Star Wars
Le Retour du Jedi

Star Wars : Le Retour du Jedi
L'affiche du film
Titre original :
Star Wars : Return of the Jedi
Production :
Lucasfilm Ltd.
Date de sortie USA :
Le 25 mai 1983
Genre :
Science-fiction
Réalisation :
Richard Marquand
Musique :
John Williams
Durée :
131 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Alors que Luke Skywalker et ses amis vont sauver Han Solo, prisonnier de Jabba Le Hutt sur Tatooine, la Rébellion apprend que l'Empire construit secrètement une seconde Étoile de la Mort en orbite de la lune forestière d'Endor...

La critique

rédigée par
Publiée le 26 novembre 2017

Dernier volet de la trilogie Star WarsLe Retour du Jedi s'attache à conclure le devenir de la Galaxie tout entière comme le parcours initiatique de Luke Skywalker. George Lucas propose en effet un film qui est un véritable feu d'artifice à son univers. Certains cinéphiles le trouveront peut-être trop léger par rapport au précédent, L'Empire Contre-Attaque, mais le long-métrage s'avère, en réalité, bien plus conforme à l'esprit que le producteur avait insufflé dans le premier volet, La Guerre des Étoiles, tout en assumant pleinement son nouveau statut de franchise familiale et populaire avec un potentiel de marchandisage infini.

George Lucas décide donc de suivre le même schéma de production que pour L'Empire Contre-Attaque. Les résultats exceptionnels du deuxième épisode au box-office prouve, il est vrai, que le pari du créateur de Star Wars de financer lui-même son film a été plus que payant. Le producteur a récupéré les 33 millions de dollars investis dans le budget en à peine trois mois et peut même se permettre de distribuer cinq millions de dollars de primes à ses salariés. En plus de cela, l'énorme bénéfice le met l'abri du danger financier, lui offre son indépendance vis à vis des studios d'Hollywood et une belle capacité d'investissement pour l'avenir. Dès 1978, le créateur de Star Wars a, en fait, déjà créé son lieu de travail idéal dans le fameux Skywalker Ranch, situé au nord de San Francisco loin des tumultes d'Hollywood à Los Angeles. Il y a rapatrié ces deux filiales créées en 1975 : Industrial Light & Magic spécialisée dans les effets visuels et Skywalker Sound, son alter -ego dans les effets sonores. Entre la sortie du deuxième et du troisième volet de saga, il agrandit aussi son empire de deux nouvelles entités : LucasArts, société de production de jeux vidéo, créée en 1982 et THX, société d'équipement sonore cinématographique, créée en 1983. Pour Le Retour du Jedi, il va ainsi continuer à totalement financer le troisième opus pour garder son intégrité artistique comme l'entièreté de la chaîne de décision, tout en s'assurant que la majorité des bénéfices lui revienne...

George Lucas décide aussi, comme pour L'Empire Contre-Attaque, de passer la main de la réalisation. Malheureusement, il ne peut embaucher son premier choix, Steven Spielberg en raison de démêlés financiers avec le syndicat des scénaristes et réalisateurs lors de la production du deuxième opus. Pour ne pas briser l’imposant défilant jaune au début du long-métrage, George Lucas a en effet décidé de placer le générique du film, à la fin ; une chose inconcevable à l'époque où les crédits étaient au début des longs-métrages par convention. Si le procédé avait été toléré lors de la sortie de La Guerre des Étoiles car le nom de la compagnie Lucasfilm contenait le nom de famille du réalisateur du film (aussi scénariste et producteur), maintenant que Lucas a cédé sa place de réalisateur depuis L'Empire Contre-Attaque pour se concentrer sur la production, il n'est plus normal que seul son nom apparaisse. Il a dû payer ainsi une amende de plus de 250 000 dollars imposée pour le syndicat afin qu'ils ne retirent pas le film de l’affiche s’il refusait de payer. Une autre conséquence collatérale de ce bras de fer est de l'empêcher de choisir le réalisateur qu'il souhaite pour son prochain film. Si plusieurs autres noms circulent alors comme David Lynch (Dune) ou David Cronenberg (Dead Zone), il jette finalement son dévolu sur Richard Marquand.

