Les Trésors Cachés de Cordoue

Titre original :
Córdoba : Misterios Ocultos
Autre(s) titre(s) américain(s) :
Buried Secrets of Cordoba
Production :
National Geographic
Date de diffusion Espagne :
Le 15 décembre 2019
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Fernando Gonzalez-Stiges
Musique :
Extreme Music
Russell Emanuel
Durée :
44 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Située dans le sud de l’Espagne, Cordoue est l’un des joyaux de l’Andalousie. Équipé des technologies les plus récentes, l’archéologue et explorateur Fabio Amador propose de parcourir les rues de la ville et de remonter le temps à la recherche des trésors de l’Antiquité romaine qui, deux-mille ans après leur création, ont progressivement été altérés puis perdus sous les constructions héritées des civilisations arabes, juives et chrétiennes.

La critique

rédigée par
Publiée le 28 janvier 2023

Produit par la division espagnole de National Geographic, Les Trésors Cachés de Cordoue propose aux téléspectateurs de se plonger au cœur de l’héritage antique de l’une des villes les plus chargées d’Histoire de toute l’Andalousie, la magnifique Cordoue.

Installé sur les rives du Guadalquivir, aux pieds de la Sierra Morena, le site de Cordoue est peuplé dès la préhistoire, il y a environ 1,4 million d’années. En 169 av. J.-C., toute la région est conquise par l’armée romaine. Dirigée par le consul Claudius Marcellus, la cité devient bientôt la capitale de la province républicaine d’Hispanie ultérieure, rebaptisée province de Bétique sous l’Empire. Ville natale du philosophe Sénèque, Cordoue est alors l’une des métropoles les plus florissantes d’Espagne avec ses monuments typiques de l’architecture romaine, le théâtre, le cirque, ou bien encore ses temples.

Au IVe siècle, sous le règne de l’Empereur Constantin, Cordoue devient un siège épiscopal. Les traces de la religion polythéiste romaine sont peu à peu effacées au profit de la religion chrétienne. D’autres destructions surviennent au moment de l’invasion des Vandales puis des Wisigoths entre les Ve et VIIIe siècles. Un temps dirigée par l’Empereur byzantin Justinien entre 554 et 571, la cité tombe finalement entre les mains des Musulmans en 711. Capitale de l’émirat de Cordoue fondé par Abd al-Rahman 1er, Cordoue devient ensuite le centre politique du califat dirigé par Abd al-Rahman III et son fils al-Hakam II. C’est alors une période de prospérité incroyable pour la ville qui se pare de certains de ses plus beaux atours, en particulier sa Grande Mosquée et une fameuse bibliothèque rassemblant tous les ouvrages importants présents et passés.

Rivale de Bagdad, Cordoue atteint son apogée à la fin du Xe et au début du XIe siècles. Capitale du royaume d’al-Andalus, son calife, Abd-ar-Rahman III al Nasir, la complète d’un nouveau palais, Madinat al-Zahra, à l’Est, auquel s’ajoute Madinat al-Zahira, un autre complexe palatin édifié par le vizir Almanzor (al-Manzur) à l’ouest, dans les montagnes voisines. La ville devient par ailleurs un centre économique et commercial de premier plan, notamment grâce à son riche artisanat et le travail du textile et du cuir (le nom Cordoue donnant le mot « cordonnier »). Également peuplée par les Juifs qui possèdent leur propre quartier, Cordoue s’effondre finalement dans les années 1030, au moment de la division du califat en des dizaines de taïfas rivales. L’émir de Séville profite des divisions pour conquérir les lieux. En 1236, le roi chrétien Ferdinand III de Castille reprend à son tour la ville aux mains des Musulmans.

