Titre original :
The Black Hole
Production :
Walt Disney Productions
Date de sortie USA :
Le 20 décembre 1979
Genre :
Science-fiction
Réalisation :
Gary Nelson
Musique :
John Barry
Durée :
98 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

À la fin du XXIIe siècle, alors qu'ils retournent vers la Terre à bord du Palomino, les savants Alex Durant et Kate McCrae, les officiers Dan Holland et Charles Pizer, ainsi que le journaliste Harry Booth détectent grâce à V.I.N.CENT., le robot de leur vaisseau d'exploration, la présence d'un trou noir, et non loin de lui, d'un engin spatial. Kate reconnaît bien vite le Cygnus, vaisseau de son père, disparu vingt ans auparavant. Mais celui-ci ne renferme plus qu'un seul humain, le docteur Hans Reinhardt, qui, au milieu d'un équipage de robots, s'empresse d'annoncer à Kate la mort de son père…

La critique

rédigée par
Publiée le 26 février 2017

Le Trou Noir est assurément l'un des films des studios Disney les plus atypiques jamais produits. Pour une première incursion dans le genre du space opera, l'opus apparaît, en effet, à l'époque de sa sortie, déjà kitsch affublé d'une fin aussi métaphysique que psychédélique. Il lui reste tout de même des effets spéciaux globalement de toute beauté et quelques bonnes idées au niveau de son récit, qui se veut à la fois un mélange et un hommage à quelques uns des plus beaux classiques Disney. Malgré ou grâce à cela, Le Trou Noir obtient au fil du temps le statut de film culte auprès du public l'ayant découvert adolescent mais également de la communauté geek.

Si Le Trou Noir est le tout premier space opera des studios de Mickey, l'œuvre de Walt Disney montre bien avant lui qu'il est fasciné par l'espace dont il propose dessus d'innombrables productions. Dans son émission d'anthologie, afin d'illustrer son Land Tomorrowland, de nombreux épisodes parlent ainsi de la conquête spatiale comme À la Conquête de l'Espace (1955), Man and the Moon (1955) ou Mars et Au-Delà (1957). Il fait alors la prédiction du futur voyage de l'homme vers la lune mais aussi de la conquête de l'espace via des satellites. Côté fiction, son premier film de science-fiction est Un Pilote Dans la Lune en 1962 même s'il signe aussi quelques comédies avec des éléments scientifiques futuristes comme le flubber dans Monte là-d'ssus (1961). Mais la vraie œuvre d'anticipation de Walt Disney est assurément son premier grand film à prises de vues réelles tourné dans ses studios : 20 000 Lieues Sous les Mers sorti en 1954 et adaptation du roman éponyme de Jules Verne devenu depuis un grand classique du cinéma. Après la mort du Maître, les studios Disney continuent de proposer quelques longs-métrages de science-fiction. Se remarquent, d'abord le film d'anticipation L'Île sur le Toit du Monde (1974) dans la veine du classique de 1954 ; puis La Montagne Ensorcelée (1975) et sa suite Les Visiteurs d'un Autre Monde (1978) mettant en scène des enfants extraterrestres ; et enfin la comédie Le Chat Qui Vient de l'Espace (1978).

Le Trou Noir est tout à la fois la conséquence et la première réponse des studios Disney a une décennie entière de lente descente aux enfers. Depuis la mort de Walt Disney fin décembre 1966, ses successeurs ont en effet commis l'erreur de prendre pour réflexe, avant toute décision, de toujours se poser la question "Mais qu'aurait fait Walt ?". La conséquence immédiate de ce processus est la naphtaline : les studios Disney s'enferment petit à petit dans des projets routiniers. Les années 70 voit alors une succession de projets sans ambitions, ou, quand il s'agit de sortir des sentiers battus, des échecs financiers et/ou critiques. Et le constat se fait dans toutes les branches de la société que cela soit à la télévision avec l'émission d'anthologie qui ronronne, dans l'animation où les projets manquent de panaches ou pour les films à prises de vues réelles qui alternent, pour la plupart, entre les comédies de situation, les films animaliers ou les aventures enfantines. Quelques longs-métrages s'évertuent toutefois à sortir un peu du lot à l'image de L'Île sur le Toit du MondeLa Montagne Ensorcelée ou alors la comédie adolescente Un Vendredi Dingue, Dingue, Dingue.

