Bill Sykes
Date de création :
Le 18 novembre 1988
Nom Original :
Bill Sykes
Créateur(s) :
Glen Keane
Tony Fucile
Apparition :
Cinéma
Voix Originale(s) :
Robert Loggia
Voix Française(s) :
Henry Djanik

Le portrait

rédigé par Karl Derisson
Publié le 25 octobre 2014

Bill Sykes pourrait passer pour un méchant mineur. Il n'a pas de pouvoir magique et ne joue pas dans la même cour que la Reine, Maléfique, Madame Mim, le Seigneur des Ténèbres, Jafar ou Yzma, tous de redoutables antagonistes. Sykes est, en effet, un homme « normal » comme Stromboli, Ratcliffe ou encore Rourke. Mais il n'en demeure pas moins une vraie menace ! Car ce n'est pas un simple humain. Le danger qu'il représente est, il est vrai, bien réel. Le personnage est dangereux, sadique et sa fortune colossale en fait un être terrible pour quiconque lui met des bâtons dans les roues.

Bill Sykes est le principal méchant d'Oliver & Compagnie, l'adaptation moderne d'Oliver Twist, le classique de la littérature anglaise écrit par Charles Dickens de 1837 à 1839. Alors que le classique de Disney a pour cadre le New York des années 1980, l'œuvre originale se déroule, elle, dans la Londres victorienne de la fin du XIXe siècle. Le personnage y apparaît sous le patronyme William « Bill » Sikes, avec un I et non un Y comme dans le long-métrage animé. Criminel crapoteux, il est associé à Fagin, le chef d'une bande d'enfants voleurs. Accompagné d'un énorme chien blanc, Œil-de-Taureau, Sikes utilise le jeune orphelin Oliver pour ses cambriolages, l'intérêt de l'enfant résidant uniquement en sa petite taille.

Charles Dickens décrit son personnage comme un être dangereux et calculateur. Il ne recule en effet devant rien pour arriver à ses fins et il est, de fait, dépourvu de toute morale. Lorsqu'Oliver menace de révéler l'identité des membres de la bande de Fagin, il n'hésite pas à enlever l'enfant, pourtant heureux de vivre aux côtés de son bienfaiteur, M. Brownlow. Lorsqu'Oliver est blessé pendant un casse, il le laisse pour mort, l'abandonnant dans un fossé sans état d'âme. Et lorsqu'il pense que sa compagne Nancy l'a trahi, il est tellement fou furieux qu'il la tabasse à mort. Véritable brute épaisse, Sikes provoque pourtant sa propre perte quand, cherchant à échapper à la foule en colère, il se pend accidentellement avec la corde prévue pour sa fuite.

Dans l'œuvre de Disney, Bill Sykes (avec un Y, donc) est un homme d'affaires new-yorkais. Un véritable mafieux en réalité. Alors que le Sikes de Dickens semble misérable, celui de Disney roule sur l'or. Cigare fumant et puant à la bouche, costume deux pièces, cravate, boutons de manchettes en or, petites lunettes rectangulaires, énormes berlines, Sykes est un être de pouvoir qui en impose autant par son tempérament que par son physique. Car sa carrure est monumentale. Epaule large, énorme main, visage carré, mâchoire volontaire. Sykes semble capable de broyer quelqu'un d'une seule main. Et les gringalets comme Fagin ne peuvent pas lutter contre cette force de la nature.

Quelque peu grossier et manquant de finesse chez Dickens, Sykes est ici un être doué d'intelligence, capable de manigancer des plans complexes dans le but unique de se faire de l'argent. Ainsi, le mignon petit Oliver, dont la plaque indiquant la 5e Avenue est synonyme de famille fortunée, est immédiatement vu par lui comme un moyen d'empocher quelques liasses de billets verts. Il se félicite d'ailleurs que Fagin ait un temps pensé à ce genre de manœuvres pour rembourser ses dettes avant de flancher devant la petite Jenny. Sykes, lui, ne flanche pas. Le chat et la gamine sont immanquablement kidnappés et la demande de rançon ne se fait pas attendre.

