Percy Jackson
La Mer des Monstres

Titre original :
Percy Jackson and the Olympians : The Sea of Monsters
Éditeur :
Albin Michel (Collection Wiz)
Date de publication France :
Le 22 mai 2007
Collection :
Percy Jackson
Auteur(s) :
Rick Riordan
Autre(s) Date(s) de Publication :
Miramax Books (US) : Le 1er avril 2006
Nombre de pages :
314

Le synopsis

Troublé par de sombres cauchemars, Percy Jackson part à la recherche de son ami Grover Underwood, perdu dans le triangle des Bermudes, afin de faire route ensemble vers la Colonie des Sang-Mêlé qui se retrouve assaillie par les monstres...

La critique

rédigée par
Publiée le 12 janvier 2024

Le second volet de la série littéraire de Rick Riordan, Percy Jackson : La Mer des Monstres, débute sur les chapeaux de roues avec le héros éponyme troublé par des cauchemars aux allures prophétiques. Alors que l'année scolaire est sur le point de s'achever, sa mère lui annonce en effet qu'il lui faut repousser son départ pour la Colonie des Sang-Mêlé, ce qu'il attend pourtant depuis l'été précédent avec la plus grande impatience. Percy ne trouve en fait toujours pas sa place à l'école des humains mais à la Colonie, il a l'impression d'avoir une famille et une raison d'être.

Rick Riordan est l'un des auteurs de fantasy jeunesse et jeunes adultes les plus connus du monde occidental, ayant créé l'univers de Percy Jackson traduit dans quarante-deux langues et inspiré de la mythologie grecque. Son premier roman s'intitule pourtant Big Red Tequila et appartient à une autre série du genre policier nommée Tres Navarre. Au-delà de l'univers mythologique auquel l'immense majorité de ses romans appartiennent, il a coécrit la série The 39 Clues publiée chez Scholastic entre 2008 et 2016.

D'emblée, l'auteur débute l'ouvrage avec la thématique du harcèlement scolaire. La victime est un écolier un peu à part du nom de Tyson et dont Percy s'est rapproché pendant l'année, ému par sa situation. Et Percy ne se contente d'ailleurs pas de se ranger du côté de Tyson ou de passer du temps avec lui malgré les problèmes que cela lui procure, il le défend tel un vrai héros.

En début de roman, l'emphase est mise sur la vie normale du personnage, laquelle occupe la majeure partie de son temps, contrairement à la Colonie des Sang-Mêlé qui ne se déroule que pendant la brève période de l'été. Ceci permet de repositionner le héros dans son contexte humain du monde contemporain, à l'instar d'Harry Potter lorsqu'il rentre chez les Dursley, et tout comme le célèbre sorcier, le monde magique auquel il appartient le rattrape et chamboule les aspects plus standards de sa vie. Via ce mécanisme littéraire, le lecteur peut complètement se projeter dans l'univers de Percy Jackson et imaginer comment celui-ci pourrait exister parallèlement au sien et faire partie de sa réalité. Dans la suite de la série, le lecteur assistera d'ailleurs à des batailles dignes d'histoires Marvel, où la collision entre réel et fiction donnera au lectorat le sentiment de prendre part à l'action. Le lien avec le monde contemporain est en outre intensifié par les références insérées dans le récit, telles que Coca-Cola ou Dean Martin que Chiron adore. Et tout comme J.K. Rowling, l'auteur crée même un lien entre les guerres, les catastrophes naturelles et les obstacles encourus par les héros de la série, ce qui se justifie à merveille tant dans l'Antiquité, les peuples croyaient à ce type d'intervention divine.

Outre l'approfondissement de Percy, Annabeth Chase demeure un personnage féminin très fort que Rick Riordan écrit avec brio ; en avoir fait la fille d'Athéna constituant un excellent choix de parenté pour son développement. Le lectorat sera donc ravi d'en apprendre plus sur elle et son enfance. Et elle n'est pas la seule jeune fille à gagner en importance dans le récit, à l'image de Clarisse du bungalow d'Arès, un individu à très forte personnalité et combatif.

Le rythme du livre écrit à la première personne est toujours aussi représentatif du dynamisme du personnage principal, diagnostiqué hyperactif comme tous les demi-dieux, et de son sens de l'humour à toute épreuve si caractéristique de Rick Riordan. Et tout comme la plupart des romans de l'auteur, il ne faut que quelques pages avant que la première scène de bataille n'éclate avec son lot de tensions qui annoncent la suite du récit et les épreuves que les héros vont devoir traverser. 

