Star Wars
La Revanche des Sith

Star Wars : La Revanche des Sith
L'affiche du film
Titre original :
Star Wars : Revenge of the Sith
Production :
Lucasfilm Ltd.
Date de sortie USA :
Le 19 mai 2005
Genre :
Science-fiction
Réalisation :
George Lucas
Musique :
John Williams
Durée :
140 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Alors que la Guerre des Clones fait rage, le Chancelier Palpatine et le Conseil Jedi s'affrontent sur la solution pour mettre fin au conflit. Anakin Skywalker, jeune Chevalier Jedi, est lui tout spécialement tiraillé entre son enseignement Jedi et l'attrait que lui inspire le Chancelier. Séduit par la promesse d'un pouvoir sans limite, tenté par le Côté Obscur de la Force, il prête allégeance au maléfique Darth Sidious et devient Dark Vador...

La critique

rédigée par
Publiée le 04 mai 2017

Si les deux précédents films de la prélogie, Star Wars : La Menace Fantôme et  Star Wars : L'Attaque des Clones, restent peu aimés par le public, Star Wars : La Revanche des Sith met presque tout le monde d'accord. Son côté sombre, faisant de lui l'un des films les plus noirs de la saga, retrace avec justesse le plongeon d'Anakin Skywalker dans le Côté Obscur. George Lucas arrive aussi à lier tous les éléments de la prélogie avec ceux la trilogie originale bouclant ainsi ce qu'il considère comme la vie de Dark Vador de son enfance à sa mort. Enfin, il continue d'explorer ce qui lui a tenu à cœur dans les deux précédents films : la politique et la mise en place insidieuse d'un système autocratique. Le moment que les fans attendaient depuis longtemps, la naissance de Dark Vador, se dévoile enfin à eux et le résultat est à la hauteur des espérances.

Les premiers jets du récit remonte à 1973, bien avant le tournage de Star Wars : Un Nouvel Espoir. George Lucas avait, en effet, rédigé une trame grossière où il tentait de mettre en place les éléments principaux de sa saga. Quand il lance le projet de la prélogie dans le milieu des années 90, le réalisateur sait donc déjà comment il veut terminer sa nouvelle trilogie : par l'avènement de Dark Vador en apportant tous les liants nécessaires pour reboucler sur le début de l'Épisode IV. Il commence ainsi à travailler sur le script en lui-même un peu avant la sortie de Star Wars : L'Attaque des Clones (il filmera d'ailleurs la toute dernière scène du troisième film durant le tournage du deuxième). Mais voilà, son premier scénario ne lui plait guère. Le réalisateur voulait, il est vrai, à l'origine débuter la conclusion de la prélogie par une bataille se déroulant sur plusieurs fronts planétaires. Or, finalement, il réoriente son récit pour se concentrer principalement sur Anakin Skywalker. Le script va alors s'étoffer et bouger même après la fin du tournage. Pour mieux expliquer les raisons du basculement vers le Côté Obscur d'Anakin, des scènes supplémentaires sont notamment tournées après le début de la post-production.

L'une des conséquences du remaniement du scénario est d'occulter certains éléments que George Lucas voulait aborder et qu'il avait laissés en suspens dans Star Wars : L'Attaque des Clones comme, par exemple, l'origine des clones et les mystères de la planète Kamino. S'il ne donnera pas de réponse dans le troisième volet, il autorise néanmoins l'auteur James Luceno à combler les trous dans le roman Le Labyrinthe du Mal, publié en 2005, peu avant la sortie du film, et qui sert de préquelle au film. Une autre chose étonnante est également proposée en parallèle. Afin de faire patienter les jeunes fans, une série animée Star Wars : Clone Wars est proposée sur Cartoon Network. Celle-ci est découpée en trois saisons, deux comprenant dix-neufs épisodes de trois minutes et un de vingt minutes et une troisième saison de cinq épisodes de douze minutes. La série présente un personnage important de l'Univers Étendu, la fameuse Sith, Asajj Ventress. Mais surtout, le roman comme la série introduisent bien avant le troisième long-métrage, le personnage du Général Grievous et la façon dont il a enlevé le Chancelier Palpatine. Il faut tout de même noté que les aventures papier et télévisée divergent un peu entre elles dans la description exacte des évènements. Le but de ces deux œuvres est, en réalité, de permettre aux fans d'avoir tous les éléments pour comprendre le futur long-métrage alors que le public lambda devra se contenter du texte déroulant. Malheureusement, depuis, le roman est devenu Légendes, consécutivement au rachat de Lucasfilm Ltd. par Disney, et ne fait donc plus partie de la Chronologie Officielle tandis que la série, elle, avait déjà été décanonisée depuis la sortie de la seconde série sur La Guerre des Clones diffusée à partir de 2008, Star Wars : The Clone Wars.

