Titre original :
Logan
Production :
Marvel
20th Century Fox
Date de sortie USA :
Le 03 mars 2017
Genre :
Fantastique
IMAX
Réalisation :
James Mangold
Musique :
Marco Beltrami
Durée :
135 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

En 2029, James Howlett, connu dans le temps sous le nom de Wolverine, prend soin de son vieil ami Charles Xavier tout en assurant son métier de chauffeur de limousine. Leur quotidien bascule lorsqu'une jeune fille et sa mère croisent leur route...

La critique

rédigée par
Publiée le 23 février 2017

"One Last Time"...
Certains films bouleversent entièrement un genre.
A une époque où les longs-métrages mettant en scène des super-héros risquent à tout moment de lasser le public, Logan, dernier opus de la trilogie consacrée au personnage de Wolverine, vient donner un grand coup de griffe dans les multiples adaptations de comics. Il ose, en effet, être un film unique qui ne perd pas son âme à vouloir respecter un quelconque cahier des charges de la major qui commande à sa destinée. Pour le dernier tour de piste d'Hugh Jackman dans un rôle qu'il aura porté dix-sept ans, 20th Century Fox sort ainsi le grand jeu et étonne son monde en laissant au réalisateur James Mangold une liberté presque absolue. Le résultat ? Un long-métrage novateur et jamais vu depuis le renouveau des films de super-héros Marvel, Sony, Fox ou Warner... 

Il faut dire que le personnage de Wolverine est particulièrement fédérateur, et ce, depuis sa création en 1974 par le scénariste Len Wein et les dessinateurs John Romita et Herb Trimpe. De son vrai nom James Howlett, il se fait appeler Logan à la suite de l'oubli de son passé. A sa création, il est donc un agent du gouvernement canadien et un super-héros agissant sous le nom de code : Wolverine. Dans sa première apparition complète au sein d’Incredible Hulk #181, il est ainsi missionné par le Canada pour mettre fin à un affrontement entre Hulk et le Wendigo qui sème la destruction alentours. Dès l'origine, le personnage se pose donc plus en anti-héros qu'en véritable mutant, un statut qui lui est d'ailleurs inconnu ; ses griffes faisant alors partie de son costume !
Entre temps, l'origine du personnage se voit considérablement modifiée et dévoilée progressivement au public, particulièrement dans la série X-Men. Wolverine s’avère ainsi issu du projet secret canadien Weapon X, qui visait à créer un super soldat hyper efficace. Dans ce but, son squelette a été recouvert d'adamantium, un métal indestructible. À la suite d'une mutation génétique dont la principale composante est un « facteur guérisseur permanent », l’agent canadien est placé en capacité de cicatriser très rapidement après une blessure tandis que ses griffes rétractiles, désormais partie intégrante de son squelette, sont également recouvertes d'adamantium et, par voie de conséquence, terriblement renforcées. Comprenant que la dernière étape de l’expérience passe par l’effacement de sa mémoire, Wolverine décide alors de s’enfuir mais se voit rapidement rattrapé par le chef du laboratoire qui, au fait de ses capacités de régénérescence, lui tire, pour terminer sa création, trois balles en adamantium dans le crâne. La mémoire du mutant s’en trouve alors altérée et le malheureux oublie complètement son passé...

