Félix le Chat - Le Film
La jaquette
Titre original :
Felix the Cat: The Movie
Production :
Animation Film Cologne
Felix the Cat Creations
Date de sortie USA :
Le 23 aout 1991 (Vidéo)
Distribution :
Buena Vista Home Video
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Tibor Hernádi
Musique :
Christopher Stone
Bernd Schonhofen
Don Oriolo
Christian Schneider
Durée :
78 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Otage du Duc de Zill, la princesse Oriana envoie un S.O.S au moyen d'un transporteur interdimensionnel. Félix le Chat reçoit le message et décide de voler à son secours à l'aide de son sac à malice...

La critique

Publiée le 22 novembre 2016

Félix le Chat - Le Film n'est pas à proprement parler une production Disney. Il s'agit en réalité d'un film d'animation de Felix the Cat Creations en association avec Animation Film Cologne. Terminé en 1987, il est distribué en janvier 1989 à Los Angeles par New World Cinema, dans le cadre de la Los Angeles Animation Celebration. Mal né, sa sortie américaine originalement prévue pour l'automne précédent est repoussée à avril 1991 ; échec cuisant, il est immédiatement retiré des salles et se voit finalement distribué en vidéo, l'été suivant, par Disney, au travers de sa filiale Buena Vista Home Video (devenue depuis Walt Disney Studios Home Entertainment). Il sera également diffusé sur Disney Channel. Depuis, le studio de Mickey a perdu les droits de distribution.

Apparu pour la première fois dans Feline Follies, en 1919 sous le nom de Master Tom, Félix le Chat, créé par Pat Sullivan et Otto Messmer, prend son nom définitif dans son troisième cartoon Les Aventures de Félix. Il est considéré comme le premier personnage de dessin animé suffisamment populaire pour attirer les spectateurs dans les salles sur son seul nom. Après vingt-cinq courts-métrages distribués par Paramount Pictures, la productrice Margaret Winkler s'intéresse à la création des Pat Sullivan Studios et signe pour soixante-quatre épisodes supplémentaires. Visiblement peu reconnaissant du tremplin offert par Winkler, Pat Sullivan ne renouvelle pourtant pas son contrat et signe ensuite chez Educational Productions pour soixante-dix-huit films ; de son côté, Margaret Winkler se relèvera rapidement en prenant sous son aile la série Alice Comedies d'un certain Walt Disney.

Véritable star du cartoon muet, Félix le Chat se voit soudainement ringardisé par les aventures sonorisées du Mickey Mouse de Walt Disney, qui débute en novembre 1928. L'année suivante, Sullivan décide alors de faire prendre le virage du parlant à Félix, chez Copley Pictures. Les premières sorties sont en réalité des cartoons muets déjà diffusés et sonorisés pour l'occasion, tandis que de nouvelles productions suivent rapidement. Sullivan s'avoue rapidement vaincu face à l'incroyable succès des studios Disney et stoppe la production ; il décède en 1933. Marchant encore sur les traces de son concurrent qui rayonne avec les Silly Symphonies, Félix intègre alors les Van Beuren Studios pour intégrer leur série de cartoons Rainbow Parade. Après trois opus passés inaperçus, il est décidé d'arrêter les frais.

Il faut ensuite attendre 1953 pour voir Félix faire son grand retour en profitant du petit écran où sont rediffusés d'anciens cartoons dont les droits ont été rachetés par Official Films. En 1958, il a ainsi droit à sa propre série télévisée et revit enfin des aventures inédites. Il s'agit là d'une idée de Joe Oriolo, l'un des deux créateurs de Casper le Gentil Fantôme. Protégé d'Otto Messmer (le co-créateur du personnage), il avait pris la relève des comic strips lors du départ à la retraite de ce dernier en 1954 et s'associe ensuite au neveu de Pat Sullivan, William, pour donner naissance à Felix the Cat Creations afin de lancer cette nouvelle série qui comptera 260 épisodes dans lesquels le célèbre matou noir est accompagné d'un sac à malice capable de se transformer en divers objets et que convoitent le Professeur et son neveu Poindexter. Félix y prend une voix de fausset qui rappelle fortement celle de Mickey.

