Titre original :
Togo : The Untold True Story
Production :
Walt Disney Pictures
Date de mise en ligne USA :
Le 20 décembre 2019 (Disney+)
Genre :
Aventure
Réalisation :
Ericson Core
Musique :
Mark Isham
Durée :
113 minutes

Le synopsis

À sa naissance en 1913, Togo est considéré comme trop petit et trop faible pour devenir un chien de traîneau. Pourtant, il deviendra le héros inconnu lors de la "course au sérum" de 1925, un transport improvisé en urgence pour acheminer une caisse de sérum anti-diphtérique. Il y était le chien de tête, le plus vieux, ayant parcouru la plus longue distance...

La critique

rédigée par
Publiée le 02 février 2020

Togo est un film d'aventure qui raconte l'histoire vraie de héros inconnus, un homme et un chien, liés par une forte amitié mais dont les exploits ont été étouffés...

Togo marque le retour du label Disney dans un genre qui a fait sa réputation mais qu'il avait laissé un peu de côté ces dernières années : celui des histoires d'amitié entre un humain, souvent un jeune garçon, et son chien. Cette thématique est ainsi très présente dans la filmographie du studio, aussi bien au cinéma comme dans Fidèle Vagabond (1957) ou Compagnon d'Aventure (1962) qu'à la télévision comme dans Jacky et Poildur (1964). À partir des années 1990, le genre s'est transformé en aventure humaine, souvent dans des milieux hostiles et froids avec par exemple Croc-Blanc (1991), L'Enfer Blanc (1994) ou encore Antartica, Prisonniers du Froid (2006) .

Togo retrace donc de façon fidèle la course au sérum de 1925. En janvier 1925, la situation est grave dans la ville de Nome, située à l'ouest de l'État de l'Alaska. Une épidémie de diphtérie, une maladie respiratoire qui touche essentiellement les enfants et les personnes âgées, vient en effet de se déclencher. Près de dix enfants sont déjà décédés, vingt autres cas sont confirmés et il y a un soupçon pour cinquante autres. Malheureusement, le médecin local ne possède pas les antitoxines nécessaires pour soigner les patients et stopper l'épidémie. Il demande alors de l'aide aux autorités. Ces dernières envisagent deux solutions : un acheminement des médicaments par avion ou par chiens de traîneaux. La première est irréalisable à cette époque de l'année car, en 1925, les engins ne sont pas capables de voler pendant un si long trajet à des températures de moins de -20°C. Il ne reste donc plus que la seconde, sauf qu'il faut raccourcir les délais. Pour cela, les antitoxines sont envoyées en train d'Anchorage dans le sud de l'État vers Nenana, la gare la plus poche de Nome. Il faut ensuite généralement 25 jours en chiens de traîneaux pour parcourir les 1 000 kilomètres qui séparent Nenana de la destination. Depuis Nome, un relais de deux mushers, des meneurs de chiens, se met ainsi en place afin de récupérer au plus vite le sérum à mi-chemin de Nenana. En partant, ils ne savent pas encore qu'ils devront croiser d'autres mushers volontaires, 18 de plus, envoyés par les autorités afin de les relayer dans leur parcours, de jour comme de nuit. Son acheminement étant décidé le 25 janvier 1925, le vaccin arrive finalement à Nome le 2 février, soit en huit jours au lieu des 25 ordinaires, et permet de sauver les enfants.

