Du Vent dans les Saules
L'affiche du film
Titre original :
Mr Toad's Wild Ride (US)
The Wind in the Willows (UK)
Production :
Allied Filmmakers
Date de sortie USA :
Le 8 décembre 1998 (Vidéo)
Distribution :
Walt Disney Pictures
Genre :
Aventure
Date de sortie cinéma :
Le 31 octobre 1997 (Sortie US)
Le 18 octobre 1996 (Sortie UK)
Réalisation :
Terry Jones
Musique :
John Du Prez
André Jacquemin
Durée :
88 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Alors que le goût de Mr. Crapaud pour les sports automobiles menace de plonger toute la communauté de la rivière dans le chaos, les belettes complotent pour transformer le château de Mr. Crapaud en une usine de nourriture pour chien !

La critique

rédigée par
Publiée le 24 octobre 2014

Du Vent dans les Saules n'est pas à proprement parler un film Disney mais s'est retrouvé dans l'escarcelle de The Walt Disney Company suite à un imbroglio juridique. Sans être extraordinaire, ce film anglais ne méritait pas tant de tracas et si peu de visibilité.

Du Vent dans les Saules est une adaptation du classique de la littérature anglaise, Le Vent dans les Saules. Tiré du roman de Kenneth Grahame, un auteur écossais né à Edimbourg en 1859, elle est publiée, avec bien des réticences, par un éditeur anglais en 1908. La genèse du récit se retrouve en fait dans de petites histoires que l'écrivain lui-même racontait à son fils, alors enfant, le soir avant de se coucher. A sa sortie, le livre ne rencontre pas - et bizarrement - un grand succès. De nombreuses années se sont ainsi écoulées avant que Rat, Mole, Badger et Toad (Rat, Taupe, Blaireau et Crapaud) ne deviennent des incontournables de la littérature classique anglaise...
Walt Disney, pour sa part, ne se fait pas prier pour en acquérir les droits pour le cinéma. Il a produit, en effet, dès 1941, un autre conte de Kenneth Grahame, The Reluctant Dragon, pour son film Le Dragon Récalcitrant. Le Vent dans les Saules est donc sa deuxième adaptation d'une œuvre de l'auteur anglais. Le moyen-métrage, La Mare aux Grenouilles, est, quant à lui, à l'origine partie intégrante du long-métrage d'animation sorti le 5 octobre 1949, Le Crapaud et le Maître d'École. Il fut ensuite diffusé en Angleterre, en 1967, sous le titre Wind in the Willows avant de débarquer, quelques douze années plus tard (le 25 décembre 1975 exactement), sur les écrans américains en tant que The Madcap Adventures of Mr. Toad. Il fut également proposé, en septembre 1980, en 16mm, sous le titre The Adventures of J. Thaddeus Toad.

Du Vent dans les Saules (le film) est pour sa part une adaptation de Terry Jones, l'un des six fondateurs des Monty Python. Le comique en écrit le scénario, le réalise, en compose en partie les chansons et joue même le rôle principal de M. Crapaud. Autant dire qu'il porte le projet à bout de bras ! Il fait même venir trois de ses comparses des Monty Python. Graham Chapman décédant en 1989, seul Terry Gilliam avec un emploi du temps chargé ne peut finalement participer au projet. Du Vent dans les Saules est ainsi un film "live" qui reprend des personnages humains avec quelques caractéristiques animales. Au lieu d'utiliser des effets spéciaux à outrance, ce sont donc des hommes qui jouent les personnages anthropomorphes. Par exemple, Terry Jones s'est fait maquillé entièrement en vert ; le rat voit sa moustache augmenté de poil de rongeur et une queue dépasser de l'arrière de son pantalon tandis que les lapins ont de longues oreilles... C'est un choix pour le moins incongru qui est donc proposé rendant le tout à la fois enfantin et souvent ridicule. Par contre, de-ci, de-là, l'humour absurde de la troupe anglaise transparait à l'image des lapins qui copulent partout comme des... lapins. C'est comme si Terry Jones s'était fait plaisir sans forcément cibler un public en particulier mais juste en voulant s'amuser en adaptant un classique de la littérature anglaise, dans toute sa tradition.