Le personnage connaît rapidement un franc succès et devient l'une des mascottes de la maison d'édition aux cotés de Spider-Man. Il est si populaire qu'en plus d'être membre des X-Men, il rejoint un temps les Vengeurs et d'autres équipes de super-héros. Il s'en amuse même dans un comics en disant qu'il ne peut pas faire partie de toutes les équipes qui existent ! Rien d'étonnant dès lors de voir le personnage placé au centre de la première adaptation des X-Men au cinéma, dans X-Men, réalisé par Bryan Singer. Rôle central qu'il endosse également dans la suite X-Men 2 et le dernier volet de la trilogie, X-Men - L'Affrontement Final. Les succès critiques des deux premiers films et les scores conséquents au box office de la trilogie convainquent rapidement la Fox de lancer une série de films dérivés consacrés à Wolverine. Il est ainsi à l'honneur d'X-Men Origins : Wolverine et Wolverine, Le Combat de l'Immortel. Les deux opus se feront littéralement descendre malgré les qualités certaines du deuxième et tout en signant de très bons scores. La Fox lance alors en catimini la production d'une suite en courtisant James Mangold, déjà réalisateur de Wolverine, Le Combat de l'Immortel. Le projet se voit lancé en 2013 mais semble avancer timidement. Wolverine ne disparaît pas pour autant. Après un simple caméo dans X-Men : Le Commencement, il est à nouveau au centre du film X-Men : Days of Future Past, pour laisser la place (bien que se remarque là aussi un autre caméo) à une nouvelle génération dans X-Men : Apocalypse. La carrière du personnage au cinéma semble dès lors au point mort. C'est d'autant plus vrai qu'Hugh Jackman, qui incarne le personnage depuis le début de la saga, a l'envie légitime de passer à autre chose après seize ans de bons et loyaux services. Le rôle de Wolverine est en effet avant tout physique. Et l'acteur doit, à chaque fois, se reconstituer une musculature impressionnante. Et c'est évidemment de moins en moins évident avec l'âge. Il émet donc une seule condition quant à son retour dans un troisième film en solo : que l'opus soit véritablement bien écrit. L'acteur est, en fait, las des déboires des deux premiers films et prêt à ranger les griffes définitivement. Les annonces se font alors tout doucement. James Mangold confirme sa participation et Hugh Jackman, en 2015, commence à mentionner le film en utilisant une phrase toute simple: "One last time" ("Une dernière fois"). L'acteur annonce finalement qu'il sera bien au casting du film pour faire son adieu à un personnage qu'il incarne depuis dix-ans ans en 2017. L'écriture du long-métrage se poursuit, le tournage est lancé en mai 2016 et le titre dévoilé : un sobre Logan.

Mais un élément vient changer la donne et il se nomme Deadpool !
Suite aux critiques catastrophiques, et mérités, d'X-Men Origins : Wolverine, Ryan Reynolds, interprète dedans de Deadpool, milite, en effet, pour rendre justice au personnage dans un autre film. Il faut dire que dans le spin-off consacré à Wolverine, Deadpool est carrément ridiculisé et ne ressemble en rien à sa version papier. L'acteur souhaite donc faire amende honorable et arrive, avec le soutien des fans, à convaincre la Fox de produire un opus à petit budget mais complètement libre dans le ton. Aucune aseptisation : l'humour noir, le langage cru et la violence sont désormais permis. Deadpool est ainsi le tout premier film rated-R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux États-Unis) de la franchise X-Men. C'est également le plus gros succès de toute la saga ! La Fox réalise ainsi qu'un film de super-héros non classé tout public peut fonctionner. Ce constat digéré, la donne change pour le dernier volet de Wolverine. Et s'il était temps d'offrir au personnage un film violent et sanglant, à l'image de ce qu'il a toujours été dans les comics ? Car, malgré les films réussis (certains) et les performances toujours honorables d'Hugh Jackman, Wolverine reste, sur grand écran, un personnage bridé, entravé par l'obligation de livrer une aventure familiale : il n'a jamais pu se déchaîner et a toujours réfréné ses griffes tranchantes de découper à tout va ! Cette situation longtemps déplorée par les fans qui ne pensaient pas voir un jour un Wolverine rated-R, semblait immuable. D'ailleurs, Hugh Jackman lui-même a évoqué le problème avant Wolverine, Le Combat de l'Immortel en expliquant que faire un film rated R, bien que logique éditorialement parlant, empêchait les plus jeunes - qui ont grandi avec la saga - d'être de l'aventure mais que l'idée le tentait et qu'il voulait bien s'y essayer pour une fois. Sa position n'est en ce sens pas éloignée de celle du réalisateur, James Mangold, dont la vision pour son film exige la liberté qu'offre un classement R. Encouragé et convaincu par le succès de Deadpool, la Fox accepte sans se faire trop prier. L'ironie de la chose ? Voir que Logan existe tel quel grâce à Deadpool, qui lui existe tel quel grâce à X-Men Origins : Wolverine

Pour réaliser son film, James Mangold suit donc une approche simple : faire de l'anti-spectaculaire. Comme une réponse aux spectateurs habitués à voir des super-héros sauver le monde en se battant contre de grands rayons lumineux venus de l'espace qui détruisent une ville depuis le ciel, Logan se contente lui d'être terre à terre, fantastique mais réaliste. L'intime est toujours privilégié à la démesure. Dans un monde futuriste qui semble dépérir, les mutants ont ainsi quasi disparu, une simple poignée restant en vie. Entre les États-Unis et le Mexique, Wolverine, usé et vieillissant, s'occupe ainsi d'un Professeur X malade et âgé. Un postulat de base dépressif, accentué par le tranchant des propos. Les mots ne sont jamais mâchés. La première partie du film est dès lors une bulle salvatrice, contemplative, dans laquelle le spectateur veut plonger pour baigner le plus possible dans une ambiance mélancolique et poignante. Et une fois le ton posé, l'intrigue se lance de façon explosive, tout en conservant un rythme qui prend son temps, jouant avec délices sur les interactions entre les protagonistes.