Le thème principal de Star Wars : La Revanche des Sith est, comme promis, le basculement d'Anakin vers le Côté Obscur de la Force. Tout de suite, le spectateur remarque qu'une petite musique est susurrée à l'oreille du héros. Comme un serpent hypnotiseur, le Chancelier Palpatine avec patience et minutie plante la graine du doute chez le jeune Jedi. Il importe la suspicion sur tout ce qu'il a appris et qu'il croit juste : la justice des Jedi évidemment mais aussi les bienfaits de la démocratie. Dès le début du film, il est clair que Palpatine, feignant d'attendre de se faire sauver, manipule Anakin et Obi-Wan. Le spectateur sait que le chancelier est le Seigneur Sith, Dark Sidious, et il se doute que cet enlèvement est une mise en scène pour forcer Anakin à plonger un peu plus dans le Côté Obscur. Les Sith vont toujours par deux, le maître et l'apprenti. Et en demandant d'exécuter le Conte Dooku, Dark Sidious fait non seulement comprendre à son ancien disciple qu'il n'a plus besoin de lui, voulant le remplaçer par un apprenti plus jeune, mais en profite aussi pour donner un coup de butoir aux valeurs du jeune Jedi en lui faisant assassiner de sang froid un ennemi désarmé. La façon dont Palpatine ordonne le meurtre est ainsi effrayante car le pauvre Anakin s'exécute comme un élève obéit à son professeur, voire comme un chien obéit à son maître, sans aucun recul sur la portée de son acte mise à part un léger remords.

Pour autant, Palpatine sait que le garçon a encore des valeurs en lui et qu'il doit trouver un moyen de le corrompre définitivement. Il est interdit par l'ordre Jedi de s'attacher à une personne, et encore plus de se marier et ceci afin d'être capable de maîtriser ces émotions qui mènent à la colère, à la peur, à la haine et donc au Côté Obscur. Mais Anakin, ayant débuté sa formation tard, a déjà eu à subir la perte de sa mère et fait des cauchemars prémonitoires lui annonçant la mort prochaine de Padmé, la femme qu'il aime et avec qui il est désormais marié. Malgré l'interdiction du mariage faite aux Jedi, Anakin a, en effet, choisi d'épouser clandestinement Padmé et de garder leur union secrète. Mais le Seigneur Sith a deviné son secret. Palpatine lui parle alors de la légende Sith de Dark Plagueis le Sage qui aurait réussi à vaincre la mort pour les autres mais également à donner la vie à partir de rien. Les dires de Palpatine sont intéressants car ils insinuent deux choses. D'abord, même s'il ne le confirme jamais, Dark Sidious serait le disciple de Dark Plagueis et l'apprenti aurait finalement tué son maître pour prendre sa place. Ensuite, et surtout, le légendaire Sith serait peut-être à l'origine de la naissance d'Anakin. En effet, dans Star Wars : La Menace Fantôme, le spectateur apprend qu'Anakin a un fort taux de midichloriens totalement anormal et sa mère affirme qu'elle est tombée enceinte d'Anakin par miracle sans père. Il est ainsi probable qu'en manipulant les midichloriens, Dark Plagueis ait réussi à créer la vie et soit à l'origine de la naissance même d'Anakin. Les réponses à ces interrogations sont d'ailleurs données dans le roman Dark Plagueis, sorti en 2012 et signé de nouveau par James Luceno. Mais comme le roman est, depuis, lui aussi tombé dans l'Univers Légendes, il n'est plus officiel...
Pour revenir à Star Wars : La Revanche des Sith, Palpatine promet donc à Anakin de sauver sa bien-aimée s'il passe du côté obscur, seul moyen d'apprendre la technique interdite. Un peu à la manière de Faust, le héros du mythe allemand, le Chevalier Jedi vend ainsi peu à peu son âme au Seigneur Sith pour protéger celle qu'il aime. Une scène aussi belle qu'intense montre parfaitement le dilemme du jeune Jedi. Au milieu du film, Padmé et Anakin sont dans deux endroits séparés sur Coruscant, tourmentés l'un comme l'autre. Elle est en train de penser à son enfant à naître qui ne pourra pas avoir de père officiel. Lui est en train de prendre sa décision : il sauvera celle qu'il aime quoi qui lui en coûte. Le plus cruel dans la tragédie d'Anakin est là : en voulant sauver l'amour de sa vie, il va lui-même la condamner ! En essayant d'empêcher son rêve funeste, il n'aura fait, en réalité, qu'aider à le concrétiser. S'il avait essayé de prendre du recul sans tomber dans le piège tendu par Palpatine, il aurait assurément sauver sa femme sans parler du coup d'arrêt mis aux projets politiques du Seigneur Sith et du sauvetage de la démocratie. Avec des si... Car aurait-il pu réellement faire autrement ? À sa place, qui aurait eu la force et la volonté de ne pas accepter tout ce qui est possible de faire afin de sauver l'être aimé ? Pas grand monde. Voilà ce qui rend le personnage torturé si intéressant : il est devenu le mal absolu par amour !

