Titre original :
Jane
Production :
National Geographic Documentary Films
Public Road Productions
Date de sortie USA :
Le 20 octobre 2017
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Brett Morgen
Musique :
Philip Glass
Durée :
90 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

À partir d'images inédites, Jane retrace les premières explorations et recherches menées par la primatologue Jane Goodall en Tanzanie. À l'honneur dans ce documentaire : son travail de terrain révolutionnaire, la relation entretenue avec son caméraman et mari Hugo van Lawick ainsi que les chimpanzés observés dans le cadre de ses études.

La critique

rédigée par
Publiée le 22 mars 2022

Primatologue, anthropologue et éthologue, Jane Goodall est une pionnière dans les recherches sur les rapports humain-animal et plus particulièrement les relations entre humains et chimpanzés. Sa riche carrière et son parcours fascinant sont tels qu’aujourd’hui, il existe une quarantaine de documentaires sur sa vie. Pourtant, l’intimiste Jane de Brett Morgen plonge le spectateur dans les années 60, au cœur du quotidien de la jeune chercheuse de 26 ans, alors complètement inexpérimentée et qui n’aspirait qu’à partir en Afrique observer les chimpanzés.

Jane Goodall nait le 3 avril 1934 à Londres, d’un père ingénieur et d’une mère auteure. Toute petite, elle aspire à vivre auprès des animaux en Afrique et d’écrire. Sur ce projet, sa mère lui dira « Jane, si tu veux vraiment quelque chose, si tu travailles dur, si tu saisis chaque opportunité et que tu n’abandonnes pas, alors d’une façon ou d’une autre, tu y arriveras. ». En 1957, alors qu’elle est employée comme secrétaire, Jane Goodall rencontre le Dr Louis Leakey, anthropologue et paléontologue, durant un voyage au Kenya. Cette même année, Louis Leakey demande et obtient une bourse pour une étude terrain de six mois sur les chimpanzés. Il espère que cette étude pourra conduire à développer de nouvelles idées sur le comportement de l’Homme primitif. Or, pour cette étude, il souhaite recruter un jeune chercheur, dont les connaissances ne seront pas biaisées par les théories circulant sur le sujet. Impressionné par la passion de Jane Goodall pour les animaux, Louis Leakey la sélectionne alors qu’elle n’a aucune expérience ou diplôme scientifique. Pour des qualités et sensibilités similaires, il recrutera également l’Américaine Dian Fossey pour une étude terrain sur les gorilles au Rwanda (dont l’histoire est racontée dans le film Gorilles dans la Brume) et la Canadienne Biruté Galdikas sur les orangs-outangs à Bornéo. Toutes trois forment les « Trimates » ou les « Anges de Leakey ».

Jane Goodall s’installe en Tanzanie le 4 juillet 1960, à Gombe, la région du lac Tanganyaika. Durant deux ans, elle observe les chimpanzés de loin. Puis, la distance se réduit et elle réussit, à force de patience, à se faire accepter du groupe et les observer de plus près. Plus elle les observe, plus elle prend conscience des similitudes qui existent entre les hommes et les chimpanzés et combien leurs émotions sont sincères et profondes. Elle les dessine, les prénomme et décrit leurs habitudes et personnalités. Elle constate alors que les chimpanzés sont capables de détourner des objets de leur environnement et de s’en servir comme d’un outil pour se nourrir par exemple. Cela change tout : l’homme n’est donc pas le seul être à se servir d’outils, comme on le pensait à l’époque. Parce qu’elle est une femme, jeune, non expérimentée, à l’approche non-académique, ses observations sont discréditées par la communauté scientifique et doivent être ignorées. Mais la National Geographic Society qui finance ses recherches ne se laisse pas manipuler et accepte de lui octroyer une nouvelle bourse, rajoutant même la condition qu’un photographe et cinéaste l’accompagne pour documenter la vie des chimpanzés. Suivront ainsi des centaines d’heures d’images de tout le travail de recherche effectué par la jeune femme.
Ces images que l’on croyait perdues refont surface en 2014 au sein des archives de National Geographic. La mission est confiée à Brett Morgen d’en réaliser un film.

Né le 11 octobre 1968 à Los Angeles, Brett Morgen est un documentariste, producteur et scénariste américain. Qualifié de très doué et éclectique, il est principalement connu pour les documentaires The Kid Stays in the Picture et surtout Cobain : Montage of Heck.
Le documentaire est ainsi un habile montage entre une interview que Jane Goodall donne au réalisateur et des plans filmés dans les années 60, qui accentuent la narration et la progression chronologique de l’histoire. En vérité, même si le documentaire revient sur les premières années de Jane Goodall à Gombe, l’illustration est faite à partir des images réalisées à partir de 1962 par le photographe et cinéaste hollandais Hugo van Lavick.