Mais tous ces films ne tiennent décidément pas la comparaison avec les productions des deux nouveaux petits génies de la concurrence : George Lucas et Steven Spielberg. Steven Spielberg avec ses (Les) Dents de la Mer en 1975 puis George Lucas avec La Guerre des Étoiles en 1977, renommé depuis Star Wars : Un Nouvel Espoir, ont en effet révolutionné Hollywood et créé l'ère moderne du blockbuster. Les studios Disney, quant à eux, sont totalement ringardisés et devenus, à la fin des années 70, un petit studio de production qui ne compte plus, ou presque. Après tout, les aventures de Luke Skywalker auraient eu parfaitement leurs places dans le catalogue des studios de Mickey (ce que les futurs dirigeants comprendront d'ailleurs des décennies plus tard). Il est donc temps de réagir et de changer l'image de Disney en réveillant la belle endormie. Le Trou Noir est ainsi la première tentative pour faire évoluer les films du label de Walt en proposant des productions tournées vers un public plus adulte. Les studios se chercheront ensuite pendant toute la première moitié des années 80 avec des projets aux grandes ambitions mais tombant souvent à l'eau artistiquement ou ne trouvant pas leur public. Le Trou Noir est donc le tout premier film des studios Disney à se voir classé PG (Parental Guidance), c'est-à-dire nécessitant l'accompagnement d'un parent. Cette affirmation se doit toutefois d'être nuancée puisqu'un autre film, Take Down, non produit par les studios, mais distribué par leur filiale de distribution Buena Vista sort un peu plus tôt dans l'année avec la classification PG. De plus, avant cela, des ressorties en salles d'anciens films Disney ont eu aussi ce "privilège" comme L'Île au Trésor ou La Baie aux Émeraudes.

Si Le Trou Noir semble être la réponse de Disney à Star Wars : Un Nouvel Espoir, en réalité sa genèse est à rechercher dans un autre genre de films à la mode dans les années 70 ; à savoir, les films catastrophes comme L'Aventure du Poséidon sorti en 1972. Le projet remonte ainsi à 1974 quand deux scénaristes de télévision, Bob Barbash et Richard Landau arrivent chez Disney avec l'idée potentiellement saugrenue  pour le label de faire un film catastrophe dans l'espace à la façon du film de Ronald Neame de la 20th Century Fox. Très vite, ils s'associent au producteur Winston Hibler et commencent à travailler le script. À l'origine, il s'agit encore d'un vaisseau qui se fait heurter par une vague énergétique après une supernova. L'idée du trou noir fait pourtant assez vite son apparition ce qui n'empêche pas le projet de capoter après que plusieurs scénaristes aient essayés de proposer un script viable et que le producteur se soit retiré ; l'opus se trouvant alors mis en stand-by quand la mode des films catastrophe se tarit. Il faut ensuite attendre la fin de 1975 pour qu'un nouveau producteur, Ron Miller, le gendre de Walt Disney, reprenne l'idée et relance le long-métrage en annonçant publiquement sa mise en production en 1976, soit un an avant que ne sorte La Guerre des Étoiles.

Pour Le Trou Noir, Ron Miller va embaucher l'artiste Robert T.McCall afin de créer les dessins de préproduction du film qu'il souhaite comme l'un des projets les plus ambitieux techniquement et visuellement du studio. L'artiste semble la recrue idéale puisqu'il a une connaissance très précise des engins spatiaux ayant travaillé entre autre pour la NASA mais également sur le film de Stanley Kubrick, 2001, l'Odyssée de l'Espace. Il va vite proposer une vision réaliste et technologique des vaisseaux pour le film qui s'appelle encore à l'époque Space Probe I. Ses designs sont ainsi très technologiques et mécaniques, d'une grande précision. Il se charge d'ailleurs en personne de dessiner les plans du Cygnus, appelé alors le Centauris, du Palomino mais aussi du robot V.I.N.CENT. Tandis que la production avance, les studios Disney souhaite de plus en plus faire du (Le) Trou Noir  rien de moins qu'une démonstration de leur savoir-faire en terme de design et d'effets spéciaux : le poste de directeur artistique échappe alors à Robert T.McCall, jugé débutant, au profit de l'expérimenté, Peter Ellenshaw.