En 1970, Joe Oriolo devient l'unique propriétaire du personnage et le reste jusqu'à sa mort qui survint en 1985, deux ans après celle d'Otto Messmer. Félix est alors définitivement orphelin. Don Oriolo, le fils de Joe, décide toutefois de lui redonner une chance en lui offrant son premier long-métrage d'animation (à noter qu'il a aussi droit à un caméo très succinct en 1988 dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, de Disney). Initialement, il s'agissait de créer un téléfilm pilote pour relancer la série mais le projet prend de l'envergure quand Don Oriolo s'associe au réalisateur hongrois Tibor Hernádi de Pannónia Film Studio, le plus grand studio d'animation de Hongrie, situé à Budapest.

Le film s'intègre dans l'univers de la série des années cinquante et ne prend pas la peine de présenter les personnages : Félix possède ainsi son sac à malice et se voit poursuivi à Oriana par le Professeur et son neveu Poindexter.

Il convient d'être clair : l'animation du film est catastrophique. Les mouvements sont saccadés et ponctués de poses immobiles, la gestuelle des personnages absolument pas crédible et extraordinairement exagérée, comme si tous étaient constamment hystériques. Un bon exemple est la réaction de dégoût de Félix lorsqu'il découvre les boules-tortues. Des erreurs grossières parsèment en outre l'opus telles que des coupes qui interviennent trop tard, après que l'animation s'est arrêtée.

Hélas, ce n'est pas tout : le graphisme fait également défaut. En dehors de la princesse Oriana qui tente tant bien que mal de se montrer gracieuse (avec encore plus de maladresse que La Déesse du Printemps), tous les personnages de la dimension parallèle provoquent le rejet : les Zilliens spectateurs du cirque de Wack, les sourizards, et tous les rôles principaux : la transparente voyante Pearl, le grand-père d'Oriana qui ne saurait cacher son jeu au spectateur avec ses expressions constamment sournoises (il est toujours à se frotter les mains en fronçant les sourcils, le sourire en coin, alors qu'il cherche à faire croire qu'il est du côté des gentils), le chasseur Pim, l'horrible Wack et le Duc de Zill, sorte de Dark Vador du pauvre (il porte une armure pour cacher ses mutilations) suivi de son armée de... cubes et de cylindres. Finalement, au milieu de ce casting chaotique, seul Félix le Chat conserve un minimum de son capital sympathie, à l'exception de l'ouverture du film et du générique de fin durant lesquels sa tête est curieusement animée en images de synthèse via le procédé de motion capture, une technologie suffisamment inaboutie pour convaincre. Les décors ne sont pas en reste avec un Pays de Zill terne, un royaume d'Oriana insipide et toujours vu sous le même angle sans oublier une Ville du Progrès repoussante.

L'histoire est, quant à elle, totalement abracadabrante et pourrait avoir été inventée par des élèves de maternelle dans leur cour de récréation. Quel besoin d'emmener ces personnages classiques appréciés de tous dans une dimension parallèle quand toutes les aventures qui ont fait leur succès se sont déroulées avec des histoires simples mais efficaces ? D'autant plus quand ce nouvel univers est si repoussant que le quitter est un véritable soulagement.

Le doublage francophone, fidèle à l'original dont le mixage rend la moitié des dialogues inaudibles, semble avoir été enregistré à la va-vite, en une seule prise, avec des dialogues incompréhensibles lorsqu'ils sont prononcés par la voix robotisée du transporteur interdimensionnel ou le vieillard Pim qui parle dans sa barbe. Pire encore s'agissant d'un dessin animé destiné aux enfants, les chansons demeurent en anglais alors qu'elles sont nécessaires à la compréhension des évènements et qu'aucun sous-titrage n'en est proposé ! En dehors de la reprise du thème de la série animée, elles sont d'ailleurs toutes insupportables et ne présentent aucun intérêt, à l'image de Sly As a Fox qui n'a pour seul but d'accompagner des renards inconnus qui regardent le sac à malice pendant moins d'une minute.

Félix le Chat - Le Film est la preuve parfaite que le cinéma d'animation est un art et qu'il ne convient pas de le laisser à la portée de n'importe qui. Un film abrutissant qui ternit grandement l'image d'une icône du dessin animé et qui aurait mérité d'être traité avec plus d'égards. À se demander si Disney ne s'est pas fait un malin plaisir de le distribuer en vidéo afin d'enterrer définitivement la réputation de celui qui aura été un fort concurrent de Mickey et qui n'hésitait pas à caricaturer la souris dans des rôles ingrats.

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