The Twilight Zone Tower of Terror
Un Saut Dans la Quatrième Dimension

The Twilight Zone Tower of Terror - Un Saut Dans la Quatrième Dimension
L'affiche
Date d'ouverture :
Le 22 décembre 2007
Date de fermeture :
Le 22 septembre 2019
Type d'attraction :
Tour de chute
Musique :
Richard Bellis
Durée :
5 minutes

Le synopsis

Hollywood, 1939. Dans le faste et les paillettes d’une cité du cinéma en plein apogée, le Hollywood Tower Hotel fait figure de star parmi les stars, un luxueux établissement devenu au fil des années un incontournable de la ville. Mais par une nuit d’orage survenue le 31 octobre de la même année, alors qu’une soirée d’Halloween est organisée au Tip Top Club au 13ème étage, un éclair frappa la façade de l’hôtel et cinq personnes disparurent inexplicablement… Fermé peu après cet évènement mystérieux, il rouvrit ses portes récemment et aujourd’hui encore les plus curieux sont invités à séjourner dans cet hôtel si particulier et peut-être faire un saut dans les tréfonds de la quatrième dimension…

L'expérience

En sortant de Disney Studio 1, et en contournant la statue Partners, un bâtiment impressionnant s’élance vers le ciel : le Hollywood Tower Hotel fait partie de ces vestiges vivants d’un Hollywood à la grandeur passée. Surplombant ce quartier en décors de cinéma qu'est Production Courtyard, plusieurs accès mènent à sa porte principale. En traversant Hollywood Boulevard, empreint de nostalgie des années 50 où vedettes du septième art rimaient avec légendes du grand écran, il est possible d’apercevoir au loin les collines de Hollywood Hills, flanquées des célèbres lettres géantes blanches criant avec fierté le nom de la cité. Toute la rue respire l’industrie du cinéma avec ses décors grandeur nature de buildings effleurant la voûte céleste, ses palmiers se balançant à la faveur de la brise, ses boutiques typiques à l’instar du Franklin Department Store, du Gowers Books and Music ou encore du Deluxe Talent Agency, une agence de voyages offrant des escapades à travers l’Amérique du Nord.

En contournant ce boulevard, sur la gauche, se trouve La Terrasse. Ce petit quartier prend des airs hispaniques où il fleure bon boire son café auprès de la fontaine aux carreaux en terre cuite colorés et ses accessoires en fer forgé. Les façades aux tons ocres, agrémentées de petits balcons avec balustrades en métal, et ses frises colorées font écho à celles du Hollywood Tower Hotel, à l’influence espagnole, bien qu'il affiche un style fondamentalement différent. D’ailleurs, pour y accéder, il suffit de virer à gauche à la terminaison de Hollywood Boulevard ou bien de traverser La Terrasse et ses motifs muraux aux tons bleutés. Arrivé au pied de l'établissement au raffinement d'antan, un sentiment d'angoisse s'invite immédiatement dans le cœur des visiteurs. Une fontaine tarie présente, en effet, le panneau signalétique de l’hôtel sur lequel une fissure se distingue. Elle est la continuité de celle visible sur la façade du bâtiment, resté inchangé depuis qu’il fut frappé par un violent éclair, menant à la disparition d’une starlette, de ses parents, de sa nurse et d’un groom. Parfois, le panneau semble se changer comme par magie, faisant apparaître l’énigmatique message « The Twilight Zone Tower of Terror » mais cela provient surement de l’imagination des visiteurs qui leur joue des tours, peut-être… Une partie du bâtiment semble aussi avoir disparu et porte les stigmates d’un triste évènement. De temps à autre, les portes de l’ascenseur au sommet de la tour, s’ouvrent et se ferment, laissant échapper des cris d’effroi. Bien qu’à l’abandon, le building conserve pourtant toujours sa richesse architecturale presque intacte.

Construit en 1929, il épouse le style Pueblo Deco alors en vogue à cette époque, mariage réussi entre le style Art Déco avec ses formes géométriques aux motifs répétés et l’art amérindien des Indiens Pueblos du Sud-Ouest des États-Unis composé de motifs simples représentant soleils, pointes de flèches ou encore silhouettes d’un oiseau sacré, l’Oiseau Tonnerre. Tout en haut de la structure, des dômes bleutés parachèvent l’ensemble...
Il est maintenant temps de passer les grilles de l’hôtel afin de découvrir les secrets qu’il recèle. Mais avant d’entrer dans le bâtiment délabré, un petit tour dans le jardin abandonné s’impose. Bercée par des rythmes de jazz tels que Mood Indigo de Duke Ellington ou de Fats Willer et son Inside diffusés dans les hauts-parleurs, la Nature a repris ici ces droits ; la main de l’homme n'ayant pas agi depuis une éternité… Çà et là, des arbres aux formes tortueuses témoignent en effet d’un entretien inexistant.

