Titre original :
Born in China
Production :
Disneynature
Date de sortie Chine :
Le 12 août 2016
Genre :
Documentaire
Date de sortie cinéma USA :
Le 21 avril 2017
Réalisation :
Chuan Lu
Musique :
Barnaby Taylor
Durée :
76 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Sur les terres sauvages de l'Empire du Milieu, les destins de plusieurs familles d'animaux s'entrecroisent dont celle du panda majestueux, de l'astucieux singe doré et de l'insaisissable panthère des neiges.

La critique

rédigée par
Publiée le 29 avril 2017

Nés en Chine est d'une beauté renversante. Et il est exceptionnel à plus d'un titre. Il propose en effet de visiter des lieux peu connus mais aussi de voir des animaux rares évoluer dans leurs habitats naturels ; le tout porté par une jolie histoire romancée autour de la valeur de la famille sous toutes ses formes. Sans ambages, Nés en Chine est l'un des meilleurs Disneynature.

En 2008, The Walt Disney Company renoue avec le genre du documentaire animalier que le papa de Mickey lui-même avait décidé de populariser quelques soixante ans auparavant. Passionné de flore et de faune, Walt Disney peut, en effet, être considéré comme le pionnier du documentaire animalier grand public. Dès 1948, il met, ainsi, en chantier la collection des True-Life Adventures dont les courts et longs-métrages seront multi-oscarisés. Cette série, inaugurée avec le mini documentaire, L'Ile aux Phoques, constitue d'ailleurs la première véritable incursion de la compagnie au château enchanté dans la production de films "live". Elle comporte un total de sept courts-métrages dont La Vallée des Castors (1950) ou La Terre, Cette Inconnue (1951), avant de s'ouvrir, en 1953, avec Le Désert Vivant, au format des longs-métrages. Ce dernier devient, à partir de cette date, la norme de production des True-Life Adventures et concerne, au final, six œuvres dont La  Grande Prairie (1954) ou Le Grand Désert Blanc (1958). Au total, en comptant les courts et longs-métrages, la série aura gagné en tout, pas moins de huit Oscars !

La renaissance de la production de documentaires axés sur la nature et les animaux sauvages au sein du catalogue Disney est due à l'initiative du français Jean-François Camilleri. Alors manager de la filiale hexagonale de Walt Disney Studios Motion Pictures, il a, en effet, en 2005, la brillante idée d'accorder sa confiance à un jeune réalisateur tricolore, Luc Jacquet, en acceptant de produire son premier film, La Marche de l'Empereur. Le pari est osé. Proposer sur grand écran, à destination du grand public, un long-métrage, documentaire animalier, sur la vie des manchots empereurs vivant en Antarctique apparaît, il est vrai, à l'époque comme un rêve doux-dingue, caprice d'un producteur, en mal de respectabilité auprès de l'intelligentsia hexagonale, sacrifiant, pour une fois, la recherche du seul profit commercial sur l'autel de l'expérimentation cinématographique. L'avenir prouvera le parfait contraire. Seul contre tous, Jean-François Camilleri démontre l'incroyable potentiel du genre, confirmant son rang dans le milieu du cinéma français de producteur hexagonal à part entière, véritable découvreur de talents. La réussite commerciale de La Marche de l'Empereur est, en effet, loin d'être un succès d'estime. En France, le film taquine allègrement les deux millions d'entrées ! Le résultat est tel que l'intérêt de proposer le documentaire à l'export apparaît vite évident. Comble de l'ironie, le marché américain lui ouvre rapidement ses portes, mais sans Disney. La maison mère de la filiale française menée par Jean-François Camilleri fait, en effet, la fine bouche et refuse cette histoire de manchots incongrue. Warner Bros., elle, sent le joli coup venir et accepte de distribuer le film sur le sol américain. Il devient vite à l’époque le plus gros succès pour un long-métrage français en Amérique du Nord. Il remporte même l'Oscar du Meilleur Documentaire, véritable pied de nez à la France qui lui a refusé le moindre César. Devant l'ironie de l'histoire, Jean-François Camilleri ne prend pas ombrage et pardonne à sa tutelle, son erreur d'appréciation. Il la comprend même tant son pari était osé... Il entend d'ailleurs l'aider à la réparer et à l'amener à occuper enfin le terrain du documentaire grand public, à destination des salles obscures. Il crée pour cela, une société de production spécifique, Disney Nature Productions, qui présente ainsi un premier long-métrage en 2007, Le Premier Cri, film ethnologique sur la naissance à travers le monde, beaucoup moins abordable qu'un simple documentaire animalier. Il continue ensuite de faire confiance à Luc Jacquet et distribue son deuxième long-métrage, Le Renard et l'Enfant, un docu-fiction axé sur l'amitié d'une petite fille et d'une renarde. L'œuvre très personnelle séduit à nouveau le public français.