Richard Marquand est un cinéaste britannique né le 22 septembre 1937 à Cardiff, au Pays de Galle. À la fin des années 1960, il commence une carrière de scénariste puis réalise des documentaires pour la BBC. Sa toute première réalisation pour le cinéma se fait en 1978 avec le film d'horreur The Legacy (curieusement titré en français Psychose Phase 3). Mais c'est bien l'adaptation du roman à suspense de Ken Follett, L'Arme à l'Œil (Eye of the Needle) en 1981 qui le fait remarquer par George Lucas. Après le film Star Wars, Richard Marquand ne réalisera plus que trois films : French Lover en 1984, À Double Tranchant en 1985 et Hearts of Fire en 1987. Il meurt subitement le 4 septembre 1987 à l'âge de 49 ans d'un accident vasculaire cérébral. Son dernier film sortira ainsi à titre posthume.

Comme pour L'Empire Contre-Attaque, George Lucas continue sa collaboration avec le scénariste Lawrence Kasdan pour mettre en place le récit. Le titre est rapidement trouvé : il s'agira du tout simple Le Retour du Jedi. Mais Kasdan le considère justement trop simple et le fait changer en La Revanche du Jedi. Toutefois, afin d'éviter les fuites tout comme les abus de prix des sous-traitants, l'opus est désigné pendant sa production avec le faux nom de Blue Harvest, histoire de passer inaperçu. L'un des premiers problèmes qui se pose urgemment est le retour d'Harrison Ford. L'acteur n'avait, il est vrai, signé que pour deux films. Or, depuis son dernier succès en tant qu'Indiana Jones, il devient difficile à avoir. S'il accepte finalement de revenir une troisième fois, il émet le souhait de voir son personnage mourir ; une demande à laquelle Kasdan est favorable tant il estime que le sort des protagonistes ne doit pas du tout être figé, que tout est possible et qu'un vrai danger les guette. George Lucas s'oppose pourtant à cette requête. Il est important à ses yeux mais surtout pour le merchandising qui rapporte largement plus que les films eux-mêmes que les personnages principaux ne meurent pas. Dans le même ordre d'idée, à l'origine, le personnage de Yoda ne devrait pas apparaître. Cette fois, c'est le réalisateur Richard Marquand qui est persuadé du contraire jugeant qu'il était important dans l'évolution de Luke Skywalker de retrouver son ancien maître. L'autre intérêt de la séquence est de permettre à George Lucas de rajouter une phrase permettant de confirmer que Dark Vador est bien le père de Luke. Se faisant, le producteur écoute là des psychologues qui lui expliquent qu'il est important pour le jeune public que la révélation forte de Dark Vador en père du héros, dans le film précédent, ne soit pas un mensonge. Dernier changement de taille, les créatures qui devaient affronter l'Empire à la fin du film étaient les Wookiees, l'espèce de Chewbacca. Sauf que le coéquipier de Han Solo est aussi bien un mécanicien hors pair qu'un pilote intergalactique doué. George Lucas estime donc finalement que les Wookiees étaient bien trop avancés technologiquement par rapport au message qu'il voulait faire passer sur le combat de civilisation.

Le Retour du Jedi est construit, comme ses prédécesseurs, en trois parties. La première est le sauvetage de Han Solo des griffes de Jabba le Hutt ; la seconde, plus courte, voit Luke Skywalker rendre visite à son ancien maître Yoda ; enfin, la troisième est l'impressionnante bataille sur la lune d'Endor. Avec ce dernier film de sa mythique trilogie, George Lucas commence ainsi à installer un élément qui deviendra encore plus présent avec la prélogie et la postlogie : la symétrie. Le producteur va, en effet, beaucoup s'appuyer sur le premier film pour conclure sa trilogie au point que certains spectateurs, à l'époque, penseront même qu'il a livré en réalité un remake déguisé de La Guerre des Étoiles. L'accusation parait vite facile car en y regardant de près, en qualité de conclusion de la saga, ce troisième volet sait parfaitement se démarquer de son aîné. Il en rappelle, en fait, plusieurs éléments pour bien montrer qu'il s'agit là de la fin d'un cycle et qu'une page se tourne. Le Héros revient ainsi sur Tatooine, la planète de sa jeunesse ; le film commençant sur un endroit désertique comme le premier volet mais à l'opposé total du second qui débutait sur une planète polaire. L'autre similitude flagrante est bien-sûr la nouvelle Étoile de la Mort. Alors, certes, ici, elle est en construction et non pleinement opérationnelle comme dans le premier volet ce qui permet, au passage, d'en modifier sensiblement les visuels d'autant plus que la bataille finale va également en partie se passer autour d'une lune forestière, Yavin 4 pour le premier film et Endor pour le troisième. Finalement, George Lucas a lui-même intégré dans son œuvre les rappels assumés et les symétries d'un film à un autre. Il crée ainsi l'une des marques de fabrique de la saga Star Wars.