Désormais chrétienne et castillane, Cordoue décline face à la pétillante Séville. La Grande Mosquée est changée en église puis en cathédrale en 1239. En 1523, sous le règne de l’Empereur Charles Quint, une nef centrale vient coiffer l’édifice. Ombre d’elle-même, Cordoue passe les siècles sans gloire, ni triomphe, les armées napoléoniennes se livrant par exemple à son pillage en 1808... La ville ne retrouve son prestige d’antan qu’au XXe siècle, au moment où le tourisme de masse en fait l’une des destinations privilégiées du sud de l’Espagne. Offrant des héritages romains, wisigoths, arabes, juifs et chrétiens formidables avec son pont romain et les ruines du temple dédié à l’Empereur Claude, sa mosquée-cathédrale, sa synagogue, ses dizaines d’églises, ou bien encore son resplendissant Alcázar des rois chrétiens, elle est classée en 1994 au Patrimoine mondial de l’Unesco. Aujourd’hui, Cordoue compte environ 330 000 habitants, ce qui en fait l’une des villes les plus peuplées et influentes d’Andalousie avec Séville et Malaga.

Personnage principal des (Les) Trésors Cachés de Cordoue, la ville est présentée et explorée par l’anthropologue et archéologue Fabio Amador. Originaire du Salvador, en Amérique centrale, il fait des études d’arts à New York et d’archéologie à la Rutgers University. Menant des recherches dans le nord du Yucatan, au Honduras, au Guatemala et au Mexique, il est l’un des experts de la civilisation Maya. Diplômé d’un master et d’un doctorat d’archéologie mésopotamienne, il devient maître de conférences à l’université Albert Einstein de San Salvador en 1995. Promu directeur du département d’archéologie, il travaille ensuite à New York, au Pérou, à l’université de San Diego, à l’université George Washington ainsi qu’au Salvador. Engagé par National Geographic en 2008, il met les dernières technologies au service de ses recherches notamment présentées dans la série Misterios Del Inframundo (Mysteries of the Underworld).

La visite de Cordoue est orchestrée par le réalisateur Fernando Gonzalez-Stiges. Né en Espagne, il étudie la zoologie et obtient une maîtrise en pêche et aquaculture délivrée par l’Institut maritime espagnol. Cofondateur des sociétés de production Transglobe Films puis Explora Films, il parcourt le monde à la découverte des animaux emblématiques et des régions les plus sauvages. De ses voyages, sont nés près de deux-cents documentaires diffusés dans le monde entier sur National Geographic, Discovery Channel, France 5, Arte, Canal+, TDF... Couronné par plusieurs prix, sa filmographie compte des films comme Rain Forest, semillas de selva (2004), Pingüinos, la Historia de las Aves que Quisieron ser Peces (2007), Cocodrilos, el Último Dragón (2011), Rinocerontes, la Maldición del Cuerno Mágico (2012), Elefantes, el Ocaso de los Gigantes (2012), Entre dos Mundos, la Historia de Gonzalo Guerrero (2012), Espíritus del Congo (2013) et Paso de Cebras (2013).

À grand renfort de technologies modernes et d'un radar à pénétration de sol capable de scanner les environnements et de reconstituer en trois dimensions des sites enfouis depuis des siècles, Les Trésors Cachés de Cordoue se propose de redécouvrir les vestiges de l’Antiquité romaine aujourd’hui enfouis sous les rues et les nombreux bâtiments de la ville. Les invasions successives et les empreintes laissées par les peuples ayant occupé le site, au premier rang desquels les Musulmans et les Chrétiens, ont en effet effacé de la surface la plupart des constructions et autres monuments de l’époque romaine. Toutes les traces n’ont cependant pas disparu. Pour la plupart inaccessibles pour les visiteurs lambda, les ruines du cirque, de l’amphithéâtre, du théâtre, des anciennes murailles, des égouts, mais aussi de nombreuses mosaïques et pièces d’architecture éparpillées dans toute la ville ont en effet survécu aux affres du temps et aux destructions des Hommes.

