Once Upon a Time

Il Était une Fois - Saison 5

Et de cinq ! Cinq saisons pour Once Upon a Time - Il Était une Fois. La série créée par Edward Kitsis et Adam Horowitz n'en finit plus de se voir reconduire années après années et de gagner en popularité alors même que la chaine n'y croyait que très peu lors de son lancement. Avec son socle de personnages principaux attachants et son ambiance toujours aussi féérique, elle continue donc d'explorer les mythes fondateurs et les contes intemporels. Malheureusement, sa cinquième saison, réussie sur certains aspects, déçoit aussi à plus d'un titre tant il semble que Once Upon a Time - Il Était une Fois ne parvienne plus à se renouveler ou faire preuve d'audace. Tout ici ronronne désormais ! 

L'idée de départ de Once Upon a Time - Il Était une Fois est sur le papier fort simple. Il s'agit de faire revivre les personnages de contes de fées, dans deux mondes différents. Pourtant, en mai 2011, lorsqu'ABC annonce la mise en production, nombreux sont les sceptiques qui craignent de voir une série au mieux kitsch et au pire ridicule. Dur d'imaginer, en effet, une série live sur le thème choisi, suffisamment convaincante pour durer sans être niaise ou simplement copiée-collée de films de cinéma récents ; la mode étant, depuis le succès d'Alice au Pays des Merveilles à la réécriture (parfois bien fade et sans réel intérêt) de contes de fées classiques.
Ainsi, et comme chaque année depuis 2011, il est possible de faire un point sur les projets adaptant les contes. L'année 2016 offre à Disney un succès surprise inespéré avec Le Livre de la Jungle. Le film marche en effet au delà des espérances du studio, si bien qu'une suite se prépare déjà, toujours dirigée par Jon Favreau. Paradoxalement, la suite du méga carton Alice au Pays des Merveilles, Alice de l'Autre Côté du Miroir est un flop surprise. Peut-être là le premier signe d'essoufflement pour les adaptations live des anciens films d'animation ? Le nombre de visionnages de la bande-annonce de La Belle et la Bête semble pourtant démontrer le contraire, puisque l'opus porté par Emma Watson parait bien parti pour être le succès Disney de 2017. Et les projets se multiplient encore. Le BGG - Le Bon Gros Géant, adapté d'une histoire de Roald Dahl, réalisé par Steven Spielberg et projeté à Cannes et Peter et Elliott le Dragon, remake du classique de 1977, sont ainsi les deux autres films féériques du studio en 2016.
Les années suivantes, en plus de La Belle et la Bête et du (Le) Livre de la Jungle 2, plusieurs projets plus ou moins fondés sont annoncés : une adaptation de Dumbo par Tim Burton, Pinocchio, Maléfique 2. Mais également un film sur le Génie d'Aladdin, Cruella, Merlin l'Enchanteur ou la séquence de Fantasia Une Nuit sur le Mont Chauve. Et alors que Mary Poppins Returns avec Emily Blunt dans le rôle-titre réalisé par Bob Marshall (Into The Woods : Promenons-Nous Dans les Bois) est officialisé, des rumeurs parlent d'une nouvelle adaptation de La Petite Sirène, des Chroniques de Prydain (Taram et le Chaudron Magique), ou encore d'un film mélangeant l'univers de Peter Pan et d'Alice au Pays des Merveilles...
Mais Disney n'est pas le seul à s'essayer au genre : Andy Serkis planche ainsi sur une adaptation du Livre de la Jungle, Paul Thomas Anderson sur une autre version de Pinocchio avec Robert Downey Jr pour Warner Bros, Guy Ritchie sur la légende du Roi Arthur avec une série de six films, Knights of the Roundtable sans oublier David Yates qui prépare Tarzan.
Du côté de la télévision, en plus de Once Upon a Time - Il Était une Fois, ABC produit la série musicale Galavant mais l'annule au bout de sa seconde saison, tandis que la Fox continue de diffuser Sleepy Hollow, NBC Grimm, The CW Beauty and the Beast et Showtime Penny Dreadful, qui mélangent de la même façon que Once Upon a Time - Il Était une Fois les légendes et mythes londoniens mais de façon bien plus sombre et sanglante. Le téléfilm Descendants aura également droit à une suite en 2017.

