Once Upon a Time

Il Était une Fois - Saison 6

Avec sa sixième saison, Once Upon a Time - Il Était Une Fois peut se targuer d'être une série qui dure ! Surtout à une époque où la majorité des séries ABC Studios ne dépasse pas les premières saisons. Paradoxalement, la création d'Edward Kitsis et Adam Horowitz a de plus en plus de mal à convaincre malgré la "fanbase" importante que le programme conserve d'année en année. Cette saison est néanmoins une vraie bouffée d'air frais dans l'histoire de la série. Certes, les défauts sont toujours flagrants, mais le capital-sympathie de l'ensemble est suffisamment important pour convaincre ; mieux encore, le récit s'éparpille bien moins et recentre son intrigue sur les personnages principaux. 

L'idée de départ de Once Upon a Time - Il Était une Fois est sur le papier fort simple. Il s'agit de faire revivre les personnages de contes de fées, dans deux mondes différents. Pourtant, en mai 2011, lorsqu'ABC annonce la mise en production, nombreux sont les sceptiques qui craignent de voir une série au mieux kitsch et au pire ridicule. Dur d'imaginer, en effet, une série live sur le thème choisi, suffisamment convaincante pour durer sans être niaise ou simplement copiée-collée de films de cinéma récents ; la mode étant, depuis le succès d'Alice au Pays des Merveilles à la réécriture (parfois bien fade et sans réel intérêt) de contes de fées classiques.
Ainsi, et comme chaque année depuis 2011, il est possible de faire un point sur les projets adaptant les contes. En 2017, Disney sort le mastodonte attendu La Belle et la Bête avec Emma Watson et Dan Stevens en têtes d'affiche. Le film propose une retranscription assez semblable du film d'animation de 1991 tout en rajoutant des éléments inédits bienvenus et rapporte au studio pas moins d'un milliard deux cents millions de dollars au box office mondial. Un franc succès qui continue de démontrer la popularité des adaptations de contes de fées et des films fantastiques au cinéma. Le futur semble ainsi radieux pour The Walt Disney Company qui a déja de nombreux projets officialisés. Sortiront ainsi les prochaines années Un Raccourci dans le Temps, l'adaptation du livre pour enfants publié en 1962 par Madeleine L'Engle. Christopher Robin, qui revisitera l'histoire de Winnie l'Ourson avec Ewan McGregor pressenti dans le rôle titre. Casse-Noisette et les Quatre Royaumes, une nouvelle version du conte Casse-Noisette, et Mary Poppins Returns, la suite du classique de Disney. Mais également Dumbo par Tim Burton en prise de vue réelle, Artemis Fowl, inspiré des écrits d'Eoin Colfer par Kenneth Branagh et Aladdin par Guy Ritchie. Ce dernier a d'ailleurs sorti en 2017 chez Warner Bros son film inspiré du mythe arthurien, Le Roi Arthur - La Légende d'Excalibur, qui devait compter pas moins de cinq suites... avant son échec en salles ! Car Disney n'est évidemment pas le seul studio à miser sur les contes et les légendes.
Les projets vont ainsi de bon train, avec toujours chez Mickey, une nouvelle adaptation de La Petite Sirène, des Chroniques de Prydain (Taram et le Chaudron Magique), ou encore d'un film mélangeant l'univers de Peter Pan et d'Alice au Pays des Merveilles...
Du coté de la télévision, Descendants 2 marche encore mieux que son ainé tandis que Once Upon a Time - Il Était Une Fois, désormais une vétéran du genre, continue son bout de chemin sur ABC.

Contrairement aux années précédentes, la série ne base pas toute son intrigue sur un conte en particulier ou un personnage. Cette habitude, prise à partir de la troisième saison, a montré ses forces et ses faiblesses. Forces, lors justement de la saison 3 et les univers de Peter Pan et du monde d'Oz. Faiblesses, avec la quatrième et cinquième saisons et l'intégration un peu forcée de la Reine des Neiges ou du mythe arthurien. Once Upon a Time - Il Était Une Fois change donc de direction, avec une saison qui n'est pas sans rappeler les deux premières. Cette situation permet d'emblée d'offrir, dans le rythme et l'écriture, un peu de renouveau au téléspectateur plus ou moins lassé par la série. Cette dernière se recentre en effet sur son socle de personnages principaux. Des personnages connus depuis maintenant six ans, attachants et disposant d'un capital-sympathie important. Cette sixième saison permet ainsi de clore certains arcs narratifs et d'offrir même à certains de leurs protagonistes une belle conclusion. Sept personnages se distinguent ainsi cette saison : Emma Swan, Killian Jones, David et Blanche Neige, Regina, Rumplestiltskin et dans une moindre mesure, Zelena. Ils forment le fer de lance de la série, certains d'ailleurs depuis le début. Autour d'eux interviennent des anciennes et nouvelles recrues mais sans jamais prendre l'ascendant. Le développement de ces têtes d'affiches est ainsi au centre de la saison. A ce titre, ils bénéficient tous d'une évolution appréciable. Surtout après des années à tourner en rond et à toujours revenir à l'éternel status quo. Les choses bougent enfin et pour de bon cette fois-ci. 
Le couple formé par Emma et Killian gagne dès lors en profondeur. Regina poursuit sa quête de rédemption d'une façon surprenante et vraiment bien sentie. Le couple des « Charming » (Blanche Neige et David), est certes, toujours égal à lui-même, mais propose des moments touchants. Enfin, Rumplestiltskin et Zelena, habitués à faire du sur-place depuis quelques saisons, sont quelque peu bousculés et sortent de leur zone de confort.
Naturellement, le casting est toujours aussi convaincant. les acteurs connaissent leurs partitions sur le bout des doigts après des années à la jouer. Lana Parrilla, interprête de Regina, se démarque tout de même de l'ensemble et offre sans doute la meilleure performance de la saison. 