L'un des éléments-clés de l'univers de Percy Jackson est la fameuse « Brume » qui permet à l'auteur de mêler le monde réel contemporain et le monde magique des demi-dieux. Ce voile ou ce brouillard - ici, métaphorique - fait que les humains ne voient pas les monstres, les dieux ni les événements magiques qu'ils soient positifs ou négatifs. Ils en sont les témoins, mais leur cerveau les convainc que ce qu'ils regardent est autre chose de beaucoup plus normal. Ce principe classique est retrouvé dans de nombreux contes et légendes, le plus connu étant la brume avalonienne de la légende du roi Arthur qui sépare les mondes mais qui donne également l'avantage au roi des chevaliers de la table ronde dans l'ultime affrontement, la bataille de Camlann. Il est aussi présent dans la mythologie irlandaise et plus généralement dans de nombreux autres livres, films et séries, faisant acte de confusion ou de dissimulation. Marcel Carné en a lui aussi fait usage dans son célèbre film Le Quai des Brumes (1938) avec Jean Gabin et Michèle Morgan, qui a donné lieu à l'une des répliques les plus connues du cinéma français : « T'as de beaux yeux, tu sais ? » ! Le film fait partie du courant cinématographique du réalisme poétique, dans lequel sont insérés des éléments oniriques et mystérieux dans des scénarios réalistes. Cette brume qui vient même à être mentionnée dans le titre du long-métrage pèse sur le village du port et son rôle et son symbolisme sont magnifiquement illustrés et décrits par le scénariste Jacques Prévert. Ici bien sûr, la brume est adaptée au style de l'univers de Percy Jackson, avec humour, les personnages se moquant gentiment des humains qui ne voient jamais ce qu'il se passe.

À travers ses ouvrages, l'auteur éduque son lectorat sur la mythologie grecque de façon très ludique, et malgré le caractère humoristique et jeune-adulte de son écriture, il offre un récit riche parsemé de grec dans le texte et de références claires à l'époque antique. Les héros pourtant contemporains assimilent les traditions de l'ancien temps et ponctuent leurs phrases de « loués soient les dieux » et jurent sur le Styx. Le récit comporte tout un sous-texte mythologique en plus de l'histoire elle-même, que ce soient les éléments humoristiques polythéistes - un vrai tour de force - ou la pléthore de petits détails, tels que les esprits des vaincus devant donner un tribut au dieu Arès. Il précise aussi la différence entre Hercule et Héraclès, dont les noms sont souvent échangés dans la culture populaire en partie à cause du film Disney se déroulant en Grèce antique. L'auteur parvient également à justifier pourquoi les dieux ont besoin des demi-dieux, pourquoi ils n'interagissent pas plus souvent, et toutes ces autres questions que l'humanité se pose dans toutes les religions.

Rick Riordan crée aussi ses récits en s'inspirant directement de la structure et des histoires de la mythologie grecque, reprenant les noms des héros grecs tels que Persée et Jason dans la série suivante Héros de l'Olympe et les ennemis qu'ils combattent. Le principe de la Colonie des Sang-Mêlé est d'ailleurs de les entraîner à devenir des combattants relevant des défis et venant en aide aux dieux. Les épreuves données à Hercule par les dieux sont d'ailleurs comme institutionnalisées et généralisées à tous les demi-dieux. Et l'auteur ne se cantonne pas aux personnages et aux créatures type de l'ancienne religion grecque, mais également à ceux moins connus tels que les oiseaux de Stymphale ou les Sœurs Grises.

Contrairement à la série Harry Potter de J.K. Rowling (Bloomsbury (UK), 1997-2007 ; Gallimard Jeunesse (France), 1998-2007), Les Gardiens des Cités Perdues de Shannon Messenger (Depuis 2012 aux États-Unis et 2014 en France chez Lumen) ou À la Croisée des Mondes de Philip Pullman (Scholastic (US), 1995-2000 ; Gallimard (France), 1998-2001), le langage utilisé par l'auteur est bien plus familier, s'insérant davantage dans la direction d'Oniria de B.F. Parry (parue en France entre 2014 et 2016 chez Hachette/Hildegarde) par exemple : « kès' c'est kça ? », « méga vache », « un objet collector de la série Heracles bastonne sec », « Perrrrcy ! », etc. L'humour est très caractéristique de l'univers de Percy Jackson et généralement assez enfantin, même si via Tantale et les serpents du caducée d'Hermès, George et Martha, il sait aussi se faire plus sombre.

Il est enfin à noter que Percy Jackson : La Mer des Monstres a été adapté en film en 2013, produit par Fox 2000 Pictures et distribué par 20th Century Studios. Réalisé par Thor Freudenthal et avec Logan Lerman et Alexandra Daddario dans les rôles-titres de Percy et Annabeth. Si le film n'a pas rencontré un immense succès commercial en plus d'avoir recueilli des critiques mitigées, les performances des acteurs et le scénario sauront sans doute plaire à certains fans de la série.

Percy Jackson : La Mer des Monstres offre une suite parfaite à la série littéraire du jeune demi-dieu, développant toujours davantage l'univers de Rick Riordan et ses personnages forts, drôles et attachants. Des ouvrages addictifs qui plairont à tous les aficionados de fantasy jeunesse et jeune adulte !

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