Les Enfants du Capitaine Grant

Titre original :
In Search of the Castaways
Production :
Walt Disney Productions
Date de sortie USA :
Le 19 décembre 1962
Genre :
Aventure
Réalisation :
Robert Stevenson
Musique :
Richard M. Sherman
Robert B. Sherman
William Alwyn
Durée :
98 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Mary Grant et son jeune frère Robert se lancent, avec l'aide du Professeur Paganel, à la recherche de leur père, capitaine de bateau, le long du 37e parallèle sud, sur la seule base d'une information retrouvée dans une bouteille jetée à la mer. Ils sont loin de se douter des multiples dangers qui les attentent dans leur quête...

La critique

rédigée par
Publiée le 28 novembre 2021

Les Enfants du Capitaine Grant est le deuxième roman de Jules Verne adapté par Walt Disney après le cultissime 20 000 Lieues Sous les Mers. À la différence du premier, les studios ont cette fois-ci délaissé le premier degré pour construire un film plus léger où l'action est peu réaliste et les chansons plus présentes. L'ensemble peut ainsi apparaître décousue tant certaines séquences semblent simplement se juxtaposer. Pour autant, le talent à la réalisation de Robert Stevenson ainsi que le charme des acteurs, que ce soit Maurice Chevalier ou Hayley Mills, donnent au long-métrage un récit haletant où l'ennui n'a pas sa place.

Les Enfants du Capitaine Grant est naturellement basé sur le roman éponyme de l'auteur français Jules Verne. Né le 8 février 1828 à Nantes, le futur romancier monte sur Paris lors de ses études de droit. Mais très vite, il se rend compte que le métier d'avocat n'est pas fait pour lui, préférant une carrière littéraire. Ses débuts en tant qu'écrivain sont toutefois timides et passent inaperçus alors qu'il s'essaye tour à tour à la poésie, au théâtre et à la rédaction de nouvelles. Mais sa rencontre avec l'éditeur Pierre-Jules Hetzel en 1861 va changer sa carrière lorsqu'il décide de publier son premier roman Cinq Semaines en Ballon (1863). L'ouvrage est un immense succès en France comme à l'étranger. Il devient ainsi le premier volume d'une série qui fera la gloire et la fortune de Jules Verne, les Voyages Extraordinaires. L'auteur s'engage auprès d'Hetzel à en produire deux à trois tomes par an. Les livres sont, encore aujourd'hui, particulièrement recherchés car en plus d'être des chefs d'œuvre de la littérature, ils constituent des objets superbes avec leurs couvertures à dorures et leurs incroyables illustrations en noir-et-blanc. Au final, pas moins de 62 romans, dont 8 posthumes, 2 recueils et 6 nouvelles sortiront dans cette collection écrite sur près de quarante ans. Les titres emblématiques ne manquent pas parmi lesquels : Voyage au Centre de la Terre (1864), De la Terre à la Lune (1865), Les Enfants du Capitaine Grant (1867-1868), Vingt Mille Lieues sous les Mers (1868-1870), Le Tour du Monde en Quatre-Vingts Jours (1873) ou L'Île Mystérieuse (1875). En 1871, Jules Verne s'installe à Amiens où il mourra le 24 mars 1905. L'auteur sera alors salué dans le monde entier - il est d'ailleurs l'écrivain français le plus traduit au monde - mais aura étrangement du mal à se faire reconnaître comme un grand écrivain dans son propre pays durant de nombreuses années. Considéré à tort comme un auteur pour la jeunesse car faisant appel au voyage et à l'imaginaire, il est en réalité bien plus que ça : il est tout à la fois un père de la science-fiction et de l'anticipation dont certaines de ses prédictions se sont avérées vraies ; un observateur de son époque en particulier des avancées scientifiques, techniques et politiques ; un merveilleux conteur avec ses descriptions faites d'accumulations précises et détaillées et un véritable pédagogue arrivant à vulgariser des principes complexes. Aujourd'hui, enfin réhabilité, Jules Verne est à la place qui était la sienne : au panthéon des plus grands auteurs français.

