Une Chanson pour ma Mère
L'affiche du film
Titre USA :
A Song for Mama
Production :
Bonne Pioche
Date de sortie France :
Le 28 mars 2013
Distribution :
The Walt Disney Company France
Genre :
Comédie
Réalisation :
Joël Franka
Durée :
90 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Dans les Ardennes, aujourd’hui, les frères et sœurs d’une famille en déliquescence mettent au point le projet fou d’apporter au chevet de leur mère en fin de vie, Dave, son idole...

La critique

rédigée par

Si Disney France est surtout connue pour la diffusion des productions américaines de sa maison-mère, il lui arrive de temps à autres de donner dans la distribution purement locale. Ainsi, elle dispose d'un catalogue majoritairement axé sur les documentaires mais s'est essayée également à la comédie franco-française, jamais avec bonheur faut-il reconnaitre. Le dernier film en date, King Guillaume avec Florence Foresti est, en effet, passé complètement inaperçu en 2009 tandis que, quatre ans plus tard, Une Chanson pour ma Mère espère faire mieux...

Une Chanson pour ma Mère est donc le premier film du réalisateur Joël Franka. Diplômé en journalisme et communication, ce dernier commence sa carrière cinématographique en tant que monteur. Il est notamment crédité pour cela sur plusieurs documentaires télévisés et notamment sur Rendez-Vous en Terre Inconnue, l'émission phare de France 2 et Frédéric Lopez. Il a aussi travaillé pour pléthore de chaînes telles RTBF, Canal +, Discovery Channel, National Geographic... Il s'essaie une première fois à la réalisation d'une fiction en 2007 sur le court-métrage La Sortie puis poursuit l'expérience à travers différents documentaires de moins d'une heure comme Inde - Les Gardiens De L'Eau. Sa première incursion, en qualité de réalisateur dans la fiction longue, se fait ainsi dans le genre de la comédie avec Une Chanson pour ma Mère.

Vendu pour une comédie française loufoque, Une Chanson pour ma Mère souffre d'un terrible handicap. Le film n'est, en effet, pas spécialement drôle. Il y a bien quelques situations cocasses ou personnages bien sentis mais au final, rien ne fonctionne vraiment et tout tombe plutôt à plat. Le lieu de l'action - la campagne belge ardennaise - n'aide d'ailleurs pas vraiment l'opus tant il le marque identitairement. Le spectateur oscille ainsi entre deux impressions - « oppressions » serait plus juste - en se demandant sans cesse si le second degré est bien là, comme si le réalisateur avait voulu faire se rencontrer les publics de Vivement Dimanche et Strip-Tease... Autant imaginer marier la carpe et le lapin ! Tout cela manque d'entrain, de jeunesse et de fraicheur. Car le postulat de départ est vicié : en s'arcboutant sur cette famille brisée où les non-dits rongent les sentiments de chacun, l'élan de générosité envers la mère est un terreau fertile plus au drame qu'à la comédie pure et dure. C'est d'ailleurs justement quand le film se débarrasse de sa volonté laborieuse d'être drôle qu'il accroche le plus. La fin est, dans ce sens, merveilleusement touchante et constitue à l'évidence la plus belle réussite du récit. Tout se passe alors comme si le réalisateur avait voulu faire une comédie loufoque bien malgré lui. Le personnage de Michel est d'ailleurs typique de cette frilosité. Nul ne doute de la raison qui a conduit ce fils à partir de la maison sans jamais y revenir : pourtant, elle n'est jamais formulée ; le réalisateur préférant tenir le spectateur à l'écart y compris quand le fils parle enfin à sa mère. Ce trop plein de pudeur dessert l'histoire car le dialogue prôné dedans, entre les membres de la famille, n'est finalement pas accessible aux spectateurs... Dommage !

A ne pas assumer son genre et vouloir à tout crin être une comédie loufoque là où un drame aurait été bien plus cohérent, les personnages ne sont, au final, pas très attachants.
Le gros problème du film se retrouve d'ailleurs dans le manque d'attention dans la définition des quatre enfants. Il y a donc Antoine (Sam Louwyck) l'agriculteur, Simon (Guy Lecluyse) l'ecclésiastique, Michel (Fabrizio Rongione) le citadin et Sylvie (Sylvie Testud) la femme au foyer. Comme les deux tiers du récit tentent laborieusement de faire place à la comédie et la tentative de demander une chanson à Dave, il ne reste guère de temps à developper les personnalités de chacun. Le vœu de silence de Simon, l'éloignement de Michel, le don artistique d'Antoine, le renoncement de Sylvie : tout passe à la trappe si bien que ce petit monde apparait bien superficiel. Curieusement, dans un sursaut narratif, ce sont les personnages les moins exposés qui sont les plus approfondis : la petite fille Adeline (Mathilde Goffart) et la grand-mère (Michèle Moretti) ; les deux s'attirant les faveurs des spectateurs.
Dans cette galerie mal définie et mal utilisée, le pompon revient sans doute à Patrick Timsit qui joue le mari de Sylvie, Jean. Pièce rapportée, directeur de pompes funèbres, il aurait pu être drôle mais rate littéralement le coche. Il n'est ni très caustique, ni très comique et pas du tout sympathique (mais, pour le coup, ce n'est pas le but). L'acteur mal conduit en fait des tonnes et plombe finalement la portée de son entrain à utiliser Dave à des fins personnels. La frustration du spectateur est alors bien grande.

Dave est au final le seul à véritablement tirer son épingle du jeu ! Assumant son propre rôle, il ne surjoue rien et apparait totalement naturel. Il se moque d'ailleurs de lui-même avec un recul extraordinaire et se revendique comme un artiste, has-been, aimé des seules vieilles dames, arborant fièrement, cerise sur le gâteau, sa coupe à la Lady Di. Son humeur légère ne l'empêche pourtant pas d'en révéler bien plus sur sa personnalité : son amour de la famille est à ce titre touchant. Outre sa belle prestation, Dave offre, en plus, au film sa bande originale, truffée, fort logiquement, de ses plus grands tubes, aptes à combler ses fans et plaire aux auditeurs ponctuels.

Vendu comme une comédie française loufoque, Une Chanson pour ma Mère n'est en réalité qu'une comédie dramatique bien trop marquée pour être vraiment drôle. Pris au piège d'un genre indu, sans réelle possibilité de visionnage au second degré, le spectateur reste alors sur sa faim et ne sait sur quel pied danser. Dès lors, seul un public de la génération de Dave trouvera de quoi être contenté, plus encore s'il est fan du chanteur...

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