La Reine Narissa
Date de création :
Le 21 novembre 2007
Nom Original :
Queen Narissa
Créateur(s) :
Andreas Deja
Sandro Cleuzo
Apparition :
Cinéma
Voix Française(s) :
Frédérique Tirmont
Interprète(s) :
Susan Sarandon

Le portrait

rédigé par Karl Derisson
Publié le 07 juillet 2016

En 2007, les artistes de Disney décident de renouer avec leur passé et de se moquer gentiment d’eux-mêmes en désacralisant les codes du conte de fées établis par Walt quatre-vingts ans plus tôt avec Blanche Neige et les Sept Nains. Réalisé par Kevin Lima, Il Était une Fois joue ainsi la carte de la parodie avec une belle princesse trop naïve, un prince écervelé, un animal de compagnie tout mignon et surtout une terrible méchante, la reine Narissa, hommage non dissimulé aux plus beaux antagonistes des studios, en particulier la reine Grimhilde, Madame de Trémaine et Maléfique.

La reine Narissa est la souveraine incontestée du royaume d’Andalasia. Belle-mère du beau prince Edward, elle règne d’une main de fer sur ce monde de dessin animé enchanté où humains, animaux parlant et créatures fantastiques cohabitent dans la joie et l’allégresse. Mais son pouvoir est menacé. Le bellâtre, héritier du trône, est en effet tombé éperdument amoureux de Gisèle, une jeune paysanne. S’il l’épouse, il pourra prétendre au titre de roi. Et Gisèle, par conséquent, deviendra sa reine, dépossédant Narissa de sa couronne. Aussi, si le royaume attend avec impatience cette alliance, la méchante ne décolère pas et n’a plus qu’une seule idée en tête, ruiner ce mariage et se débarrasser à jamais de cette rivale. Adepte de la magie noire, elle se transforme alors en vieille femme afin de s’attirer la sympathie de la jeune fille. A quelques heures de la cérémonie, elle l’accompagne près du puits au vœux en lui faisant miroitier la promesse d’une vie heureuse jusqu’à la fin des temps. Et alors que la crédule Gisèle se penche pour regarder, la méchante la précipite dans ce trou sans fond qui conduit la pauvre enfant « quelque part où on ne vit jamais heureux ensemble jusqu’à la fin des temps »... le monde réel !

Apprenant que sa promise a disparu, le prince Edward plonge à son tour dans le puits ensorcelé pour la retrouver et la ramener à Andalasia. Pour Narissa, l’affaire n’est donc pas encore dans le sac. Sa peur de perdre le trône et de devenir un « débris royal » est ranimée. Mais celle-ci a d’autres armes à sa disposition, en particulier son valet, Nathaniel qui, par amour, est prêt à faire n’importe quoi pour elle. En jouant sur la corde sensible et sur l’amour qu’il lui porte, elle parvient ainsi à le convaincre de partir lui aussi dans le monde réel pour empêcher les retrouvailles des deux amants. Mais le gros ballot est bien incapable d’accomplir sa sombre besogne et malgré toute sa bonne volonté, rien ne se passe comme prévu. Narissa doit se rendre à l’évidence, la princesse demeure encore pour elle un danger certain. Elle entre donc en contact avec Nathaniel et lui ordonne de la tuer sur le champ. Pour ce faire, elle lui confie trois pommes empoisonnées qui, une fois croquées, plongeront la jeune paysanne dans un sommeil éternel. Et l’affaire sera gagnée.

Les deux tentatives de meurtre de Nathaniel se soldent finalement par des échecs. Narissa doit changer de stratégie. Elle prend elle-même les choses en main. Elle surgit alors au cœur de Times Square dans un fracas infernal et se présente au bal déguisée en vieille femme. Retrouvant Gisèle, elle parvient une nouvelle fois à l’embobiner en lui faisant croire que si elle mange un morceau de la pomme magique qu’elle lui tend, tous ses mauvais souvenirs disparaîtront instantanément. Désespérée à l’idée de perdre Robert dont elle est tombée amoureuse, la jeune fille s’exécute et croque dans le fruit. Narissa savoure sa victoire. Sa rivale tombe dans un sommeil sans fin. La partie est gagnée !

Mais c'est sans compter sur Edward qui interrompt sa fuite, sur Nathaniel qui révèle le pot-aux-roses et sur Robert qui, d’un doux baiser, réveille l’héroïne. Narissa est plus que jamais sur le point de perdre sa couronne. Elle sort alors sa dernière carte. Speciosus, Formosus, Praeclarus ! Dans un nuage de feu et de fumée, elle se transforme en un terrible dragon et fuit sur les toits du Woolworth Building, emportant avec elle Robert, captif. A ses trousses, Gisèle tente de sauver celui qu’elle aime. Pour Narissa, c’est du pain béni. Elle est désormais seule avec la jeune femme. Leur duel peut enfin commencer. La tuer semble désormais un jeu d’enfant ! Mais la sorcière néglige le fait que la pointe du gratte-ciel sur laquelle elle s’agrippe n’est pas assez solide pour soutenir son poids. Avec malice, l’écureuil Pip provoque la chute de la méchante qui s’écrase finalement sur le pavé new-yorkais. La partie est terminée… 