Le véritable moment iconique de Star Wars : La Revanche des Sith est donc la transformation d'Anakin Skywlaker en Dark Vador, et ce aussi bien physiquement que psychologiquement. Le basculement se fait quand le jeune Jedi prend parti pour le Chancelier Palpatine plutôt que pour le Maître Jedi Mace Windu. Anakin s'est finalement laissé convaincre par Palpatine de sa promesse de vie éternelle pour son épouse. Il a dû alors faire un choix entre l'Ordre Jedi et Padmé et il choisit Padmé ! Alors que le Maître Jedi et Seigneur Sith combattent l'un contre l'autre, Anakin coupe la main de Mace ce qui permet à Palpatine de le tuer. Dark Sidious, pour mieux accentuer l'asservissement du jeune Jedi, débaptise ensuite Anakin et lui donne désormais le nom de Dark Vador. L'apprenti Sith est ainsi complètement soumis à son nouveau Maître. À partir de là, il perd toute humanité et devient une machine de guerre. A la demande de son maître, il commence par massacrer tous les Jedi du temple sur Coruscant, y compris les enfants. Il se livre à un vrai génocide de sang-froid. Mais Palpatine n'entend pas se contenter de cette seule exaction : il lui demande d'assassiner les responsables des séparatistes que Dark Sidious a fait envoyer sur la planète Mustafar. La guerre terminée, le désormais Empereur n'a, en effet, plus besoin d'eux. Sur cette planète, Anakin Skywalker va alors perdre le seul lien qui le maintient à son côté lumineux. Padmé, inquiète, l'y retrouve en effet mais n'accepte pas ce que son mari est devenu. Anakin furieux lui pose un terrible ultimatum  "Si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi" et de colère étrangle celle qu'il aime, risquant de la tuer. Elle est sauvée de justesse par Obi-Wan Kenobi qui a, pour devoir, d'éliminer son ancien padawan. Après un combat dantesque, l'apprenti Sith est vaincu, perdant ses deux jambes ainsi que son seul bras valide (le premier ayant déjà été perdu dans Star Wars : L'Attaque des Clones). Qui plus est, ce qui reste de son corps est complètement brûlé. Ce combat signe en réalité la mort effective d'Anakin Skywalker, il n'est plus qu'un morceaux de corps et d'esprit rempli de haine devenant de façon définitive Dark Vador. L'Empereur finit ensuite la transformation physique de son apprenti en lui sauvant la vie et en lui donnant son armure et son casque noir si caractéristiques. Dark Sidious termine également la mutation psychologique de Dark Vador en lui annonçant qu'il est le responsable de la mort de sa bien-aimée, tombée sous les coup de sa propre colère. Un monstre est donc né... Tous les choix d'Anakin auront été ainsi mauvais : reniant ses principes, tuant l'amour de sa vie, le damnant, emprisonnant son âme dans la colère et la haine et son corps dans une armure le maintenant artificiellement en vie.

