When We Rise
L'affiche
Titre original :
When We Rise
Production :
ABC Studios
Date de diffusion USA :
27 février 2017 - 03 mars 2017
Genre :
Docu-Fiction
Création :
Dustin Lance Black
Musique :
Chris Bacon
Danny Elfman
Durée :
336 minutes

Liste et résumés des épisodes

1. Part I
Genre : Épisode télé
Série : When We Rise
Saison 1 Épisode 1
Date de diffusion USA : Le 27 février 2017
Réalisé par : Gus Van Sant
Durée : 84 minutes
En 1972, Cleve, Ken et Roma arrivent à San Francisco sans se douter que leurs routes vont se croiser…
2. Part II
Genre : Épisode télé
Série : When We Rise
Saison 1 Épisode 2
Date de diffusion USA : Le 1er mars 2017
Réalisé par : Dee Rees
Durée : 42 minutes
En 1978, la « Proposition 6 » menace les professeurs homosexuels et ceux qui les soutiennent…
3. Part III
Genre : Épisode télé
Série : When We Rise
Saison 1 Épisode 3
Date de diffusion USA : Le 1er mars 2017
Réalisé par : Dee Rees
Durée : 42 minutes
En 1981, le virus du SIDA commence à se propager chez les hommes homosexuels…
4. Part IV
Genre : Épisode télé
Série : When We Rise
Saison 1 Épisode 4
Date de diffusion USA : Le 02 mars 2017
Réalisé par : Thomas Schlamme
Durée : 42 minutes
En 1992, alors qu'il est malade, Cleve se bat pour que les malades du SIDA aient accès aux soins…
5. Part V
Genre : Épisode télé
Série : When We Rise
Saison 1 Épisode 5
Date de diffusion USA : Le 02 mars 2017
Réalisé par : Thomas Schlamme
Durée : 42 minutes
En 1997, Cleve est consterné par les mesures du gouvernement Clinton à l'égard des LGBT…
6. Part VI
Genre : Épisode télé
Série : When We Rise
Saison 1 Épisode 6
Date de diffusion USA : Le 03 mars 2017
Réalisé par : Dustin Lance Black
Durée : 42 minutes
En 2008, la « Proposition 8 » empêche les couples de même sexe de se marier…
7. Part VII
Genre : Épisode télé
Série : When We Rise
Saison 1 Épisode 7
Date de diffusion USA : Le 03 mars 2017
Réalisé par : Dustin Lance Black
Durée : 42 minutes
En 2010, une série de procès s'engage pour rendre la « Proposition 8 » anticonstitutionnelle...

La critique

rédigée par
Publiée le 27 mars 2017

When We Rise est une mini-série docu-fiction créée par Dustin Lance Black et produite par ABC Studios. Les sept épisodes du show ont été diffusés sur la chaîne ABC entre le 27 février 2017 et le 3 mars 2017.

When We Rise retrace l'histoire des luttes sociales de la communauté LGBT étasunienne, qui s'est battue pendant plusieurs décennies pour obtenir le droit d'être reconnue, entendue, et écoutée. En 1971, deux années après les émeutes de Stonewall, quatre jeunes activistes emménagent ainsi à San Francisco sans se douter un seul instant que leurs routes vont se croiser et qu'ils vont lutter ensemble pour leurs droits durant plus de quarante ans.

Dustin Lance Black, le créateur de la série et le réalisateur des deux derniers épisodes de When We Rise, est né le 10 juin 1974 à Sacramento, dans l'état de Californie aux États-Unis. Il découvre très jeune qu'il est homosexuel, mais le contexte social américain des années 80 et la tradition mormone de sa famille feront qu'il aura beaucoup de mal à vivre sereinement sa sexualité. Cependant, son enfance compliquée et son malaise adolescent le marqueront durablement, au point qu'il consacrera sa carrière et sa vie à militer pour les droits de la communauté LGBT. En 1993, Dustin Lance Black intègre la prestigieuse Université de Californie (UCLA), dans le programme de théâtre, film et télévision dont il ressort trois ans plus tard, auréolé des félicitations du jury.