Autour d'eux, de nouveaux personnages font également leurs apparitions pour un épisode ou plusieurs. Once Upon a Time - Il Était Une Fois puise pour cela dans les contes de fées traditionnels, mais aussi dans les mythes et les légendes ou encore dans les classiques de la littérature ! Un vent de fraîcheur souffle ainsi sur Storybrooke avec l'apparition du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde d'après Robert Louis Stevenson ; d'Edmond Dantès, héros du roman Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas ou encore du Capitaine Nemo, issu de Vingt Mille Lieues Sous les Mers de Jules Verne et déjà vu dans l'une des toutes premières productions live de Disney ! Naturellement, ils ne sont pas les seuls à se faire inviter dans la saison, mais en dresser une liste trop complète ne servirait qu'a gâcher le plaisir de découvrir qui est qui...
Cette profusion de nouvelles têtes se justifie par l'apparition d'un élément inédit dans le récit, et ce, dès le premier épisode : le monde des histoires non racontées, ou « The Land of Untold Stories » qui s'écrase à Storybrooke grâce à un ballon dirigeable. Et ce monde a une inspiration flagrante, celle du steampunk !
Le steampunk est un genre inspiré d'auteurs du XIXème siècle tels que Jules Verne ou H. G. Wells, dont les histoires se passent dans un XIXème siècle prédominé par la révolution industrielle. Le steampunk est de la sorte un monde uchronique dans lequel l'utilisation de toutes les machines inventées lors de la révolution industrielle permettent des innovations dépassant l'entendement. Le style se développe dans la littérature, le cinéma et également dans les séries. La présence des matériaux de cet époque, machine à vapeur, rouages et cuivre en tête offre alors au genre un aspect reconnaissable facilement et au charme certain. Disneyland Paris lui consacre notamment un Land tout entier, Discoveryland.
En intégrant cet élément dans la série, Once Upon a Time - Il Était Une Fois se dote donc d'un nouveau style en adéquation totale avec les intrigues inédites mises en place.

Les nouveaux personnages sont d'ailleurs légions cette année tandis que la série sait aussi en réintroduire des anciens. Si certains ne manquaient pas au téléspectateur, d'autres refont des apparitions remarquées et plus qu'appréciables tant ils apportent une vraie force à l'intrigue. Il existe par contre un cas de figure assez étrange qu'il est difficile d'excuser. En effet, Once Upon a Time - Il Était Une Fois lors de cette sixième saison adapte le conte d'Aladdin avec la présence du héros, de Jasmine et de Jafar. Or, Jafar et l'histoire d'Agrabah étaient au centre du malheureux spin-off Once Upon a Time in Wonderland. Il était alors interprété par Naveen Andrews qui apportait au personnage une classe indéniable (et constituait ainsi une des seules qualités de la série). Le personnage fait pourtant son entrée dans la saison 6 sous les traits d'Oded Fehr. Si le comédien est tout aussi talentueux et propose une version réussie du sorcier, un changement d'acteur est toujours préjudiciable, surtout quand il est aussi flagrant. Certes, ceux n'ayant pas suivi Once Upon a Time in Wonderland n'y verront que du feu, mais pour les autres, il est difficile de passer outre. Et cela ne s'arrête pas là ! Le personnage affiche, en effet, des motivations complètement différentes de celles vues dans le spin-off. Faut-il y voir un semblant d'aveux de la part des créateurs de ne plus considérer Once Upon a Time in Wonderland comme étant canon et liée à la série mère ? Cela ne serait pas étonnant au vu de sa médiocre qualité et son échec d'audience. Les incohérences ont toujours fait partie du monde de Once Upon a Time - Il Était Une Fois, mais celle-ci fait assurément partie des plus énormes !