Né le 10 avril 1937 dans les Indes Orientales Néerlandaises (aujourd’hui Indonésie), le Baron Hugo van Lavick a contribué à travers ses photographies et films à documenter la vie des animaux sauvages de Serengeti et notamment les éléphants, lions et chiens sauvages, et bien sûr populariser l’étude des chimpanzés de Gombe menée par celle qui deviendra sa femme : Jane Goodall.
À son arrivée, elle raconte que même si elle n’était pas particulièrement heureuse de sa venue, elle savait que cela faisait partie de la condition de la National Geographic Society pour le financement de ses recherches. Le fait qu’il fume beaucoup et son côté perfectionniste la rendent folle, mais de son propre aveu, elle le trouvait « beau mec » et elle aimait sa voix calme. Rapidement, elle comprend qu’elle est autant l’objet de son intérêt que le sont les chimpanzés. L'histoire d'amour qui naît entre Jane Goodall et Hugo van Lawick transparaît dans les images. Pendant plus de dix ans, Hugo van Lawick filme Jane Goodall évoluer dans la nature auprès des chimpanzés, interagir avec eux, mais aussi élever leur fils, constatant des parallèles entre son évolution et celle des plus jeunes chimpanzés.

Le film se veut pédagogique sans être scolaire. Documentaire passionnant, le spectateur suit avec fascination la jeune chercheuse toujours les jumelles à la main. Ce sont des images pleines de douceur et de sincérité. La caméra est seule témoin de sa vie là-bas, de son quotidien et s’attarde allègrement sur ses expressions. Le documentaire parvient ainsi à capturer le sentiment de découverte et d'émerveillement de Jane Goodall face à tout ce qu’elle observe chez ce groupe de chimpanzés. Le tout est soutenu par une magnifique bande originale, signée par Philip Glass. Jamais envahissante, elle accompagne les sons de la nature et les propos de la narratrice. Naturelle et pleine d’humilité, Jane Goodall transmet, par son commentaire, la passion de ce travail qui l’anime aujourd’hui encore, mais met également en perspective le combat qu’elle a dû mener tout au long de sa vie, la difficulté pour une femme, jeune et célibataire de partir seule là-bas sans aucune préparation, le discrédit de ses recherches en raison de sa condition et de son absence de formation sur le sujet (elle soutiendra et obtiendra sa thèse de doctorat en éthologie en 1965).
Son émotion n’est jamais feinte et reste vive malgré les années passées, notamment quand elle revient sur plusieurs moments dramatiques de sa vie à Gombe : une épidémie de poliomyélite au sein du groupe de chimpanzés et la nécessité pour elle d’agir pour les sauver et ne pas être simple spectatrice de la nature, puis quelques années plus tard, l’horreur de la guerre des chimpanzés de Gombe ayant conduit au massacre d’une partie du groupe qu’elle suivait depuis plus de 10 ans. De même, le spectateur ressent encore sa fascination lorsqu’elle souligne les similarités entre l’homme et le chimpanzé dans la gestion du deuil par exemple.

Mais ce qui reste le plus incroyable, et c’est ce qui fait toute la beauté du documentaire et du montage, c’est la facilité de passer de ces superbes images d’archives, tels des souvenirs, aux images contemporaines de l’interview de Jane Goodall par Brett Morgen. La scientifique a certes vieilli mais il s’agit du même regard, de la même douceur dans les yeux que son double jeune et surtout de la même passion qui l’anime 50 ans plus tard. 
Les travaux initiés dans les années 60 continuent aujourd’hui. C'est, à ce jour, la plus longue étude en continu d’une espèce dans son milieu naturel. Si Jane n’est pas le premier documentaire sur la célèbre primatologue, il demeure unique par l’abondance d’images, issues des archives de National Geographic, sur lesquelles il se base. Le film est présenté en première mondiale le 10 septembre 2017 au Toronto International Film Festival. Dans les semaines qui suivent, il est au programme de nombreux festivals aux États-Unis mais également en Australie, en Europe et au Mexique, où il reçoit plusieurs prix et nominations. Les critiques parlent d’un film « merveilleux », probablement « pas le premier, ni le dernier sur la primatologue britannique, mais qui restera le portrait ultime » selon The Hollywood Reporter. The New York Times parle d’un « voyage captivant dans la nature avec Jane Goodall ».

Jane est un magnifique et puissant portrait de la célèbre primatologue, beaucoup plus intime que tout ce qui a été présenté jusqu'à présent. Il s'agit d’un film sur la vie, les relations, la persévérance, le succès et l'échec, mais aussi sur l'amour et la mort et sur presque tous les aspects de la vie, présentés de la plus belle des manières.

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