Quelques cèdres de l’Atlas côtoient statues ravagées par le temps, tandis que des pins à l’aspect broussailleux rajoutent à l’atmosphère lugubre du lieu. Sur la gauche de l’entrée, près de la fontaine, des arbres ont été cultivés en espalier pour leur donner une forme spécifique, la lettre T, évoquant le sigle Tower of Terror. Un peu plus loin dans le jardin d’agrément se trouve une roseraie (ou « Rose Garden » comme l'indique le panneau en métal), autrefois entretenue avec soin mais qui n’atteste plus aujourd’hui de sa splendeur, entre mauvaises herbes et symétrie perdue. Après être passé sous la tonnelle prise d’assaut par une vigne grimpante, direction les portes en bronze de l’hôtel. Surmontées, tel le tympan d’une église, d’un fronton au vitrail coloré rayonnant représentant la coiffe de plumes d’un chef indien, elles s’ouvrent sur le lobby de l’établissement au luxe d’autrefois.

Ici, tout est resté identique depuis cette terrible nuit du mardi 31 octobre 1939. Le temps s’est en effet arrêté au moment précis où l’éclair s’abattit sur l’établissement, à 20 heures et 5 minutes, comme en témoignent les multiples horloges et pendules disséminées dans la pièce centrale, toutes indiquant le même horaire. Au plafond, quatre lustres en verre font écho au style hispanico-amérindien de l’hôtel. Le plafond à caissons, richement décoré, se marie aux poutres apparentes dont les saillies ornementées témoignent d’un art architectural du siècle passé. Certains murs portent encore les stigmates de la nuit d’orage désastreuse, leur ayant infligé quelques fissures profondes jamais refermées. Sur la gauche, des cartes à jouer sont disposées sur une lourde table, un jeu alors suspendu dans le temps, sous la poussière grise. Des plantes en pot sont mortes depuis déjà des lustres tandis que d’épais rideaux en velours vert kaki et décorés de motifs amérindiens sont pendus aux fenêtres. Comme élément central du lobby, la sculpture en métal d’une chouette aux ailes déployées pleines de poussière participe à l’atmosphère pesante et raffinée à la fois. Derrière cette œuvre d’art, des sofas aux motifs anciens et désuets auraient bien besoin d’un bon coup de plumeau. Çà et là, des valises sont dispersées comme lassées d'attendre leurs propriétaires tandis que des magazines et journaux, datés de 1939, trainent sur le sol et le mobilier prestigieux.

Contre le mur du fond, une immense cheminée arborant une tapisserie aux initiales de l’hôtel, affiche un âtre éperdument froid. Sur la droite, la réception de l’hôtel est comme elle fut laissée : du courrier à jamais scellé pour l’éternité, pris dans des toiles d’araignées, attend dans les casiers numérotés où les clés de chaque chambre sont rangées. Les panneaux de bois constituant le desk sont ornés de losanges sculptés dans le matériau naturel donnant au style, toutes ses lettres de noblesse. Les grooms de l’hôtel, aux airs peu sympathiques et aussi glauques que leur lieu de travail, dirigent les visiteurs vers les deux bibliothèques de l’hôtel, situées de part et d’autre des ascenseurs aux devantures endommagées par l’événement surnaturel survenu à la fin des années 30. Un panneau « Out of Order » (c’est-à-dire « Hors service ») leur est affublé et au-dessus de chaque appareil, un cadran renseigne l’emplacement de l’ascenseur sur les douze niveaux du bâtiment ; fait étrange, l’aiguille, sortie du cadran, pointe vers le bas… Entre les deux appareils d’où partent les fissures des murs, un panneau intitulé « Directory » indique les différents services qu’ils desservent, de la Fountain Room au lower level à la Stardust Room situé à la mezzanine, en passant par la High Society Suite dans le penthouse.