Les Trésors Cachés de Cordoue se regarde dès lors comme une sorte de jeu de piste à la recherche des vestiges anciens de Rome. Accompagné par Fabio Amador, le spectateur se promène ainsi dans les rues de Cordoue à la recherche d’éléments imperceptibles pour un œil non averti. La balade passe alors par les lieux emblématiques de la cité millénaire, notamment sa mosquée-cathédrale, l’Alcázar, les restes du Temple romain et le site de Madinat al-Zahra.

Rejoint par les historiens et archéologues Desiderio Vaquerizo, Ana Ruiz, Alberto León, Luz Neira et la directrice du Musée d’archéologie, María Dolores Baena, Fabio Amador plonge le public dans les entrailles d’un parking moderne, à la découverte des performants égouts de l’époque romaine. Chacun est ensuite emmené sur ce qui ressemble à un vaste terrain vague mais qui fut jadis le site du gigantesque amphithéâtre des colonies. Après une évocation des sépultures placées à l’époque à l’extérieur de la cité, la visite continue au Musée d’archéologie dont les sous-sols ont gardé les traces des fondations du théâtre. Un hôtel de luxe du centre-ville conserve pour sa part quelques héritages d’une domus romaine, une demeure de la haute société de l’époque. L’Alcázar expose pour sa part quelques mosaïques. Une partie vitrée placée sur le sol de la mosquée-cathédrale permet d’entrapercevoir des fondations antiques complétées par certaines colonnes romaines réutilisées par les Musulmans au moment de construire l’édifice. Les ruines d’un aqueduc romain subsistent sous un terminal de bus. L’excursion s’achève à Madinat al-Zahra où les fouilles se poursuivent.

L’intérêt et la beauté des (Les) Trésors Cachés de Cordoue réside essentiellement dans le fait de découvrir des héritages du passé dont la plupart restent, aujourd’hui, totalement inaccessibles au public. Les sous-sols du musée d’archéologie ou de l’hôtel de luxe sont en effet fermés et une accréditation est absolument nécessaire pour les visiter. D’autres vestiges, pour leur part, restent cachés du fait d’une méconnaissance certaine de leur existence. Au vu du nombre important de merveilles à voir à la surface, un touriste ordinaire ne consacrera en effet aucun temps ni aucune énergie à descendre au fin fond d’un parking des plus glauques pour y voir les restes d’une enceinte, d’un égout ou d’un aqueduc.

Les Trésors Cachés de Cordoue se présente donc comme le compagnon idéal pour le visiteur qui, de retour de Cordoue, n’a de fait pas pu tout voir faute d’accès ou de connaissances suffisantes. Le documentaire est par ailleurs un très bon moyen de raviver ses souvenirs et de redécouvrir Cordoue différemment. Les très belles prises de vues aériennes sont en effet une belle opportunité de voir les monuments et les rues sous un nouvel angle et de contempler leur beauté et leur magnificence au cœur de la cité.

Sans tomber dans l’écueil de certaines émissions du genre souvent parasitées par des répétitions, des hors-sujets et des coupures destinées à insérer quelques publicités, Les Trésors Cachés de Cordoue est enfin une palpitante leçon d’Histoire permettant d’en savoir plus sur un pan entier du passé de la ville aujourd’hui presque totalement oublié. Le spectateur peut ainsi comprendre à quel point l’héritage des Romains y est important. Il peut surtout réaliser que Cordoue la musulmane, Cordoue la juive, Cordoue la chrétienne fut également en son temps Cordoue la romaine, une cité particulièrement moderne avec des bâtiments impressionnants, une voirie performante et un réseau d’eaux parfaitement maîtrisé.

Animé avec passion par Fabio Amador et ponctué de très belles images filmées par Fernando Gonzalez-Stiges, Les Trésors de Cordoue est au final une formidable remontée dans le temps à la recherche des héritages romains oubliés de Cordoue. Mêlant connaissances et plaisir des yeux, le documentaire ravira dès lors les spectateurs qui, après son visionnage, n’auront qu’un seul petit regret, celui de ne pas avoir passé encore plus de temps au cœur de l’histoire et des secrets de l'antique ville.

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