L'Oiseau de Feu
Date de création :
Le 01 janvier 2000
Nom Original :
Firebird
Créateur(s) :
John Pomeroy
Dave Bossert
Apparition :
Cinéma
Parcs

Le portrait

rédigé par Karl Derisson
Publié le 13 décembre 2016

Au début des années 1990, les studios Disney assistent avec enthousiasme à l’accueil favorable réservé par les spectateurs à Fantasia qui ressort en salle puis en vidéocassettes. Roy Edward Disney, le fils de Roy et neveu de Walt, décide alors de poursuivre le rêve de son oncle et de donner une suite au classique musical de 1940. Fantasia Continued, retitré avant sa sortie Fantasia 2000, est ainsi mis en chantier. Au programme, des œuvres de Beethoven, Respighi, Gershwin, Chostakovitch, Saint-Saëns, Elgar, ainsi que L’Oiseau de Feu d’Igor Stravinsky, une partition que Walt Disney avait acquise dès 1938 auprès du compositeur et qui termine le film avec intensité comme Une Nuit sur le Mont Chauve et l’Ave Maria en leur temps.

Présentée avec élégance par Angela Lansbury, la séquence finale de Fantasia 2000 s’inspire de L’Oiseau de Feu. Commandée par l’impresario Serge de Diaghilev et créée le 25 juin 1910 par Gabriel Pierné, le chef d’orchestre de l’Opéra de Paris, le ballet d’Igor Stravinsky s’inspire d’une légende russe et de la mythologie siamoise. Il raconte l’histoire d’Ivan Tsarévitch, un jeune homme qui se lance à la poursuite d’un fantastique oiseau dont le plumage est fait d’or et de flammes. Parvenant à capturer l’animal, il se retrouve dans le jardin du demi-dieu Kachtcheï l’Immortel. Il y croise le regard de la Princesse de la Beauté Sublime dont il tombe éperdument amoureux. Mais le héros est bientôt fait prisonnier par Kachtcheï qui tente, comme il l’a déjà fait avec les chevaliers qui ont osé franchir les portes de son royaume, de le changer en pierre. Il est sauvé in-extremis par l’intervention de l’Oiseau de feu qui rompt le sortilège et lui permet d’épouser sa princesse. Tous les deux sont alors couronnés tsar et tsarine.

Pour le final de Fantasia 2000, les artistes de Disney, qui ont hésité entre diverses partitions de Dvorak ou Brahms, choisissent l’orchestration de 1919 de L’Oiseau de Feu pour illustrer une histoire centrée sur la mort et la renaissance. Si la musique est puissante, ils se débarrassent, cependant, de tous les éléments de l’œuvre de Stravinsky, ne conservant que l’idée d’un oiseau fabuleux qui, loin d’un simple volatile merveilleux, incarne désormais la nature destructrice capable de tout ruiner sur son passage.

La séquence de L’Oiseau de Feu débute donc par la naissance d’un elfe de la nature qui, accompagné par un cerf majestueux, exerce comme chaque printemps sa magie pour faire apparaître les merveilles de la nature. Fleurs, arbres, herbe poussent à volonté sous le charme de l’être magique. Mais l’enchantement ne fonctionne pas sur les flancs d’une sombre montagne. L’elfe, curieux, descend au fond du cratère et ne peut s’empêcher de toucher le mystérieux bloc de pierre qui trône en son centre, réveillant malgré lui avec fracas un être démoniaque entouré d’âmes damnées et d’esprits infernaux. Prenant la forme d’un phénix de feu et de lave, le démon désormais ranimé se glisse en dehors du volcan pour semer, partout où il passe, la désolation. La nature brûle. Arbres, fleurs, herbe... Tout est bientôt réduit en cendres sous le regard terrifié de l’esprit du printemps qui tente de fuir par tous les moyens avant d’être, à son tour, emporté...

A mille lieues de l’oiseau bienveillant qui permet au héros de Stravinsky d’échapper à sa perte, l’Oiseau de feu créé par les artistes de Disney est une créature terrible, sans aucune émotion et uniquement capable de détruire et de brûler. Comme Chernabog dans La Nuit sur le Mont Chauve, c’est un démon né d’une montagne et qui s’amuse à jouer avec la mort. Aigle majestueux aux ailes de feu et de flammes, "l’animal" n’a qu’une mission, détruire toute forme de vie. Symbolisant le chaos et la dévastation, il glisse dans le moindre recoin à la poursuite de l’Elfe qui incarne la vie. Ce combat du bien et du mal, de la vie et de la mort, se termine néanmoins par la victoire de la nature qui parvient à renaître plus belle encore.