C’est alors que les portes des bibliothèques s’ouvrent pour laisser entrer les courageux, prêts à séjourner quelque temps dans cet endroit maudit. Ces pièces riches d’objets précieux en tout genre, chinés de par le monde par le propriétaire de l’hôtel, amoureux des voyages, renferment plus de quatre mille livres disposés sur les étagères des meubles sculptés en bois noble. Entre maquettes de bateaux, masques exotiques et statues de divinités, un minuscule poste de télévision éteint se démarque. Ce n’est qu’une fois les portes fermées et les lumières éteintes qu’il s’allume instantanément, en même temps qu’un éclair, à travers la fenêtre aux vieux rideaux jaunis, brise pour un bref instant l’obscurité de la pièce. Une musique inquiétante – celle de la célèbre série La Quatrième Dimension – se fait alors entendre. À l’écran, une porte virevolte dans un univers d’étoiles : la voix du narrateur informe qu’il faut l’ouvrir avec la clé de l’imagination mais qu’« au-delà, c’est une autre dimension. Une dimension sonore. Une dimension visuelle. Une dimension de l’esprit. ». Sans même crier gare, les visiteurs viennent d’entrer dans la quatrième dimension (« the twilight zone » en anglais), celle des objets et des idées ! C’est alors que des images de l’hôtel en 1939 sont diffusées afin de revenir sur l’incident inexplicable de cette fameuse nuit d’orage où cinq personnes se volatilisèrent à jamais. Comme un malheur n’arrive jamais seul, la voix off, qui s’avère être celle de Rod Serling, créateur de la série La Quatrième Dimension, annonce que cette histoire effroyable risque de se répéter ce jour-même ! Serling apparait à l’écran et prévient que ce sont les visiteurs qui seront les vedettes de l’épisode de ce soir, où un ascenseur de service – menant directement à la Quatrième Dimension, les attend patiemment, faute de ne pouvoir utiliser les ascenseurs principaux alors endommagés…

La communication est coupée, les lampes se rallument tandis que les portes s’ouvrent, donnant sur la chaufferie de l’hôtel. L’ambiance change tout à coup comme si les visiteurs avaient découvert les entrailles de ce sombre hôtel. Les clients ne sont, en effet, pas censés posés pieds dans cette partie lugubre et industrielle, sans décoration luxueuse et fioritures aux murs. Au rez-de-chaussée, un poste de radio semble émettre des appels à l’aide mais les grésillements sur la ligne ne permettent pas d’identifier l’expéditeur. D’énormes chaudières rouillées qui rougeoient par intermittence, leur donnant un aspect menaçant comme d’autant de monstres effrayants, sont disposés dans cette pièce à la hauteur sous plafond correspondant à deux étages : même si la sensation d’étouffement n’y est pas propice, il est difficile d’y être à l’aise, entre les chaînes pendant du plafond et les innombrables tuyaux connectant les différents mécanismes et niveaux de l’hôtel. Pour ne pas rassurer les visiteurs, la dernière inspection des lieux fut réalisée en 1939… Au premier étage, une centrale électrique semble surchauffer en émettant des flashs de court-circuit électrique tandis que les lampes d’usine renvoient une lumière tamisée, rendant l’endroit des plus angoissants. Au mur, des marques à la craie se distinguent et tentent de renvoyer un message ; en tendant bien l’oreille, la voix d’une petite fille semble en émaner, comme venue d’outre-tombe, mais peut-être se trouve-t-elle dans une autre dimension… Les clients de l’hôtel sont ensuite dirigés vers les ascenseurs de service qui les emmèneront vers leurs chambres, à moins que… Les portes rouillées s’ouvrent tandis qu’un message de sécurité à la voix à la fois rassurante et fantomatique, est diffusé dans les haut-parleurs rappelant aux visiteurs qu’une fois assis, les ceintures de sécurité doivent être attachées.

Un groom au visage blême invite les clients à s’installer dans la cage d’acier aux allures de monte-charges – dont la charge maximale à ne pas dépasser est de trois tonnes - et leur prodigue un dernier au revoir… Mais pourquoi « dernier » ? Soit ! Les portes se ferment et, après avoir effectué un mouvement de recul, l’appareil amorce sa montée alors que la voix du narrateur de La Quatrième Dimension résonne dans la pièce et indique que la destination est inconnue mais qu’une réservation a pourtant été faite pour une durée prolongée. Les lumières fébriles se rallument lorsque l’appareil s’arrête dans l’un des vestibules d’un étage. Les passagers voient alors leur reflet dans un large miroir au cadre détaillé qui, après une coupure subite de courant dû à l’orage qui vient de s’abattre, s'efface peu à peu jusqu’à disparaître totalement ! La voix de Rod Serling leur prévient de dire adieu au monde réel car ils viennent de pénétrer dans… la quatrième dimension ! L’ascenseur s’arrête ensuite à un autre étage pendant que la voix off rappelle le fait divers funeste qui se déroula en 1939 au cœur de la cité des anges. Dans le corridor qui apparaît devant les yeux des passagers, les fantômes des cinq victimes se révèlent, appelant les visiteurs à venir les rejoindre, tandis qu’un éclair les fait s’éclipser. Les lumières se tamisent jusqu’à s’éteindre ; seul reste, au fond du couloir glauque, une porte d’un autre ascenseur qui semble suspendue dans l'air quand, soudain, les spectres aperçus peu de temps auparavant apparaissent dans la machine au bout du couloir. Puis... l'ascenseur tombe dans le néant !