Les Enfants du Capitaine Grant est rédigé par Jules Verne à partir de 1865 puis publié en feuilleton dans le Magasin d'Éducation et de Récréation du 20 décembre 1865 au 5 décembre 1867 avant d'être finalement édité chez l'éditeur Hetzel en trois volumes en mai 1867, juillet 1867 et janvier 1868. Cinquième roman de son cycle des Voyages Extraordinaires, le roman offre de nombreux thèmes très présents dans l'œuvre de l'auteur comme la recherche de l'être aimé, le goût pour l'aventure, les voyages vers des contrées inexplorées suivis de leurs explorations mais également l'instruction des jeunes lecteurs via des cours déguisés de géographie, d'histoire, d'ethnographie et de zoologie. Mais sous son apparence sérieuse, le récit délivré s'avère également très drôle grâce notamment au personnage de Paganel tout en étant aussi grandiloquent à la façon d'une pièce de théâtre avec différentes scènes spectaculaires qui ponctuent l'aventure comme ces montagnes qui tremblent, ces fleuves qui débordent ou ces volcans qui rentrent en éruption.
Les Enfants du Capitaine Grant fait toutefois partie des romans secondaires de l'auteur : peut-être pas les plus populaires mais assez connus pour que le titre parle au grand public. Son statut fait qu'il ne rentre pas dans le groupe des œuvres de Jules Verne les plus adaptées au cinéma même si le film de Walt Disney marque tout de même la troisième transposition du roman à l'écran. La première adaptation remonte en effet à 1914 avec un film muet français, Les Enfants du Capitaine Grant, du réalisateur Victorin-Hippolyte Jasset. La seconde est un long-métrage soviétique, Deti Kapitana Granta de Vladimir Vaynshtok et David Gutman, proposé en salles le 15 septembre 1936 et qui rencontrera un beau succès en URSS lors de sa sortie.

Les studios Disney n'étaient pas revenus au genre du film d'aventure depuis la sortie du long-métrage à succès Les Robinsons des Mers du Sud, fin décembre 1960. Deux ans sépareront ainsi les sorties des deux longs-métrages. Étonnamment, l'idée de cette nouvelle adaptation de Jules Verne vient de Bill Anderson, le producteur des (Les) Robinsons des Mers du Sud, qui tombe sur le livre de l'auteur français et pense que cela pourrait faire un excellent sujet pour les studios. Si Walt Disney est d'accord sur le principe, il s'oppose à ce que le producteur s'occupe de ce nouveau projet. Ce dernier pense en effet qu'il doit être tourné comme le précédent en décors réels. Le Maître de l'Animation est lui, au contraire, persuadé que le tournage peut être intégralement fait en studio. Walt Disney ne veut surtout plus subir les aléas et les dépassement de budget rencontrés sur le film des robinsons suisses. Il choisit alors de tourner son nouvel opus sur les quatre plateaux des studios de Pinewood, situés à 30 km à l'ouest de Londres. Pour sa conception, il demande à Peter Ellenshaw, l'un de ses experts en conception visuels, de lire le livre et de lui proposer des concept arts qu'il transforme ensuite en storyboard. Lowell S. Hawley se charge alors d'écrire le scénario, lui qui connaît bien les films d'aventures Disney puisqu'il a écrit précédemment celui des (Les) Robinsons des Mers du Sud.

Pour mettre en image Les Enfants du Capitaine Grant, Walt Disney fait appel à un réalisateur confirmé, Robert Stevenson, avec qui il a déjà travaillé puisqu'il a mis en scène cinq longs-métrages Disney, Johnny Tremain (1957), Fidèle Vagabond (1957), Darby O'Gill et les Farfadets (1959), L'Enlèvement de David Balfour (1960) et Monte là-d'ssus (1961) ainsi que trois épisodes de la série Zorro. Né le 31 mars 1905 à Buxton en Angleterre, il étudie les sciences et la psychologie à l'Université de Cambridge mais une mission de recherche impliquant des cinéphiles l'inspire à poursuivre une carrière cinématographique. Il débute en tant que scénariste puis réalise son premier long-métrage, Happy Ever After, en 1932 en Allemagne puis son premier film britannique, Falling for You, en 1934. En 1939, il immigre vers Hollywood où il travaillera pour plusieurs studios dont 20th Century Fox pour lequel il tourne le film de cinéma Jane Eyre en 1943. Durant la première moitié des années 1950, il œuvre plutôt pour la télévision, avec notamment les téléfilms The Miracle on 34th Street (1955) et Broken Arrow (1956) pour l'émission d'anthologie The 20th Century-Fox Hour. Les Enfants du Capitaine Grant est, pour lui, un nouveau film ambitieux, empli d'effets spéciaux, qu'il signe pour les studios Disney, pour lesquels il travaillera jusqu'à la fin de sa carrière en tournant pas moins de quatorze long-métrages en plus, dont de nombreux sont devenus des classiques du cinéma comme Mary Poppins (1964), L'Espion aux Pattes de Velours (1965), Un Amour de Coccinelle (1969) ou L'Apprentie Sorcière (1971).