Au delà de la transformation d'Anakin Skywalker en Dark Vador, Star Wars : La Revanche des Sith prend aussi des airs de féroce pamphlet politique. George Lucas continue, en effet, de développer un parallèle évident entre l'avènement de l'Empire et celui du Troisième Reich. Le Chancelier Palpatine est ainsi un fin calculateur politicien qui, comme il l'a fait avec son futur apprenti, introduit le doute dans les institutions démocratiques. La Guerre des Clones lui a non seulement permis de renforcer son pouvoir mais également de mettre à mal le moral des Jedi et d'affaiblir le soutien de la population vis à vis de ceux qui sont censés la protéger. Le Chancelier profite de la sorte de la tentative manquée d'assassinat par Mace Windu pour faire voter au Sénat les pleins pouvoirs transformant ainsi la République en Empire Galactique. Il promet une société fondée sur l'ordre et la sécurité. Padmé, qui assiste avec le sénateur Bail Organa à cet évènement historique, prononce des mots d'une justesse et d'un réalisme implacable qui résonne tristement dans la réalité : "Ainsi s'éteint la liberté, sous une pluie d'applaudissements." Le réalisateur montre alors que la démocratie peut facilement basculer si les citoyens n'y prennent pas garde. Et le plus dangereux, c'est qu'elle peut disparaître légalement, par l'action de ses propres représentants capables d'effacer d'un revers de la main, par un simple décret, les droits et libertés de leurs concitoyens. L'Empereur lui ne recule devant aucune compromission : dans le même temps, il fait assassiner les chefs séparatistes, qui en réalité travaillaient pour lui afin de déstabiliser la République de l'intérieur et lui permettre d'accéder aux pleins pouvoirs. Ceux-ci ne se doutaient, en effet, pas une seconde que le Seigneur Sith Dark Sidious, qui leur donnait leurs ordres, et le Chancelier Palpatine  formaient une seule et même personne. La Guerre des Clones terminée, il s'agit pour lui d'effacer toutes traces de complot et notamment toutes possibilités de rapprochement entre l'Empereur et le Seigneur Sith. Pour autant, Palpatine ne va pas jusqu'à dissoudre le Sénat qu'il garde pendant dix-neuf ans pour faire croire à la population qu'ils ont encore des représentants capables d'influer sur la politique impériale. La fin de la construction de l'Étoile de la Mort, et l'arrestation de la sénatrice rebelle d'Alderaan, constitueront l'ultime étape de son accession au pouvoir absolu, prétexte à la suppression de ce qui n'est plus désormais qu'un vestige de l'Ancienne République comme Dark Vador l'annonce à la Princesse Leia Organa dans Star Wars : Un Nouvel Espoir.