C’est alors qu'il effectue sa première descente, bien que courte, et enchaine par une montée vertigineuse jusque tout en haut du bâtiment. Les portes s’ouvrent mais point de chambres d’hôtel à ce niveau : une vue imprenable sur Hollywood Boulevard s’offre aux yeux des visiteurs, à la fois ébahis et terrifiés… Les freins lâchent puis bloquent la cabine pour un court instant mais la force d’attraction est trop forte et emporte l’appareil dans une chute effrénée sous les cris d’effrois des clients apeurés. L’ascenseur, complètement fou, remonte la totalité de l’hôtel à une vitesse impressionnante, offrant une dernière fois un regard sur Production Courtyard puis attaque sa descente vers les tréfonds de la quatrième dimension à une rapidité folle ! Après avoir atteint les fondations de l’hôtel dans un fracas assourdissant, les portes s’ouvrent enfin dans le monde des vivants ; le groom précise la sortie aux visiteurs déboussolés mais en vie, qui se ruent vers les escaliers de secours et les couloirs de service. Les murs bruts portent des panneaux de service contenant des messages des employés et autres annonces, datés de la dernière année où l'hôtel fut opérationnel… À leur sortie, ils retrouvent le luxe et le raffinement des lieux composés de plusieurs vitrines comme Modern Wonders présentant les avancées technologiques de 1939, tandis que la boutique de l’établissement à la moquette rouge et or arbore un design rassurant et chic baigné dans des rythmes jazzy allant de Bunny Berigan et son I Can’t Get Started With You à Vera Lynn et le charme rétro de son We’ll Meet Again sans oublier Sidney Bechet et son Jungle Drums.
Les visiteurs se souviendront que la prochaine fois qu’ils souhaitent réserver un hôtel dans la partie sombre d’Hollywood, ils prendront bien garde de préciser leur durée de séjour ou ils pourraient devenir… des résidents permanents de la quatrième dimension !

La critique

rédigée par Geoffrey El Islami
Publiée le 19 novembre 2017

Classique parmi les Classiques, The Twilight Zone Tower of Terror – Un Saut Dans la Quatrième Dimension fait partie des attractions mythiques des Parcs Disney à travers le monde. Pourtant basé sur une franchise hors du giron de Disney, le concept fort de la série télévisée La Quatrième Dimension, créée par Rod Serling en 1959, s’allie à merveille avec le talent et le génie des concepteurs d'attractions de chez Disney pour faire vivre aux visiteurs une expérience unique, créant par la même un épisode spécial de La Quatrième Dimension dont ils sont les vedettes !

L’univers de l’attraction est donc inspiré de la série télévisée éponyme, The Twilight Zone traduite avec erreur en français par La Quatrième Dimension, alors qu’il s’agit en réalité de la cinquième dimension, la quatrième étant celle du Temps selon Albert Einstein. Créée en 1959, elle est née de l'imagination de par Rod Serling. Soldat parachutiste pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce dernier s’essaie à l’écriture au sortir de sa mobilisation et enchaine les scripts pour la télévision. Il est alors reconnu pour son talent dès 1955, année où il reçoit un Emmy Award pour l’écriture d’un épisode de la série Kraft Television Theatre qui reste encore dans les mémoires aujourd'hui. Usant de ses expériences dans l’armée et de sa passion pour la boxe, il écrit des scripts d’épisodes pour une nouvelle série intitulée The Twilight Zone (La Quatrième Dimension) qui voit sa première diffusion sur CBS le 2 octobre 1959. Son univers baignant dans une science-fiction mêlée d’éléments magiques et d’épouvante lui assure un succès immédiat. Ses épisodes d’une créativité époustouflante pousse toujours plus loin les codes grâce à un Rod Serling – délivrant une voix off sérieuse et troublante de par son ton grave et solennel – toujours enclin à dénicher des scénaristes de talents respectant sa création et l’enrichissant. Diffusée pendant cinq saisons pour un total de 126 épisodes, pour la majorité courts (vingt-cinq minutes tandis qu’une minorité fait le double), la série ne cesse d’étonner et s’est rendue célèbre pour son atmosphère si particulière et ses twists finaux déroutants. Véritable chef-d’œuvre de la télévision américaine, Disney décide de s’emparer de son univers complet pour créer une attraction unique en son genre basée sur aucun épisode (bien que des éléments soient repris comme la petite fille passant dans une autre dimension dans l’épisode La Petite Fille Perdue) : La Tour de la Terreur sera donc un épisode inédit dans lequel les visiteurs des Parcs seront les acteurs.

