Le Roi Jacques Ier d'Angleterre
Date de création :
Le 23 juin 1995
Nom Original :
James I Stuart
Apparition :
Cinéma
Voix Originale(s) :
Jim Cummings (Pocahontas 2 : Un Monde Nouveau, 1998)
Voix Française(s) :
Jacques Ciron (Pocahontas 2 : Un Monde Nouveau, 1998)

Le portrait

rédigé par Karl Derisson
Publié le 27 février 2024

En 1995, les studios Disney se penchent sur l’Histoire de l’Amérique avec Pocahontas, une Légende Indienne, leur trente-troisième classique animé. Basé sur la légende de Pocahontas et sa rencontre avec les colons anglais, le film suit alors l’équipage du Susan Constant au moment où celui-ci prend possession des côtes de la Virginie au nom de sa majesté le roi Jacques Ier.

Jacques Ier Stuart ou l’Union des Couronnes

Jacques Stuart voit le jour le 19 juin 1566 au château d’Édimbourg, en Écosse. Il est le fils d’Henry Stuart, lord Darnley, et de Marie Ire Stuart, reine d’Écosse. Héritier de la couronne, le petit est dès sa naissance honoré des titres de duc de Rothesay, prince d’Écosse et grand intendant du royaume. L’enfance de Jacques est aussi agitée que le règne de sa mère. Le couple formé par ses parents bat en particulier de l’aile. Quelques mois après la naissance du bébé, Henry Stuart est retrouvé mort dans la nuit du 9 au 10 février 1567. Des soupçons d’assassinat pèsent sur la reine Marie qui épouse, moins de trois mois plus tard, le comte de Bothwell. D’un point de vue politique, la révolte gronde chez la noblesse protestante qui fait bientôt arrêter la souveraine, enfermée au château de Loch Leven, à quarante kilomètres au nord d’Édimbourg. Le 24 juillet 1567, celle-ci est contrainte d’abdiquer. Cinq jours plus tard, son fils lui succède alors. Recevant le titre de Jacques VI, il a un an et un mois… James Stuart, comte de Moray, est nommé régent.


Jacques VI enfant, huile sur toile attribuée à Rowland Lockey,
d'après un portrait d'Arnold von Bronckhorst, 1574

En 1568, Marie Stuart parvient à s’évader de sa prison. Lorsque ses troupes sont battues, elle se réfugie en Angleterre, chez sa cousine Élisabeth Ire qui l’emprisonne à son tour. En Écosse, trois régents se succèdent après l’assassinat de Moray en 1570 : Matthew Stuart, comte de Lennox, mortellement blessé en 1571, John Erskine, comte de Mar, mort de maladie en 1572, puis James Douglas, comte de Morton, finalement exécuté en 1581. Jacques VI a alors quinze ans et exerce désormais seul le pouvoir. Au début de son règne, l’autorité royale est renforcée, notamment sur l’Église et la noblesse. Les finances de l’État sont assainies. Le roi assure la promotion des arts. De nombreuses émeutes anticatholiques viennent malgré tout ternir la période. À Londres, sa mère, Marie Stuart, est décapitée en 1586.


Portrait of King James I of England and VI of Scotland,
huile sur toile de John de Critz, vers 1606, collection privée

En 1589, Jacques VI épouse Anne, la fille cadette de Frédéric II de Danemark, renforçant désormais sa dynastie avec les naissances du prince de Galles Henri-Frédéric (qui mourra en 1612), d’Élisabeth (future reine de Bohême) et de Charles. Le 24 mars 1603, à la suite de la mort d’Élisabeth Ire, restée célibataire et sans enfant, il hérite des couronnes d’Angleterre et d’Irlande. Il quitte par conséquent Édimbourg pour Londres où son sacre a lieu le 25 juillet 1603. Jacques VI d’Écosse cumule désormais avec le titre de Jacques Ier, roi d’Angleterre et d’Irlande. Pour la première fois de toute l’histoire, un seul monarque dirige toute la Grande-Bretagne ainsi que l’Irlande. C’est l’Union des Couronnes.