Le film Les Enfants du Capitaine Grant suit globalement les grandes lignes du roman mais s'éloigne de l'œuvre littéraire sur de nombreux points, à commencer par ses personnages qui sont bien différents. Si Jacques Paganel, Mary Grant, son frère Robert ainsi que Lord Glenarvan sont évidemment présents, Lady Helena Glenarvan et le Major Mac Nabbs sont absents même si ce dernier est nommé dans le long-métrage. De plus, le film ne commence pas comme le livre puisqu'ici c'est Jacques Paganel qui trouve la bouteille avec le message du Capitaine Grant et non Lord Glenarvan et sa femme. Le fil rouge reste lui en revanche le même, celui de chercher le disparu le long du 37e parallèle sud tandis que les péripéties sont raccourcies, étant impossible de reprendre la totalité du riche roman. La partie en Amérique du Sud est tout de même la plus proche de l'œuvre de Jules Verne mettant en images certaines scènes les plus emblématiques. Celle en Australie est réduite à peau de chagrin tandis que celle en Nouvelle-Zélande reprend les évènements les plus marquants mais change beaucoup leur déroulé. Il est tout de même gardé, comme dans le roman, la trahison du quartier-maître Thomas Ayrton, apportant ainsi du piment à la deuxième partie du récit.

En reprenant la construction du livre, le scénario des (Les) Enfants du Capitaine Grant ne peut s'empêcher d'être un tantinet épisodique et donc décousu. Le fait de passer d'un lieu à un autre, d'une mésaventure à une autre catastrophe, donne réellement l'impression d'une juxtaposition de scènes plutôt que d'une histoire qui avance au fur et à mesure. La partie en Amérique du Sud pourrait être totalement enlevée que cela ne changerait rien du tout au récit alors qu'elle représente pourtant un bon tiers du film. De façon contre-intuitive, c'est également cette partie qui propose les plus belles scènes de bravoure du long-métrage. Sans elles, l'opus serait aussi moins palpitant. L'autre petit souci qui peut être reproché aux (Les) Enfants du Capitaine Grant est son ton qui s'éloigne un peu de ce qu'attend le public de ce genre de long-métrage. L'entame du film laisse ainsi à penser à une aventure plutôt réaliste mais l'impression s'estompe très vite lors des premières péripéties dans les montagnes des Andes. Entre la chansonnette poussée par Jacques Paganel et les aventures rocambolesques des personnages, les spectateurs se rendent vite compte qu'ils sont face à une aventure fantastique pleine de fantaisie qui ne cherche absolument pas à proposer un réalisme à tout crin mais offre plutôt un divertissement aussi impressionnant que bon enfant. Pour autant, malgré ces légers défauts, Les Enfants du Capitaine Grant s'avère en réalité tout à fait charmant. Le problème de rythme et les aventures fantaisistes rendent le film familial à souhait, porté en plus par des personnages attachants, un belle romance adolescente et un humour bon enfant. Au final, l'ennui n'a jamais sa place et le public suit les aventures des enfants Grant avec grand plaisir.