L’idée émerge lorsque le plan de capitalisation du Parc Disney-MGM Studios est entrepris par Michael Eisner, alors PDG de The Walt Disney Company (de 1984 à 2005). L’expansion est en effet prévue du côté de Sunset Boulevard, Walt Disney Imagineering pensant tout d’abord créé une attraction nommée Mel Brooks’ Hollywood Horror Hotel, en référence à Mel Brooks, célèbre acteur et réalisateur américain notamment connu pour ses films La Folle Histoire du Monde ou La Folle Histoire de l'Espace et impliqué dans le projet. Par manque de place, l’idée est abandonnée mais le concept d’un hôtel perdu dans le temps fait surface : ayant obtenu le droit d’utiliser la licence de La Quatrième Dimension par la chaîne CBS, l'attraction sera plongée dans son univers ! Pour cela, l’équipe d’Imagineers Disney en charge de la conception de la première attraction du genre pour Disney’s Hollywood Studios (Disney-MGM Studios à l’époque) visionnent la totalité des épisodes, deux fois au minimum pour s’imprégner au mieux de la substantifique moelle de la série. Puis, le 22 juillet 1994, au bout de Sunset Boulevard, la première version du Hollywood Tower Hotel ouvre enfin ses portes au public. Avec ses allures méditerranéennes, elle s’intègre parfaitement à l’extrémité de la célèbre rue et se fond dans le paysage lorsque, depuis le pavillon marocain à Epcot, elle s’élance vers le ciel et se mélange aux tons et au style du pays. L’attraction devient immédiatement un succès phénoménal, tant est si bien que son univers se décline dans un téléfilm de 1997, La Tour de la Terreur (titré parfois aussi en français Les Fantômes d’Halloween) tourné en son sein même ! Le succès s’exporte, et le concept est reproduit quasi à l’identique : il existe en effet des modifications de taille et d’architecture (ici Pueblo Deco) à Disney California Adventure où elle ouvre le 5 mai 2004, en reprenant des plans initialement prévus pour le Parc Walt Disney Studios. Lorsque les problèmes financiers ont pointé l’horizon de Disneyland Paris, c’est, en effet, Disney California Adventure qui reçoit les honneurs d’accueillir le célèbre hôtel. Deux ans plus tard, le 4 septembre 2006, Tokyo DisneySea lui emboite le pas avec sa propre version, sobrement nommée Tower of Terror, proposant un concept similaire transposée dans un autre univers racontant l’histoire du multi-milliardaire Mr Harrison Hightower III, prisonnier malencontreusement dans son hôtel. La série télévisée La Quatrième Dimension n’ayant en effet jamais été diffusée au Japon, la référence n’aurait pas été assez identifiable pour le public nippon. Enfin, ce n’est que le 22 décembre 2007, cinq ans après l’ouverture du second Parc, que la version parisienne, sous la dénomination The Twilight Zone Tower of Terror – Un Saut Dans la Quatrième Dimension, s'installe dans Production Courtyard au Parc Walt Disney Studios, une nomenclature qui mixte les deux titres de l'attraction, l'un anglophone (The Twilight Zone Tower of Terror) et l'autre francophone (La Tour de la Terreur - Un Saut Dans la Quatrième Dimension), utilisés pour sa campagne promotionnelle, donnant au final l'une des dénominations officielles d'attractions parmi les plus longues !

Il est vrai que depuis son ouverture en 2002, le Parc Walt Disney Studios propose une offre de divertissements assez pauvre, d’une piètre qualité jamais observée dans l’ensemble des Resorts Disney du monde entier. Ouvert pour satisfaire les termes d’un contrat obligeant Disney à développer l’offre du Resort par la création d’un second Parc, le Parc Walt Disney Studios est le mal-aimé de la bande. Entre thématique mal léchée et décors au rabais, il ne fait pas rêver ses visiteurs. Ainsi, à son ouverture, le site sur le thème des studios de cinéma propose au total cinq ou six attractions d’envergure, réduisant le temps de visite, les jours de non affluence, à environ deux heures. Pas de quoi assouvir la soif de tout visiteur lambda… Mais déjà à son ouverture, la présence de toilettes et de La Terrasse sponsorisée par Perrier au cœur du Parc présageait de la venue d’une attraction d’ampleur en arrière-plan. Il faut alors attendre le 11 janvier 2005 pour l’annonce d’une expansion et d’un remaniement en profondeur de Production Courtyard et Animation Courtyard, dans le cadre des festivités du quinzième anniversaire de Disneyland Resort Paris. Animation Courtyard devient ainsi Toon Studio accueillant deux nouvelles attractions dès le 9 juin 2007 avec Crush's Coaster et Cars - Quatre Roues Rallye. Production Courtyard, en plus de recevoir l’attraction Stitch Live! en lieu et place de Television Production Tour dans les anciens locaux de l’antenne française de Disney Channel, intègre désormais une attraction au budget colossal. Cette dernière vient dès lors se flanquer au cœur du Parc, devenant un symbole de la destination (visible jusqu'à sept kilomètres à la ronde) au même titre que Le Château de la Belle au Bois Dormant qui tient cette place dans le Parc Disneyland : The Hollywood Tower Hotel et son architecture Pueblo Deco, amène avec lui la création de Hollywood Boulevard, une rue à la gloire du cinéma aux réminiscences des stars hollywoodiennes.