L'un des deux mushers partis de Nome sera l'un des éleveurs de chiens de la ville, Leonhard Seppala. Ce dernier, seul dans le froid avec son attelage de vingt chiens, réalisera un exploit surhumain en parcourant d'abord 270 kilomètres à l'aller afin de rejoindre le premier relais puis pas moins de 140 kilomètres au retour jusqu'à ce qu'il soit relayé, ses chiens et lui étant totalement exténués. Il a d'ailleurs failli rater le vaccin car, parti en avance afin d'accélérer la remise du médicament, il ne savait pas que le relais avait changé de rendez-vous suite à l'ajout des mushers supplémentaires. Traversant la mer gelée, bravant la tempête de neige, grimpant des sommets abrupts, l'homme et ses bêtes dont son chien de tête, Togo, rentreront dans l'histoire à défaut de rentrer dans la légende. En effet, ce ne sont pas eux qui arrivent à Nome avec les antitoxines en ce 2 février 1925 mais l'attelage de Gunnar Kaasen. Le journaliste présent sur place prend alors une photo et immortalise l'exploit qui a tenu en haleine l'Amérique. Il écrit dans la foulée un article relatant l'aventure. Il demande le nom du chien de tête, qui se nommait Fox. Mais ayant peur que les lecteurs le confondent avec un renard, il préfère plutôt citer celui présent à ses côtés : un certain Balto. Alors que c'était l'une de ses premières courses et qu'il n'avait parcouru "que" 85 km, le chien devient une star et véritable légende auprès du public, une statue lui ayant même été érigée à Central Park à New York. Ses exploits auront également droit à une adaptation dans un film mélangeant animation et prises de vue réelles, Balto, sorti en 1995 et produit par Amblimation. L'opus aura assez de succès pour que deux suites sorties directement en vidéo soient produites. Togo, lui, malgré son exploit de 410 km à l'âge de 12 ans, restera dans l'oubli. Heureusement, avec le film, Disney permet de réhabiliter l'incroyable performance de ce chien et de son maître. Ils en ont même profité pour proposer une plaque commémorative dans un parc de New York ; à côté d'une statue à son effigie remontant à 2001.

Togo retrace ainsi fidèlement l'histoire et la vie de Togo. Quelques détails sont néanmoins changés. Le premier d'entre eux est que Leonhard Seppala et sa femme Constance sont sans enfants dans le film alors que dans la réalité, ils avaient une fille nommée Sigrid qui risquait d'attraper elle aussi la diphtérie. Forcément, l'omission de ce fait change la compréhension de la prouesse de Seppala. L'opus en fait un acte héroïque désintéressé mis à part venir en aide à sa communauté qui comptait sur lui alors que, dans la vraie vie, le musher a sûrement été poussé par le danger que courait son propre enfant, étant donné qu'il savait être le seul à pouvoir réaliser l'exploit qui était demandé. Un autre changement est la réaction de Seppala quand il se rend compte que Balto reçoit tous les honneurs. Dans le film, il est assez effacé sur le sujet, laissant sa femme s'indigner alors qu'en réalité, il a été bien plus virulent. Enfin, la dernière grosse différence concerne la fin de vie de Togo. Le film montre qu'il reste vivre avec son maître jusqu'à son dernier souffle alors qu'en réalité, il est donné à une autre musher nommée Elizabeth Ricker dans le Maine. Seppala a continué à lui rendre visite de temps en temps et était même à ses côtés lorsqu'il a été euthanasié en 1929 à l'âge de 16 ans.

Le film prend clairement le parti de réhabiliter Seppala et surtout Togo. Les autres mushers sont, en effet, plutôt éclipsés tandis que la légende de Balto en prend vraiment un coup, la remettant à la place qui a été exactement la sienne. Ainsi, Togo arrive parfaitement à retranscrire l'ambiance incroyable de cette course contre la montre. Le récit sait être haletant même si le découpage est un peu haché. En choisissant d'alterner la course avec des éléments du passé du chien, narrant sa naissance, puis son élevage, et surtout comment le maître est tombé sous le charme de cet animal hors du commun, le montage veut dynamiser l'histoire mais arrive bizarrement à l'exact inverse. Le spectateur a, il est vrai, bien du mal à rentrer dans les deux pans du film, le côté aventure et l'aspect biographique. Un scénario plus linéaire aurait sûrement mieux réussi à renforcer l'émotion du récit. Après, le choix de faire commencer le long-métrage en janvier 1925 est, somme toute, logique : le but était bien sûr de se focaliser sur la course au sérum, le point d'orgue de cette histoire.

L'émotion sait être présente dans Togo, mais pas forcément là où le spectateur l'attend le plus. Naturellement, le regard du chien saura attendrir tous les propriétaires de ces adorables compagnons. Et son amitié et sa fidélité vis-à-vis de Seppala sont évidentes. Son passé est aussi touchant, en particulier quand Togo veut absolument retrouver le musher et qu'il apprend finalement à reconnaître sa valeur. Mais étonnamment, ces instants n'arrivent pas réellement à faire tirer les larmes aux spectateurs. Au contraire, elles arrivent plutôt à l'approche de la conclusion quand le film aborde la fin de vie du chien, seule partie du long-métrage totalement fictionnelle. À ce moment là, l'opus sait parfaitement être poignant et mélancolique en proposant une conclusion grave mais douce montrant parfaitement le sentiment que chaque maître d'animaux ressent. Cette belle fin prend ainsi le parti de ne pas se terminer directement sur le résultat de la course du sérum mais au contraire de continuer à creuser ses conséquences pour ses deux protagonistes principaux oubliés par le tourbillon de la gloire.