Les Enfants du Capitaine Grant est donc porté par des personnages attachants magnifiés par un casting parfait.
Le rôle de Mary Grant est ainsi confié à la merveilleuse Hayley Mills, la deuxième égérie Disney qui venait de prendre la place d'Annette Funicello dans le cœur des enfants de l'époque. Fille de l'acteur John Mills, qui avait joué pour Walt Disney dans Les Robinsons des Mers du Sud (1960), son premier film pour le label de Mickey n'est pas moins que le fabuleux Pollyanna en 1960 pour lequel elle gagne d'ailleurs un Oscar d'honneur. Suite à ce succès, Walt Disney propose à la jeune fille un contrat de cinq films, un par an : la comédie La Fiancée de Papa en 1961, l'adaptation du roman de Jules Verne Les Enfants du Capitaine Grant en 1962, la comédie musicale Summer Magic en 1963, le thriller La Baie aux Émeraudes en 1964 et une autre comédie, L'Espion aux Pattes de Velours en 1965. Dans les années 80, elle revient chez Disney, mais à la télévision cette fois-ci, en reprenant son rôle des jumelles Susan & Sharon dans trois suites de La Fiancée de Papa. Elle est remarquée aussi dans le téléfilm Back Home (1990) ainsi que dans le rôle-titre de la série Bonjour, Miss Bliss (1988), première version de ce qui deviendra Sauvés par le Gong.
Même si elle est toujours aussi charmante, Hayley Mills s'avère peut-être un peu plus effacée dans sa troisième participation à un film Disney. Deux raisons à cela. D'abord, son personnage n'est plus au centre de l'intrigue. Mary Grant est en effet à la recherche de son père mais ne fait que suivre des adultes qui ont l'intention de l'aider. Ensuite, le personnage manque un peu d'épaisseur. Comme la fille du marin n'est pas au centre du récit, il y a moins de place pour développer son personnage qui se retrouve être par trop linéaire. Heureusement, la jeune fille n'est pas forcément lisse. Elle n'a ainsi pas peur d'affronter tous les dangers d'une expédition si ardue. Elle sait aussi se montrer très convaincante, montrant sa force de caractère tout comme elle peut s'avérer plus futée que ses comparses masculins, se révélant notamment méfiante du comportement du quartier-maître Ayrton. Enfin, sa romance avec le fils de Lord Glenarvan est aussi sympathique et amène un peu de légèreté dans un film plein d'action.

L'autre star du film est sans contexte Maurice Chevalier qui joue ici Jacques Paganel, le professeur jovial et un peu loufoque. Déjà une grande star à Hollywood dans les années 30, il fait son grand retour dans les studios américains dans les années 50, notamment grâce à son rôle dans la comédie musicale Gigi pour la MGM en 1958 qui lui vaut de recevoir un Oscar d'Honneur pour sa carrière l'année suivante. Sa rencontre avec Walt Disney est passionnante. Les deux hommes vouent en effet l’un pour l’autre une extraordinaire admiration qui se transformera en amitié. Rien d'étonnant que le Maître de l'Animation lui propose de tenir le rôle du professeur français fantasque dans son adaptation du roman de l'auteur français Jules Verne. Maurice Chevalier jouera par la suite une deuxième fois dans un long-métrage Disney, Singes, Go Home ! en 1967, tandis qu'il acceptera de sortir de sa retraite en 1970 afin d'interpréter la chanson titre des (Les) Aristochats en souvenir de son ami Walt Disney.
L'acteur apporte ici tout son charme et sa joie de vivre au personnage de Jacques Paganel, le savant distrait expert en géographie et en géologie. Il est le moteur du récit puisque non seulement il trouve la bouteille du Capitaine Grant, mais en plus il l'analyse et prévient les enfants du naufragé de sa trouvaille, leur donnant ainsi de l'espoir. Il les prend ensuite en charge afin de convaincre l'armateur du marin disparu en mer de partir à sa recherche. Ce sont ses raisonnements, souvent bancals, qui vont plonger l'équipe de sauvetage dans des situations rocambolesques. Pourtant, malgré ses bévues et les dangers qu'elles impliquent, il garde un optimisme à toute épreuve avec une nonchalance lui faisant prendre la vie comme elle vient, caractéristique qu'il décrit comme purement française. Jacques Paganel apporte également un humour innocent de par ses reparties et ses bourdes non voulues.

