Une Nuit en Enfer

Une Nuit en Enfer
L'affiche du film
Titre original :
From Dusk Till Dawn
Production :
Dimension Films
Date de sortie USA :
Le 19 janvier 1996
Genre :
Horreur
Réalisation :
Robert Rodriguez
Musique :
Graemme Revell
Durée :
108 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Alors qu’ils sont en cavale, les frères Gecko prennent en otage un pasteur et sa famille pour traverser sans trop de risques la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Mais alors qu’ils attendent de retrouver leur contact dans un bar, un piège leur est tendu. Le groupe doit alors survivre jusqu’à l’aube pour espérer s’en sortir.

La critique

rédigée par
Publiée le 16 avril 2018

Ah les films Disney, leur magie, la tendresse, l’émotion… Pourtant, derrière les films d’animations enchanteurs du studio se cachent des films beaucoup moins… sages. C’est le cas notamment d'Une Nuit en Enfer, véritable délire sexy, violent, trash et sanglant des deux cinéastes hollywoodiens les plus « sans-limites », Robert Rodriguez et Quentin Tarantino.

Une Nuit en Enfer est donc un film d’horreur fantastique réalisé par Robert Rodriguez, sorti en 1996 et distribué par Dimension Films. Après avoir sympathisé en 1992 lors du Festival International du film de Toronto, le jeune Quentin Tarantino fait lire à Robert Rodriguez une esquisse de scénario, basée sur l’idée d’un ancien de ses collaborateurs spécialiste des effets spéciaux, Robert Kurtzman. Si Rodriguez adhère immédiatement à l’histoire, aucun des deux hommes ne peut pour l’instant se consacrer à ce chantier, faute de temps. Le jeune américain est, en effet, en train de travailler sur son prochain long-métrage, tandis que le jeune mexicain, lui, promeut son film dans différents festivals pour montrer toute l'étendue de son talent. Il faudra donc attendre Pulp Fiction, sa palme d’or et son succès pour permettre à Quentin Tarantino de remettre le projet sur les rails, fort de sa nouvelle notoriété, avec l’appui des producteurs Gianni Nunnari et Meir Teper.

Quentin Tarantino est ainsi un réalisateur américain né en 1963. Biberonné dès le plus jeune âge par les films, sa patte est reconnaissable entre toutes au sein de la culture cinématographique post-1990. Ses influences, il les trouve dans ses emplois de jeunesse, comme projectionniste ou conseiller dans un vidéo-club, et tournent autour des films d’art martiaux, de la blaxploitation, du western spaghetti et du slasher movie. Doué pour l’écriture, il scénarise tous ses longs-métrages, accordant une importance primordiale aux dialogues et à la structure non linéaire.

En 1990, il fait lire à son ami le producteur Lawrence Bender le scénario qu’il vient d’écrire en trois semaines, Reservoir Dogs. Tout de suite, Bender le transmet à Harvey Keitel qui se révèle emballé. Petit à petit, le projet se monte pour arriver hors compétition au Festival de Cannes de 1992 et y faire sensation. Très vite, Quentin Tarantino reprend sa plume pour terminer d’autres ébauches de scénarios écrits dans sa jeunesse, et parmi eux un certain Pulp Fiction. Mis en valeur par son précédent film, de nombreuses stars lui font confiance et s’ajoutent à cette nouvelle aventure : Uma Thurman, John Travolta, Samuel L. Jackson ou encore Bruce Willis. L'opus sera son triomphe avec la remise de la Palme d’Or en 1994 toujours au Festival de Cannes. Il entre alors dans la cour des grands, cour qu’il admirait quelques années auparavant.

Les producteurs souhaitent ainsi le voir venir à la réalisation, mais Quentin Tarantino sait qu’il ne peut pas assurer pleinement tous les postes, occupant déjà celui de scénariste et voulant prendre à sa charge l’un des rôles principaux. Plusieurs noms sont dès lors envisagés pour prendre sa relève mais Tarantino n’en veut qu’un : Robert Rodriguez.