Après une saison traitant du (des) ténébreux(s) (« The Dark One »), la série développe désormais sa mythologie autour de la notion du (des) Sauveur(s) (« The Savior »). Il existait autour de cet élément une grande part de mystère, alors même qu'il était présent depuis le début, en plus d'être déterminant aux premiers dénouements. Autour de ce concept abstrait et ne pouvant parler qu'aux connaisseurs de Once Upon a Time - Il Était Une Fois, les scénaristes arrivent à écrire une trame intéressante qui donne des réponses à de nombreuses questions laissées en suspens. Encore mieux, la perception faite de certains personnages change du tout au tout. La série sait donc développer une intrigue qui lui est propre sans avoir recours à d'autres histoires ou contes. Ce qui frappe également lors de cette saison 6, c'est sa capacité de vite se défaire d'un élément ou d'une trame pouvant être perçus a priori comme important pour le téléspectateur. La série arrive ainsi quelques fois à surprendre et les scénaristes s'amusent à amener leur public dans une direction pour mieux changer de cap par la suite.  

Cette saison, Once Upon a Time - Il Était Une Fois s'essaye également à l'épisode musical. De nombreuses séries depuis des années se prêtent, il est vrai, au jeu. Buffy Contre les Vampires, créée par Joss Whedon, est précurseur du genre avec l'épisode Once More With Feelings en 2001. Il y a bien eu quelques essais avant (notamment sur la série Xena : Princesse Guerrière !), mais l'épisode, écrit réalisé et composé par Joss Whedon est sans aucun doute une référence indétrônable en la matière, ayant réussi à utiliser le style même du genre pour remettre en question toutes les relations entre les personnages. Depuis, de nombreuses séries à succès réitèrent l'expérience avec plus ou moins de succès. How I Met Your Mother, Oz, Supernatural, Community, The Flash ou bien chez ABC Scrubs : Toubib Or Not Toubib ! et Grey's Anatomy : À Cœur Ouvert sans oublier naturellement les séries entièrement musicales, comme Glee et Galavant.
Rien de surprenant de voir Once Upon a Time - Il Était Une Fois rejoindre la liste avec un épisode dont la musique est composée par le compositeur attitré de la série, Mark Isham, et dont les chansons sont écrites par Alan Zachary and Michael Weiner. Si la justification de la présence du chant sert le scénario de façon bien pratique (comme c'est souvent le cas dans la série), le coté Broadway assumé permet aux chansons d'être particulièrement agréables, en plus de bénéficier du talent insoupçonné des principaux interprètes ! Colin O'Donoghue (Hook) et Rebecca Mader (Zelena) sont à ce titre bluffants et quelques compostions ressortent du lot : Powerful Magic, Revenge Is Gonna Be Mine et Wicked Always Wins notamment. Dans l'ensemble, toutes les chansons s'intègrent parfaitement à l'épisode, remplies d'autodérision, d'humour ou de douceur. S'il a souvent été dit que l'écriture est parfois un point faible de la série, pour le coup, l'exercice de style est réussi, ni trop long, ni trop court, et bien sympathique !

Le double épisode final est aussi un point fort de cette saison. C'est d'ailleurs souvent le cas dans la série. Once Upon a Time - Il Était Une Fois propose, il est vrai, des fins de saisons réussies et qui sortent des sentiers battus. Encore plus cette fois ci, car le final est digne non pas d'un final de saison mais d'un final de série ! Les intrigues principales s'achèvent (pour la plupart), et c'est avec une légère émotion qu'il aurait été agréable de dire au revoir à Once Upon a Time - Il Était Une Fois... Avant que le cliffangher de fin ne change la donne, évidemment !
Au rang des qualités, il est aussi possible de parler des costumes, magnifiques et rivalisant sans problème avec certaines créations vues au cinéma. C'est étonnant de voir à quel point les artistes œuvrant sur la série arrivent à placer la barre de plus en plus haut chaque année concernant ce point, quand parfois il est reproché justement au reste d'être bon marché dans son ensemble. La musique de Mark Isham est toujours aussi agréable à entendre, en plus des quelques thèmes signés Alan Menken que la série reprend, notamment ceux de La Belle et la Bête. La parenté avec les films Disney n'est plus cachée dans la série !
Enfin, il est toujours agréable de retrouver cette ambiance féérique et mystique. Trop souvent, elle a été gâchée par l'écriture ou les situations ridicules lors des précédentes saisons ! Bien qu'il soit depuis le début sa marque de fabrique, ce medley fantastique de dizaines et dizaines d'histoires connues et intemporelles reste un point fort de la série. 

