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La Caméra Multiplane

L'article

rédigé par Skye Crystal
Publié le 20 mai 2010

La caméra multiplane reste une référence tant dans le monde de l'animation que dans l'histoire des studios Disney. Invention majeure des studios, elle fut un des succès qui les poussa à continuer à expérimenter, et repousser sans cesse les limites de leur art.

Mais comme beaucoup de techniques qui donnèrent au studio à grandes oreilles sa renommée, l'idée de base ne venait pas d'eux. En effet, la technique multiplane fut inventée et testée en premier par l'allemande Lotte Reiniger pour son film d'animation de 1926, Les Aventures du Prince Achmed qui peut se targuer ainsi d'être l'un des trois premiers long-métrage d'animation au monde, à côté de deux films argentins, dont les bobines restent malheureusement toujours introuvables aujourd'hui...
Lotte Reiniger y utilise la technique de silhouettes découpées qu'elle filme image par image, sans manipulation en live ou animation dessinée ; cette façon de filmer les silhouettes à différentes distances, les unes des autres, constituant donc les prémices de la technique multiplane qui inspira les animateurs Disney.

Les Aventures du Prince Achmed

La vraie première Multiplane à quatre plaques mobiles, placées devant une caméra filmant à l'horizontale, fut inventée par Ub Iwerks (ami et associé de Walt Disney de longue date), et toute une équipe hétéroclite réunie par le Maître.
Peu importe le métier de base des hommes la formant, Walt constituait une équipe en posant deux questions  : "Pouvez-vous le faire ?" et "Que pouvez-vous en faire?"
Il réunissait un cameraman, un charpentier, un musicien, un styliste, un technicien, un artiste - peu importe - ;  il prenait les talents dont il avait besoin, sans aucun budget à dépenser, sans temps spécifique pour la recherche ; seuls importaient leurs esprits créatifs répondant à l'enthousiasme du grand Walt.

Un jour, il est ainsi demandé à la joyeuse troupe de créer un nouveau procédé capable de séparer les différentes couches de film à des distances variables de la caméra, de sorte à ce que le cliché donne une impression de profondeur. Le premier prototype fut construit à partir de bois, de colle, de ruban adhésif et de morceaux de la vieille Chevrolet d'Iwerks ! Mais ça marchait et Walt aimait le résultat. Et parlait soudainement de construire une nouvelle caméra, plus grande et plus complexe, que l'on pourrait utiliser pour filmer de l'animation. C'était un problème d'un autre ordre et appelait les compétences d'ingénieurs... Pourtant, finalement, elle fut bien construite par le département des effets spéciaux !
Ub Iwerk testa d'abord la Multiplane sur des projets personnels du studio Iwerks comme Willie Whopper ou les Comicolors.

La première multiplane, à l'horizontale

Dans le même temps, les techniciens des Studios Fleischer développèrent une technique similaire, nommée la caméra Stéréopticale, en 1934 (ou TableTop.) On créait en miniature les décors et on déplaçait les personnages de façon à ce que les éléments passent devant ou derrière eux, donnant une plus grande profondeur à l'ensemble. Ce procédé fut utilisé pour plusieurs cartoons de Betty Boop ou Popeye.

La caméra Multiplane comme nous la connaissons aujourd'hui fut créée par William Garity, dans l'objectif d'être utilisée pour Blanche Neige et les Sept Nains.
Construite au début de l'année 1937, il fut décidé de la tester sur une Silly Symphonie, Le Vieux Moulin, auréolé par la suite d'un Oscar.

Le Vieux Moulin

Cette version de la Mutiplane pouvait gérer jusqu'à 7 plaques mobiles et sa caméra, placée cette fois à la verticale, était également mobile. Le maniement de la Multiplane  restait toutefois très complexe et faisait appel au concours de plusieurs techniciens. Il fallait bouger les différentes plaques avec une grande précision, et de ce fait, l'exercice demandait une bonne coordination.
Pour donner l'illusion de profondeur à un décor, on peignait à l'huile le premier plan sur une plaque de verre, puis le second plan sur une autre, et ainsi de suite. On pouvait glisser entre deux plaques de décors une plaque de cellos avec des personnages en mouvement. Cette version plus poussée que celles d'Iwerk ou des Frères Fleischer fut utilisée pour Blanche Neige et les Sept Nains, mais aussi Pinocchio.

Utilisation de la multiplane
par plusieurs techniciens

La séquence où son utilisation est la plus notable mérite d'ailleurs que l'on s'y attarde un peu. Alors que Pinocchio s'apprête à vivre sa première journée de petit garçon, la caméra descend sur le village, vole entre les clochers, toits, et se déplace dans les rues sans discontinuer. Le challenge fut de taille et dépassa les capacités même de la Multiplane, représentant un véritable casse-tête pour les techniciens. La séquence atteint le coût faramineux de 48 000 dollars, presque le double de ce que coûtait la production d'un simple court-métrage !
Si ces quelques secondes de défi étaient censées présenter une toute nouvelle dimension pour l'animation, l'ironie du sort voulu que le public fit une ovation à la séquence sous-marine, où l'effet d'ondulation ne demanda qu'un simple miroir distordant. La séquence Multiplane passa presque inaperçue, ce qui fit dire à Walt Disney : "Plus jamais !".

On l'utilisa encore pour Fantasia, Bambi et Peter Pan. On la dépoussiéra une dernière fois pour l'utiliser dans La Petite Sirène (qui -paradoxalement- marquait les prémices de l'animation par ordinateur). Aujourd'hui, il n'existe plus que trois exemplaires dans le monde : le premier à Burbank aux Studios Disney, le second à San Francisco au Walt Disney Family Museum, et le dernier à Paris, au parc Walt Disney Studios, dans l'attraction Art Of Disney Animation.

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