Titre original :
Giants of the Deep Blue
Production :
National Geographic
Date de diffusion USA :
Le 29 septembre 2018
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Ken Corben
Durée :
44 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Les océans abritent certains des plus grands prédateurs au monde. Baleines bleues, grands cachalots, baleines à bosse, orques ou dauphins, tous passent leur temps à se déplacer à travers le globe afin de se reproduire et surtout se nourrir au cours de chasses aussi épiques que meurtrières.

La critique

rédigée par
Publiée le 12 avril 2025

« Plus de soixante-dix pourcent de la surface du globe sont recouverts d’eau. Sous les vagues, s’étirent des millions de trajectoires qu’empruntent de gigantesques voyageurs en quête de l’endroit idéal pour parfaire leur stratégie meurtrière, perfectionner leurs aptitudes au combat ou peaufiner leurs talents de séducteurs ».

Dès les premières secondes de Géants des Mers, le ton est donné. Le spectateur est sur le point de visionner un documentaire ayant pour but principal de faire du sensationnel. Si d’ordinaire, le « journalisme jaune » est plutôt réservé aux frasques des célébrités, aux affaires judiciaires ou bien encore aux investigations policières, il prend cette fois le pari de plonger sous la surface des océans afin de capturer des images chocs montrant le quotidien d’une poignée de créatures sous-marines absolument incroyables.

Le récit débute à Hawaï où vit l’un des plus grands occupants de la mer, la baleine à bosse. Gigantesque, l’animal est capable de traverser cent-soixante kilomètres par jour afin s’assouvir ses besoins. Les eaux chaudes de l’archipel d’Hawaï sont notamment le lieu idéal pour mettre bas et élever les petits. Les mamans et leur baleineau parviennent alors à communiquer de manière intrigante grâce à de mystérieux ultra-sons. Les parades amoureuses sont, dans leur genre, elles aussi grandioses. Il s’agit pour chaque mâle de livrer une démonstration de supériorité en frappant le plus fort possible la surface de l’eau avec la queue et les nageoires, et ainsi créer une onde de choc suffisante pour éloigner les concurrents. Le ventre vide une large partie de l’année, la baleine à bosse se dirige vers l’Alaska pour se nourrir. Le périple, long et dangereux, nécessite au groupe de se coordonner face aux prédateurs.

Dans les Açores, le grand cachalot est le plus gros prédateur à dents encore en vie de nos jours. Pouvant peser jusqu’à cinquante tonnes, il possède une vitesse de déplacement et de plongée impressionnante. Pour éviter les obstacles, il utilise un puissant sonar. La cohésion de groupe est également indispensable pour cette espèce qui, semble-t-il, apprécie le contact physique. Peau contre peau, les spécimens chassent ensemble. Ils peuvent avaler jusqu’à cent-quarante kilogrammes de pieuvres et de calmars par jour, les restes de ces proies remontant à la surface pour sustenter les plus jeunes cachalots, encore dans l’impossibilité de plonger.

À des milliers de kilomètres de là, en Californie, la baleine bleue règne en maître. Comme le cachalot, elle est un prédateur redoutable capable d’ingurgiter plus de sept tonnes de krill en une seule journée. Pour ce faire, elle ouvre sa gueule et aspire l’eau dans des quantités extraordinaires. Le « monstre des mers » ne mange toutefois pas le premier banc de krill venu. Il faut que le gain justifie l’effort. Il n’est dès lors pas rare que la baleine passe à côté de sa nourriture sans se donner la peine de la gober.

Sur la côte accidentée de la Péninsule Valdès, en Argentine, les otaries à crinière se réunissent pour se reproduire. Les milliers de mammifères sont alors une nourriture de choix pour les orques. Ces derniers ont mis sur pied une technique de chasse stupéfiante consistant à se jeter sur le sable pour attraper une otarie. Les orques profitent du caractère pentu des plages et de la présence de galets ronds qui, tels des roulements à billes, leur permettent de reglisser dans l’eau. Ils ne font qu’une bouchée des otaries qui parviennent avec difficulté à s’extraire des vagues. Le risque pour les mammifères marins est néanmoins grand. La mort est en effet au rendez-vous pour tout individu qui ne parviendrait pas à retourner à l’océan.

Sur les côtes de Caroline du Nord et de Caroline du Sud, les dauphins utilisent une stratégie aussi audacieuse pour se nourrir. Ces derniers chassent en groupe. Certains se précipitent sur la plage, provoquant un mini tsunami qui pousse les poissons vers la terre ferme. Éjectées dans les airs, les proies sont avalées toutes crues. Les pélicans profitent de l’instant pour récupérer leur part. Loin d’être innée, la technique est bien rodée. Elle se transmet entre les dauphins d’une manière que les scientifiques ne s’expliquent toujours pas.