Robert Rodriguez est un réalisateur américain d’origine mexicaine né en 1968. Pendant ses études au Texas, il monte à ses heures perdues de petits films avec ses camarades. Un de ses courts-métrages, Bedhead fait ainsi le tour des festivals en 1990 et récolte 14 récompenses. Ce coup de pouce va lui donner la confiance nécessaire pour se lancer dans un premier long-métrage, avec un budget plus que limité, d'à peine 7 000 dollars. El Mariachi remporte un grand succès au point d'être sélectionné pour de nombreux événements cinématographiques, notamment le Toronto International Film Festival de 1992. Après cela, Robert Rodriguez se lance dans de nouveaux projets avant d’être rappelé par Quentin Tarantino auréolé de sa consécration cannoise. Le jeune réalisateur américain d’origine mexicaine vient, lui, tout juste de finir son deuxième film Desperado (sans compter la réalisation d’un sketch dans le film Groom Service) et depuis leur rencontre en 1992, a déjà collaboré avec Tarantino sur d’autres films. Les producteurs font évidemment confiance au duo, flairant le succès. Le casting peut alors commencer à se mettre en place.

Si de nombreux acteurs sont envisagés pour le rôle de Seth Gecko, c’est finalement la jeune star montante du petit écran George Clooney qui obtient le rôle.
George Clooney est un acteur américain né en 1961. Il débarque à 21 ans, contre l’avis de son père, à Los Angeles et enchaîne les petits rôles avec le rêve de devenir un grand acteur. Mais sa percée est difficile : il aligne ainsi les nanars et les pilotes de séries jamais commandées. Finalement, c’est d’abord avec la série Riptide en 1984 puis pour son rôle de médecin dans la série Urgences dix ans plus tard qu’il connaît enfin la notoriété. Avec Une Nuit en Enfer, Clooney met son premier pied dans le monde du cinéma.

Quentin Tarantino se réserve, lui, le rôle de Richie Gecko, son frère. Il faut dire que l'’idée d’être devant la caméra pour ce film a germé dans son esprit depuis l’écriture du scénario. Il s'est en effet taillé ce rôle sur-mesure et souhaite donner corps lui-même à son interprétation.

Pour les accompagner à l’écran, les deux complices réunissent leurs familles de cinéma : si Tarantino fait venir Harvey Keitel, acteur déjà vu dans la filmographie du réalisateur, notamment dans Reservoir Dogs ou Pulp Fiction, et Juliette Lewis, qui tient l’un des rôles principaux de Tueurs Nés, dirigé par Oliver Stone mais écrit par Quentin Tarantino, Rodriguez convie lui Danny Trejo, son cousin au second degré et futur inoubliable Machete (Personnage récurrent du réalisateur qui aura droit à son propre film éponyme en 2010), ou encore Salma Hayek, vue précédemment dans les deux films de Robert Rodriguez. Les rôles sont distribués, le scénario est prêt, il ne reste plus qu’à lancer l’interminable nuit.

Très vite, le ton du film est donné. Dès les dix premières minutes, les dialogues ciselés fusent, les échanges de coup de feu éclatent, le sang gicle, et la mise en scène est maîtrisée : le spectateur qui connaît déjà le travail des deux cinéastes sait d’avance où il est et ce qui l’attend. Quant aux néophytes, il ne leur en faut pas plus pour être mis au parfum.

Hors de question pour autant de se contenter d'un seul genre. Rodriguez, comme Tarantino, est un fan absolu du cinéma de série B, des films Drive-In et Grindhouse (Genre auquel tous deux rendront hommage une dizaine d’années plus tard avec leur diptyque Grindhouse : Boulevard de la Mort et Planète Zombie). Il aime ce mélange qui finit par produire un tout à la fois chaotique et jubilatoire et il s'accorde avec son compère pour que cela soit précisément le cas ici. C’est ainsi qu'Une Nuit en Enfer, arrivé à sa moitié, passe du film de cavale au survival, avec notamment un bel hommage au travail de John Carpenter.