Le prologue du film commence donc comme les deux précédents épisodes : dans l'espace. La navette de Dark Vador aborde le chantier de la nouvelle Étoile de la Mort ; le bras droit de l'Empereur venant contrôler l'avancement du chantier. Pourtant, dans son discours, quelque chose a changé et frappe tout de suite le spectateur. En annonçant que le souverain viendra lui-même s'occuper de superviser la construction, il révèle que le Seigneur Sith est bien moins magnanime que lui. Le choc est grand puisque, jusqu'ici, dans les deux précédents opus, le Seigneur Noir n'avait jamais montré le moindre signe de compassion. Son cœur serait-il en train de s'adoucir ? Dès le premier dialogue, George Lucas met en place toute la thématique de ce troisième volet : la rédemption !

La première partie du film, celle centrée sur le chef de la pègre galactique, Jabba le Hutt, présente deux intérêts : d'abord introduire, un à un, les personnages principaux en montrant les évolutions de chacun mais aussi mettre un terme à une sous-intrigue en cours depuis le premier volet qui met en piste le contrebandier Han Solo contre la mafia galactique et les chasseurs de prime. Richard Marquand souhaite, en effet, que Le Retour du Jedi introduise les personnages des deux premiers opus en donnant à la fois des clés pour les spectateurs n'ayant pas vu les précédents épisodes tout en actant de leur évolution depuis le deuxième épisode. Le réalisateur a ainsi l'excellente idée de les faire apparaître les uns après les autres en commençant, symétrie oblige, par les deux droides C-3PO et R2-D2. Les deux robots n'ont pas changé : toujours aussi bavard et peureux pour l'un et bagarreur et fidèle à son maître pour l'autre. Ensuite, Leia et Chewbacca apparaissent. La princesse est désormais très loin de l'apparence royale de ses débuts, déguisée en chasseuse de prime dans un premier temps pour finalement se retrouver vêtue en esclave dans une tenue affriolante qui deviendra rapidement iconique. Elle prend, en réalité, des risques pour l'homme qu'elle aime et qu'elle veut libérer de la carbonite dans il a été enfermé à la fin de L'Empire Contre-Attaque. Lando Calrissian s'est également infiltré parmi les gardes du Hutt montrant ainsi qu'il s'est acheté une conduite après la trahison contre son ami Han Solo. L'apparition de Luke Skywalker se fait, elle, en deux étapes. D'abord via un hologramme projeté par R2-D2 puis en personne quand il se présente lui-même dans le palais de Jabba. C'est assurément le personnage qui a le plus évolué depuis le dernier film. Il est désormais un Jedi, habillé tout de noir, sûr de ses pouvoirs, avec une classe incroyable. Il n'a, en fait, plus rien à voir avec le jeune fermier agité du premier opus. Son introduction dans ce troisième épisode est dès lors tout simplement parfaite : en mettant en place les jetons du sauvetage de Han Solo, l'un après l'autre, le Jedi en constituant la pièce maîtresse finale, le réalisateur installe le suspense de main de maître. Quand Luke Skywalker arrive, le spectateur est, en effet au comble de l'impatience !

L'arrivée de Jabba le Hutt dans la saga Star Wars est, quant à elle, un évènement que les fans attendaient. Le chef de la pègre de Tatooine est, il est vrai, cité depuis La Guerre des Étoiles dès la scène de Greedo et également mentionné par Dark Vador à Boba Fett dans L'Empire Contre-Attaque. George Lucas avait d'ailleurs imaginé une première rencontre entre Jabba le Hutt et Han Solo juste avant le départ de Tatooine dans le premier volet. Malheureusement, un manque de budget l'empêche de tourner la scène. Si c'est chose faite après coup, elle n'a, en réalité, été rajoutée dans le film qu'en 1997 lors de la sortie au cinéma de l'Édition Spéciale. Par contre, la novélisation du film de 1977 propose, elle, vingt ans avant la version cinéma, la fameuse confrontation. Sauf qu'à la sortie du premier opus, George Lucas n'a pas encore une idée précise de l'apparence du Hutt si bien qu'il est décrit dans le roman comme un gros bipède alors qu'il sera au final une sorte d'énorme limace avec deux petits bras selon le souhait de Lucas lui-même de proposer un extraterrestre aussi grotesque qu'imposant. Pourtant, malgré cette apparence qui peut sembler risible au premier abord, le personnage affiche un charisme impressionnant. Il est aussi dangereux que sûr de sa puissance, entouré qu'il est par une armée de malfrats, de chasseurs de prime et de monstres à l'image du rancor qu'affronte Luke dans la geôle du palais.