Un autre beau moment dans Star Wars : La Revanche des Sith est assurément la façon dont Palpatine accomplit la purge Jedi. Si tous les Jedi présents dans le temple, principalement des padawans et des novices, ont été massacrés par Dark Vador, les Maîtres et les Chevaliers Jedi sont, eux, pour leur part, disséminés un peu partout dans la galaxie commandant à l'armée de clones combattant les droïdes séparatistes. Mais Dark Sidious a tout prévu. Il a, en effet, implanté dans le subconscient de chacun des clones une sorte de programme qui les fait se retourner contre les généraux Jedi : le fameux Ordre 66. Après l'attaque de Mace Windu, persuadé qu'il n'arriverait plus à berner les Jedi et disposant désormais d'une raison de les exterminer, il va ainsi activer l'Ordre ; un moment qu'il attendait depuis bien longtemps. En donnant ce commandement aux clones, il confirme ainsi indirectement aux spectateurs, sans toutefois le préciser explicitement, que c'est bien lui qui est à l'origine de la commande des clones aux généticiens de Kamino. Les Jedi vont alors tous se faire assassiner les uns après les autres. Seuls deux en réchappent, Yoda et Obi-Wan Kenobi. Ils vont alors essayer immédiatement de supprimer les deux Sith, Yoda se chargeant de l'Empereur et Obi-Wan d'Anakin. Il faut ici souligner le combat véritablement jouissif entre Yoda et l'Empereur qui déroule pas moins qu'à l'intérieur même du Sénat Galactique, ce haut lieu rempli de symboles de la démocratie, devenant celui de sa chute. L'Empereur prend évidemment le dessus obligeant Yoda à s'enfuir et à partir en exil attendant des jours meilleurs. Il est évident que les Jedi sont tombés à pieds joints dans le piège tendu par Palpatine. Cette armée de clones venue de nulle part aurait dû éveiller leurs soupçons, mais il est toujours aisé de refaire l'histoire après coups : l'urgence venue du déclenchement de la Guerre des Clones les a mobilisés, leur ôtant le recul nécessaire pour analyser sereinement la situation. Cette guerre a usé l'Ordre des Jedi : de défenseur de la paix, ils sont devenus des généraux de guerre tentant de garder la cohésion de la Galaxie. Or toute guerre a ses victimes collatérales, et petit à petit, sape le moral de la population et indirectement la confiance placée en ses protecteurs. Peu à peu, les Jedi sont obligés de tordre le cou à leurs valeurs à l'image de Mace Windu qui décide d'assassiner le Chancelier sous prétexte qu'il est trop dangereux de le laisser en vie. Paradoxe suprême, c'est cette assertion qui va finir de convaincre Anakin Skywalker que les Jedi se sont désormais fourvoyés. Elle est en opposition totale avec les principes fondateurs de l'Ordre Jedi : la respect de la vie et la défense de la justice. Il y a encore seulement quelques années, le Maître Jedi n'aurait jamais envisagé de devoir tuer le Chancelier et lui aurait donné droit à un procès. Au final, pour les Jedi comme pour les Sith, la définition de la justice est devenue à géométrie variable. Palpatine en faisant oublier aux Jedi leurs valeurs les a affaibli au point de les conduire à leur chute.

La fin de Star Wars : La Revanche des Sith permet enfin de faire le lien avec Star Wars : Un Nouvel Espoir. Le dénouement du film est particulièrement émouvant avec le décès de Padmé juste après avoir donné naissance aux deux jumeaux Skywalker. Les plus observateurs remarqueront peut-être une petite incohérence dans ce plan. En effet, dans Star Wars : Le Retour du Jedi, Luke demande à Leia si elle a des souvenirs de sa vraie mère. Elle lui répond qu'elle en a des bribes se souvenant juste qu'elle était très belle. Hors, Padmé meurt juste après avoir accouché. Il est donc impossible pour Leia de se souvenir de sa mère. Alors certes, il est aussi possible que les souvenirs de la princesse soient très flous, déformés ou même liés à des représentations de sa mère laissées un temps à son contact... Après sa mort, Yoda et Obi-Wan décident sur le champ du sort des deux bébés qu'ils se doivent de cacher à tout prix à leur père. Ainsi, Leia sera adoptée par le sénateur d'Alderaan, Bail Organa tandis que Luke ira rejoindre son oncle Owen et sa tante Béru sur Tatooine sous la surveillance lointaine d'Obi-Wan Kenobi. Yoda, quant à lui, part en retraite sur Dagobah avec comme objectif de s'entraîner à ne faire qu'un avec la force, même après la mort. Les deux droïdes, R2-D2 et C-3PO sont eux confiés au Capitaine Antilles, le droïde de protocole voyant sa mémoire effacée. Les trois dernières scènes sont alors particulièrement touchantes : elles alternent entre le père, la fille et le fils. L'Empereur, Tarkin et Dark Vador admirent en effet le chantier de l'Étoile de la Mort. Bail Organa ramène Leia sur Alderaan et la présente à sa femme. Obi-Wan confie Luke à son oncle et sa tante. Le couple admire alors le double coucher de soleils en portant le bébé dans leurs bras. Cette dernière image est un rappel évident à celle de Luke regardant l'horizon au loin dans Star Wars : Un Nouvel Espoir.