Un trait commun que le méchant de Disney partage avec son homonyme du classique anglais est indéniablement sa brutalité et sa vulgarité. Car Sykes est une brute épaisse, d'une violence innée, dont le langage est fleuri et qui est capable des pires cruautés pour arriver à ses fins. Une conversation téléphonique entendue par Fagin montre que le mafieux est capable de tout. Discutant avec un certain Coco, il conseille de désosser les phalanges d'un de ses emprunteurs, de le laisser « gentiment » agoniser, de lui mettre les brodequins, l'image des chaussures pouvant suggérer de lester le mauvais payeur pour le faire baigner dans l'Hudson... C'est d'ailleurs la menace qui plane sur Fagin s'il ne rembourse pas ses dettes dans les trois jours. Cette brutalité de Sykes le conduit d'ailleurs à sa propre perte. Pendu dans l'œuvre de Dickens, le méchant se lance ici à la poursuite de Fagin et Jenny au volant de sa berline, montant sur les rails du métro à toute allure, avant d'emplafonner un train sur le pont de Brooklyn...

Qui dit crapule mafieuse, dit repaire de mafieux. Sykes possède son bureau dans un hangar sinistre situé dans les docks. C'est là qu'il donne rendez-vous aux débiteurs qui se présentent à lui. Véritable blockhaus, l'endroit est placé sous caméras et les portes sont verrouillées. Assis derrière un large secrétaire placé au fond d'un bureau mal éclairé et rempli d'écrans de contrôle, Sykes intimide chacun avec sa voix rocailleuse et ses affreux cigares fumant. Et lorsqu'il claque des doigts, ses deux dobermans, Roscoe et DeSoto deviennent de véritables fauves se jetant sur les victimes du méchant et leurs alliés. C'est ainsi que Roublard fait les frais de l'incapacité à rembourser de son maître Fagin. L'endroit est par ailleurs le petit musée personnel de Sykes qui y expose ses maquettes de voitures et autres bateaux, l'une de ses passions, qui s'ajoute à celle des Dobermans, dont l'effigie apparaît partout, notamment sur le bouchon de radiateur de sa voiture.

Sykes fait partie de ces méchants Disney qui tournent au volant d'énorme berline, à l'image de Cruella d'Enfer et de Madame Médusa. Et à l'image de ces dernières, Sykes est un danger public. Car la voiture, immatriculée DOBERMAN New York, en a sous le capot. Et la course-poursuite engagée à la fin du film semble désespérée pour les héros, le méchant n'hésitant pas à les pourchasser jusque sur les rails du métro new-yorkais. Descendu avec fracas par la bouche d'entrée de Times Square, Sykes pousse son automobile à bout pour éliminer Fagin et ses chiens et remettre la main sur Jenny. Brulant le caoutchouc de ses pneus, massacrant ses rétroviseurs, rayant la carrosserie, il appuie sur l'accélérateur et roule, la course se terminant lorsque la voiture est broyée par un train...

Glen Keane
Robert Loggia
Henry Djanik

Sykes est une création de l'animateur Glen Keane. Il s'agit de l'un des premiers personnages de celui qui crée, dans les décennies suivantes, les personnages d'Ariel, de Marahute, de la Bête, d'Aladdin, de Pocahontas, de Tarzan ou encore de John Silver. Il s'agit au passage de son deuxième méchant d'envergure après Ratigan.
Dans la version originale, le personnage est doublé par Robert Loggia, l'interprète d'Elfego Baca pour les studios Disney dans les années 1960, également à l'affiche de plusieurs séries télévisées et de films comme La Plus Grande Histoire jamais contée, Scarface, L'Honneur des Prizzi et Independence Day. En France, Sykes est interprété par Henry Djanik, acteur de cinéma, de télévision et de théâtre, qui prête aussi sa voix à Anthony Quinn, Ernest Borgnine et Telly Savalas, et à des personnages comme Akéla, Corniaud, Monsieur d'Arque, et surtout Bourriquet et Maître Hibou.

Bill Sykes est au final un terrible méchant. Usurier sans limite, il fait partie de la longue liste des psychopathes de Disney.

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