Titre original :
The Jungle Book
Production :
Walt Disney Pictures
Date de sortie USA :
Le 15 avril 2016
Genre :
Aventure
IMAX
3-D
Réalisation :
Musique :
John Debney
Durée :
106 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Mowgli, un petit d'homme élevé par une famille de loups n’est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le redoutable tigre Shere Khan, qui porte les cicatrices des hommes, promet d’éliminer celui qu’il considère comme une menace. Poussé à abandonner le seul foyer qu’il ait jamais connu, le garçon débute donc un voyage aux côté de ses mentors, la panthère Bagheera et l’ours Baloo. Sur le chemin, il fait des rencontres bien moins amicales qu’elles n’y paraissent…

La critique

rédigée par
Publiée le 03 avril 2016

Le Livre de la Jungle est une formidable aventure visuelle. Chaque plan est d'une magnificence absolue alliée à une musique envoutante. Le récit est, en outre, un savant mélange entre l'hommage au film d'animation de 1967, un zeste plus sombre peut-être, et du roman de Rudyard Kipling prenant, comme lui, son temps dans l'exposition des différentes péripéties de Mowgli. Le film est, enfin, un divertissement familial de haute volée qui éblouit le spectateur rien que par sa technique et dont l'histoire, connue de tous, émeut toujours autant son auditoire.

Avant de s'intéresser au film en lui-même, il faut d'abord commencer par tordre le coup à une polémique stérile. Oui, il s'agit bien et encore d'un remake d'un des classiques d'animation Disney ; tout le monde s'accordant alors à dire que c'est à la fois inutile et sans imagination, ni prise de risque. Oui, mais voilà, le public en raffole et plébiscite en salles ces histoires classiques où il peut emmener ses enfants découvrir de nouvelles versions, modernes, des films qu'il a aimés dans sa jeunesse. Et pour Disney, c'est un moyen aussi pratique que rentable de continuer à faire vivre son catalogue. Il faut de la sorte remonter à 2010 pour voir les studios de Mickey relancer le genre en grandes pompes avec son adaptation d'Alice au Pays des Merveilles par Tim Burton. La formule est trouvée : une nouvelle adaptation d'un classique de la littérature enfantine, déjà adaptée par le passé par les studios, avec la vision, si possible, d'un réalisateur de renom. Ainsi par la suite, viennent une préquelle au (Le) Magicien d'Oz avec Le Monde Fantastique d'Oz en 2013 réalisé par Sam Raimi, puis en 2014 La Belle au Bois Dormant avec Maléfique par Robert Stromberg puis en 2015, Cendrillon par Kenneth Branagh. Disney exploite là un véritable filon juteux puisque les quatre films sont d'immenses succès publics rapportant en tout plus de 2.8 milliards de dollars au box-office à eux quatre. Ces résultats sont d'ailleurs à comparer avec les tentatives de sortir des sentiers battus que constituent John Carter, À la Poursuite de Demain ou The Finest Hours : tous des flops affichant, à leur compteur, à peine plus 500 millions de dollars combinés pour les trois. Le calcul est donc rapide : tant que le succès sera au rendez-vous, les remakes en prises de vues réelles des classiques de l'animation auront la vie belle chez Disney. A partir de là, il est injuste de reprocher au film sa raison d'être mais il convient plutôt de l'apprécier pour ce qu'il est et ce qu'il apporte.

Le Livre de la Jungle est donc une adaptation du fameux roman de Rudyard Kipling. L'auteur est né à Bombay en Inde, le 30 décembre 1865. Après avoir passé sa prime enfance en Italie, il est envoyé en Angleterre pour y faire ses études. De retour en Inde, en 1882, il collabore à la Lahore Civil and Military Gazette puis au Pioneer de 1887 à 1889. A 21 ans, il publie déjà son premier volume de poésies, Departmental Ditties (1886), puis l'année suivante son premier recueil de récits Simple Contes des Collines (1887), bientôt suivi de six autres. Dans le décor de la vie indienne, telle qu'un Anglais pouvait alors l'observer, ses écrits sont contés dans une langue directe et vigoureuse, que pimente l'argot de l'armée des Indes. Mais le roman tente bien vite l'auteur : il investit ainsi le genre, en 1871, avec La Lumière qui s'Eteint. Il entreprend ensuite de longs voyages puis épouse en 1892 Caroline Storr Balestier. Cette année-là, il s'établit avec elle dans le Vermont et y reste quatre ans. Ces œuvres connaissent alors beaucoup l'influence américaine : Le Livre de la Jungle (1894), Le Second Livre de la Jungle (1895) et Capitaine Courageux (1897). Le premier et le second Livre de la Jungle ouvrent donc le cycle des ouvrages que Rudyard Kipling destine aux jeunes garçons : Histoires Comme Ça (1902), Puck, Lutin de la Colline (1906), Retour de Puck (1910) complétant la collection. En 1896, l'auteur regagne l'Angleterre pour s'établir définitivement dans un village du Surrey ; c'est de là qu'il reçoit en 1907 le prix Nobel de Littérature. Rudyard Kipling s'éteint à Londres le 18 janvier 1936.