Les inspirations de Logan sont à l'évidence nombreuses et se dessinent en réalité rapidement. Le road-movie est la première évidemment lorsque les personnages partent sur les routes. Mais également le western avec ses grands espaces, ses cowboys et bandits modernes. Logan pioche ainsi de façon jouissive dans plusieurs genres et le fait brillamment. Car il sait conserver sa propre identité. Il se la crée dès ses premières minutes et y reste fidèle tout le long. James Mangold est manifestement un cinéphile orfèvre autant qu'il est cinéaste méticuleux ; ses clins d'oeils au septième art sont légions. Dès lors, Logan ne ressemble en rien, dans le ton et la forme, à ce qui existe dans le monde des films de super-héros.
Une inspiration de taille est néanmoins à souligner : le comics Old Man Logan a, en effet, durant la production du film, servi de référence pour imaginer à quoi il pourrait ressembler. Mais il était tout à fait évident que le récit papier ne pourrait être adapté tel quel à l'écran. Déjà, la majorité des personnages présents dans l'oeuvre de Mark Millar ne sont pas utilisables juridiquement par la Fox, leurs droits d'exploitations cinématographiques appartenant à Marvel Studios. Ensuite, il faut bien réaliser qu' il n'est pas forcément souhaitable de voir un récit en comics être adapté tel quel au cinéma. James Mangold part ainsi dans une toute autre direction avec sa propre intrigue, et il a bien raison de le faire ! Là où son film et le comics se rejoignent - et ce sera le seul point - c'est donc dans l'ambiance de Western futuriste. Car, même l'état d'esprit du personnage est ici différente. Wolverine ne rechigne absolument pas à sortir les griffes dans Logan alors que dans Old Man Logan, il est brisé différemment et adopte une posture pacifiste.

Après un Deadpool délirant et assumant le coté barré du personnage, la Fox ose donc à nouveau le rated R. Une classification plus que justifiée tant la copie rendue est sanglante, si ce n'est gore. Les scènes d'actions sont, en effet, d'une brutalité rarement vues au cinéma dans un film de super-héros. Quand les griffes sortent, le sang gicle et les membres sont découpés ou déchiquetés. Toute la fureur de Wolverine est enfin retranscrite après dix-sept ans de retenue pour convenances financières. Une fureur viscérale, sans aucune concession, parfaitement jouissive. Après l'asceptisation subie dans X-Men Origins : Wolverine, et le personnage fatigué dans Wolverine, le Combat de l'Immortel, James Holwett est au top de sa forme dans Logan. Malgré la vieillesse, les blessures et son pouvoir d'auto-génération déclinant, quand il faut rentrer dans le tas, la fatigue n'est plus qu'un lointain souvenir et la rage "berserk" apparaît. En se privant d'une partie du public, la Fox offre donc à Hugh Jackman la possibilité de briller, de se déchaîner, et surtout, de donner aux lecteurs de comics, fans de Wolverine, ce qu'ils attendaient : voir enfin sur grand écran le personnage tel qu'il est décrit sur papier depuis toujours. Sans état d'âme, jurant, buvant et osant tailler dans le vif (littéralement) en cas de problèmes. La meilleure adaptation de Wolverine ? Sans aucun doute ! Jamais le personnage n'aura été aussi bestial et il sera difficile désormais de revoir un autre film avec lui, maintenant que tout son potentiel a été utilisé.

Il faut dire que cette violence prend tout son sens avec la réalisation de James Mangold. Sa mise en scène est, il est vrai, surprenante de discrétion. Efficace, lisible, posée, presque paisible. Que ce soit les scènes d'actions ou les scènes intimistes, le film est un régal visuel, magnifiée par une photographie somptueuse et une palette de couleurs très variées. Les scènes se passant de jour sont belles à hurler et, tour de force, les séquences de nuit tout autant. Aucun filtre de couleur sombre ne vient gâcher tout cela. C'est maîtrisé de main de maître du début à la fin. Même les si redoutés "sauts câblés", signature des premiers X-Men et un peu risibles désormais, se fondent dans la masse et ne choquent pas. L'opus est assurément l'une des plus belles réalisations de la saga avec des scènes et des plans splendides. La différence de traitement entre Wolverine, Le Combat de l'Immortel et Logan, pourtant signés du même James Mangold, a d'ailleurs de quoi surprendre. Qu'il est agréable de voir enfin un réalisateur libre de donner à son film la direction voulue ! L'aspect technique ne dénote donc sur aucun point, et le casting est tout bonnement bluffant.