James I of England, huile sur toile de Daniel Mytens,
1621, Ham House, Royaume-Uni

Le règne de Jacques Ier est cependant marqué par plusieurs crises. Plusieurs conspirations sont notamment déjouées, comme la Conspiration des poudres à laquelle participe Guy Fawkes qui, dans la nuit du 4 au 5 novembre 1605, tente de faire exploser le palais de Westminster. Alors que les révoltes religieuses sont toujours légion dans un royaume divisé entre une Angleterre anglicane et une Écosse catholique, il doit en outre mettre un terme à la guerre entamée en 1685 contre l’Espagne. S’il parvient à un accord de paix, celle-ci demeure néanmoins fragile. Souvent en opposition avec le Parlement, Jacques Ier tente par ailleurs de renforcer son absolutisme et le caractère divin de son pouvoir, au risque de s’annihiler une partie de l’élite. Mais il échoue à réunir l’Écosse et l’Angleterre au sein d’un royaume unique. Dans le même temps, les finances du royaume s’assèchent dramatiquement pendant que la dette et l’inflation galopent. La chasse, l’un des loisirs préférés du roi, prend enfin très souvent le dessus sur les affaires de l’État, ce qui a tendance à écorner l’image de la monarchie auprès du peuple.


Jacques Ier et Anne de Danemark, gravure du XVIe siècle
extraite des Guerres civiles de François Hogenberg.

Le règne de Jacques Ier est enfin marqué par une politique étrangère tournée vers le Nouveau Monde. Le 26 avril 1607, le capitaine Christopher Newport fonde la première colonie anglaise à Cape Henry, en Virginie. Le 13 mai, celle-ci est déplacée à Jamestown, une ville nommée en l’honneur du roi (James Ier en anglais). Si la paix est au départ garantie par les indiens dirigés par le chef Powhatan, les cent-quatre colons seront finalement décimés par la maladie, la famine, un incendie et la guerre avec les autochtones. Les Anglais s’établissent également dans la baie de l’Hudson, à Cap Cod, aux Bermudes, à Surate en Inde…


Jacques Ier et ses descendants, gravure de Willem van de Passe, 1814

À la tête d’un Empire naissant, Jacques Ier souffre de différents maux à la fin de sa vie. De moins en moins présent à Londres, il décède le 27 mars 1625 à Theobalds House. Inhumé en l’abbaye de Westminster, son fils lui succède sous le nom de Charles Ier. Le pouvoir royal est alors éreinté par la politique de Jacques Ier, ses dettes et ses nombreuses tentatives de mettre en place une monarchie absolue de droit divin. La guerre civile guette. Considéré comme un tyran à cause de fortes levées d’impôts et de nombreuses arrestations arbitraires, Charles Ier sera décapité le 30 janvier 1649. La République dirigée par Oliver Cromwell durera ensuite dix ans avant le retour de la monarchie et l’accession au trône de Charles II…

Jacques Ier, simple figurant chez Disney

« J’ai l’honneur de revendiquer cette terre et toutes ses richesses au nom de sa majesté, le roi Jacques Ier. Elle constituera l’ultime joyau de sa couronne ! ». Fraîchement débarqué sur une plage de Virginie, le gouverneur John Ratcliffe rappelle le lien de fidélité qui unit la Virginia Company à son souverain. Chaque centimètre carré de ce nouveau monde, et chacune de ses supposées pépites d’or, sont immanquablement la propriété du Roi.

C’est en tout cas ce que Ratcliffe veut bien laisser croire à ses troupes. Car son allégeance est en réalité inversement proportionnelle à son appétit pour l’or. Entraînant ses hommes à creuser toujours plus vite et plus profond, le gouverneur s’imagine en effet déjà revenir à la cour avec tous les honneurs. Ses rivaux feront alors gris-mine. Les dames, pour leur part, tomberont forcément sous son charme. Le roi Jacques Ier lui-même le récompensera. Mieux ! Le souverain ne pourra pas faire autrement que de courber lui aussi l’échine devant celui qui se voit déjà ceindre la couronne et l’hermine !

Totalement galvanisé par sa propre propagande, Ratcliffe rêve tant de sa future gloire qu’il en vient à profaner un portrait de Jacques Ier en déchirant la toile pour placer sa tête à la place de celle du monarque…

La Conception du personnage

Jacques Ier ne possède, à proprement parler, aucun rôle déterminant dans Pocahontas, une Légende Indienne. Le roi n’apparaît en effet jamais dans le feu de l’action. Son nom est seulement cité çà et là. Son image apparaît de manière fugace pour illustrer les propos du gouverneur Ratcliffe.