Le film prend également son temps par rapport au moyen-métrage animé. Il est d'ailleurs plus facile de le faire puisque le canevas est de 90 minutes et non de 30. Certains personnages sont ainsi approfondis comme La Taupe, Le Rat ou le Blaireau ; un traitement qui tend logiquement à diminuer la présence à l'écran de Mr. Crapaud. D'autres éléments sont rajoutés à lexemple de l'usine de nourriture pour chien des belettes. Étonnamment, cela laisse également la place à quatre chansons, toutes aussi dispensables qu'anecdotiques : l'une, Messing About On The River, chantée par Le Rat pour crier son amour de la rivière ; la deuxième, Secret of Survival, entonnée par les belettes pour expliquer leur plan démoniaque ; la troisième, Mr. Toad, interprétée par M. Crapaud pour simplement parler de lui ; et, enfin, la quatrième Friends Is What We Is déclamée par M. Crapaud, le Rat, la Taupe et le Blaireau afin de distraire les belettes. Pour être tout à fait complet, une cinquième chanson, Miracle of Friends, est également proposée durant le générique de fin.

Du Vent dans les Saules propose un casting de premier choix.
Terry Jones est ainsi le fameux M. Crapaud. Bizarrement, vu son caractère et son égoïsme, c'est assurément le personnage le moins attachant du film. Même Walt Disney avait réussi en son temps à le rendre plus sympathique. Là, il s'agit juste d'un obsessionnel compulsif qui ne sait pas s'éloigner de ses passions et prendre du recul, et ce, quel qu'en soit les conséquences.
Nicol Williamson (Oz, un Monde Extraordinaire) est quant à lui le Blaireau, un vieux bourru qui avait promis au père Crapaud de veiller sur son fils et son héritage. Il essaye tant bien que mal d'ouvrir les yeux de cet entêté de Crapaud.
Steve Coogan (Le Tour du Monde en Quatre-Vingts Jours) interprète La Taupe. Il est le personnage le plus attachant de la bande, une sorte de Porcinet, un petit animal fragile et tout gentil auquel il n'arrive que des malheurs.
Le Monty Python Eric Idle (connu des fans Disney pour être le Dr. Nigel Channing de l'attraction Chérie, J'ai Rétréci le Public) joue ici Le Rat, un personnage bucolique qui ne cherche qu'à faire des pique-niques au bord de la rivière.
Deux autres Monty Python font une courte apparition : John Cleese est l'avocat de M. Crapaud tandis que Michael Palin est le soleil parlant.

Du Vent dans les Saules, malgré ses têtes d'affiche, est passé complètement inaperçu. Déjà, son producteur anglais Allied Filmmakers, une filiale de Pathé, ne croit pas au film et décide de ne le proposer qu'uniquement en matinée, lors de sa sortie anglaise à partir du 18 octobre 1996, ne lui permettant pas de trouver réellement son public. Mais sa distribution aux États-Unis est encore plus chaotique. En effet, un combat juridique entre Columbia Pictures et Walt Disney Pictures a lieu pour savoir qui a le droit de distribuer le film. Finalement un accord est conclu : Sony emporte le marché du cinéma et Disney celui de la vidéo. Le long-métrage sort donc sur les écrans américains le 31 octobre 1997 sous le titre The Wind in the Willows. Malheureusement pour lui, Columbia Pictures n'investit pas dans la promotion. Le distributeur propose ainsi le film dans très peu de salles, uniquement à New York et Los Angeles sur une seule semaine et sans aucune publicité. Il n'y a même pas d'affiche créée pour la sortie américaine ! Terry Jones se rappelle ainsi que, de passage à New York, un ami lui annonce que son film est diffusé dans une salle de Times Square. Il courre constater la réalité de la chose pour se rendre compte que le dit-cinéma est un cinéma qui diffuse principalement des films X !
Son parcours en vidéo n'est pas vraiment meilleur. The Walt Disney Company a ainsi la « bonne idée » de fermer l'attraction basée sur La Mare aux Grenouilles au Magic Kingdom le 7 septembre 1998 alors même que la sortie en vidéo est programmée le 8 décembre 1998 ; le film étant alors rebaptisé Mr. Toad's Wild Ride tandis que le logo Disney bleu avec le château est rajouté avant le film. Disney est alors bien moins enclin à faire la promo d'un film qui porte le même nom qu'une attraction fermée, il y a juste trois mois dans un de ses parcs (même si sa version californienne reste en activité). Du Vent dans les Saules a donc été maudit jusqu'au bout.

Produit par une petite société et complètement passé inaperçu en salle et en vidéo, Du Vent dans les Saules est un film qui ne méritait pas forcément ce manque total d'intérêt. Une chose est sure : il n'a rien d'extraordinaire et ne sait en réalité pas trop vers quel public se tourner pour véritablement convaincre.

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