Comme dans les précédents films de la prélogie, Star Wars : La Revanche des Sith possède également quelques symétries avec le troisième opus de la trilogie original à commencer par le titre dont il est un clin d'oeil assumé. À l'époque, un des titres préparatoires de l'Épisode VI est, il est vrai, The Revenge of the Jedi mais George Lucas pense alors qu'il constitue une erreur car un Jedi ne poursuit jamais une revanche, un sentiment impur pour lui d'où le choix judicieux du mot "Retour". Ici, par contre, "Revanche" est le terme parfait pour désigner l'action des Sith avides de pouvoir. Le titre se retrouve donc être un miroir de celui de Star Wars : Le Retour du Jedi mettant le côté obscur en avant en lieu et place du côté lumineux.  Au delà, d'autres petits détails font penser à Star Wars : Le Retour du Jedi notamment la relation entre l'Empereur et Anakin qui imite, dans ses dialogues, ce que dit le même Empereur à Luke dans le sixième film. Se remarque, en outre, une scène particulièrement frappante : celle du combat de Mace Windu contre le Chancelier Palpatine. Elle rappelle, en effet, énormément le combat de l'Empereur contre Luke Skywalker. Dans les deux cas, l'élément commun est Dark Vador. Dans le film de 2005, Anakin trahit le Maître Jedi permettant à Palpatine de prendre le pouvoir ; le Seigneur Sith ayant convaincu le jeune Skywalker qu'il est le seul à pouvoir sauver sa bien-aimée. Dans le film de 1983, Dark Vador trahit cette fois-ci l'Empereur sauvant ainsi son fils Luke ; le Jedi ayant réussi à atteindre la part lumineuse restant chez son père.

En plus de tout cela, le plus étonnant dans Star Wars : La Revanche des Sith, par rapport aux cinq précédents films de la saga, est la construction en trois actes / trois lieux moins évidente. Le film peut certes être découpé en trois actes : le sauvetage du Chancelier, l'insidieuse corruption d'Anakin puis la chute de la République et la purge des Jedi. Au niveau des lieux, par contre, il est beaucoup plus flou. Il faut dire que le centre de l'action se situe principalement sur la planète capitale, Coruscant. La première partie se déroule ainsi dans le vaisseau de Grievous au dessus de la planète urbaine. La seconde alterne elle les joutes politiques sur Coruscant avec les batailles sur les planètes lointaines comme la rocheuse Utapau ou encore celle des Wooies, Kashyyyk. La dernière partie voit encore le combat final se dérouler sur deux planètes : l'un contre l'Empereur sur Coruscant, l'autre contre son nouvel apprenti sur la planète volcanique Mustafar. Mais ceci forme un schéma grossier car la dernière partie visite, en réalité, de nombreux autres lieux, notamment durant la scène de l'Ordre 66 où pas moins de quatre autres planètes sont brièvement montrées. Enfin, les dernières scènes du film montrent aussi l'astéroïde Polis Massa durant l'accouchement des jumeaux Skywalker, la planète Naboo durant l'enterrement de Padmé ainsi que les deux planètes adoptives des deux jumeaux : Alderaan et Tatooine. Il est donc difficile dans ces conditions de considérer que le respect du développement du récit en trois lieux est véritablement effectif...

