholls de la cavalerie anglaise (Tom Hiddleston), les deux jeunes soldats allemands Gunther (David Kross) et Michael (Leonard Carow), la jeune fille française Emilie (Celine Buckens) et son grand-père (Niels Arestrup), le soldat allemand Friedrich (Nicolas Bro) ou son adversaire britannique Geordie (Toby Kebbell). Authenticité recherchée, tous les rôles sont tenus par des comédiens partageant la nationalité des personnages joués...

Assis sur un récit d'une force narrative incroyable et servis par des comédiens investis d'une remarquable conviction, Cheval de Guerre bénéficie en outre de scènes de bravoure et de batailles absolument parfaites. Le savoir-faire de Steven Spielberg se déguste à l'évidence là aussi. Fait d'exigence marquant, le maître n'a voulu ici aucune image de synthèse mais a tenu à restituer l'action via des scènes jouées sans l'assistance d'ordinateurs. De même, il n'a pas souhaité utiliser la 3D, estimant qu'elle n'apporterait aucun plus artistique au film. En revanche, et comme à son habitude, il a soigné la bande-son et fait une nouvelle fois appel au génial John Williams qui livre une partition de toute beauté, offrant une musique envoutante et émouvante à souhait.

La Critique américaine a bien accueilli Cheval de Guerre, les professionnels le nommant même, alors qu'il n'était pas encore sorti en salles, au Golden Globes du Meilleur Film pour un Drame.

Opus magnifique, digne du génie de Steven Spielberg, qui revient avec lui à une certaine naïveté dramatique observée dans sa filmographie de la seconde moitié des années 80, Cheval de Guerre est un film à voir absolument.

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