Patiemment, le remuant patron de la filiale française convainc sa maison-mère d'investir le marché. Elle accepte finalement de créer un nouveau label de films à l'instar de Disney, Touchstone Pictures ou Hollywood Pictures. Disneynature est ainsi présenté mondialement en avril 2008. Basé en France, il est logiquement dirigé par Jean-François Camilleri et poursuit deux objectifs : distribuer des productions "maison" à l'international et productions étrangères aux États-Unis. Les premiers chantiers sont déjà sur les rails. Le programme est alléchant. Les Ailes Pourpres, Le Mystère des Flamants sort ainsi en décembre 2008 suivi par Pollen et Félins en 2011, Chimpanzés en 2012, Grizzly en 2014, Au Royaume des Singes en 2015 et L'Empereur en 2017. Par ailleurs, le film britannique Un Jour sur Terre est distribué aux États-Unis en 2009, sous label Disneynature, ainsi que le film français Océans en 2010.

Une fois n'est pas coutume, Disneynature s'associe avec un talent local, le réalisateur chinois, Lu Chuan ainsi que sa société de production, Chuan Films.
Né en 1971, le jeune homme embrasse le métier de réalisateur après un long service militaire et des études de cinéma. Ses deux premiers films, The Missing Gun en 2002 et Kekexili : Mountain Patrol en 2004, produits à petit budgets, se font remarquer aussi bien en Chine qu'à l'international. Le réalisateur touche alors un peu à tous les genres que cela soit des longs-métrages historiques comme City of Life and Death en 2009 et The Last Supper en 2012 ou des films d'actions à l'exemple de Chronicles of the Ghostly Tribe en 2015. Nés en Chine est donc dans sa carrière son premier documentaire animalier. Sur lui, Lu Chuan est aidé dans sa tâche par des caméramans animaliers anglo-saxons qui vont lui rapporter des images tout simplement superbes.

Nés en Chine s'inscrit à l'évidence dans la tradition narrative de nombreux Disneynature : il propose, en effet, de personnifier certains animaux, notamment en leur donnant un prénom, pour les rendre encore plus attachants auprès des spectateurs. Les plus grandes réussites du label sont, il est vrai, des productions où l'empathie a été délibérément créée avec le public. Dans cette optique, les films se basant principalement sur les mammifères sont ceux où il est plus facile, inconsciemment, de voir l'audience s'attacher aux personnages. Que ce soit des félins, des ursidés ou des primates, leur proximité avec l'homme font que les spectateurs tombent tout de suite en admiration devant ces animaux, surtout quand le long-métrage les montre dans leurs univers naturels à l'écart de toutes présences humaines. Les meilleurs films du label sont, dès lors et sans aucun doute, Félins, Grizzly et Chimpanzés. Or, Nés en Chine n'est pas moins qu'un concentré des recettes des trois cités en proposant de découvrir, en plus, des animaux qu'il est peu habituel de voir évoluer dans leur habitat naturel.