Dustin Lance Black débute officiellement sa carrière cinématographique en 2000, en écrivant et réalisant le court-métrage Something Close to Heaven et le film The Journey, deux œuvres dans lesquelles il explore la difficulté d'appréhender une sexualité s'écartant des schémas hétérosexuels traditionnels. En 2002, il écrit et produit plusieurs épisodes de la série Faking It (MTV), un show dans lequel deux jeunes adolescentes font semblant d'être lesbiennes pour attirer l'attention, jusqu'à ce que l'une d'entre elles tombe réellement amoureuse de l'autre. Mais c'est véritablement en 2008 que Dustin Lance Black se fait connaître du grand public, en écrivant le scénario du film Harvey Milk. L'opus, réalisé par Gus Van Sant et mettant en vedette Sean Penn, retrace ainsi l'histoire de Harvey Milk, le tout premier homme politique ouvertement homosexuel à avoir siégé au poste de superviseur de la ville de San Francisco en 1978, avant d'être assassiné quelques mois plus tard. Harvey Milk sera nommé huit fois aux Oscars en 2009 et récompensé par deux statuettes, celle du meilleur acteur pour Sean Penn et celle du meilleur scénario original. En 2010, Dustin Lance Black travaille sur la série à succès de HBO, Big Love, qui raconte l'histoire d'une famille de mormons puis se lance peu de temps après dans l'écriture de 8, une pièce de théâtre traitant de la « Proposition 8 », un projet de loi voté par référendum en 2008 visant à empêcher les couples de même sexe de se marier dans l'état de Californie. Dustin Lance Black fait ensuite une pause pour travailler durant plusieurs années sur le scénario de When We Rise.

En 2006, alors qu'il souhaite écrire le livret d'un opéra rock traitant des ravages du virus du SIDA, Dustin Lance Black s'envole pour Palm Springs afin d'interviewer Cleve Jones, l'un des activistes homosexuels américains les plus célèbres. Dans les années 70, alors qu'il vient tout juste d'arriver à San Francisco, le jeune Cleve Jones rencontre en effet par hasard Harvey Milk. Devenu ami avec le futur politicien, il travaille plusieurs années à ses côtés jusqu'à son élection au poste de superviseur de la ville de San Francisco, le 8 janvier 1978. Devenu très proche de Milk, Cleve Jones faillit perdre espoir en la cause LGBT lorsque le politicien est assassiné par Dan White, le 27 novembre 1978. Pourtant, la découverte de son infection au virus du VIH quelques années plus tard le fait lutter encore plus ardemment pour que la communauté LGBT puisse avoir le droit d'accéder aux soins médicaux. L'opéra rock envisagé par Dustin Lance Black ne verra  alors jamais le jour mais de cette rencontre naîtront les projets de Harvey Milk et de When We Rise...

En 2013, Dustin Lance Black apprend par hasard qu'ABC souhaite développer un programme tournant tout entier autour de la thématique de la communauté LGBT. Au terme d'une rencontre avec les équipes exécutives de la chaîne, il se voit proposer l'opportunité de développer son projet durant un an. Dustin Lance Black est alors véritablement surpris de cette proposition : ABC n'était, pour lui, pas du genre à se frotter à ce genre de projets, éminemment polémiques pour un média grand public. Il est également soucieux de l'intégrité de son scénario, confiant ses craintes que la chaîne ne rende le show trop lisse, alors même que son but premier est de retracer les événements historiques avec le plus d'authenticité possible. Pourtant, ABC et le scénariste parviennent vite à un consensus concernant les scènes de sexe et la violence de la série. La seule chose sur laquelle Black ne souhaite faire aucun compromis sont les insultes ; dans les années 60 et 70, le terme de « faggot » ou « fag »  était en effet couramment utilisé pour insulter les hommes homosexuels, au point que ces derniers le récupérèrent par la suite comme symbole des violences endurées durant ces années. Le scénariste veut donc à tout prix utiliser ce mot dans When We Rise, tant pour l'authenticité du récit que pour le symbole fort véhiculé par l'insulte. Les pourparlers sont alors difficiles avec la chaîne et Dustin Lance Black obtient le droit d'utiliser seulement une fois par heure le mot « faggot ». Il s'agit là d'un véritable exploit puisque l'insulte fait partie des tabous les plus absolus des télévisions gratuites. En vérité, la production de When We Rise elle-même est un événement télévisuel historique, ABC devenant la toute première chaîne grand public à proposer à ses téléspectateurs un programme racontant les luttes sociétales de la communauté LGBT.