Le livre de Rudyard Kipling est assurément l'un des ouvrages littéraires les plus adaptés par les studios Disney. L'œuvre la plus connue est bien-sûr le film d'animation de 1967, Le Livre de la Jungle, le dernier projet animé sur lequel ait pleinement travaillé Walt Disney. Le film sort ainsi près d'un an après la mort du créateur de Mickey et trente ans après Blanche Neige et les Sept Nains. Les critiques et le public le saluent comme un ultime cadeau posthume du génie adoré. Il remporte un incroyable succès réalisant un score impressionnant de 73 millions de dollars lors de sa sortie pour un budget de seulement 4. Et ceci uniquement sur les États-Unis. Avec les ressorties (1978, 1984, 1990) et le marché international (En France, il a fait plus de 14 millions d'entrées en cumulant toutes ses ressorties), Le Livre de la Jungle est devenu l'un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma ! Triomphe aidant, Le Livre de la Jungle est, également, devenu une franchise rentable pour Disney. Le film a d'abord eu droit à deux séries télés animées dérivées : Super Baloo et Le Livre de la Jungle - Souvenirs d'Enfance, produites par Disney Television Animation. DisneyToon Studios a signé, quant à lui, une suite animée au Grand Classique qui a même eu droit à une sortie au cinéma en 2003 sous le simple titre du (Le) Livre de la Jungle 2. Deux films en prises de vues réelles sont aussi produites par Disney, l'une au cinéma, Le Livre de la Jungle - Le Film, en 1994, et l'autre directement en vidéo, The Jungle Book : Mowgli's Story, en 1998. Le Livre de la Jungle, version 2016, est ainsi la troisième adaptation live du film d'animation.

C'est donc à Jon Favreau que revient la lourde tâche d'adapter à nouveau le classique d'animation de Disney.
Jon Favreau est né à New York en 1966. Il débute sa carrière au cinéma en tant qu'acteur en ayant à son actif de nombreux films, avec des rôles plus ou moins importants. Pour Disney, il double en version originale le personnage Crumford Lorak dans la série animée Les Aventures de Buzz l'Eclair et Hurley dans Mission-G. Il se familiarise aussi avec l'univers des super-héros, en interprétant l'associé de Matt Murdock, Foggy Nelson, dans le film Daredevil puis participe au film Touchstone Pictures, Des Gens Comme Nous, en interprétant le rôle de Jim. Passant à la réalisation en 2001, avec le long-métrage Made, il ne tourne plus beaucoup par la suite signant seulement deux films. Iron Man pour Marvel Studios le révèle ensuite vraiment au grand public ! Il y tient d'ailleurs un rôle, celui du chauffeur Hogan ; fonction qu'il reprend dans Iron Man 2, et Iron Man 3, même s'il laisse, pour ce dernier, la place de réalisateur, à Shane Black.