Le personnage de Lord Glenarvan devait revenir à l'origine à l'acteur Charles Laughton mais c'est finalement Wilfrid Hyde-White qui obtient le rôle. Ce prolifique acteur anglais a eu une carrière tardive à Hollywood, où il se fera particulièrement connaître pour son rôle du Colonel Pickering dans la comédie musicale oscarisé My Fair Lady de Warner Bros. en 1964, soit deux ans après Les Enfants du Capitaine Grant. L'acteur rend Lord Glenarvan particulièrement attachant puisque le personnage est à la fois l'adulte avec la voix de la raison (Jacques Paganel étant lui bien trop immature dans ses réactions malgré son âge avancé) tout en étant drôle, parfois malgré lui. De temps en temps bougon ou taquin, le personnage est merveilleux dans ses mimiques. Ses joutes verbales avec Jacques Paganel sont également amusantes en particulier quand ils s'affrontent sur la marche à suivre.
Un autre personnage adulte, plus austère cette fois-ci, est l'ancien quartier-maître du Britannia, Thomas Ayrton. Le méchant à l'origine des déboires du Capitaine Grant est interprété par l'acteur britannique George Sanders qui prêtera quelques années plus tard sa voix au méchant Shere Khan dans Le Livre de la Jungle. Le personnage n'arrive qu'à la moitié du film, ce qui fait qu'il ne laisse pas une marque mémorable aux spectateurs. Un temps mielleux et prévenant, il s'avère en réalité cynique et cruel, n'ayant aucun scrupule, lorsqu'ils s'emparent de leur navire, à abandonner à la mer les passagers qui l'encombrent, enfants compris.

Enfin, deux jeunes gens complètent le casting.
Le premier est Michael Anderson Jr. qui tient le rôle de John Glenarvan, le fils de l'armateur Lord Glenarvan. Le jeune homme possède un sourire qui fait que le public tombe naturellement sous son charme. Il est ainsi le parfait prétendant pour Mary Grant. Et même s'il est souvent prévenant avec la jeune fille, il peut aussi se montrer têtu et revanchard vis-à-vis d'elle. Il ne possède donc pas une personnalité effacée et n'est pas présent dans l'histoire uniquement pour jouer les jolis cœurs en petit ami idéal. Étant proche de l'âge adulte et bien plus jeune que son père, il est également celui qui protège toute l'équipée et qui doit se battre si besoin.
Le second est Robert Grant, le cadet du Capitaine disparu. À l'origine, Walt Disney voulait que ce soit le vrai frère d'Hayley Mills, Jonathan, qui joue le rôle mais à cause du refus de l'instituteur de ce dernier à ce que le garçon saute la classe, le Maître de l'Animation choisit finalement un jeune acteur avec plus d'expérience. Il jette finalement son dévolu sur Keith Hamshere qui s'est fait remarquer en tant qu'Oliver Twist dans la production londonienne du musical Oliver!. Le personnage de Robert est globalement effacé dans le film même s'il a deux scènes emblématiques : celle du condor géant et de l'évasion de la prison des Maoris permettant in fine de sauver toute l'équipée.

Les Enfants du Capitaine Grant impressionne particulièrement pour ses effets spéciaux, globalement réussis pour l'époque. Déjà, les décors construits pour le film sont spectaculaires, que ce soit les reproductions des ports de Glasgow en Écosse et de Melbourne en Australie mais également le yacht de Lord Glenarvan, le village Maori ou encore l'immense arbre qu'est l'ombu sud-américain. L'ensemble est en outre rehaussé par les magnifiques matte paintings du talentueux Peter Ellenshaw. La scène vue de loin où la fine équipe grimpe les montagnes des Andes est ainsi particulièrement effarante tellement elle est réaliste, bien plus que les gros plans des personnages sur leurs mulets où le spectateur remarque là les écrans verts. D'autres séquences sont tout aussi étourdissantes comme celle du tremblement de terre où les personnages vont glisser sur une grosse pierre sur les flans de la montagne et même rentrer dans un superbe glacier. Celle du naufrage sur l'arbre l'est tout autant, entre le tsunami qui recouvre la plaine desséchée entourant l'ombu puis la tornade en fin de séquence qui menace les malheureux réfugiés. Plus amusante est peut-être celle où Robert se fait enlever par un grand condor. Par contre, le clou du spectacle est sans conteste la fuite des héros dans un volcan en éruption afin de semer les Maoris qui les poursuivent. La grande satisfaction qu'apporte le long-métrage pour le passionné de l'écrivain français est d'y voir le savoir-faire des studios Disney en termes d'effets spéciaux utilisés afin de mettre en image toutes les péripéties inventées par Jules Verne. Toutes ces séquences d'action, aussi rocambolesques soient-elles, sont en effet bien présentes dans le roman.