L'opus s’amuse aussi à égrener tout son long quelques références bien connus des fans : un sac plein de victuailles venant de chez Big Kahuna Burger comme dans Pulp Fiction, un paquet de cigarettes Red Apple, vu dans Planète Zombie, traînant sur un tableau de bord, ou encore plusieurs plans rappelant le fétichisme de Tarantino pour les pieds, apprécié aussi dans Boulevard de la Mort.  Une Nuit en Enfer offre un véritable jeu de piste comme il peut s'en trouver par ailleurs au cinéma et, au sein même de des labels de The Walt Disney Company, à commencer par Pixar Animation Studios, avec son A113 et son camion de Pizza Planet notamment.

Côté casting, tous les acteurs et actrices épousent le choix des réalisateur et scénariste et contribuent à merveille à l’ambiance recherchée. George Clooney offre ainsi un Seth Gecko calme, réfléchi, dangereux mais pas tête brûlée. Son objectif est clair : s’en tirer avec son butin et son frère. Quentin Tarantino dans le rôle du frère est, lui, son exact opposé : encore plus dangereux, dérangé, paranoïaque, violent, il a la gâchette facile et l’art de faire des bains de sang. Il est "LE" personnage imprévisible et dès lors terriblement inquiétant. Enfin, Harvey Keitel campe Richard Fueller, un pasteur déçu par Dieu à la suite de la mort de sa femme. Pris en otage par les frères Gecko, il est prêt à tous les sacrifices pour que lui et ses enfants sortent indemnes de cette aventure.

Petit plaisir pour les amateurs de version française, ces trois personnages sont brillamment doublés par des comédiens de renom. Il est d'ailleurs assez amusant de remarquer que George Clooney et Quentin Tarantino sont doublés respectivement par Richard Darbois et Jean Philippe Puymartin, tous deux déjà bien connus des spectateurs français pour avoir doublés Buzz et Woody dans Toy Story l’année précédente. Bernard Tiphaine s’occupe, pour sa part, de donner une tonalité francophone à Harvey Keitel, lui qui est connu pour être la voix française officielle de Chuck Norris ou encore de Christopher Walken.

Pour la musique, Robert Rodriguez fait appel à Graemme Revell.
Ce dernier est un compositeur néo-zélandais né en 1955. D’abord leader du groupe de musique électronique néo-zélandais SPK, il se tourne vers la composition de musique de film dans les années 1990. S’il faut reconnaître la présence de son nom au générique, sa musique, elle, parait inexistante ne laissant aucune marque au spectateur lors du visionnage. Fort heureusement, Robert Rodriguez, aidé de Quentin Tarantino, a choisi pour rythmer son film de l'agrémenter de bons morceaux de Texas Blues, Rock et latino histoire d'accompagner toutes les séquences. Ainsi, chaque scène tire profit d’un choix de bande-son travaillée au cordeau, mettant en valeur l’histoire et l’ambiance générale là où la partition de Revell fait désespérément choux blanc.

Une Nuit en Enfer n’obtient pas immédiatement son statut de film culte. Les États-Unis lui offrent un succès modeste avec environ 25,8 Millions de dollars de recettes. En France, il atteint le score d'estime de plus de 677 000 entrées. Il faut dire que, dans l'hexagone, ni Tarantino, ni Rodriguez n’ont alors la renommée suffisante pour rassembler les foules. En revanche, l'opus dépassera le million d’entrées en Espagne. Au total, Une Nuit en Enfer récolte près de 59,3 Millions de dollars de recettes soit le triple de son budget. Son exploitation vidéo, et l’héritage construit à travers deux suites et une adaptation en série télé dans les années 2010 lui permettent ensuite de devenir culte.

Parfait mélange entre deux univers qui étaient faits pour se rencontrer, Une Nuit en Enfer offre le meilleur de ce que peut offrir le duo Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Parodiant à merveille les classiques de séries B dont il ne garde que l'essence, il entraîne les spectateurs dans un univers complètement barré que les cinéphiles ont plaisir à retrouver : "Amis de l’aventure, l’aventure vous attend !"

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