Au milieu des années 1990, Roy E. Disney confie la réalisation de L’Oiseau de Feu aux jumeaux Paul et Gaëtan Brizzi. Diplômés de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, ils triomphent aux Césars en 1976 avec le court-métrage Fracture puis se retrouvent aux commandes d’Astérix et la Surprise de César en 1985. Leur société Brizzi Films, basée à Montreuil, est bientôt absorbée par Disney qui l’intègre en 1989 à sa filiale télévision et leur confie la création de séquences de Super Baloo, La Bande à Dingo et la réalisation de La Bande à Picsou - Le Film : Le Trésor de la Lampe Perdue. Nommés à la tête de Walt Disney Feature Animation (France), ils supervisent quelques séquences de Dingo et Max, du court-métrage Mickey Perd la Tête, ainsi que l’introduction et la sublime scène du (Le) Bossu de Notre-Dame au cours de laquelle Frollo, envouté par les flammes de sa cheminée, chante son amour pour la gitane Esméralda. Forts de leur travail sur Le Bossu de Notre-Dame, les frères Brizzi sont invités à rejoindre Los Angeles pour travailler sur L’Oiseau de Feu. Ils se rendent alors sur les pentes du Mont Saint Helens, dans l’Etat de Washington, pour trouver l’inspiration.

Paul et Gaëtan Brizzi
John Pomeroy
Dave Bossert

L’animation de l’Oiseau de feu est confiée à John Pomeroy. Vétéran des studios Disney formé, comme l’ensemble de la nouvelle génération d’animateur, par Eric Larson, ce dernier participe à la production des (Les) Aventures de Winnie l’Ourson, des (Les) Aventures de Bernard et Bianca, de Peter et Elliott le Dragon, du (Le) Petit Âne de Bethléem et de Rox et Rouky. Il quitte alors Disney et suit Don Bluth et Gary Goldman pour qui il travaille comme directeur de l’animation sur Brisby et le Secret de NIMH, Dragon’s Lair, Fievel et le Nouveau Monde, Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, Charlie, Rock-O-Rico, Poucelina et Youbi le Petit Pingouin. Il revient ensuite chez Mickey et supervise John Smith dans Pocahontas, une Légende Indienne, Milo dans Atlantide, l’Empire Perdu et Nathaniel Flynt dans La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Il quitte une nouvelle fois Disney au début des années 2000. Pour L’Oiseau de Feu, John Pomeroy collabore avec le superviseur des effets spéciaux Dave Bossert. Elève de CalArts, sa filmographie compte plusieurs films dont Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin, L’Etrange Noël de Monsieur Jack, Le Roi Lion, Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame et Hercule. Il co-réalise avec Pixote Hunt le court-métrage Un par Un et les dvd éducatifs avec Timon et Pumbaa. Il est nommé à la tête des équipes chargées de restaurer les classiques de Disney dont Blanche Neige et les Sept Nains, Pinocchio, FantasiaDumboBambi, Cendrillon, La Belle et le Clochard ou encore La Belle au Bois Dormant.

Pour la conception de L’Oiseau de Feu, Pomeroy et Bossert, aidés du directeur artistique Carl Jones, se servent d’images d’éruption volcanique. Exécutée à la main avec maestria, l’animation du personnage est une superposition d’images représentant chacune, sur une couche différente, la lave. Ted Kierscey restitue ici à merveille la fumée surgissant du cratère, les flammes au sommet des ailes, les éclaboussures de la lave qui explose du volcan, et la croûte recouvrant l’extérieur des ailes du démon.

Superbe pièce d’animation, L’Oiseau de Feu est utilisé pour illustrer l’un des tableaux du spectacle World of Color au parc Disney California Adventure. Le personnage de l’oiseau a par ailleurs été l’une des sources d’inspiration utilisées par les réalisateurs Ron Clements et John Musker pour la création de la divinité volcanique Te Ka dans Vaiana, la Légende du Bout du Monde.

Fantasia 2000 offre l’un des plus grands antagonistes des studios Disney. Car le plus grand méchant n’est-il pas, finalement, la nature elle-même lorsque, dépourvue de sentiments, elle est capable de répandre la destruction et la mort partout pour ensuite revivre de plus belle ?

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