Nés en Chine propose ainsi de s'intéresser à cinq espèces ayant la particularité de représenter l'Empire du Milieu de part leur localisation mais aussi des légendes qu'elles véhiculent dans la culture chinoise. La première est la grue du Japon qui, selon la légende, est symbole d'immortalité emmenant les âmes des êtres vivants vers la mort. Ensuite, le spectateur découvre l'antilope du Tibet qui voit les femelles faire des kilomètres de migration afin d'aller donner naissance à leurs petits. Vient, après, trois animaux qui se voit attribuer un prénom. Il y a d'abord Tao Tao, un rhinopithèque de Roxellane, un primate orange à poil long au nez retroussé bleu : il se trouve ici qu'il est le grand frère qui vient d'être mis à l'écart par son père suite à la naissance de sa petite sœur. Le spectateur découvre aussi Dawa, une panthère des neiges, un impressionnant félin au pelage magnifique et à longue queue, qui va tout faire pour nourrir et protéger ses deux petits. Enfin, impossible de parler des animaux de la Chine sans parler du symbole du pays : le panda géant, cet ours herbivore blanc et noir comme le Ying et le Yang. Le spectateur suit ainsi Ya Ya qui nourrit et élève sa fille Mei Mei.

Après un superbe écran titre, le récit de Nés en Chine alterne au fil des saisons d'un animal à l'autre. La thématique du film, comme souvent dans les longs-métrages de Disneynature, se consacre à la perpétuation de l'espèce. Mais comme dans les meilleurs titres du labels, la force de l'opus se retrouve dans l'amour sans borne que porte une mère à l'endroit de sa progéniture mais aussi les liens très forts de la famille au sens large comme chez les rhinopithèques. Le film ne cherche d'ailleurs pas à montrer des faits extraordinaires ; seule la vie dans son sens le plus strict est ainsi mise en lumière via la lutte pour la survie ou le quotidien dans la protection des tout-petits. Il se dégage alors un charme et une émotion incroyable tant le spectateur est vite subjugué par la vie de ces animaux extraordinaires à bien des égards.

L'objectif premier des productions Disneynature a toujours été d'émouvoir son auditoire en lui montrant la beauté de la nature pour lui spontanément donner l'envie de la protéger. Les films ne sont donc ni militants, ni donneur de leçons. Ils sont là pour toucher au cœur les spectateurs afin d'éveiller leur conscience. Nés en Chine est, ainsi, porté par des images d'une magnificence à couper le souffle, surtout qu'il propose de visiter des contrées inconnues du public occidental. Il explore la Chine loin de ses mégalopoles, à la découverte d'un nature époustouflante. La grandeur des images est, en outre, soulignée par une superbe musique aux sonorités chinoises qui accompagne, lyrique ou épique, à merveille le récit. Il sera juste regretter, comme Disneynature en a malheureusement pris la mauvaise habitude, l'utilisation d'une chanson rock pendant quelques minutes pour illustrer les jeux des singes ; un anachronisme sonore dont il est permis de douter de la pertinence...

Nés en Chine est d'abord sorti en Chine le 12 août 2016 et rapporte alors près de dix millions de dollars. Il est ensuite proposé aux États-Unis le 21 avril 2017, la veille de la Journée de la Terre, rendez-vous quasi annuel pour les sorties des Disneynature de l'autre côté de l'Atlantique. Bénéficiant d'excellentes critiques, le film dépasse les cinq millions de dollars pour son premier weekend d'exploitation, signant un score que le label n'avait plus obtenu depuis 2012 avec Chimpanzés. Il faut dire que les pandas géants, extrêmement populaires partout dans le monde, exercent une véritable fascination auprès du public occidental aussi bien pour leur côté nounours que leur rareté.

Nés en Chine est un film resplendissant aux images superbes et au récit touchant. Le spectateur est subjugué par les animaux rares qu'il présente dans leurs habitats naturels, le panda en premier lieu mais aussi, véritable coup de cœur, l'impressionnante et sublime panthère des neiges, tout simplement fascinante.

Nés en Chine est l'un des meilleurs Disneynature, si ce n'est le meilleur !

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