A l’instar de nombreux méchants, la reine Narissa est un personnage très peu présent à l’écran, surtout pendant les deux premiers tiers du film. Néanmoins, son ombre plane sans arrêt. La menace est d’autant plus grande que la souveraine est omnisciente : grâce à sa magie qui lui permet de communiquer et de voir à travers les liquides, elle sait, en outre, tout. Fontaine, aquarium, marmite de soupe, citerne d’eau, verre d’alcool sont ainsi autant de miroirs vers le monde réel par lesquels elle peut espionner les pérégrinations de Gisèle et d’Edward à New York et donner ses ordres à Nathaniel. Régnant sans merci sur son royaume, la menace se renforce dès lors que la méchante quitte son château pour régler une fois pour toute le compte de la belle paysanne. Plongée à son tour dans le monde réel, elle est une meurtrière que rien ne semble pouvoir arrêter. Quiconque se dressera sur son chemin subira sa colère. Dans cet environnement urbain qu’elle ne connaît pas, Narissa n’a rien à perdre. Du moins le pense-t-elle. Douée pour manipuler ses interlocuteurs, elle est persuadée qu’elle parviendra à conserver la fidélité de Nathaniel, qu’elle réussira à retourner l’esprit d’Edward et qu’elle parviendra à liquider l’héroïne. Mais c’est sans compter sur la « magie » de New York qui a fait disparaître toute la crédulité de ces personnages de conte de fées. Gisèle n’est plus aussi innocente. Edward n’est plus aussi niais. Nathaniel n’est plus aussi servile. Et Narissa est défaite malgré toute la sorcellerie qu’elle déchaîne.

La Reine Narissa est sans conteste le plus bel hommage possible aux méchants de Disney. Elle possède en effet nombre de points communs avec les plus beaux antagonistes des studios :

  • Comme la Reine Grimhilde, elle use de magie noire et se déguise en vieille femme pour manipuler la belle héroïne ; Jafar usant d’ailleurs aussi du même genre d’artifice.
  • Comme la Reine Grimhilde, elle tente d’empoisonner sa rivale avec une pomme empoisonnée.
  • Comme Madame de Tremaine, elle incarne une terrible marâtre cherchant par-dessus tout à ruiner la vie de son enfant, ici le prince Edward.
  • Comme Maléfique, elle se transforme en dragon pour affronter ses ennemis ; Madame Mim utilisant aussi la même stratégie lors du duel avec Merlin.
  • Comme la Reine Grimhilde avec son miroir magique et Ursula avec les yeux de Flotsam et Jetsam, elle est omnisciente et observe ses ennemis grâce à la magie.
  • Comme la Reine Grimhilde, Gaston ou encore Frollo, sa mort est précédée d'une chute vertigineuse.

Dans la partie animée, Narissa est supervisée par Andreas Deja et Sandro Cleuzo. Légende de l’animation, Deja affiche à son palmarès des dizaines de personnages mythiques à l’image de Mickey Mouse, de Taram, de la reine Mousetoria, de Roger Rabbit, du roi Triton, de Gaston, de Jafar, de Scar, d’Hercule, de Lilo, d’Alameda Slim, de Mama Odie ou encore de Tigrou. Sandro Cleuzo a, pour sa part, animé la serveuse et le vieillard de Kuzco, l’Empereur Mégalo, le shérif et Jeb dans La Ferme se Rebelle ou encore les frères Fenner dans La Princesse et la Grenouille.

Andreas Deja
Sandro Cleuzo
Rick Baker
Susan Sarandon
Frédérique Tirmont

La méchante est doublée puis incarnée par Susan Sarandon, actrice de talent à l’affiche de films comme The Rocky Horror Picture Show, Les Sorcières d’Eastwick, Lovely Bones, Cloud Atlas et nommée à l’Oscar pour Atlantic City, Thelma et Louise, Lorenzo, Le Client et La Dernière Marche. Dans la version française, le personnage est interprété par Frédérique Tirmont, la voix d’Emma Thompson, Meryl Streep, et de Kala, de Chicha et de Rosie.

A noter enfin que dans le monde réel, la souveraine est maquillée par Rick Baker, artiste ayant reçu le plus d’Oscars dans cette catégorie pour son travail sur Le Loup-Garou de Londres, Bigfoot et les Henderson, Ed Wood, Le Professeur Foldingue, Men in Black, Le Grinch et Wolfman.

Forte de la composition sans faute de Susan Sarandon, Narissa demeure l’une des plus belles méchantes des années 2000. Manipulatrice, dangereuse et impitoyable, elle s’inscrit au Panthéon des plus grands antagonistes de Disney, parmi ceux dont ses créateurs se sont inspirés au moment de sa création.

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