À coté de cela, les défauts demeurent bien présents dans Once Upon a Time - Il Était Une Fois. Ce sont d'ailleurs plus ou moins toujours les mêmes. Effets spéciaux faiblards, dialogues peu inspirés, résolutions faciles...
Des carcans dont la série n'arrive décidément pas à se défaire. Si le téléspectateur, légèrement blasé, ferme les yeux devant nombre d'entre eux, d'autres sont toujours aussi préjudiciables et difficilement excusables. La série a ainsi régulièrement recours à des deus ex machina pour régler ses conflits. Il faut dire que trop souvent les scénaristes sont dans la surenchère dramatique, à toujours chercher à enfoncer un peu plus leurs héros dans une situation d'où il est quasi-impossible de s'extraire. Mais à trop vouloir rendre l'intrigue complexe, les solutions sont souvent en deça des promesses annoncées. C'est là la limite des séries d'antan composées de plus de vingt épisodes. Il faut faire tenir l'intrigue debout pendant de (trop) nombreux épisodes et accrocher chaque semaine le téléspectateur pour qu'il ait une raison de revenir la suivante ! Ainsi, des conclusions laissent un goût amer, avec des justifications qui n'arrivent pas à convaincre et sont bien trop faciles.
L'autre grand souci reste la composition de certaines scènes. Il arrive, en effet parfois que les séquences soient mal conçues et montrent un personnage à un endroit où il pourrait intervenir sur l'action qui est en train de se passer mais ne le fait pas. L'exemple le plus frappant concerne des passages où un antagoniste menace un héros tandis qu'un autre de ces héros, situé derrière l'agresseur, reste inactif... Des situations, assez régulières, qui empêchent de s'investir dans la scène et sont tout simplement ridicules. 

Lors de son lancement, Once Upon a Time - Il Était Une Fois a su faire les beaux jours d'ABC avec des audiences fédératrices. D'années en années, ces dernières ont néanmoins connu de nombreuses baisses et la saison 6 ne déroge pas à la règle. Pour la cinquième saison, l'audience moyenne était en effet de 4,39 millions de téléspectateurs. Pour la sixième, d'environ 3,15 millions seulement. Également, il est intéressant de se pencher sur les premiers et derniers épisodes. Et rebelotte, l'audience est en forte baisse... Pour la saison 5, près de 6 millions de téléspectateurs étaient devant le premier épisode, et 4,07 pour le double épisode final. Pour la saison 6, cela descend à 3,99 millions pour le premier et 2,95 millions pour le double épisode final. Les audiences sont quasiment en baisse constante d'épisodes en épisodes... La saison 6 est donc un échec sur ce critère.
Comment expliquer ce désintérêt massif des spectateurs ? Tout d'abord, la qualité de la série évidemment. Après plusieurs saisons loin de faire l'unanimité, bon nombre de personnes ont décroché. Mais la case horaire attribuée à la série peut également être un facteur. En effet, Once Upon a Time - Il Était Une Fois est diffusée le dimanche soir. Hors, au même moment sur CBS passe NCIS : Los Angeles, qui est à plus de 12 millions de téléspectateurs en moyenne !
Face à ces chiffres, tout pouvait laisser croire que la saison 6 de Once Upon a Time - Il Était Une Fois serait la dernière. Pourtant, à la surprise générale, ABC commande une septième saison avec deux changements majeurs. D'une, la case horaire, puisque la série migre le vendredi soir ; de deux, le statut de "soft-reboot" de cette saison 7.
Sans être un véritable reboot qui repart à zéro, une grande majorité du casting ne rempile pas pour laisser place à de nouveaux personnages et à de nouvelles histoires, ou du moins, de nouvelles interprétations d'histoires connues. En plus de cela, ABC annonce que cette saison 7 sera également la dernière. De quoi offrir une bonne conclusion à la série ? C'est à espérer ! 
Quoiqu'il en soit, cette sixième saison est donc l'occasion de voir pour une dernière fois de nombreux protagonistes et acteurs. Certains ont eu une conclusion satisfaisante, d'autres méritent assurément un ou deux épisodes pour pouvoir tourner la page dignement. Réponse en 2017....

Once Upon a Time - Il Était Une Fois n'est pas une très bonne série. Mais elle a pour elle des personnages attachants et des interprètes géniaux. Parfois, cela ne suffit pas et l'ensemble est frustrant voire horripilant. Parfois, cela suffit, comme pour cette sixième saison. Quelques bonnes idées en plus et des légères prises de risque offrent ici un spectacle agréable à suivre. Un plaisir coupable assumé mais, c'est dit et c'est à redire, dont la sympathie et l'ambiance féérique arrivent à transporter par moments. Somme toute, ce n'est déjà pas si mal.