Si Jacques Ier est tout à fait inutile dans l’intrigue, son ombre plane malgré tout sur le récit. L’expédition du Susan Constant a forcément été planifiée selon ses ordres. Les matelots acceptent d’ailleurs d’endurer les pires souffrances et les pires dangers par soumission à la couronne. Mais les allusions au monarque permettent surtout de mieux définir auprès du public le personnage de John Ratcliffe. Le roi n’est en effet qu’un prétexte pour mettre en lumière la vénalité et l’ambition plus que débordantes du grand méchant.

Les paroles de la chanson L’Or de Virginie sont en ce sens assez éloquentes. Se voyant déjà descendre les marches menant vers la salle du trône, John Ratcliffe espère que le roi fera de lui un chevalier ou – mieux ! – un seigneur (« He’ll knight me. No! Lord me! »). De retour à la réalité, et alors que son valet Wiggins apporte le portrait du roi, Ratcliffe a l’outrecuidance de s’autoriser une familiarité en imaginant que son cher ami Jimmy fera probablement construire un monument à son honneur (« My Dear friend, King Jimmy, will probably build me a shrine »). Si la version québécoise conserve à la lettre le sens des mots, les intentions de Ratcliffe sont néanmoins quelque peu altérées et/ou modifiées par la traduction – somme toute intéressante – des paroles de la chanson en français.

L'Or de Virginie (comparaison VO/VF)
He'll knight me. No! Lord me! Le roi m'honorera et il m'anoblira
My Dear friend, King Jimmy,
will probably build me a shrine.
Ah cette gloire divine qui un jour me destine
à porter le sceptre et l'hermine

La transposition en français indique dès lors plus clairement que Ratcliffe convoite la couronne alors même qu’en version originale, seules les images du roi s’inclinant devant lui induisent cette optique, les paroles se limitant quant à elles à simplement mentionner des récompenses et autres titres de gloire.

Poussée à son paroxysme, la caricature de Jacques Ier le représente sous les traits d’un monarque plutôt chétif face à John Ratcliffe. Rehaussé par une fraise typique de la mode du XVIIe siècle, son visage est marqué par un nez aquilin, ainsi qu’une barbe et une moustache retroussées. Le roi porte en outre tous les attributs de la royauté, le manteau d’hermine pourpre, le sceptre, l’orbe et une couronne absolument démesurée. Présent seulement une poignée de secondes à l’écran, l’animation du roi Jacques Ier n’est pas clairement attribuée à un artiste en particulier.

Les Autres Apparitions de Jacques Ier

Une fois n’est pas coutume, Jacques Ier perd son statut de simple figurant pour devenir un vrai second rôle dans Pocahontas 2 : Un Monde Nouveau, la suite du grand classique produite par Disney Television Animation en 1998.

Jacques Ier est ainsi l’un des premiers protagonistes à entrer en scène. De retour en Angleterre, John Ratcliffe est parvenu à retourner la tête du roi. L’ancien gouverneur de Virginie a en effet réussi à le convaincre que tous les événements tragiques survenus dans le Nouveau-Monde sont entièrement imputables à John Smith. Jacques Ier est alors furieux en apprenant que ce dernier est supposément mort. Consterné par la tournure des événements, le monarque accepte que Ratcliffe prépare son armada en vue d’une guerre contre les Indiens. Sur les conseils avisés et sages de son épouse, la reine Anne, il donne cependant l’ordre d’attendre malgré tout le retour de John Rolfe qu’il a envoyé quelques semaines plus tôt en Amérique afin de ramener à Londres le chef Powhatan.

La déception de Jacques Ier est grande lorsqu’il apprend que Rolfe n’est finalement pas revenu avec le chef tant attendu, mais avec sa fille, Pocahontas. Parfaitement misogyne, le souverain n’imagine pas une seule seconde devoir parlementer avec une femme. John Ratcliffe lui suggère alors d’organiser un bal afin de montrer à la jeune princesse indienne la magnificence de la monarchie britannique. Malgré les craintes émises par John Rolfe, Jacques Ier accepte la proposition. Ce bal sera une belle occasion de voir si Pocahontas est aussi civilisée qu’on veut bien le dire. Si tel est le cas, il démantèlera son armada. Dans le cas contraire, son armée partira à la guerre.