L'autre atout de Togo est assurément ses magnifiques paysages dont la beauté à couper le souffle subjuguera les spectateurs. Les territoires enneigés de l'Alaska sont aussi superbes que dépaysants et surtout le lieu idéal pour une aventure humaine aussi dangereuse qu'haletante. L'authenticité du film est appuyée par une reconstitution convaincante de cette petite ville américaine perdue au nord de l'Amérique, dans un endroit isolé de tout. Là où le film souffre peut-être un peu, c'est dans sa gestion des effets spéciaux. Les deux séquences sur la banquise, à l'aller comme au retour, sont vraiment impressionnantes et palpitantes. Par contre, il est évident que les images, aussi belles soient-elles, ont été rendues en animation assistée par ordinateur. Bien qu'étant ultra-réaliste, il est difficile de s'enlever l'étrange sensation que les morceaux de glace semblent factices. À cause de cela, la scène qui est censée être le clou du spectacle de tout l'opus amène tout de même un certain détachement faisant que le spectateur n'est jamais totalement impliqué. Alors certes, le morceau de bravoure reste le moment fort du film, mais il aurait pu l'être encore plus. Au final, Togo sait être bien plus beau et plus sincère quand il se pose et laisse de côté le grandiose.

Le fait que l'émotion arrive peu à passer dans le film est peut-être dû au manque d'empathie qui transpire du personnage principal. Joué par Willem Dafoe (Spider-Man, John Carter, The Lighthouse), Leonhard Seppala apparaît comme quelqu'un d'assez froid qui égaye rarement son visage d'un sourire. L'une des seules fois où cela arrive, c'est en effet quand il se rend compte de la véritable nature de Togo, un chien de tête exceptionnel. Au delà de ça, le spectateur n'arrive jamais vraiment à s'attacher à ce personnage bien que son amitié avec son chien semble aussi crédible que réelle. Le problème vient à la fois du caractère du musher qui est un peu trop brut de fonderie mais également de l'acteur qui n'a jamais réellement réussi à être particulièrement chaleureux. Leonhard Seppala devrait être le ciment du film, il en reste le mystère.

Julianne Nicholson interprète, quant à elle, Constance Seppala. L'actrice arrive beaucoup plus à rendre son personnage attachant. Il faut dire qu'elle est bien plus attendrie par les animaux en les considérant non pas comme des objets de travail mais comme des êtres sensibles. C'est elle qui sauve Togo alors qu'il est le plus faible de la portée, c'est aussi elle qui convainc son mari que le chien mérite d'avoir une chance, c'est encore elle qui comprend parfaitement la place que le chien a dans le cœur de son mari et comment le fait de devoir le pousser trop, malgré son âge, pourrait culpabiliser Leonhard pour le reste de sa vie s'il venait à être le responsable de sa mort. Même si elle n'est que spectatrice dans cette aventure extraordinaire, son rôle est primordial pour que le public accroche à l'histoire. Elle est indéniablement l'atout cœur de Togo.

Le reste du casting est, quant à lui, malheureusement anecdotique. Bien qu'il y ait de nombreux seconds rôles, aucun n'arrive en effet réellement à sortir du lot, que cela soit parmi les autorités, les habitants de Nome ou les autres mushers qui se relaient.
Il peut être dit la même chose de la musique de Mark Isham (Once Upon a Time - Il Était une Fois) qui, si elle sait illustrer à merveille les images, ne parvient jamais à proposer un thème qui reste en tête.

Le label Disney a, par le passé, bien mieux réussi à mettre en avant l'amitié entre un homme et un chien. Malgré son beau récit, Togo ne sait, en effet, pas capitaliser sur l'émotion qui devrait se dégager naturellement des personnages. Pour autant, il propose tout de même une belle aventure tirée d'une histoire vraie qui réhabilite, certains diront enfin, la vérité historique de ce(s) héros resté(s) bien trop longtemps dans l'ombre.

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