Dans les eaux gelées de la banquise, les narvals sont des créatures magnifiques. Surnommés les « licornes des mers » du fait de leur longue défense torsadée, ils tirent avantage de la fonte des glaces pour se frayer un chemin dans de nouvelles zones d’alimentation. C’est un moment que l’espèce attend durant l’année entière. Des centaines de spécimens remontent les chenaux découpés entre la glace. La nourriture est abondante. Le risque est néanmoins très grand. Les plaques de glace ne cessent de dériver. Un écrasement est possible. Si les passages viennent à se refermer, les narvals peuvent rester coincés et, faute de pouvoir remonter à la surface, se noyer…

Marqué par des séquences aussi belles qu’insolites, Géants des Mers est réalisé par Kenneth (Ken) Corben. Né à Los Angeles le 31 janvier 1964, le documentariste officie comme caméraman et directeur de la photographie sur des productions telles que Deadliest Job in the World (1999), And Man Created Dog (2010) et les séries Adrenaline Science – Danger Zone (2001-2002) et Nature Entamed (2008). Sa passion pour l’océan ressort de son travail sur Arctic Tale (2006), Antarctica 3D: On the Edge (2014) et Géants des Mers (2018). Un Emmy Award couronne son implication dans la mini-série documentaire Great Migrations (2010).

Utilisant des plans principalement capturés sur les côtes Atlantique et Pacifique de l’Amérique, auxquelles s’ajoutent deux parties filmées aux Açores et dans les eaux de l’Arctique, Géants des Mers surprend immédiatement le spectateur grâce à la beauté de ses séquences. Voir ces créatures gigantesques parcourir les océans revêt en effet toujours un caractère majestueux et magique. Les passages montrant la baleine à bosse et son petit sont très poétiques. Ce cachalot vieux de soixante-dix ans, avec sa peau burinée et ponctuée de nombreuses cicatrices, est un exemple remarquable de majesté. Les narvals sont, à leur manière, des animaux fascinants comme tout droit sortis d’un songe.

Les amateurs de sensations fortes seront eux aussi conquis. Géants des Mers regorge, il est vrai, de séquences chocs. C’est l’essence même du film et le parti-pris énoncé dès les premières secondes. Personne ne peut rester insensible aux démonstrations de force réalisées par les baleines mâles qui s’extraient de l’eau pour retomber lourdement sur la surface. Le même ressenti se dégage des images montrant les baleines bleues ouvrant leur gueule pour aspirer tout ce qui se présente devant elle. Les scènes de chasse avec les orques et les dauphins sont impressionnantes. La fin du film, avec ce combat opposant les orques et les baleines, est un autre moment d'exception. Les âmes sensibles devront alors fermer les yeux afin de ne pas assister à la mise à mort du baleineau, littéralement déchiqueté par les prédateurs qui se repaissent en premier des parties molles telles que la langue. Observant la scène depuis la rive, les renards et les ours d’Alaska, affamés après l’hiver, peuvent eux-mêmes se sustenter des restes du cadavre, finalement rejeté sur la plage.

Outre son caractère sensationnel, Géants des Mers se présente comme une très belle leçon d’océanographie. Récitée par Bill Graves en version originale et par Bernard Lanneau en version française, la narration s’avère être très accessible et très pédagogique. Le documentaire permet à chacun d’être sensibilisé aux enjeux de la vie sous-marine. Les idées reçues des uns et des autres ne manqueront de plus pas de voler en éclat. Beaucoup sont ceux qui pensent en effet que les baleines, les orques et les dauphins sont d’adorables créatures tout à fait inoffensives. Cette image a bien entendu été maintes fois véhiculée par la télévision et le cinéma avec des productions telles que la série Flipper le Dauphin et des films comme Sauvez Willy, La Baleine qui Voulait Chanter à l’Opéra et Le Monde de Nemo. Géants des Mers se charge donc de remettre les pendules à l'heure et de casser cette image en montrant des scènes de chasse et de combat particulièrement meurtrières.

Si Géants des Mers se présente comme un documentaire aux images remarquables, il fait malgré tout face à un écueil de taille. Le lien entre les différents actes est en effet très confus et totalement artificiel. L’unique fil rouge – très mince – reste que chacune des créatures montrées à l’écran parcourt les océans pour se nourrir et se reproduire. Rien de plus, rien de moins. Aussi, le film ne possède aucune ligne directrice et s’apparente dès lors à une accumulation de moments déconnectés les uns des autres. L’explication vient du simple fait qu’il s’agit en réalité plus d’une compilation que d’une œuvre inédite à part entière. Géants des Mers est en effet construit à partir de séquences extraites d’anciennes productions de National Geographic, Orca Killing School (2006), Icy Killers: Secrets of Alaska’s Salmon Shark (2009), Avancer Pour Vivre (Great Migrations – Born to Move, 2010), Secret Life of Predators – Stealth (2013) et Les Secrets des Profondeurs (Wild Hawaii: Secrets of the Deep, 2014). En définitive, le spectateur est ainsi confronté à un « simple » produit de recyclage qui, aussi beau soit-il, manque de panache.

Proposé aux États-Unis au cours de l’année 2018 et présenté en France lors du lancement de la plate-forme Disney+ le 7 avril 2020, Géants des Mers est au final une sympathique immersion au cœur des océans qui, si elle est malheureusement dépourvue d’un fil narratif clair, regorge d’images absolument sublimes.

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