Peter Ellenshaw est né le 24 mai 1913 à Londres en Angleterre. Après une enfance difficile vécue pendant la Première Guerre Mondiale, où il perd son père, il quitte très tôt l'école. Tout en travaillant dans un garage pour subvenir aux besoins du reste de sa famille, il entretient toutefois ses talents d'artistes et rencontre même Walter Percy Day, grand spécialiste des décors peints qui va lui apprendre le métier et le faire rentrer dans le milieu du cinéma. Il travaille ainsi sur son premier film dès 1934 puis sur de nombreux autres, le plus souvent sans être crédités dont les classiques Le Voleur de Bagdad (1940), Quo Vadis (1951) ou Spartacus (1960). Il rencontre Walt Disney en 1950 quand ce dernier vient utiliser l'argent bloqué au Royaume-Uni pour produire des films à prises de vues réelles en commençant par L'Île au Trésor en 1950. Le patron des studios Disney lui propose bien vite de déménager à Hollywood pour venir travailler sur le film 20 000 Lieues Sous les Mers qui remporte l'Oscar des Meilleurs Effets Spéciaux. Peter Ellenshaw gagne aussi l'Oscar, mais en son nom propre cette fois-ci, pour ses magnifiques décors d'Effets Visuels dans Mary Poppins. Parmi la trentaine de films Disney auxquels il participe, il prend différentes casquettes de peintre de décors comme dans Les Robinsons des Mers du Sud, Pollyanna ou Le Fantôme de Barbe Noire à directeur artistique comme dans Johnny Tremain, L'Apprentie Sorcière ou L'Île sur le Toit du Monde en passant par photographe d'effets visuels dans Darby O'Gill et les Farfadets.

Pour Le Trou Noir, si Peter Ellenshaw conserve la forme générale du Cygnus dessiné par Robert T.McCall, il revoit complètement celles du vaisseau Palomino et du robot V.I.N.CENT. puis prend une approche totalement différente pour les extérieurs. Il donne, en effet à l'ensemble un côté steampunk avec un mélange d'enchevêtrement de poutres d'acier à la Eiffel allié à de grandes verrières reflétant la lumière vers l'extérieur. En fait, le Cygnus développe clairement une ambiance Jules-Verniène dans son visuel qui fait penser à un Nautilus de l'espace extérieur offrant par la même certains plans de toute beauté. Le spectateur retiendra en particulier ceux où le Palomino tourne autour de lui, où l'équipage prend un véhicule circulant à l'intérieur du Cygnus dans un tube transparent ou alors encore l'idée de la grande serre. Le Palomino est en revanche bien moins réussi tant il donne l'impression d'être fait de bric et de broc. Le robot V.I.N.CENT. peut subir le même reproche : avenant et sympathique il ne tient décidément pas la comparaison avec un autre droïde de l'époque, le fameux R2-D2. L'apparence de Maximilian, le robot violent, est, elle en revanche, réussie : vraiment inquiétant, il est quasi parfait à l'exception des moulinets qu'il fait avec ses pinces. Si les décors et les visuels du film sont plutôt satisfaisants, les costumes apparaissent eux assez mauvais et donnent l'impression de sortir tout droit d'un film des années 50, sans jamais être contemporains de la fin des années 70. Les uniformes de l'équipage ou des humanoïdes du Cygnus font ainsi terriblement kitsch. C'est d'ailleurs là que réside l'un des problèmes majeurs du (Le) Trou Noir : des scènes de toute beauté côtoient de très mauvaises idées. L'apparence et la démarche des robots sentinelles sont par exemple bien trop caricaturales pour être crédibles et lorgnent de fait avec le ridicule de celles des Cylons, issus de la série télévisée de 1978, Galactica.