Dustin Lance Black trouve rapidement l'inspiration pour écrire son scénario : il a en effet conservé précieusement les enregistrements sonores de son entrevue avec Cleve Jones, qu'il avait rencontré sept années auparavant. Une phrase de l'activiste, plus que toute autre, l'a d'ailleurs marquée au fer rouge : « Dis-moi, qu'est-ce que cela fait de faire partie de la première génération de ce pays qui n'a aucune aspiration ? Et qu'est-ce que tu vas faire pour changer ça ? ». La phrase, évidemment provocante, n'a pas été glissée par Cleve Jones par hasard. Jones savait alors pertinemment qu'il avait en face de lui un homme capable de faire évoluer les mentalités : et il ne s'est pas trompé, cette entrevue entre Dustin Lance Black et Cleve Jones servant de fil conducteur à la série When We Rise. Le téléspectateur voit en effet, dès l'introduction de la série, un jeune homme assis face à Cleve Jones, interprété par Guy Pierce. Durant les cinq premiers épisodes, il entreprend alors de retracer les moments forts de son engagement politique et sociétal des années 70 jusqu'en 2006, en concluant par la phrase coup de poing que Cleve Jones avait asséné à Black : « Qu'est-ce que tu vas faire pour changer ça ? ». En plus de cette premières entrevue datant de 2006, de nombreuses rencontres entre le scénariste et les véritables activistes auront également lieu durant les trois années de recherches nécessaires à l'écriture de When We Rise.

Les évènements relatés par When We Rise s'étalent donc du début des années 70 jusqu'à l'année 2015, l'année de la légalisation du mariage entre deux personnes du même sexe sur tout le territoire des USA. Dustin Lance Black choisit en effet de situer l'action de sa série dans la continuité des émeutes de Stonewall, qui sont unanimement considérées aujourd'hui comme la pierre angulaire de la lutte pour les droits civiques de la communauté LGBT. À la fin des années 60, le bar Stonewall, situé dans le Greenwich Village de Manhattan, était le bar homosexuel clandestin le plus connu et le plus fréquenté. Ses gérants, qui faisaient partie de la mafia et qui voyaient dans la communauté LGBT une large clientèle, accueillaient les hommes homosexuels, les lesbiennes mais aussi les drag queens et les transgenres. Cependant, dans ces années-là, les bars du Greenwich Village étaient souvent les théâtres de violentes descentes de police : les policiers y arrêtaient ainsi quiconque était habillé avec des vêtements de l'autre sexe, ne pouvait pas prouver son identité ou était soupçonné d'être homosexuel. Les patrons mafieux du Stonewall parvenaient à éviter régulièrement les raids de police en soudoyant les agents. Mais la descente de police du 28 juin 1969 ne put être évitée et allait marquer l'histoire d'une pierre blanche. Alors que les policiers commençaient à vérifier le sexe des individus habillés avec des vêtements féminins, les autres clients du bar refusèrent de coopérer, se tenant par la main et commençant à chanter. Le point culminant de la soirée est atteint lorsqu'une femme lesbienne menottée est frappée par un officier de police. Se relevant, elle lance un appel à l'aide à la foule, composée des clients du bar mais également des voisins du Greenwich Village rameutés par le bruit. La situation devient alors explosive : c'est l'une des premières fois que la communauté LGBT se dresse aussi massivement contre les maltraitances infligées par la police. Ces hommes et ces femmes, toujours forcés de cacher leur sexualité pour ne pas être inquiétés, élèvent enfin la voix dans la rue pour dénoncer cette chasse aux sorcières commanditée par le gouvernement. D'autres descentes de police ont encore lieu dans les bars gays les années suivantes, mais une véritable révolution est contenue en germe dans les émeutes du 28 juin 1969. Aujourd'hui, la Gay Pride, un évènement majeur pour la communauté LGBT, célèbre chaque année les émeutes de Stonewall, véritable catalyseur des luttes pour l’acquisition de l'égalité.