Même s'il ne s'agit pas d'une comédie musicale, Les Enfants du Capitaine Grant possède quelques chansons signées des talentueux Richard M. Sherman et Robert B. Sherman, les compositeurs attitrés de Walt Disney durant les années 60. Durant cette décennie, ils sont en effet littéralement captés par le studio et écrivent de nombreuses chansons pour toutes ses activités : l'animation (Merlin l'Enchanteur, Mary Poppins , Le Livre de la Jungle, Symposium de Chants Populaires, Winnie l'Ourson et l'Arbre à Miel), les films "Live" (La Fiancée de Papa, Monte là-d'ssus, Un Pilote Dans la Lune, Compagnon d'Aventure, La Légende de Lobo, The Misadventures of Merlin Jones, Calloway, le Trappeur, Un Neveu Studieux, L'Espion aux Pattes de Velours, Demain... des Hommes, Singes, Go Home !, L'Honorable Griffin, Les Petits Hommes de la Forêt, Le Plus Heureux des Milliardaires, The One and Only, Genuine, Original, Family Band), la télévision (Vive la Couleur, The Horsemasters, Zorro, le générique de l'émission Walt Disney's The Wonderful World of Color...) et même les Parcs à thèmes (The Tiki, Tiki, Tiki Room, It's A Small World, There's a Great Big Beautiful Tomorrow). Leurs chansons sont alors interprétées par de grands artistes : Annette Funicello, Maurice Chevalier, Hayley Mills, Julie Andrews...

Quand Walt Disney leur demande de composer des chansons pour Les Enfants du Capitaine Grant, Richard M. Sherman et Robert B. Sherman sont ravis ! S'il ont déjà eu l'occasion de travailler avec Hayley Mills dans La Fiancée de Papa, c'est un honneur pour eux d'écrire pour le grand Maurice Chevalier. Ils suivent alors les pas de leur père, Al Sherman, lui aussi compositeur, qui avait imaginé la mélodie de la chanson Livin' in the Sunlight, Lovin' in the Moonlight dans le film La Grande Mare de Paramount Pictures en 1930 pour le jeune chanteur et acteur qu'était à l'époque Maurice Chevalier. Les Enfants du Capitaine Grant comprend ainsi quatre chansons. La première, Merci Beaucoup, est très brève et sert juste à danser rapidement autour de Lord Glenarvan quand il décide finalement de partir à la recherche du Capitaine Grant. La deuxième, Grimpons, chantée dans le film à la fois en français et en anglais (Let's Climb) par Maurice Chevalier, se déroule juste à l'arrivée du groupe dans les montagnes des Andes. Jacques Paganel y montre ainsi sa joie de vivre et son optimisme à toute épreuve. Ce trait de caractère revient avec la troisième chanson Enjoy It ! où le professeur, décidément joyeux, prépare un petit-déjeuner avec ce qu'il trouve sur l'ombu à demi submergé dans les plaines d'Amérique du Sud. La dernière chanson est la ballade Castaway chantée par Hayley Mills accompagnée à la guitare par Michael Anderson Jr. alors qu'ils sont à la belle étoile dans les hauteurs des Andes. Ainsi, le public remarque que toutes les chansons sont concentrées dans la partie sud-américaine du film, à l'ambiance plus légère ; la partie en Nouvelle-Zélande, bien plus dramatique, en est dépourvue.


Ressorties de 1970 et 1978

Les Enfants du Capitaine Grant sort sur les écrans américains le 19 décembre 1962 après une première à Londres le 14 novembre 1962. Porté par des critiques globalement positives, l'opus est un succès puisqu'il rapporte aux États-Unis près de 10 millions de dollars, se plaçant troisième au box office de 1962 juste derrière Lawrence d'Arabie de Columbia Pictures et Le Jour le Plus Long de 20th Century Fox. Son succès est tel qu'il aura droit à deux ressorties en 1970 et 1978 sur le territoire américain, ce qui fera que son box-office total, avec les recettes mondiales, s'élèvera à plus de 21 millions de dollars. En France, le succès est bien moindre. Proposé dans les salles le 27 novembre 1963, il rassemble près de 1,7 million de spectateurs, se plaçant au-delà du vingtième film dans le classement des entrées de l'année. Cela ne l'empêche pas d'avoir droit aussi à une ressortie le 20 août 1980.

Malgré son aspect épisodique, mais au final conforme au roman de Jules Verne, Les Enfants du Capitaine Grant est un film d'aventure plein de fantaisie porté par un superbe casting dont le joyeux Maurice Chevalier et la charmante Hayley Mills.

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