Cette longue première partie va donc conclure la partie chasseurs primes de Star Wars. Elle est également une réminiscence de la scène de la cantina dans La Guerre des Étoiles, ayant fait rêver par son bestiaire les cinéphiles du monde entier. Elle avait, en effet, donné à la saga l'un de ses aspects les plus populaires, lorgnant vers le fantastique grâce à ses extraterrestres aussi divers que crasseux, représentant à merveille les bas fonds de la galaxie. L'Empire Contre-Attaque, malgré toutes ses qualités, présentait a contrario le gros défaut d'être principalement un film d'humains. Si quelques aliens apparaissaient de-ci de-là, aucune scène n'y a le même impact que celle de la cantina. La séquence de Jabba le Hutt répare cette terrible injustice et permet de proposer un bestiaire incroyable et d'agrandir plus encore le cheptel des espèces de la galaxie Star Wars (tout en donnant aussi un certain nombre de modèles pour les figurines proposés en produits dérivés pour le plus grand bonheur des enfants de l'époque mais aussi pour le plus grand malheur des anti-mercantiles). La séquence est un ravissement visuel et conclut à merveille la libération de Han Solo, au sens propre (la carbonite) comme figuré (la mort de ses ennemis). Jabba aura une fin vraiment superbe étranglé par la chaîne de Leia qu'il détenait en esclave à demi nue. Boba Fett aura, par contre, une mort expéditive et un peu grotesque se faisant bousculé par Han Solo et tombant dans l'antre de Sarlacc.

La deuxième partie du film, la plus courte, se déroule sur Dagobah. Luke Skywalker tient ainsi la promesse qu'il avait faite à son maître Yoda dans L'Empire Contre-Attaque de venir finir sa formation. La séquence permet aussi de dire adieu au vieil extraterrestre vert qui va mourir de vieillesse. Avant cela, il va transmettre ses dernier conseils au jeune Jedi, lui confirmant ce que Dark Vador lui a avoué, mais sans avoir le temps de lui dire son dernier secret. C'est donc le fantôme d'Obiwan Kenobi qui va se charger de la lourde tâche. La révélation est à l'opposée de celle de L'Empire Contre-Attaque qui était choquante et inattendue. Ici, le spectateur ressent la même chose que Luke lors de l'annonce : tout est logique et évident. Cette petite partie est de la sorte emplie d'émotions car elle met en exergue toute l'admiration et le respect que Luke éprouve envers ses mentors tout en faisant pointer un zeste de déception. Ils lui ont finalement, eux aussi, menti en racontant leur vérité sur la mort d'Anakin Skywalker, une affirmation déformée selon leur propre point de vue mais pouvant mener à la confusion du fils de l'ancien Jedi. Ces explications, Luke ne les comprendra vraiment que lui-même devant la vérité assénée par son père devenu Dark Vador : Anakin Skywalker est bien mort dès le moment où il a tourné le dos au Côté Lumineux de la Force.

La dernière partie du (Le) Retour du Jedi se passe sur la lune forestière d'Endor. C'est aussi la plus longue : celle qui a la lourde tâche de conclure toute la saga et qui verra la Rébellion vaincre l'Empire. La bataille spatiale y est particulièrement intéressante, étant d'ailleurs la plus impressionnante des trois films. Alors, certes, il y a une petite redite par rapport au fait que les vaisseaux de l'Alliance doivent abattre une nouvelle fois une Étoile de la Mort mais la physionomie du combat n'est pas du tout la même. Déjà, le plan d'attaque est différent puisque le combat ne se fait pas en rase-motte de la station mais plutôt assez éloigné de la super arme de l'Empire. Ensuite, la Rébellion tombe dans un piège et se trouve prise en tenaille entre la quasi indestructible Étoile de la Mort et les croiseurs interstellaires. Enfin, la flotte rebelle est aussi bien plus diversifiée avec des vaisseaux différents là où dans le premier opus elle était principalement composée de X-Wings et de Y-Wings. Ici, elle comprend aussi des B-Wings ou des A-Wings sans oublier les vaisseaux amiraux de toutes tailles. Les espèces présentes dans la Rébellion sont également bien plus nombreuses. Il y a bien sûr les humains avec, à leur tête, Lando Calrissian toujours aussi charismatique mais aussi des Sullustéens avec en fer de lance, Nien Nunb le copilote de Lando dans le Faucon Millenium, ou encore les Mon Calamariens représentés par l’Amiral Ackbar, dont la fameuse phrase "C'est un piège !" est restée depuis dans l'inconscient collectif. Pourtant, ce qui donne la véritable force à ce final dantesque est assurément son montage qui alterne entre la bataille spatiale, la bataille terrestre sur la lune forestière et enfin le combat entre le Côté Lumineux et le Côté Obscur dans l'Étoile de la Mort. Le suspense est toujours à son comble et le rythme intense.