Le Livre de la Jungle de Jon Favreau vaut principalement pour son visuel tout simplement époustouflant. Les spectateurs sont de la sorte assurés d'en prendre plein les mirettes que cela soit en 3-D, en IMAX ou alors, et peut-être et surtout en numérique. Alan Horn, le président des Walt Disney Studios, quand il propose le projet au réalisateur, lui demande en effet de s'inspirer techniquement de films comme Avatar et L'Odyssée de Pi. Et c'est exactement le mélange qui vient à l'esprit. L'opus est, en effet, presque entièrement construit avec les outils 3D, l'animation motion-capture et le CGI. Ainsi, mis à part les acteurs humains, tout le reste est créé par ordinateur : la jungle comme les animaux. La grande majorité du tournage a d'ailleurs eu lieu à Los Angeles. La supervision des effets spéciaux a été confiée à Rob Legato déjà reconnu pour son travail sur Avatar tandis qu'ils sont réalisés conjointement au sein de Moving Picture Company (MPC), une structure ayant déjà travaillé sur les précédentes adaptations live de Disney comme Cendrillon ou Maléfique, mais aussi de Weta Digital appartenant à Peter Jackson connu pour son travail sur Avatar et Le Seigneur des Anneaux. Le résultat est dès lors un véritable tour de force. C'est beau, dépaysant, épique, réaliste mais aussi fantaisiste avec les animaux qui parlent. Certaines proportions pour des espèces ne sont d'ailleurs pas respectées pour rendre leurs scènes encore plus impressionnantes. Le réalisateur a travaillé avec gout aussi bien sur les animaux que les décors qui sont véritablement à tomber de son siège. Certains plans méritent un arrêt sur pause tellement le spectateur a envie de s'immerger dedans. Le film est clairement un ravissement technique et mérite déjà d'être vu sur grand écran rien que pour ressentir la magnificence de la jungle.

Le Livre de la Jungle est aussi un habile mélange, double hommage au film d'animation de 1967 et au livre de Rudyard Kipling. Il s'agit ainsi d'une adaptation qui se situe à mi-chemin entre la fidélité efficace de Cendrillon et la réinvention de Maléfique. L'histoire est ainsi globalement la même que celle du film d'animation de 1967 proposant les mêmes scènes mythiques à travers les rencontres d'animaux : le tigre Shere Khan, l'ours Baloo, la panthère Bagheera, le loup Akela, le serpent Kaa, le singe Roi Louie... mais ces fameuses séquences sont rallongées et leurs déroulements modifiés tout comme leurs ordres de passage. Se remarquent par contre des passages qui changent totalement du film d'animation et se rapprochent plus du livre comme la place bien plus importante accordée aux loups pour Mowgli, la mort de certains personnages ou des passages emblématiques telle la charge des gnous. En fait, le mélange est si subtil et bien amené que le spectateur ressent l'influence du livre et du film d'animation tout en jugeant là une œuvre à part entière qu'il regarde, avec sa propre identité et sa propre fin, dans un sentiment de bel hommage au (Le) Roi Lion. Le film est en outre légèrement plus violent et sombre que son ainé d'animation, se rapprochant dans cette démarche du roman. Enfin, Le Livre de la Jungle 2016 affiche un côté épique inédit venu de ses images. Il constitue une revisite fidèle : Jon Favreau conduit le spectateur en terrain conquis avec des éléments iconiques tout en les assemblant de façon nouvelle. La seule chose à reprocher finalement et peut-être est quelques longueurs, de-ci, de-là ; certaines séquences s'allongeant un peu trop artificiellement tandis que les transitions d'une à l'autre marquent un petit coup de mou.