Les effets spéciaux sont à n'en pas douter le domaine du (Le) Trou Noir qui souffre le moins de critiques. Les studios Disney ont d'abord fait appel à Industrial Light & Magic, la filiale de George Lucas à l'origine des superbes effets spéciaux de Star Wars : Un Nouvel Espoir pour utiliser leur système de tournage simulant des vaisseaux dans l'espace. Un contre temps vient pourtant gêner la belle mécanique et des impératifs de planning et de prix font que les équipes de Mickey préfèrent finalement réaliser en interne leurs effets visuels. Les ingénieurs maison mettent alors les bouchées doubles : il crée le système A.C.E.S. (Automated Camera Effects System) afin de contrôler la vitesse de caméra, inventent aussi le Mattescan qui permet de faire tourner l'objectif autour d'un décor peint et imagine enfin un outil de gestion de modèles assisté par ordinateur. De nombreuses scènes ressortent dès lors impressionnantes à commencer par l'astéroïde géant qui roule à l'intérieur du vaisseau. Les plans de l'espace sont également superbes avec le trou noir qui sert de décors en fond. Enfin, le générique de début constitue à l'époque une prouesse en étant la plus longue scène jamais conçue par ordinateur. D'un point de vue technique, Le Trou Noir n'a décidément rien à envier aux productions des autres studios ; dommage pourtant que quelques erreurs viennent écorner l'ensemble comme certains fils apparents quand les objets ou les personnages sont censés se trouver en apesanteur.

Parallèlement aux visuels, plusieurs scénaristes sont associés au projet. En janvier 1977, Jeb Rosebrook prend en effet la tête de l'équipe en charge de l'histoire du film. Le genre catastrophe est peu à peu abandonné et le trou noir devient ainsi le point central du récit amenant ainsi le changement de titre pour arriver au définitif et dorénavant logique, Le Trou Noir. Bien sûr, l'influence du succès de Star Wars : Un Nouvel Espoir se fait ressentir et des batailles laser sont rajoutées, certaines bienvenues, d'autres plus grotesques à l'image de la bataille de tir entre V.I.N.CENT. et le robot Capitaine S.T.A.R. Au-delà de ça, le scénario souffre de vraies lacunes. Le début d'abord montre que le propos ne sait pas vraiment se lancer : la pauvreté des dialogues témoignant du désarroi des auteurs tant ils sont ampoulés, artificiels et manquent de modernité. Le film prend toutefois son envol une fois l'équipage arrivé sur le Cygnus. De nombreuses idées se révèlent alors plutôt bonnes même si elles ne sont jamais vraiment originales, s'inspirant ici de 20 000 Lieues Sous les Mers et là, de 2001, l'Odyssée de l'Espace. Le savant fou, l'attrait et l'appréhension du trou noir, les humanoïdes mystérieux, des membres de l'équipage du Palomino hypnotisés par le Dr Reinhardt ou encore l'aspect effrayant du robot Maximilian rendent la majorité du film intéressante. Le gros problème vient dans la conclusion, et cela constitue d'ailleurs une récurrence dans les films Disney ambitieux de l'époque : Le Trou Noir ne sait manifestement pas comment se finir ! Prenant pour thème central le trou noir, les scénaristes décident en effet que certains personnages se doivent de le traverser. Mais pourquoi et pour y trouver quoi ? Les auteurs font alors face à des possibilités infinies et de nombreuses fins sont dès lors considérées. Une fin où les personnages principaux se retrouvent sur l'une des peintures de la Chapelle Sixtine est par exemple envisagée puis abandonnée car trop onéreuse et trop religieuse. La conclusion choisie se veut finalement autant philosophique que le classique de Stanley Kubrick. Pas de chance. Elle se révèle par trop psychédélique et ressemble en cela étrangement à la fin de Fantasia : Reinhardt se retrouve en effet dans le corps du robot Maximilian, posé sur une montagne en feu symbolisant le purgatoire, ou l'enfer de Dante, à la manière d'Une Nuit sur le Mont Chauve. Les héros, eux, arrivent à traverser le trou noir en passant par un tunnel de lumière à la façon d'Ave Maria. Ils ressortent en vie à la fin de leur traversée mais pour arriver où ? Pas de réponse... La fin est, il faut bien l'avouer, tellement mauvaise qu'elle laisse une détestable impression sur le film tout entier avec ce sentiment d'une expérience étrange mal maîtrisée, plombant l'ensemble plutôt intense ou mystérieux jusqu'à elle.