Once Upon a Time - Il Était une Fois est ainsi une vétéran du genre et continue son bout de chemin sur ABC. Mais contrairement aux années précédentes, elle ne s'importe pas sur d'autres supports, que cela soit en comics ou spin-off.
Lors de la quatrième saison, la série a basé son histoire sur deux succès majeurs de Disney : La Reine des Neiges et Maléfique. Si ce choix peut se comprendre d'un point de vu marketing, il a tout de même constitué un certain frein pour les scénaristes. Surtout après une saison 3 particulièrement savoureuse qui avait su s'émanciper du schéma classique de la série. Cette cinquième saison semble donc vouloir s'affranchir des erreurs commises en se basant sur des histoires qui ne bénéficient pas forcément d'une mise en lumière récente. La légende du Roi Arthur et la mythologie grecque, avec notamment le personnage d'Hadès, le Roi des Enfers sont donc au programme de la série qui ne se prive pas de faire intervenir certains personnages Disney récents. Les spectateurs retrouveront ainsi et notamment avec plaisir l'univers de Rebelle. Sauf que, et c'est en cela que cette saison se démarque de la précédente, les scénaristes n'en font pas leur intrigue principale. Once Upon a Time - Il Était une Fois n'est de la sorte plus soumis à un quelconque "effet de mode" et son récit s'en sort bien mieux ! 

La première partie de la saison s'inspire donc des légendes arthuriennes, propulsant les personnages de la série dans le mythique royaume de Camelot. Après le cliffhanger de la saison 4, le récit arrive ainsi à sortir de son status quo et proposer des pistes intéressantes. De la même façon que la saison 3 réinventait l'histoire de Peter Pan, l'histoire d'Arthur et de Merlin est, en effet, amalgamée avec celle des personnages principaux de la série, et notamment la mythologie développée autour du "Dark One" ("le Ténébreux").
L'idée est assez captivante pour convaincre et le changement de décor constitue un bel atout. Seulement, malgré cette bonne volonté narrative, les nouveaux personnages introduits dénotent avec le reste du casting. Manquant de charisme pour la plupart, ou aux motivations mal définies, les chevaliers de la table ronde frisent trop souvent le ridicule. Arthur est ainsi assez exaspérant et, même si l'axe choisi autour du personnage est original, a du mal à s'imposer. Il est bien loin du charismatique souverain qu'il était possible d'espérer de lui. D'autres personnages sont en revanche mieux interprétés, bien que leurs représentations puissent parfois faire sourire aux premiers abords, étant trop loin de l'image inconsciente que le public s'en fait...

La deuxième partie de cette cinquième saison met en scène Hadès, le dieu des enfers. Les épisodes s'enchainent alors sans véritablement convaincre. Pour le moins laborieux, rien ne ressort vraiment. Les personnages en sont toujours au même point, à part un ou deux, avec les mêmes raisonnements, et il faut attendre la fin de saison pour voir enfin les scénaristes sortir de leur zone de confort et proposer des scènes marquantes...
Comme à chaque fois d'ailleurs, les deux derniers épisodes laissent présager des choses intéressantes pour la suite. Quel dommage qu'il faille désormais attendre les fins de saison pour retrouver le Once Upon a Time intéressant des trois premières !
Car cette année, même les intrigues secondaires ont de quoi décevoir ! Des personnages vus et connus réapparaissent ou disparaissent et certains nouveaux sont complètement sous-exploités. L'univers de Rebelle fait également son entrée dans la série. Si Mérida est assez géniale et l'ambiance du film d'animation correctement retranscrite, la Princesse est bien vite rattrapée par des séquences absolument ridicules, qui tentent de donner dans l'épique et l'héroïsme, mais sans les moyens nécessaires pour que cela soit simplement crédible. Malgré cela, le personnage de Mérida - il convient de le répéter - est sans aucun doute la bonne surprise de la saison. D'autant plus que les scénaristes ne font pas sur elle la même erreur qu'avec La Reine des Neiges, et la maintiennent en personnage secondaire qui n'accapare pas toute une moitié de saison, comme c'était malheureusement le cas d'Elsa et Anna... À noter d'ailleurs, il s'agit du premier personnage inspiré d'un film Pixar à apparaitre dans la série !  
Cette saison 5 a donc un gout d'inachevé. Sans être fondamentalement mauvaise, les évènements s'y passent, il est vrai, d'une façon assez monotone.