L'une des critiques qui revient le plus souvent à propos du (Le) Retour du Jedi concerne les nouveaux personnages que sont les habitants de la lune d'Endor : les Ewoks. En réalité, ce sont les adultes et les cinéphiles qui reprochent cet élément au film tandis que les enfants et les adultes ayant découvert le film enfant à l'époque, sont eux tombés directement sous le charme de ces personnages. George Lucas tenait absolument à disposer dans sa saga d'êtres qui soient les plus mignons possibles. Les artistes de Lucasfilm lui ont donc proposé une sorte d'oursons primitifs tenant sur ses deux pattes ; un Winnie l'Ourson version Star Wars en quelque sorte ! Le plus emblématique de tous est assurément Wicket, le jeune Ewok que rencontre Leia quand elle est perdue dans la forêt. Certes, George Lucas ne se cachait pas d'avoir envie de vendre des jouets sur les Ewoks, et force est de constater que les figurines Kenner sur eux ont été très populaires. Pour autant, sa vison n'était pas uniquement mercantile mais bien poussée par un désir scénaristique. La chute de l'Empire devait être due, certes au courage des hommes et des femmes de la rébellion, mais aussi à une certaine part d'inattendue. L'étincelle de la victoire, au moment où tout semble perdu, devait venir de la civilisation la moins avancée possible de la Galaxie. Celle que les grands, comme l'Empereur et Dark Vador, drapés dans leurs assurances ignorent et négligent. Malgré ses plans et ses visions, Palpatine aura, en effet, été incapable de sentir que ces petites boules de poil avaient la possibilité de faire basculer la bataille et d'aider à faire tomber la barrière protectrice qui protège l'Étoile de la Mort. C'est une métaphore, portée à son paroxysme, du mythe de David contre Goliath ; des miséreux contre les puissants...

Enfin, l'une des dernières thématiques du (Le) Retour du Jedi est celle de la rédemption. Luke Skywalker se retrouve, en effet, confronté à l'Empereur et à son bras droit, le terrible Dark Vador, qui s'avère n'être que son propre père. Il voit ainsi le vieil homme lui expliquer par les menus détails le piège dans lequel vont tomber l'Alliance et ses amis. L'assurance du monarque maléfique plonge le Jedi, de plus en plus, dans le désarroi et il est sur le point de plonger dans le Côté Obscur pour terrasser l'Empereur afin de se lancer dans le sauvetage de ses amis. Mais Dark Vador, protégeant son Maître, Luke n'a d'autre choix que celui de combattre son père. Il réussit néanmoins au dernier moment à se contrôler et revenir du Côté Lumineux. Il ressent aussi que son père a du bon qui sommeille en lui. La séquence finale voit donc l'Empereur prendre acte de son échec dans l'impossibilité de convertir le Jedi. Il s'apprête à l'assassiner avec son pouvoir maléfique fait d'éclairs mais faisant cela, focalise sa concentration sur le Jedi. Il est ainsi incapable de voir la bataille basculer sur la lune d'Endor grâce aux petits Ewoks. Il ne ressent pas, non plus, les tourments de son disciple qui doit choisir entre l'obéissance envers son Maître et la vie de son fils. Finalement, au dernier moment, Dark Vador, alias Anakin Skywalker, décide de retourner vers le Côté Lumineux. Il balance par delà la balustrade l'Empereur, se libérant ainsi de sa partie sombre mais perdant alors la puissance qui l'aidait à rester en vie dans cette armure qui l'avait transformé quasiment en androïde. Aux derniers instants de sa vie, il voit enfin Luke, son fils, avec ses vrais yeux sans le masque noir. Luke quitte alors l'Étoile de la Mort sur le point d'exploser emportant le corps de son père avec lui. Il l'incinère avant de retrouver ses amis qui fêtent la victoire. Au loin, il revoit ses deux anciens mentors, Yoda et Obi-Wan Kenobi qui apparaissent via l'esprit de la Force en forme fantomatique. A côté d'eux, apparait alors, la silhouette de son vieux père, Anakin Skywalker, enfin redevenu dans la mort, le Jedi qui l'était et aurait dû toujours demeurer...