Le réalisateur John Hough (La Montagne Ensorcelée) est, un temps, associé au (Le) Trou Noir mais cède finalement sa place, à la suite d'un problème de calendrier, à Gary Nelson qui se voit donc chargé de tourner le film.
Ce dernier est né en janvier 1934 à Los Angeles en Californie. Il débute sa carrière à la télévision en 1955. D'abord assistant pendant une dizaine d'années, il devient réalisateur en 1962 et commence à travailler pour les studios Disney en 1969 en signant le téléfilm Les Secrets de la Cachette du Pirate. Il revient ensuite derrière la caméra pour deux autres longs-métrages télévisés L'Enfant du Marais en 1971 et Badger, le Blaireau en 1975. En 1976, les studios Disney lui confient leur comédie pour le grand écran, Un Vendredi Dingue, Dingue, Dingue avant de finalement faire reposer sur ses épaules la responsabilité de leur premier gros film de science-fiction, Le Trou Noir. L'échec cinglant marquera sa dernière participation pour le label de Mickey.
Il faut dire que Gary Nelson ne livre pas, ici, une prestation de grande qualité même s'il parvient tout de même à magnifier certaines scènes dans l'utilisation de la caméra comme celle où l'équipage prend le tube dans le Cygnus pour passer d'un lieu à un autre dans le grand vaisseau.

Les personnages du (Le) Trou Noir sont un autre des innombrables points faibles du film. Les cinq membres humains du Palomino sont, en effet, malheureusement trop caricaturaux et dénués de charisme.
Robert Forster est ainsi le Capitaine du vaisseau Dan Holland. Déstiné à représenter l'ordre et l'autorité, mais aussi être le plus héroïque de l'équipage, il n'arrive jamais à réellement à sortir son épingle du jeu.
Joseph Bottoms campe pour sa part le Lieutenant Charles Pizer, le petit jeune de service, plein de fougue. Ses dialogues sont tellement mal écrits qu'il en est risible.
Yvette Mimieux est le Dr. Kate McCrae, la touche féminine du groupe. Elle est censée être plus émouvante et mieux ressentir les choses. Mais voilà, pour quelques obscures raisons, les scénaristes lui ont donné des dons de télépathie avec le robot V.I.N.CENT. lui faisant perdre toute crédibilité.
Anthony Perkins assume le rôle du Dr. Alex Durant, le deuxième scientifique de l'équipage, un personnage fort mal écrit : complètement omnibulé par les secrets et les promesses du Cygnus, il en oublie toutes réflexions scientifiques et se laisse porter par ses émotions là où son statut devrait justement l'en empêcher.
Ernest Borgnine joue, quant à lui, Harry Booth, un journaliste qui accompagne l'équipage et n'a pas une once de courage ou de loyauté, préférant trahir plutôt que mourir. Là aussi, le traitement du personnage ne fait décidément pas dans la dentelle.
En fait, le seul acteur humain qui s'en sort plutôt bien est Maximilian Schell en Dr. Hans Reinhardt. L'acteur est parfait dans le rôle du scientifique fou et mégalomane avec ce un côté tout à la fois effrayant et envoûtant. Il aurait réellement gagné à disposer d'antagonistes de sa valeur car il brille tout au long du film qu'il semble d'ailleurs porter tout seul sur ses épaules.

Si les personnages humains sont décevants, les robots dans Le Trou Noir s'en sortent eux beaucoup mieux.
V.I.N.CENT., acronyme pour Vital Information Necessary CENTralized, est ainsi le robot du vaisseau Palomino. Il a manifestement été créé pour être dès le premier contact attachant avec ses deux pupilles noirs qui le font ressembler à un toon des années 30. Si son design a clairement vieilli, le personnage se révèle globalement sympathique et surtout héroïque. Il est assurément l'élément qui a le plus plu aux enfants de l'époque. Une autre raison de son succés vient d'ailleurs du fait que Roddy McDowall (L'Espion aux Pattes de Velours) lui prête sa voix en anglais.
Sur le Cygnus, V.I.N.CENT. rencontre un vieux modèle de sa propre série, B.O.B. (BiO-sanitation Battalion). Complètement déglingué, et attachant en cela, il a une belle importance narrative dans la mesure où il va beaucoup aider l'équipage du Palomino en lui dévoilant le piège mis en place par le Dr. Reinhardt.
Enfin, Maximilian est le robot personnel du Dr. Reinhardt qui lui sert aussi bien de garde du corps, d'assassin ou de... chef du personnel. D'une froideur totale, dépourvu de tout sentiment, sans cœur, ni subtilité, il est aussi impressionnant par sa rudesse intérieure qu'extérieure, caractérisée elle par une carcasse métallique d'un rouge sang. Maximilian constitue donc une autre belle création, une fois ignorées les curieuses pinces de ses mains.