Parmi les planètes visitées, deux valent néanmoins vraiment le détour. La première est Kashyyyk, tout simplement mythique. Kashyyyk est en effet la planète natale des Wookiees, et donc du fameux Chewbacca. Apparue pour la première fois dans le téléfilm Au Temps de la Guerre des Étoiles, sous le nom de Kazzook, elle a pris de l'ampleur dans l'Univers Étendu, notamment dans les romans, en devenant un lieu particulier où les arbres sont aussi immenses que les buildings de Coruscant et où les profondeurs de la forêt grouillent de dangers insondables. Dans Star Wars : La Revanche des Sith, la verdoyante Kashyyyk a toutefois perdu sa végétation luxuriante avec des images montrant certes des arbres mais autour d'une belle plage de sable fin. L'apparence est ainsi moins frappante que l'idée que s'en étaient faites les lecteurs au fil des romans. La séquence a tout de même le mérite de faire revenir Chewbacca dans la prélogie et de le voir interagir, puis sauver Yoda.
A l'inverse, Mustafar est une nouvelle planète totalement saisissante. Située dans la Bordure Extérieure, il s'agit d'une planète volcanique où les fleuves sont constitués de laves en fusion tandis que le ciel est encombré de nuages de cendres. Totalement inhospitalière, elle va devenir plus saisissante encore en étant le lieu d'évènements incroyables : la fin de la Guerre des Clones et la mort de ce qui reste d'Anakin Skywalker. La planète est parfaite pour souligner ce qui se passe métaphoriquement à l'écran : l'enfer dans lequel plonge la République et le diable qu'est en train de devenir le jeune Jedi.

Peu de nouveaux personnages d'envergures font leur apparition dans Star Wars : La Revanche des Sith.
Le seul à ressortir du lot est clairement le Général Grievous. Cet ancien seigneur de guerre Kaleeshs ayant subi un terrible accident voit en effet son cerveau et ses organes implantés dans une carcasse métallique de cyborg. Il est plus tard recruté par le Comte Dooku afin de diriger l'armée des séparatistes durant la Guerre des Clones tout en le formant aux armes Jedi. Durant certaines batailles, il élimine ainsi plusieurs Jedi en combat singulier s'emparant de leurs sabres lasers comme trophées. Dans le film, le personnage est vraiment convaincant et son combat contre Obi-Wan Kenobi est particulièrement haletant.
Le reste du casting est, quant à lui, strictement conforme aux deux précédents films.
Hayden Christensen joue ainsi un Anakin Skywalker vraiment torturé et a gagné en qualité et maturité dans son jeu. Il arrive parfaitement à retranscrire la colère et la haine quand Anakin devient Dark Vador. La scène où il tue les novices donne vraiment froid dans le dos sans que rien ne soit pourtant réellement montré à l'écran au profit d'une simple suggestion narrative, passant notamment par le regard sombre de l'acteur.
Alors que Natalie Portman n'était pas très convaincante en Padmé Amidala amoureuse dans le précédent opus, elle semble ici plus à son aise. Toujours aussi parfaite dans le rôle de politicienne, elle convainc dans celui de l'épouse qui remarque que son mari est devenu un monstre qu'elle ne peut plus suivre. Elle ne parvient toujours pas, en revanche, à être une amoureuse passionnée.
Ewan McGregor en Obi-Wan Kenobi est, lui, au contraire, parfait dans toutes ses postures. Sa bataille avec Anakin sur Mustafar est ainsi particulièrement impressionnante. Devenu un sage Maître Jedi, il est dans l'incapacité de tuer celui qui fut son protégé et qui a rejeté tous les préceptes qu'il lui a inculqué.
La prestation de Ian McDiarmid est également à souligner. Sublime Palpatine, il sait se rendre charmeur alors qu'il est en réalité le mal incarné. En Dark Sidious, il se montre particulièrement méthodique et efficace. Son combat contre Yoda donne des frissons tant il est l'un des ces moments attendus par de nombreux fans.
Samuel L. Jackson voit, quant à lui, son rôle de Mace Windu s'étoffer dans l'opus. Il faut dire que le Maître Jedi est indirectement fautif du basculement d'Anakin dans le côté obscur de la Force. Il ne fait pas confiance au jeune Jedi ce qui a tendance à placer ce dernier sur la défensive. Pire, ses positions assez stricts s'éloignent trop souvent des principes fondateurs des Jedi. Quand Mace Windu veut assassiner Palpatine, c'est ainsi Anakin qui se retrouve contraint de choisir son camp, préférant s'opposer à Mace plutôt que de perdre la chance de sauver sa femme.
Les autres personnages sont, en revanche, bien plus effacés. Le Conte Dooku, joué par Christopher Lee, est vite mis hors circuit au début du long-métrage tandis que C-3PO (Anthony Daniels) donne plus dans la figuration que dans l'action.
Deux personnages numériques ont, en enfin, aussi de belles scènes : R2-D2 dont les prouesses dans la première partie sont aussi drôles qu'époustouflantes mais aussi Yoda qui, par ses combats et sa sagesse, rayonne tout du long.