Dustin Lance Black a choisi dans When We Rise de ne pas revenir sur les émeutes du Stonewall mais plutôt de se concentrer sur les luttes qui suivirent cet évènement majeur. Cela s'explique en premier lieu par la dimension éminemment polémique de ces émeutes, qui sont encore vues par les anti-mouvement LGBT comme des actes de violence gratuite perpétrés à l'égard des policiers. Un épisode entièrement centré sur les évènements de Stonewall aurait dès lors considérablement plombé le show auprès d'un large public, surtout s'il était présenté dès le début de la série. La démarche de Black, tout comme celle d'ABC, était au contraire précisément de proposer une série susceptible de plaire au plus grand nombre de téléspectateurs. Pour ce faire, le scénariste a donc décidé de raconter les tournants marquants de l'histoire LGBT étasunienne à travers l'engagement sociétal de quatre activistes, pour s'assurer d'un attachement émotionnel du téléspectateur beaucoup plus fort. D'autre part, raconter l'histoire de la communauté post-Stonewall permettait de montrer que, si les émeutes avaient bousculé les consciences, tout restait encore à faire.

When We Rise suit majoritairement le parcours de Cleve Jones, jeune activiste homosexuel débarqué fraîchement à San Francisco au début des années 70 après son coming-out. Le père de Cleve Jones, psychologue dans l'état d'Indiana, a longuement travaillé sur l'homosexualité, qu'il considérait suite au travaux de Charles Socarides comme une maladie mentale qui pouvait être traitée grâce à une thérapie et des traitements d’électrochocs. Cette pratique de torture physique et mentale, appelée « thérapie de conversion » est par ailleurs aujourd'hui encore encouragée par plusieurs membres de la communauté chrétienne des États-Unis, des « centres de conversion » existant toujours sur le territoire américains ainsi que dans les pays émergents du monde. Cleve Jones choisit donc de partir pour San Francisco au lieu de subir cette thérapie inhumaine préconisée par son père. Arrivé sur place, Cleve Jones est l'un de ceux qui se battent pour que Harvey Milk soit élu superviseur de San Francisco. Par la suite, il découvre dans les années 80 qu'il est atteint du virus du SIDA et mène de front le « NAMES Project », un projet dans lequel quiconque a connu une personne emportée par le virus du SIDA est invité à coudre le nom du défunt sur un édredon géant. Il participe également aux grandes manifestations de 2008 en Californie, quand la "Proposition 8" est votée, interdisant les mariages entre personnes du même sexe. Dans la série When We Rise, le jeune Cleve Jones est interprété magistralement par Austin P. McKenzie puis, lorsque le personnage vieillit, par le formidable Guy Pierce.

When We Rise présente également l'histoire de Roma Guy et de Diane Jones, deux activistes lesbiennes féministes. Roma Guy et Diane Jones ont travaillé près de dix années en Afrique avant de venir s'installer à San Francisco dans les années 70. Là, elles fondent ensemble le « Women's Building », ainsi que plusieurs autres centres communautaires spécialement dédiés aux femmes. Par la suite, Roma Guy travaille au Département de la Santé où elle porte des projets visant à rendre les soins accessibles à tous, peu importe le sexe, l'orientation sexuelle ou l'ethnie. De son côté, Diane Jones est, dans les années 80, infirmière dans un hôpital et tente de soigner au mieux les malades du VIH. Elles ont ensemble une fille, née d'une insémination artificielle de Diane. Ce sont les actrices Emily Skeggs et Mary-Louise Parker qui campent le personnage de Roma Guy tandis que Diane Jones est, elle, interprétée respectivement par Fiona Dourif et par Rachel Griffith. Les quatre actrices font un travail proprement remarquable pour incarner ces deux figures emblématiques du féminisme moderne.