Le Livre de la Jungle reprend fort logiquement les même personnages principaux que le film d'animation, en les étoffant quelque peu.
Mowgli est le (quasi) seul personnage humain du film. Il est également le (quasi) seul à être joué par un acteur en chair et en os. Le jeune Neel Sethi, qui tient le rôle, fait avec lui ses débuts au cinéma. Il s'en sort très bien rendant, son personnage attachant et crédible. La prouesse est d'autant plus formidable qu'il a dû jouer devant un écran vert tout du long et n'a donné le change à aucun acteur sur le plateau de tournage. Pourtant, le garçon arrive malgré cela à donner de la force au personnage et à le rendre encore plus poignant que dans le film d'animation de 1967. Son courage à la fin du récit ainsi que sa prise de conscience sont ainsi bien mieux mis en avant que dans son aîné animé.
Bagheera, la panthère noire, est jouée par Ben Kingsley (Iron Man 3) en anglais. L'acteur donne à l'animal la prestance et la classe incroyable qui lui sont dues. Le personnage est toutefois légèrement moins guindé que dans le film d'animation tout en demeurant autant attachant.
Baloo, l'ours, est joué à merveille en anglais par Bill Murray (La Vie Aquatique) et en français par Lambert Wilson. Toujours débonnaire et épicurien, il est aussi drôle et attachant de la même façon que l'était le personnage joué à l'époque par Phil Harris. Une vraie belle réussite.
Shere Khan, le tigre, est le personnage qui change le plus psychologiquement parlant. Ses motivations sont certes les mêmes mais sa cruauté est manifestement décuplée. Pour appuyer ce changement, son côté dandy a totalement été gommé. Le personnage est féroce et sûr de sa force. Idris Elba (Thor) l'interprète en anglais et fait des merveilles pour le rendre inquiétant au possible.
Kaa, le python, est un personnage qui a également beaucoup changé dans la version de 2016 passant déjà de mâle à femelle. Sa taille augmente aussi devenant beaucoup plus imposant et impressionnant que dans le film d'animation. Elle a perdu ici son côté hypocondriaque et ambivalent mais conserve sa scène superbe tout en permettant une séquence de flashback parfaitement amenée, nécessaire et superbement mise en image. Scarlett Johansson (Iron Man 2) est convaincante dans le rôle tenu en français par Leïla Bekhti.
Le Roi Louie, l'orang-outan, est le personnage qui, lui, a été le plus modifié au niveau de son apparence. Il est tout simplement immense devenant au passage un gigantopithèque, une espèce de singe disparue ! Il est aussi le personnage le moins convaincant du film lorsqu'il s'agit de le comparer à son double animé. Si Christopher Walken (Les Country Bears) en anglais s'en sort plutôt bien, c'est la définition du personnage qui pêche réellement. Imposant, presque fou et effrayant dans son introduction, il perd ensuite son charisme quand il se met à chanter la chanson jazzy Être un Homme Comme Vous. Un paradoxe dommageable dans la mesure où l'hommage d'un point de vue musical au film d'animation n'avait pas forcément lieu d'être ici et gâche plutôt la scène. Il sera noté qu'Eddy Mitchell tient le rôle du personnage en français.
Enfin, le personnage de Rakcha, la mère louve, est bien plus présente dans Le Livre de la Jungle de 2016 que dans sa version animée de 1967 où elle se contentait d'un passage éclair en début de récit. Lupita Nyong'o (Star Wars : Le Réveil de la Force) est toute simplement parfaite en anglais ; Cécile de France assurant elle la voix en français.

Côté bande-son, Le Livre de la Jungle profite à plein de la musique composée par John Debney. Majestueuse et épique, elle rend parfaitement hommage aux images qu'elle illustre. Elle apporte aussi beaucoup à la magnificence de l'ensemble tout en se permettant de rappeler sur quelques notes la musique de George Bruns, Terry Gilkyson, Richard M. Sherman et Robert B. Sherman. Deux chansons du film d'animation sont d'ailleurs reprises avec deux bilans qualitativement opposés : Être un Homme Comme Vous ne convient malheureusement ni au ton du film, ni au personnage qui le chante ici tandis qu'Il en Faut peu Pour Être Heureux est, elle, parfaitement mieux intégrée et interprétée. Enfin, si la ritournelle Aie Confiance est bien présente, Kaa récite les paroles sans les chanter, disposant juste de la musique en fond pour accompagner le texte.
Deux derniers détails, jolies attentions en ouverture et fermeture, sont également à relever pour bien mettre en avant le sérieux mis dans la fabrication du film, de bout en bout, et toute la beauté qui en ressort. D'une part, l'opus s'ouvre sur un logo de Disney retravaillé rendant un superbe hommage au film d'animation. D'autre part, le générique de fin mérite aux spectateurs de s'attarder après le retour des lumières tant il est magnifique.

Le Livre de la Jungle de Jon Favreau est un film visuellement resplendissant dont la prouesse technique est juste incroyable. Le récit, connu de tous, intègre en outre quelques changements bienvenus, servant un subtil mélange entre le film d'animation de 1967 et le roman de Rudyard Kipling. Sans avoir le charme de son aîné animé, l'opus offre pourtant une aventure épique menée dans des décors majestueux. Pardonné ses quelques longueurs et une chanson qui n'a pas sa place, Le Livre de la Jungle est un superbe divertissement familial apte à plaire autant aux enfants qu'aux parents. Un parfait Disney en somme !

L'équipe du film

1966 • ....

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