Si le bilan du film est plus que mitigé, la musique du (Le) Trou Noir ne souffre elle d'aucunes vraies critiques. Composée par John Barry, elle possède, en effet, un thème vraiment entêtant et parfaitement ancré dans l'univers des films de science-fiction des années 70. Globalement inquiétante et mystérieuse, elle apporte ainsi beaucoup à l'ambiance du récit. Chose notable, il existe une ouverture au film, c'est-à-dire une piste de deux minutes trente secondes qui se voit joué avant le début de l'opus pendant que les derniers spectateurs prennent place. Incluse dans la bande originale complète sortie en CD en 2011, elle est également proposée au début du long-métrage dans le DVD Zone 1 sorti, lui, en 2004.

Avec son budget de vingt millions de dollars auxquels il faut en rajouter six pour le marketing, Le Trou Noir constitue à l'époque de sa sortie le film le plus cher jamais produit par les studios Disney. Malheureusement, il est accueilli très fraîchement par la critique ce qui n'aide pas son box-office qui se limite à trente-cinq millions de dollars au total aux États-Unis. Ce n'est certes pas un mauvais chiffre en soi  - de nombreux autres films précédents de Disney auraient adoré signer un tel score - mais il reste insuffisant pour permettre à l'opus de se rentabiliser. Il faut dire que Le Trou Noir fait bien pâle figure face à d'autres films de science-fiction de 1979 et qui ont largement rapporté beaucoup plus ! Sorti en été, Alien, le Huitième Passager avec un budget de onze millions en ramène, il est vrai, quatre-vingt et reste encore plébiscité aujourd'hui. Le Trou Noir pâtit également de la sortie quinze jours plus tôt de Star Trek - Le Film, dérivé de la fameuse série et qui pour trente-cinq millions de dollars de budget en a rapporté quatre-vingt-deux... Deux films qui l'empêcheront de réellement exister dans le coeur du public.

Pour autant, Le Trou Noir va peu à peu gagner une aura de film culte auprès des adolescents l'ayant découvert à l'époque mais aussi grâce aux geeks et autres férus de science-fiction. Il fait ainsi partie des films d'une époque où les studios Disney se cherchaient et qui avec Tron, La Foire des Ténèbres ou Les Yeux de la Forêt sont rentrés dans l'inconscient collectif de nombre de cinéphiles. Tron L'Héritage, la suite du film de 1982, sortie en 2010, lui fait d'ailleurs un jolie clin d'œil en proposant un poster du film (Le) Trou Noir dans la chambre du jeune Sam Flynn. Tron L'Héritage est, ainsi, aussi bien une suite grandiose à un film en avance sur son temps mais également un hommage à une période où les studios Disney ont tenté d'innover mais sont restés incompris du public.

Le Trou Noir ne s'épargne donc pas un procès en navet absolu. Pourtant, même s'il est loin d'être parfait et affiche de nombreuses lacunes comme celle d'être kitsch avant l'heure, il dispose d'une aura certaine venue de ses visuels superbes, son ambiance semblable à aucune autre dans un film Disney mais aussi à ses robots sympathiques et ses méchants charismatiques. Il est alors impossible de le rejeter complètement, surtout quand il a été découvert enfant lors de sa sortie. Le temps fait son œuvre et le revêt d'un côté nostalgique d'un futur un peu trop vu avec les yeux du passé.
Le Trou Noir mérite assurément une belle place dans la vidéothèque d'un fan Disney et au delà d'un cinéphile, amateur de science fiction.

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