La musique de John Williams demeure évidemment toujours aussi merveilleuse. Bien plus sombre que dans les précédents opus, le compositeur met l'accent sur les horreurs que commet Anakin ainsi que sur les doutes qui l'assaillent avant elles. Il réutilise aussi, de-ci de-là, certains airs des autres films de la prélogie mais également les partitions iconiques de Star Wars : Un Nouvel Espoir pour faire le pont avec l'Épisode IV.
Star Wars : La Revanche des Sith est enfin et aussi une prouesse technique dans la veine des deux précédents opus de la trilogie. Le tout numérique rebute encore plus d'un spectateur mais il faut avouer que les décors et les effets spéciaux sont de toute beauté. Ils permettent en outre une diversité de lieu et d'action comme jamais vue dans la saga Star Wars auparavant. De la bataille spatiale en début de film jusqu'au duel de sabres lasers sur la volcanique Mustafar, ce sont des morceaux de bravoures époustouflants qui défilent sous les yeux des spectateurs ébahis.

Star Wars : La Revanche des Sith est le film de la prélogie le mieux accueilli faisant jeu égal avec Star Wars : Le Retour du Jedi. Les critiques saluent, entre autres, le côté sombre et la belle conclusion de l'histoire d'Anakin Skywalker. Néanmoins, l'opus est boudé par la profession qui ne lui concède qu'une seule nomination aux Oscars pour le maquillage. Par contre, Hayden Christensen gagne le Razzie Award du Pire Second Rôle Masculin pour son jeu d'Anakin Skywalker, un prix injuste tant le jeune acteur ne démérite pas.

Star Wars : La Revanche des Sith est un franc succès au cinéma ramenant 380 millions de dollars rien qu'aux États-Unis et devenant le meilleur film de l'année au box office. Au niveau mondial, avec ses 848 millions de dollars, il n'est que deuxième s'inclinant devant Harry Potter et la Coupe de Feu et ses 896 millions de dollars. En France, le long-métrage fait 7.2 millions entrées soit le deuxième résultat de l'année derrière Harry Potter et la Coupe de Feu et ses 7.7 millions d'entrées.

En 2012, Lucasfilm Ltd. prévoyait de convertir en 3-D les six films et de les proposer en salles de façon chronologique. Le premier opus ressort ainsi dans ce format au cinéma et récolte alors près de 100 millions de dollars supplémentaires dans le monde entier. Mais voilà, les critiques trouvent la conversion non seulement mal faite mais surtout sans grand intérêt. Le rachat de Lucasfilm Ltd. par The Walt Disney Company change alors la donne : les ressorties 3-D des cinq autres films sont purement et simplement annulées pour se concentrer sur le nouveau film : Star Wars : Le Réveil de la Force. Les conversions de Star Wars : L'Attaque des Clones et de Star Wars : La Revanche des Sith sont pourtant déjà terminées : pour l’instant, elles n’ont été visibles que lors des conventions Star Wars Celebration de 2013 et 2015.

Star Wars : La Revanche des Sith conclut à merveille cette prélogie qui a tant divisé les fans et les spectateurs. Ce troisième opus semble en effet avoir enfin réconcilié les cinéphiles, certains le considérant même meilleure que Star Wars : Le Retour du Jedi. George Lucas a réussi, quant à lui, le tour de force de montrer la lente descente aux enfers d'Anakin Skywalker et sa transformation en Dark Vador sans trahir l'icône. En établissant parfaitement le pont avec sa première trilogie, en particulier Star Wars : Un Nouvel Espoir, le réalisateur crée ainsi un lien émotionnel en bouclant sa saga sur Anakin Skywalker changeant de la sorte le regard que le public avait sur le plus grand méchant du cinéma. Dark Vador est devenu sous sa carcasse humain et... attachant. Une grande réussite !

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