Dans Le Retour du Jedi, la plupart du casting revient des précédents opus. Le spectateur retrouve ainsi avec plaisir Mark Hamill dans le rôle de Luke Skywalker, Harrison Ford dans celui d'Han Solo, Carrie Fisher en tant que Leia Organa mais aussi Billy Dee Williams (Lando Calrissian), Anthony Daniels (C-3PO), Peter Mayhew (Chewbacca), Kenny Baker (R2-D2) ou Frank Oz (Yoda).
Parmi les nouveaux venus, quelques uns ressortent du lot à commencer par Ian McDiarmid qui reprend le rôle de l'Empereur qui était déjà apparu dans L'Empire Contre-Attaque en tant qu'hologramme. Dans le second opus, l'apparence du monarque n'était, en effet, pas encore définitive et son visuel avait été fait en superposant le visage d'une vieille femme maquillée avec les yeux d'un chimpanzé, la voix étant livrée par l'acteur néo-zélandais Clive Revill. Ian McDiarmid apporte donc au personnage beaucoup de prestance, d'arrogance : son sourire machiavélique restera dans les annales du cinéma.
Warwick Davis se fait, lui, remarquer en interprétant le rôle de Wicket, le petit Ewok que rencontre Leia dans la forêt de la lune d'Endor. Le comédien rend vraiment attachant par ses gestes le petit personnage. Il reprendra ensuite son rôle dans les deux téléfilms sur les Ewoks, Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Caravane du Courage et Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Bataille pour Endor puis Lucasfilm Ltd. lui fera de nouveau confiance en le faisant réapparaître dans Labyrinthe puis en lui confiant le premier rôle dans Willow. Il a par la suite connu une belle carrière au cinéma apparaissant, entre autre, dans la série Harry Potter, mais revenant aussi dans la série Star Wars dans de petits rôles  au cours des épisodes I, VII, VIII ainsi que les deux premiers spin-off.
Enfin, le dernier membre du casting a mérité une attention est Sebastian Shaw qui prête ses traits à Anakin Skywalker. L'histoire de l'interprétation du personnage de Dark Vador est presque aussi complexe que celle de la création de la saga Star Wars elle-même. Jusqu'à maintenant, le personnage en armure était, en effet, interprété par David Prowse tandis que sa voix avait été confiée en post-production à James Earl Jones. Pour Le Retour du Jedi, George Lucas décide d'ôter son masque à Dark Vador et au lieu de choisir son interprète pour lui donner son visage, il choisit un autre acteur, Sebastian Shaw. Ce dernier revient ensuite sous la forme d'un Jedi fantôme, à la fin du film, à côté des personnages de Yoda et d'Obi-Wan Kenobi.

Comme pour les deux précédents opus, la musique du (Le) Retour du Jedi est composée par le génial John Williams. Il se surpasse encore une fois proposant une partition tout simplement dantesque. Le mélomane retrouve les thèmes des deux précédents films mais le compositeur en rajoute de nouveaux de toutes beautés. Les scènes de Jabba, des Ewoks et de la bataille d'Endor sont ainsi magnifiées par une bande originale aussi parfaite qu'entêtante. Il propose également deux chansons : la première Lapti Nek qui peut être entendue dans le palais de Jabba ; la seconde, Ewok Celebration, connue aussi sous le nom de Yub Nub, qui sert d'air de la victoire à la fin du film quand les Rebelles célèbrent la chute de l'Empereur auprès de leurs amis Ewoks.

Côté technique, Le Retour du Jedi bénéficie d'effets spéciaux exemplaires. Industrial Light & Magic, la filiale de Lucasfilm Ltd. chargé des effets visuels, se surpasse et livre assurément le plus bel épisode visuellement parlant. Le film a, en effet, gagné en ambition et propose une variété de plans incroyables. Du désert de Tatooine aux marécages de Dagobah, en passant par l'impressionnante bataille spatiale ou la forêt majestueuse de la lune d'Endor, tout est ici du plus bel effet. Un exemple parmi tant d'autres : le personnage de Jabba. La créature est réalisée grâce à des effets physiques. Il s'agit alors d'une immense marionnette dont la manipulation nécessite pas moins de cinq marionnettistes dont quatre sont dissimulés dans ou sous son corps : un pour le bras droit, le deuxième pour la tête et le bras gauche, le troisième dans la queue, la quatrième sous le corps pour la respiration, le cinquième contrôle les globes oculaires et les paupières à distance grâce à une télécommande. Un autre exemple est la bataille finale, réalisée en post-production, à partir de maquettes filmées sur fonds unis. Elle est d'une précision millimétrée et d'une complexité incroyable !