Finalement, When We Rise propose également de suivre la touchante histoire de Ken Jones, un officier de la Marine et qui a combattu au Vietnam. Afro-américain et gay, Ken Jones subit de plein fouet les les violences racistes, anti-guerre et homophobes lorsqu'il est réaffecté par la Marine à San Francisco. Victime de racisme au sein même de la communauté gay, Ken Jones se penche alors vers un activisme intersectionnel, c'est-à-dire concentré sur les personnes subissant plusieurs formes de discriminations différentes, comme les femmes afro-américaines ou encore les personnes transgenres. Travaillant avec les sans-abris, Ken Jones est diagnostiqué séropositif dans les années 80 en même temps que son compagnon de l'époque. Après la mort de ce dernier, Ken Jones perd son travail et sa maison. Entraîné dans une spirale infernale, Ken Jones trouve le réconfort ultime dans la foi catholique. Ce sont respectivement Jonathan Majors et Michael Kenneth Williams qui incarnent Ken Jones et qui, à l'instar des autres acteurs principaux, sont extrêmement justes. Une myriade d'autres personnages vient compléter la fresque historique que se propose de dresser When We Rise, et chaque acteur y est meilleur que le précédent : Whoopi Goldberg, Carrie Preston, T.R. Knight, Rosie O'Donnell, Dylan Walsh ou encore Denis O'Hare forment ainsi l'un des ensembles d'acteurs les plus prestigieux jamais rassemblé dans une série télévisée.

Série historique dans son thème pour ABC, When We Rise se permet donc d'aborder sans aucun tabou les tournants majeurs de la lutte des communautés opprimées pour l'accession à l'égalité. En vérité, elle acquiert une dimension proprement universelle, dès lors que le téléspectateur prend en considération que les grandes luttes LGBT étasuniennes ont donné le ton à quantité de révoltes pour l'égalité sociale dans d'autres pays occidentaux. Si Dustin Lance Black s'est probablement égaré lorsqu'il annonçait « une série que même les partisans de Donald Trump pourraient aimer », il n'en reste pas moins que la majorité des téléspectateurs trouvera largement son compte dans When We Rise. Bien que la communauté LGBT soit aujourd'hui l'une des plus rassembleuses, il n'en a pas toujours été ainsi. Le show le démontre d'ailleurs, puisque dans les années 70 et 80, lesbiennes et homosexuels n'avaient pas véritablement l'habitude de se rassembler : les hommes luttaient ainsi pour ne plus avoir à cacher leur sexualité, quant les lesbiennes concentraient en priorité leurs efforts sur les luttes féministes. Roma Guy est d'ailleurs l'incarnation de ces dissensions, hésitant parfois largement à prêter main forte à Cleve, ayant elle-même d'autres combats à mener. Ken, de son côté, se sentira quelque peu mis à l'écart de la communauté LGBT à cause de son ethnie. Alors qu'il s'occupe de jeunes sans-abris, le jeune homme constate rapidement que les personnes transgenres sont elles aussi laissées de côté : de là, naîtra sa volonté de rassembler les communautés en luttant de toutes ses forces pour la cause intersectionnelle. Le téléspectateur contemporain a ainsi toutes les chances de se retrouver dans ces personnages ambigus et complexes qui se rassembleront petit à petit pour se faire entendre et qui luttent pour leurs idéaux. Dustin Lance Black, avec When We Rise, souhaite en effet raconter aux téléspectateurs l'histoire d'une communauté qui s'est construite et rassemblée petit à petit, tout en voulant adresser un message poignant aux nouvelles générations.