Il est, à l'évidence, grand temps que Once Upon a Time - Il Était une Fois revoit ses ambitions à la hausse ! Mauvaise réalisation, dialogues ratés pour la plupart et rythme mal géré ne sont plus supportables. Les épisodes sont génériques, faits à la chaine et se ressemblent tous. La série utilise toujours les mêmes poncifs et les mêmes mécanismes. Au bout de cinq saisons, cela devient risible. Les craintes de voir en 2011 une série kitsch et ridicule se réalisent désormais... Les personnages n'évoluent que rarement, et ce statu quo insupportable est toujours, toujours rétabli. La série ne fait plus vibrer, elle n'arrive plus à surprendre. La magie disparait peu à peu...
Il convient d'ailleurs de parler également des scènes d'actions. Certes, Once Upon a Time - Il Était une Fois ne cherche pas à faire du Game of Thrones, ou du Penny Dreadful, et c'est tout aussi bien comme cela. Le ton est plus familial et n'a pas à se démarquer par ses scènes d'actions. Mais quand celles-ci sont aussi peu soignées au point de faire sourire de gène son audience, cela enlève une grande crédibilité à la série toute entière. Certaines séquences relatives à Mérida ou à Blanche Neige lors de sa jeunesse en sont à un niveau d'amateurisme assez effrayant tant cela manque de crédibilité. Budget trop faible ou simplement manque de volonté ou de compétence de la part des réalisateurs ? La question est en droit d'être posée...
Car les problèmes ne s'arrêtent pas là. La série arrive parfois à se contredire dans un seul épisode avec deux scènes différentes ! Les incohérences ne sont pas nombreuses en apparence, mais par moment, l'ensemble donne l'impression que toutes les menaces qui pèsent sur Storybrooke ne concernent qu'une vingtaine d'habitants. C'est assez navrant de voir à l'arrière fond d'une scène des passants marcher, quand quelques temps, avant la ville est soit-disant déserte. Comme si la direction artistique était absente.
Once Upon a Time - Il Était une Fois est manifestement en roue libre...

Heureusement, elle peut toujours compter sur son noyau dur de personnages, toujours aussi attachants même lorsqu'ils n'évoluent pas, portés par un casting qui l'est tout autant.
Deux protagonistes se démarquent cette saison : Emma Swan, interprétée par Jennifer Morrison et Killian Jones (Hook), porté par Colin O'Donoghue. Ils bénéficient tous deux d'une belle évolution (pour un temps), et l'alchimie entre eux fonctionne complètement.
D'autres personnages font, en revanche, du surplace : Mary Margaret (Ginnifer Goodwin) et David (Josh Dallas) ont ainsi du mal à exister et se renouveler après quatre saisons. Regina (Lana Parrilla) et Robin Hood (Sean Maguire) sont, pour leur part, égaux à eux-mêmes.
Zelena, incarnée par Rebecca Mader est peut être le personnage évoluant le plus lors de cette saison. Et c'est salutaire ! A contrario, Rumpelstiltskin (Robert Carlyle) retombe éternellement dans les mêmes considérations de la première saison. Lassant et décevant.
Les nouveaux arrivants sont marqués par Liam Garrigan qui incarne le Roi Arthur et Greg Germann, qui interprète Hadès. Le premier manque malheureusement de charisme et peine à offrir au Roi mythique une interprétation mémorable. Son personnage est en plus écrit sans talent, ce qui n'arrange rien, passée la bonne idée de base. Le second, quant à lui, est bien meilleur et sa prestation en tant que Dieu des Enfers, qui s'éloigne complètement de la loufoquerie angoissante du personnage du film d'animation Hercule, arrive à redonner de l'intérêt à la série.
Enfin, Amy Manson est la séduisante Mérida. Délicieusement envoutante avec un sublime accent écossais !

À ce casting globalement réjouissant peut s'ajouter des costumes toujours aussi splendides, quand ceux-ci concernent les personnages principaux. Parfois, certains figurants semblent, en effet sortir tout droit d'un mauvais concours de cosplays ! Les chevaliers de la table ronde notamment en début de saison sont franchement risibles...
Mark Isham est à nouveau derrière la musique et utilise les thèmes maintenant bien ancrés et reconnaissables. Pas de nouveautés vraiment marquantes à ce niveau mais pas non plus de déception. Quelques nouveaux thèmes se révèlent même ici ou là, et sont agréables à l'écoute.
Malgré ses défauts qui sont dommageables, la série dispose toujours autant de son énorme capital-sympathie. Les audiences de la saison 5 assurent un relatif succès pour la chaine ABC qui peine tout de même à trouver un mastodonte sur sa grille. Sans battre les records, Once Upon a Time - Il Était une Fois reste donc une valeur sûre qui lui permet de se voir renouvelée pour une sixième saison. Peut-être la dernière ? C'est à la fois à espérer, de peur de se lasser pour de bon, mais également regrettable tant les possibilités sont infinies si la série se donnait juste les moyens de sortir de ses carcans. Une saison plus courte, un budget revu à la hausse ainsi qu'une véritable direction artistique, une écriture maitrisée et une réalisation digne de ce nom pourraient faire de Once Upon a Time - Il Était une Fois une superbe série fantastique. Mais ABC en a-t-elle seulement la volonté ? Rien n'est moins sûr !

La saison 5 de Once Upon a Time - Il Était une Fois oscille entre le bon et le quelconque. Malgré ses excellentes idées, elle est toujours plombée par son coté formel, générique et impersonnel allié à un manque d'ambition flagrant qui l'empêche d'exploiter tout son potentiel. Ni fait, ni à faire.