Alors que les premiers éléments promotionnels avaient déjà été proposés avec le titre La Revanche du Jedi, George Lucas décide, en décembre 1982, de revenir à son idée originelle avec Le Retour du Jedi. Pour lui, un Jedi ne peut pas, en réalité, vouloir de revanche, une notion qui va à l'encontre totale des principes de son Ordre.
Lors de sa sortie, le film est globalement bien accueilli par la critique et toujours plébiscité par le public. Avec près de 475 millions de dollars, bien qu'un peu en deçà des précédents opus, il est tout de même le meilleur film du box-office de l'année 1983 aussi bien aux États-Unis qu'au niveau mondial. En France, il se place à la 5ème place avec 4 244 000 entrées, réalisant tout de même le meilleur résultat pour un film américain. Au final, il rembourse largement ses 42 "petits" millions de dollars de budget.

1983
1997

Si le succès est au rendez-vous pour Le Retour du Jedi, George Lucas vit une période difficile dans sa vie personnelle. Il divorce, en effet, de sa première femme, juste après la sortie du film lui faisant ainsi perdre une bonne partie de sa fortune. Fatigué par des années harassantes consacrées presque exclusivement à Star Wars, son intérêt pour la saga s'émousse. Il reprend tout de même les rênes de sa destinée télévisuelle au cours des années 80, à la suite du succès du Star Wars : Le Retour du Jedi, en proposant trois téléfilms : deux en prises de vues réelles autour des personnages des Ewoks, Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Caravane du Courage en 1984 et Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Bataille pour Endor en 1985, et un animé qui sera l'épisode final de la série Star Wars : Droïdes : Heep Le Destructeur en 1986. Parallèlement, entre 1985 et 1986, George Lucas a en effet également proposé deux séries animées autour des personnages secondaires de l'univers Star Wars : Star Wars : Droïdes et Star Wars : Ewoks. Mais à partir de 1987, la folie Star Wars commence sérieusement à s'essouffler puisque plus aucune œuvre dérivée ne vient entretenir la flamme. En effet, 1986 voit la fin des épisodes inédits pour les séries ainsi que l'arrêt des productions de comics Star Wars par Marvel après 107 numéros.

Bespin
Tatooine
Coruscant
Naboo

Le Retour du Jedi aura droit à une première ressortie discrète en 1985 au cinéma. En 1997, pour fêter les 20 ans de la saga tout en préparant le public à la sortie du prochain opus, Star Wars - Épisode I : La Menace Fantôme, George Lucas décide de reproposer les trois premiers films au cinéma dans une nouvelle copie qu'il nomme Édition Spéciale. Il va pouvoir ajouter certaines scènes qu'il n'avait pas pu faire faute de moyens (comme l'apparition de Jabba dans Star Wars : Un Nouvel Espoir) ou alors qu'il souhaitait améliorer ou corriger grâce aux avancées technologiques lui permettant de réaliser la vision qu'il avait à l'époque. Mais le but ultime de George Lucas est la volonté de modifier ses premiers films pour ajouter des effets numériques, histoire d'uniformiser toute la saga afin de tendre vers l'apparence de la nouvelle trilogie qui raconte le passé d'Anakin Skywalker. Sa démarche commencera donc avec cette sortie cinéma et se poursuivra avec les différentes ressorties en vidéo que cela soit en DVD ou en Blu-ray. Pour le plus grand malheur des fans, George Lucas considèrent les films modifiés comme la version ultime de ses œuvres ; les précédentes version étant pour lui, les versions de travail qu'il compte ne plus rendre accessibles. Cette démarche a pu choquer de nombreux cinéphiles mais il est plus que légitime de laisser le libre arbitre au créateur d'une œuvre, la façon dont il veut que le public la reçoive ; la nostalgie des spectateurs ne rentrant pas dans l'équation pour George Lucas, ce qui est son droit le plus strict.