Mais When We Rise est incontestablement plus qu'un show basé sur l'histoire de la communauté LGBT : c'est aussi et surtout un show basé sur la famille, celle que l'on a, et celle que l'on se choisit. En développant des personnages forts, pionniers des luttes sociales, Dustin Lance Black permet au téléspectateur de s'attacher immédiatement au destin de ces hommes et de ces femmes d'exception. L'histoire de Roma Guy et de sa compagne, Diane Jones, est sans conteste la plus touchante et la plus universelle. Le téléspectateur ne peut que ressentir un immense attachement pour ces deux femmes qui se battent pour élever leur fille et pour obtenir le droit de se marier. Les personnages de Cleve et Ken ne sont pas en reste, puisque leur maladie et la perte de nombreux être chers, victimes du virus du SIDA, offrent au téléspectateur des scènes proprement poignantes. La série se conclut sur l'accession au mariage pour toutes les personnes de même sexe aux États-Unis, véritable victoire et fruit d'une lutte continue pendant près d'un demi-siècle. Le discours qu'Annie, la fille de Roma et Diane, adresse à ses deux mamans lors de leur mariage est ainsi l'une des plus belles scènes de When We Rise, concluant superbement le récit des quarante années d'amour passionné entre les deux femmes.

Pour accentuer davantage encore le réalisme historique de sa série, Dustin Lance Black a choisi d'inclure dans When We Rise de très nombreuses images d'archives réelles ou reconstituées par les acteurs de la série. Des images d'émeutes, mais également de débats politiques impliquant les communautés LGBT sont ainsi fréquentes dans le récit, toujours amenées de façon juste et mesurée, sans jamais glisser vers la leçon d'histoire rébarbative. L'une des meilleurs idées de la série est ainsi sans conteste d'avoir utilisé les images du couple présidentiel Clinton venant visiter le monument aux victimes du SIDA. Cleve Jones (interprété par Guy Pierce) est alors ajouté numériquement aux images, avant d'entamer une discussion avec le président sur les besoins urgents d'aide médicale pour la communauté. Un autre exemple de la brillante utilisation des images d'archives concerne la reconstitution d'un débat entourant la « proposition 6 » en 1978, un projet de loi visant à renvoyer les gays et lesbiennes travaillant dans les écoles publiques ainsi que toute personne les soutenant. Pour l'occasion, l'équipe de la série a recréé minutieusement le débat qui a eu lieu entre John Briggs, l'initiateur de la proposition, et les opposants à cette loi, Harvey Milk et Sally Gearheart, interprétés respectivement par Dean Hinchey et Carrie Preston.

Pour produire, écrire et réaliser les sept épisodes de When We Rise, Dustin Lance Black s'est entouré d'une équipe composée de personnes de sexualité et d'ethnies diverses. C'est ainsi Gus Van Sant qui réalise avec brio le premier épisode de la série. Le réalisateur, qui avait déjà travaillé avec Black sur le film Harvey Milk, fait ici des merveilles en proposant son esthétique impeccable dans une reconstitution du San Francisco des années 70. Les personnages sont filmés avec de multiples gros plans, procédé cher à Gus Van Sant, provoquant ainsi un attachement quasi immédiat et une empathie pour ces personnages que le téléspectateur vient de rencontrer. Quant aux deux scènes d'émeutes, elles sont finalement très rapides et plutôt suggestives tant et si bien que le téléspectateur aura vu la majorité de celles-ci dans les bandes-annonces de la série. Les deux derniers épisodes, réalisés par Dustin Lance Black lui-même, sont également superbement composés, glissant des révoltes de rues des premiers épisodes vers les batailles juridiques contemporaines devant la Cour Suprême : Black maîtrise son sujet sur le bout des doigts. Mention doit également être faite de la musique qui accompagne superbement l'action de la série, en puisant dans de grands classiques de la chanson réinterprétés par de jeunes artistes. La plus mémorable de ces reprises est incontestablement celle de Jordan Fisher, artiste Hollywood Records, la maison de disque de Disney, qui reprend I'd Love to Change the World, composée à l'origine en 1971 par le groupe de blues rock Ten Years After. Danny Elfman et Chris Bacon se chargent, quant à eux, de composer la musique instrumentale de la série, en proposant notamment le superbe morceau When We Rise Suite, qui accompagne le générique. Tant visuellement que par son accompagnement musical, When We Rise est donc un sans faute de bout en bout.