Mais le chantier, amorcé en début d’année 2006, n’est pas de tout repos. Il faut tout d’abord se plier aux spécificités des normes de construction française : ainsi, The Twilight Zone Tower of Terror – Un Saut Dans la Quatrième Dimension est la seule version à avoir été construite en béton plutôt qu’en armature d'acier comme ses cousines étrangères. Le budget en est directement impacté, devenant le plus important pour ce type d’attraction, atteignant les 185 millions de dollars (Ses consoeurs n’excédant pas les 160 millions, seul Tokyo DisneySea frôlant les 180 millions). Bien évidemment, ce budget inclut les bâtiments construits autour de la tour afin de la rendre moins imposante, comme ceux présents de part et d’autre de la brasserie La Terrasse. Côté architecture, The Twilight Zone Tower of Terror – Un Saut Dans la Quatrième Dimension est une copie conforme, bien que plus petite en taille, de l’attraction californienne (remplacée par Guardians of the Galaxy – Mission: BREAKOUT! en mai 2017) reprenant le style Pueblo Deco si représentatif de l’âge d’or d’Hollywood, avec ses formes géométriques caractéristiques et ses motifs amérindiens. Ouverte d’abord le 22 décembre 2007 puis suivie d’une inauguration officielle le 8 avril 2008, elle bénéficie alors d’une projection directement sur l’édifice accompagnée de jeux de lumières et de lasers. Des acteurs en tenue d’époque s’amassent autour de l’hôtel tandis que des policiers ferment l’entrée de la rue pour y accéder. Des rythmes jazzy inondent alors le Parc ; l’hôtel devenant le temps d'un soir la toile de fond d’un spectacle de son et lumière très bien conçu, à la fois entraînant et effrayant.

Son emplacement peut cependant faire l’objet de critiques. D’abord, elle ne joue pas ici un rôle d’attraction du public vers le fond du Parc comme ses homologues américaines le font (en Floride et en Californie) mais s’impose plutôt dès la sortie du Disney Studio 1. Dès lors, sa comparaison avec Le Château de la Belle au Bois Dormant du Parc Disneyland comme point de repère central est d’autant plus forte et donne une raison à son emplacement. Mais l’incohérence est d’un tout autre ordre. Le Parc Walt Disney Studios est, en effet, censé représenté un studio de cinéma et en cela, les décors d’Hollywood Boulevard jouent leur rôle à merveille. Mais que vient donc faire le Hollywood Tower Hotel, supposé réel, en plein milieu d’un studio aux décors factices ? Le visiteur du studio est alors en droit de se demander quelle lubie a traversé les esprits des producteurs du site pour construire un bâtiment aussi imposant, tout ça pour le seul tournage d’un épisode d'une série, si populaire soit-elle ? Au-delà de l'envergure du décor, c'est l'âme-même du lieu qui se retrouve handicapé par le cadre dans lequel il se place : le Hollywood Tower Hotel n'est plus à proprement dit un hôtel maudit mais bien un plateau de tournage - et c'est bien là, la différence fondamentale avec ses consœurs étrangères - certes sans caméras ou acteurs plaisantant entre deux scènes, mais un plateau tout de même ! Malgré tout, l'explication d'absence totale d'éléments pouvant faire croire à un tournage (spots, équipe de production, etc.) peut se trouver dans le point de vue narratif de l'attraction : les yeux des visiteurs sont littéralement l'objectif de la caméra, ils se retrouvent alors on stage, un angle certes inédit dans la famille des Tours de la Terreur lui faisant malheureusement perdre tout son charme originel. Ce point soulevé, il se rajoute à la longue liste des défauts incombant à l’immersion chaotique et au respect du thème du Parc Walt Disney Studios.