1983
2004

Ainsi, en 1997 pour l'Édition Spéciale, plusieurs changements sont faits pour améliorer les effets spéciaux du (Le) Retour du Jedi comme l'ajout de troupeaux de Bantha, la correction des ombres d'appareils ou la modification de la forme de l'explosion de l'Étoile de la Mort. Deux changements de taille ont tout de même lieu altérant même la philosophie de la scène pour l'une d'entre-elle. La première est la partie sur Jabba. En particulier, la scène de la danse est complètement refaite avec la chanson Lapti Nek remplacée par un nouveau morceau, Jedi Rocks, nettement plus endiablé et contemporain. Le visuel change aussi beaucoup puisque l'orchestre initialement composé de la chanteuse Sy Snootles et des musiciens Droopy McCool et Max Rebo se voit adjoindre trois musiciens, deux percussionnistes, un chanteur et trois choristes. Un peu plus loin, toujours dans la séquence de Jabba, l'estomac géant dans le désert de Tatooine, l'antre de Sarlacc, possède désormais un bec et des tentacules.
L'autre grand changement est la séquence finale fêtant la victoire contre l'Empire. La chanson est changée également ; Ewok Celebration se voyant remplacée par Victory Celebration. La séquence est de plus rallongée afin d'inclure des plans numériques de trois planètes célébrant la victoire contre l'Empire, Bespin, Tatooine et Coruscant (cette dernière apparaissant pour la première fois à l'époque dans cette séquence). La danse entre les Ewoks et les Rebelles est aussi agrémentée de quelques plans supplémentaires dont celui du personnage de Wedge Antilles ayant droit à son petit moment de gloire.
En 2004, pour sa première sortie en DVD, Le Retour du Jedi verra encore quelques-uns de ses éléments modifiés même si ce ne sont là principalement que des détails esthétiques. Deux gros changements sont cependant apportés. Le plus discret est assurément la séquence finale avec le rajout d'une quatrième planète (Naboo) ainsi que quelques modifications de Coruscant pour correspondre avec les visuels de Star Wars - Épisode III : La Revanche de Sith. Mais le plus gros changement est en réalité le "charcutage" de Sebastian Shaw. S'il n'est pas effacé de sa première scène en Dark Vador mourant, ses sourcils sont gommés et la couleur de ses yeux modifiés pour correspondre à ceux de Hayden Cristensen, l'acteur qui a repris le rôle dans la prélogie. Le supplice pour l'acteur n'est pas terminé puisque des trois fantômes de Jedi morts à la toute fin du film, Sebastian Shaw est effacé et remplacé par Hayden Cristensen. La scène ne dit alors plus du tout la même chose : dans la version de 1983, Anakin Skywalker retourne vers le côté lumineux à la fin de sa vie tandis que dans la version de 2004, dans sa mort, il redevient le Jedi de sa jeunesse, l'importance de sa rédemption étant ainsi atténuée.
Le Retour du Jedi subira une troisième salve de changements en 2011 pour sa première sortie en Blu-ray. Cette fois-ci, il s'agit de détails mineurs principalement esthétiques ; les plus emblématiques étant le fait d'avoir donné des paupières aux Ewoks.

Quand les fans et les cinéphiles citent les films de la première trilogie de la saga Star Wars, ils saluent le côté visionnaire de La Guerre des Étoiles ainsi que la réussite artistique de L'Empire Contre-Attaque mais ils oublient souvent Le Retour du Jedi. Ils lui reprochent, en effet, son côté optimiste ainsi que les affreux personnages mercantiles que sont les Ewoks. Ce dédain est pourtant foncièrement injuste car le dernier volet de la trilogie est assurément le plus palpitant des trois, le plus emblématique de la saga Star Wars avec un visuel encore d'actualité à l'époque contemporaine, y compris dans les séquences non modifiées. Peu nombreux le considèrent comme le meilleur de la première trilogie, pourtant ceux l'ayant découvert enfant lors de sa sortie, lui gardent une place à part dans leur souvenir de jeunes cinéphiles et seraient prêts à le clamer haut et fort : Le Retour du Jedi est le plus beau joyaux de la couronne Star Wars.

À noter :
À partir de l'an 2000, en France, Le Retour du Jedi est exploité sous le nom Star Wars - Épisode VI : Le Retour du Jedi avant d'être renommé en avril 2015 par Lucasfilm Ltd. suite au rachat de Disney en Star Wars : Le Retour du Jedi, faisant disparaître la référence au numéro de l'épisode pour coller avec Star Wars : Le Réveil de la Force.

L'équipe du film

1956 • 2016
1944 • ....

Poursuivre la visite

1985 • 2024

Le Forum et les Réseaux Sociaux

www.chroniquedisney.fr
Chronique Disney est un site de fans, non officiel, sans lien avec The Walt Disney Company, ni publicité,
utilisant des visuels appartenant à The Walt Disney Company ou des tiers par simple tolérance éditoriale, jamais commerciale.