Trois personnages sortent notamment du lot:
Wolverine évidemment est à mentionner avant tout. Hugh Jackman a toujours été à l'aise dans ce rôle, mais il donnait clairement l'impression de ne plus trop se fatiguer dans les précédents films de la saga, trop habitué à interpréter plus ou moins le même personnage depuis dix-sept ans. Avec Logan, la performance est à souligner. Le mutant y est nettement plus développé et nuancé. L'acteur livre ici sa meilleure prestation, à la fois bestiale mais surtout, touchante. Le ton du film, son aspect posé, lui donne la possibilité d'incarner Logan et toutes ses facettes si complexes comme il n'a jamais eu l'occasion de le faire auparavant. Pour sa dernière fois, Hugh Jackman n'a jamais été aussi bon. Son changement physique est également surprenant. Wolverine est vieux, ne pouvant se défaire d'une mauvaise toux, d'un pas boitant et de lunettes pour lire les plus petits caractères. Et pourtant, c'est aussi dans Logan où son coté sauvage animal est le plus convaincant. C'est d'une jouissive réinterprétation du personnage dont il est question ici. L'acteur sait innover après dix-sept ans passés à incarner le même rôle : la gageure n'est pas loin !
A ses cotés, Patrick Stewart a aussi l'occasion de changer l'image du professeur X. Charles Xavier n'a, en effet, jamais été aussi corrosif. Presque cynique. Un changement qui peut sembler déstabilisant tant il est différent de ce que le public connaît de lui, mais qui s'explique par le passé mystérieux qui entoure les deux personnages. Alors que les premiers films insistaient sur la relation Xavier et Magnéto, ici c'est bien Xavier et Logan qui sont au centre du film. Et l'alchimie entre les deux est particulièrement belle. Qu'ils se disputent ou se soutiennent, tout semble naturel, évident. A cela s'ajoutent les souvenirs des précédents films qui rendent l'ensemble encore plus efficace. Voir Logan s'occuper du professeur désormais aliéné et malade, alors même que c'est ce dernier qui l'a recueilli dans X-Men... Un retournement de situation touchant et lourd de sens. Les scènes sont fortes dans Logan. Le film sait se poser de longues minutes pour contempler ses personnages, les laisser interagir. Un sacré tour de force dans une époque où la plupart des blockbusters tente constamment d'augmenter le rythme et le volume ! Tout comme Hugh Jackman, Patrick Stewart livre ici une prestation novatrice et mémorable. 
Enfin, il y en a une jeune comédienne qui vole (presque) la vedette à Logan : la jeune Laura, incarnée par Dafne Keen livre, il est vrai, un jeu d'une justesse incroyable. Avec ses seuls regards et cris, elle arrive à monopoliser l'attention dans toutes ses scènes. Et, plus encore, lorsqu'à son tour, elle se déchaîne... La relève semble assurée et le personnage, tout comme son interprète, est LA révélation du film !
Les trois personnages assurent finalement un trio dynamique, complice et crédible. En se focalisant sur un nombre restreint d'intervenants, James Mangold leur offre ainsi une véritable exposition et peut creuser leur définition tout le long du film. Du bel ouvrage !

Coté casting, il faut garder à l'esprit que Logan conte l'histoire de Wolverine, Charles et Laura. Dès lors, les autres personnages sont bien plus discrets et leur temps à l'écran réduit. La volonté de James Mangold est d'ailleurs en cela parfaitement cohérente et en adéquation avec son intrigue voulue simple. Deux seconds rôles sortent tout de même du lot : Caliban et Donald Pierce. 
Le premier est un mutant créé par par Chris Claremont et Dave Cockrum en 1981 dans Uncanny X-Men #148. Caliban est capable de pister les porteurs du gène mutant dans un rayon de plusieurs kilomètres. A noter toutefois, s'il apparaît dans X-Men : Apocalypse sous les traits de Tómas Lemarquis ; dans Logan, il est interprété par Stephen Merchant. Albinos, vivant caché avec Logan et Charles, le personnage et son apparence très particulière ajoutent un plus indéniable à l'ambiance du film. 
Le second est joué par Boyd Holbrook. Donald Pierce est ainsi un homme cyborg à la tête des Reavers, un groupe de mercenaires qui traquent les mutants. Beau parleur mais sans pitié, il poursuit la jeune Laura avec beaucoup de ténacité. Bien qu'il ne dispose pas d'un grand temps de présence à l'écran, le charisme de l'acteur suffit à faire des merveilles.