Du haut de ses cinquante-cinq mètres auxquels il est nécessaire d’ajouter treize mètres de sous-sol, The Hollywood Tower Hotel domine Hollywood Boulevard comme la version floridienne domine Sunset Boulevard et offre un panorama impressionnant sur le Resort entier, lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrent. Il est d’ailleurs l’endroit le plus haut du Resort accessibles aux visiteurs qui se délectent, de jour comme de nuit, d’une vue imprenable. Il contient des scènes similaires aux autres attractions du genre, bien que la séquence du miroir ne soit pas incluse dans la version floridienne. Malgré tout, c’est un véritable bijou d’architecture empreint d’une nostalgie désuète, renforcée par un mobilier et une décoration caractéristique d’une époque révolue. Il a fallu chiner plus de cinq milles articles à travers le monde afin de composer cet univers hors du Temps ! Travail de longue haleine aboutissant à une attraction des plus immersives, les Imagineers se sont ici surpassés.

L’atmosphère est, en outre, enveloppée d’une bande-son jazzy envoûtante, quelque peu réorchestrée par Richard Bellis, musicien de renom ayant composé les bandes originales des attractions Star Tours, Indiana Jones Adventure: Temple of the Forbidden Eye ou encore le spectacle Moteurs... Action ! Stunt Show Spectacular. Il livre ici une compilation de classiques intemporels donnant l’impression que la musique vient d’un bal qui traverse le temps. Et ce sont les plus grands noms du jazz qui se bousculent dans les haut-parleurs de l’hôtel : de Bunny Berigan à Duke Ellington en passant par l'inimitable Sidney Bechet, l’immersion est aussi sonore ! Autre détail, la voix entendue dans l’hôtel diffusant les messages de sécurité, au grain sinistre à souhait est celle de Jacques Ciron, maître dans le domaine du doublage français. Il est par exemple la voix de Marcus Brody dans Indiana Jones et la Dernière Croisade, mais aussi celle de Rat dans Le Crapaud et le Maître d’École, du Chapelier Fou dans Alice au Pays des Merveilles, Alfred dans les films Batman de Tim Burton et Joël Schumacher ou encore du Roi Jacques dans Pocahontas 2 : Un Monde Nouveau ! Son ton si spécial se fond avec délice dans l’ambiance inquiétante de l’hôtel.

Conçue en partenariat avec Otis, le célèbre fabricant d’ascenseurs et de monte-charges en tout genre à travers le monde, The Twilight Zone Tower of Terror – Un Saut Dans la Quatrième Dimension demande un équipement colossal. D’ailleurs, techniquement, il ne s’agit pas ici d’ascenseurs à proprement parlé, mais de véhicules ayant la capacité de réaliser des mouvements d’avant en arrière horizontaux mais également verticaux ! L'attraction est ainsi équipée de trois simili ascenseurs pouvant accueillir six véhicules au total contenant chacun vingt-et-une personnes lui permettant d’atteindre un débit horaire honorable d’environ mille cinq cents visiteurs à l’heure. Mais toute cette machinerie est la partie émergée de l’iceberg car en coulisses, l’équipement est impressionnant. De fait, chaque ascenseur est équipé d’un moteur dont la puissance équivaut à deux fois celle d’une locomotive soit environ dix mille chevaux ! Bien entendu, chacun profite d’un ensemble de quatre freins afin d’arrêter les cabines dans leur descente. Mais ce n’est pas tout car chaque moteur se voit aussi adjoint d’un transformateur, pesant treize tonnes chacun, convertissant l’électricité entrant de 20 000 volts à 600 volts. Enfin, les moteurs étant sujets à surchauffer, ils doivent être alimentés avec une quantité conséquente de liquide de refroidissement : dix mille litres sont ainsi nécessaires à leur fonctionnement ! Il faut également savoir que lors de la descente, une astuce est utilisée pour intensifier la descente : les cabines sont tirés vers le bas par des câbles afin d’accélérer la vitesse, pouvant atteindre 48 km/h et obtenir ainsi cette sensation d’apesanteur (absente d’une chute classique sans cette technique)… et de décollage des fessiers du siège ! Ce ne sont définitivement pas des ascenseurs classiques, c’est certain… Les séquences de chutes sont également modifiables (la version floridienne a ainsi enregistré trois versions, en plus de celle d’origine, à travers les années : Twice The Fright jusqu’en 1999 puis Fear Every Drop jusqu’en 2002 et enfin Never The Same Fear Twice) faisant vivre des expériences différentes aux visiteurs. Tous ces aspects techniques et autres effets spéciaux sont évidemment commandés par une armée d’ordinateurs, environ une centaine sont nécessaires à la tâche, tandis qu’une centaine de kilomètres de câbles électriques transmettent les informations ! 