Le soir du bal, Pocahontas se présente à la cour au bras de John Rolfe. Mise à l’aise par la reine Anne, celle-ci est immédiatement défiée par le monarque qui lui demande ce qu’elle pense de son royaume. Extatique en l’écoutant lui expliquer qu’il est un grand roi, Jacques Ier est rapidement séduit par Pocahontas. Mais la soirée dégénère lorsque la princesse indienne s’offusque des mauvais traitements infligés à un ours. Orchestré par Ratcliffe, ce genre de divertissement lui semble totalement infâme. Pour le roi, il ne s’agit-là que d’un amusement. Lorsque Pocahontas accuse les Anglais d’être « des barbares », Jacques Ier ordonne son arrestation et son incarcération dans la Tour de Londres.

Parvenue à s’évader de son cachot grâce à l’aide de John Rolfe et de John Smith, toujours vivant, Pocahontas se présente une nouvelle fois face au roi. Toujours conseillé par sa femme, celui-ci accepte de l’écouter. Il apprend alors que la Virginie ne possède aucun gisement d’or, des faits corroborés par Smith. Convaincu par Pocahontas, Jacques Ier annonce que Ratcliffe est déjà prêt à prendre la mer avec son armée. Il faut donc le rattraper de toute urgence avant que les navires ne prennent la mer.

Après un affrontement dantesque sur les quais de Londres, la supercherie et les mensonges de Ratcliffe sont enfin révélés au grand jour. Jacques Ier ordonne dès lors sa mise aux fers. La paix est ainsi sauvée.

Proposé directement sur le marché de la vidéo, Pocahontas 2 : un Monde Nouveau souffre des mêmes vices que la plupart des autres suites produites à moindre frais à partir de la deuxième moitié des années 1990. L’animation, sous-traitée en Asie, est en particulier à mille lieues de la qualité du film original. Les personnages en font évidemment les frais. Jacques Ier voit ainsi son apparence totalement revue. En fait, elle n'a plus rien à voir avec celle du film original... Son visage est considérablement modifié avec un nez plus long et pointu et des sourcils plus épais. Sa chevelure et sa barbe, rousse, sont désormais brunes. Passant pour quelqu’un de passablement respectable dans Pocahontas, une Légende Indienne, le monarque est ici présenté comme un hystérique incapable de contenir ses nerfs, un simple d’esprit incapable de penser par lui-même, une girouette changeant sans arrêt d’avis au gré des conseils qui lui sont donnés par les uns et les autres…

Ne disposant d’aucune ligne de dialogue dans le film original, Jacques Ier est interprété dans sa suite par Jim Cummings. Né le 3 novembre 1952 à Youngstown, dans l'Ohio, l'artiste est une voix familière auprès du public américain. Débutant en 1984, il vocalise en effet des dizaines de personnages tels que Winnie l’ourson, Tigrou, Jack le Costaud, Zummi Gummi, Taz, Myster Mask, Pat Hibulaire, Razoul, Bonkers, Ed la hyène, Nessus, Raspoutine ou bien encore Ray.

Jim Cummings
Jacques Ciron

En France, le rôle est tenu par Jacques Ciron. Originaire de Paris où il naît le 17 mai 1928, celui-ci débute sa carrière dès les années 1950 en apparaissant au cinéma dans des films comme L’Île aux Femmes, French Cancan, Et Dieu... Créa la Femme, Gigi, Le Cerveau, La Révolution Française... Très présent au théâtre et à la télévision, Ciron se spécialise très tôt dans le doublage. Il prête ainsi sa voix à des dizaines de personnages parmi lesquels Alfred Pennyworth, le clown Grippe-Sou, le Rat, le Chapelier Fou, l’Oiseau-Secrétaire et le seigneur Pelinore. Jacques Ciron est mort le 7 décembre 2022 à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans.

Tantôt simple figurant, tantôt second rôle indigeste, Jacques Ier est un personnage somme toute anecdotique qui permet cependant de replacer l’histoire de Pocahontas dans son contexte.

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