Le film est violent, c'est un fait. Mais contrairement à un Deadpool qui se voulait surtout fun, Logan arrive, lui, à faire naître une belle émotion grâce à sa simplicité narrative et la dureté des destins qui se jouent devant les yeux des spectateurs. Charles et Logan sont de la sorte des êtres brisés. Père de substitution pour l'un, fils pour l'autre, ils portent les séquelles physiques et psychologiques de leurs passés, de toutes leurs précédentes aventures, des peines et des pertes, mais aussi de leurs profondes solitudes maintenant que les mutants ont disparu. Une situation triste, nostalgique qui offre beaucoup de force au film. Quelques moments de grâce prennent alors tout leur sens, et quand la fragilité des deux anciens héros apparaît avec beaucoup de justesse, l'opus dévoile des sentiments que la saga X-Men n'avait jamais imaginer offrir. Certaines scènes peuvent certes paraître bâclées sur le moment, mais une chose est sure : James Mangold ne tombe jamais dans le pathos ou le tire-larme excessif et conserve toujours une subtilité fine. De même, certains passages assez abrupts lors du visionnage marqueront le spectateur un fois pris le recul nécessaire.
Logan est un beau film, poétique malgré sa brutalité, drôle par moment sans sacrifier l'intensité des actions. Une écriture soignée au service d'un récit simple mais jamais simpliste ; les mots ont un sens....

Logan n'est tout de même pas exempt de défauts. Plusieurs scènes auraient, en effet, mérité quelques minutes de plus, et les reproches inhérents au genre même du road-trip sont présents. Le schéma de l'opus peut sembler répétitif au bout d'un moment, même si James Mangold arrive à chaque fois à proposer quelque chose de nouveau, évitant la vraie lassitude. Quelques séquences semblent également un peu trop cousues de fil blanc, et le final n'est pas aussi épique qu'il était possible d'espérer. Mais ce reproche est à nuancer car James Mangold assume son parti pris jusqu'au bout ; à savoir, rester terre à terre, crédible et réaliste ! Contrairement à de nombreux films, la vision du réalisateur est cohérente du début à la fin. Et tous ses choix s'expliquent et se comprennent. 
Enfin, un mot sur la bande originale qui devait être, à l'origine, composée par Cliff Martinez (Drive, The Neon Demon) tant ses compositions à l'ambiance indescriptible collent parfaitement à l'envie du réalisateur. Pourtant, quelques mois avant la sortie, il quitte le projet sans que la raison du départ soit certaine. Il est remplacé au pied levé par Marco Beltrami qui présente l'avantage d'avoir déjà travaillé avec James Mangold sur Wolverine, Le Combat de l'immortel. Il livre ici une musique lancinante tout à fait adaptée au ton de Logan. Discrète ou envolée, elle sait toujours restée sobre, offrant à l'auditoire de jolis moments et belles qualités.

Décidément, la fin des années 2010 est une bien belle époque pour les lecteurs de comics. Après plusieurs années de mise en place, Marvel semble, il est vrai, avoir la stratégie parfaite. Des films familiaux pour la maison-mère, portée par un univers partagé cohérent et toujours aussi fédérateur (le Marvel Cinematic Uiverse). Des séries qui adaptent un pan plus urbain et sombre sur Netflix (les Defenders), et l'univers cinématographique X-Men produit par la Fox qui trouve enfin la bonne approche avec de grosses productions tout public (la saga X-Men) et des films à plus petits budgets, libres artistiquement mais moins accessibles (Deadpool, Logan). Même si le futur de la saga n'est pas claire, la stratégie de la Fox est désormais à saluer. Les lecteurs de comics accèdent enfin ce qu'ils attendaient depuis longtemps au cinéma : des oeuvres variées selon les personnages adaptés.

Logan est le plus beau des adieux possibles pour Hugh Jackman. Violent, viscéral, sanglant, tout en privilégiant l'émotion et l'intime, il marque assurément une étape dans la saga des X-Men au cinéma. Rien d'étonnant d'ailleurs à le voir présenté hors compétition au festival de Berlin 2017 signant là une belle première pour un film de super-héros ! Sa singularité lui donne un charme immédiat. Bien que ne ressemblant en rien à ses prédécesseurs, il est sans aucun doute l'un des meilleurs volets. L'acteur quitte avec lui la scène de la plus belle des façons imaginables en offrant la vision juste que le personnage méritait tant. La scène super-héroique perd certes là l'un de ses premiers ambassadeurs, mais quoiqu'il arrive, Hugh Jackman est et restera le Wolverine...

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