Conçu comme un épisode inédit de La Quatrième Dimension, les clins d’œil à la célèbre série des années 50 pullulent dans l’attraction. Des objets-phares répliques fidèles de certains épisodes aux clins d’œil à certains de ses personnages, l’hôtel est, en fait, le terrain de jeu idéal pour tout fan de l’univers créé par Rod Serling. Un vibrant hommage lui est d'ailleurs livré avec son apparition dans la vidéo diffusée dans la bibliothèque : la scène utilisée pour le montage étant tirée de l’épisode C’est une Belle Vie (saison 3, épisode 8). Mieux encore, la voix de doublage de Rod Serling reste conforme : elle est due à Guy Chapelier qui n'est autre que la vraie voix française de Rod Serling dans le doublage de la série télévisée. Le comédien n'est, en fait, pas un inconnu chez Disney où il a déjà travaillé notamment sur le deuxième doublage de La Belle et le Clochard et celui de La Belle au Bois Dormant ou encore en incarnant Red dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Il est également la voix de Futé de L’Agence Tous Risques ou bien celle de Jackie Chan. Enfin, le clin d’œil ultime se tient dans la conception de l’attraction en elle-même : chaque épisode de la série a, en effet, la particularité de se conclure sur une chute finale… Dans l’attraction, la chute est physiquement ressentie !

Les détails s’insinuent même jusque dans le rôle des Cast Members qui se prennent ici pour les grooms de l’hôtel abandonné. Ce sont eux qui ont rouvert les portes de l’établissement pour le faire découvrir aux visiteurs qui dénotent d’ailleurs avec les clients fortunés qu’ils avaient coutume de recevoir. Ainsi, ils sont accueillis en tant que tels par des employés accueillants et serviables qui croient toujours à la grandeur de leur lieu de travail, comme complètement ignorants des tristes évènements dont ils ont surement été témoins. Leur costume participe également à leur jeu de rôle et à l’atmosphère du lieu, la tunique et le pantalon associés à un chapeau tambourin étant la tenue traditionnelle des hôtels de luxe des années 30. Un teint blême, comme il était possible de l’apprécier dans les bandes-annonces promotionnelles de l’attraction, aurait encore plus accentué l’aspect fantomatique de ces personnages mais il s’agit là que de menus détails tant l’ensemble de leur habillement est déjà parfaitement travaillé et se suffit à lui-même.

Enfin, de par son atmosphère lugubre, l’attraction est un terreau fertile pour les imaginations débordantes des visiteurs lors des soirées d’Halloween. Ainsi, un peu plus d’un an après l’inauguration de l’attraction, les Terrorific Nights débarque au Parc Walt Disney Studios pour quatre années, jusqu’en 2012. The Twilight Zone Tower of Terror – Un Saut Dans la Quatrième Dimension participe évidemment à l’événement en introduisant des personnages des années 30 dans le hall de l’hôtel (employés et clients) mais aussi dans la salle des machines. Un autre acteur participe à l’ambiance du lieu, Halloween ou pas : la nuit ! Une fois la pénombre tombée sur le Parc, l’hôtel prend, en effet, une autre dimension, sans mauvais jeu de mots, devenant encore plus angoissant. Mais la Tour joue également un rôle de toile de fond pour des projections n’ayant pas franchement de lien avec son thème. Ainsi, elle devient un écran de choix pour la technique de mapping (à l’instar du (Le) Château de la Belle au Bois Dormant dans le Parc Disneyland) : la soirée Electroland, le spectacle Star Wars : La Célébration Galactique ou encore L’Incroyable Noël de Dingo étant quelques exemples réussis parmi bien d’autres.

Éminent hommage à une série télévisée traversant les décennies, Disney a réussi à s'approprier son univers unique pour créer de toute pièce un épisode inédit plus vrai que nature. La version parisienne de cette attraction, The Twilight Zone Tower of Terror – Un Saut Dans la Quatrième Dimension, est dorénavant unique au monde de par son architecture glorifiant les années triomphales d’Hollywood. Devenue un Classique Disney dans les Resorts du monde entier, elle tient une place à part dans le Parc Walt Disney Studios : elle en est un emblème trônant fièrement en son cœur comme pour clamer haut et fort l’évolution d’un Parc en pleine métamorphose mais paradoxalement représente aussi l’une des plus imposantes erreurs au regard du respect de sa thématique en proposant un point de vue narratif certes insolite mais terriblement bancal !

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