Diffusée durant quatre soirées évènements, When We Rise est loin d'avoir réalisé de brillantes audiences. ABC avait pourtant tout fait pour s'attirer un maximum de téléspectateurs en misant énormément sur la promotion de la série : le 26 février, durant la cérémonie The Oscars 2017, ABC avait ainsi choisi de diffuser sa bande-annonce massivement pendant les coupures publicitaires. De même, pour être certaine de s'attirer le plus de téléspectateurs possible, la chaîne a choisi de diffuser When We Rise juste après des programmes très forts en audience, comme The Bachelor ou encore Modern Family. Malheureusement, le premier épisode, diffusé en deux parties le 27 février 2017, rassemble moins de trois millions de téléspectateurs. Quant aux épisodes suivants, ils ne réunissent en moyenne que deux millions de personnes seulement. Un coup dur pour cette mini-série historique et engagée que Dustin Lance Black voulait la plus familiale possible.

En vérité, la promotion de la série avait été très mal accueillie par le grand public en janvier 2017, lorsque la chaîne avait commencé à communiquer. Alors que les tensions entre les minorités culturelles et ethniques et la police faisaient rage aux États-Unis, la bande-annonce laissait voir une scène violente entre Cleve Jones et les policiers. Il n'en fallait pas plus pour que les conservateurs traînent le programme dans la boue avant même sa diffusion en l'accusant de glorifier la violence à l'égard de la police. Les bande-annonces publiées sur YouTube et les réseaux sociaux ont ainsi été victimes de très nombreux commentaires violents, racistes et homophobes, ne faisant que prouver, si besoin est, à quel point When We Rise est une série nécessaire. Il reste alors à espérer que les audiences s'améliorent plus tard, puisque les téléspectateurs peuvent profiter de la mini-série via les applications de vidéo à la demande d'ABC ainsi que via les plateformes de streaming légal, comme Netflix ou Hulu. When We Rise doit, en outre, rapidement être disponible sur ces plateformes de vidéo à la demande pour les étasuniens tandis que les téléspectateurs européens la retrouveront sur des chaînes et plateformes payantes. De toutes les façons, et même avec des audiences décevantes, When We Rise ne fait que confirmer la volonté qu'a ABC Studios d'offrir à ses téléspectateurs une large représentation de la société, avec des séries aussi diverses que Les Craquantes, Desperate Housewives, Grey's Anatomy : À Cœur Ouvert, Black-ish ou encore Ellen, qui est d'ailleurs la toute première série de l'histoire mettant en scène un personnage principal issu de la communauté LGBT ! Mais cette démarche d'inclusion est également celle de la maison-mère Disney, qui a récemment décidé d'inclure des personnages homosexuels dans des productions aussi diverses que la série animée Star Butterfly ou encore le remake en prises de vues réelles La Belle et la Bête.

Boudée par les téléspectateurs, When We Rise n'en reste pas moins une série historique pour ABC, mais également pour la communauté LGBT elle-même. Ambitieuse, audacieuse et magnifiquement interprétée et réalisée, When We Rise délivre un message d'espoir mais elle tire aussi la sonnette d'alarme, alors que le mariage gay et les thérapies de conversion inhumaines cohabitent encore aux États-Unis. Avec When We Rise, Dustin Lance Black s'adresse magnifiquement aux nouvelles générations et à celles qui les ont précédées : les inégalités perdurent, et il est temps de se rassembler et de se lever.

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