Titre original :
Pompeii : Secrets of the Dead
Production :
National Geographic
Lion Television
Date de diffusion USA :
Le 24 novembre 2019
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Ben Finney
Musique :
Laurentia Editha
Russell Emanuel
Durée :
42 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

En 79 ap. J.-C., sous le règne de l’Empereur Titus, l’éruption du Vésuve entraîna la destruction totale de la cité de Pompéi et la mort brutale de plus de quinze-mille personnes. Près de deux-mille ans plus tard, les traces des victimes retrouvées sous les décombres continuent d’intriguer les archéologues. Grâce aux toutes dernières technologies, une équipe tente en particulier de faire parler les corps des treize fugitifs découverts par Amedeo Maiuri dans les années 1950...

La critique

rédigée par
Publiée le 14 janvier 2023

L’Antiquité romaine n’a eu de cesse, depuis des siècles, de fasciner les historiens et les scientifiques. Parmi les épisodes les plus étudiés de son histoire, figure en particulier la terrible éruption du Vésuve qui, en 79 ap. J.-C., raya de la carte Pompéi et Herculanum. Ensevelies sous des mètres de poussière, de sédiments et de roches, les deux cités furent ainsi figées dans le temps, laissant de fait une image intacte de ce que fut l’Empire romain à l’aube de son apogée.

Fondée entre le VIIIe et le VIe siècle avant J.-C. au cœur de la Campagnie, en Italie méridionale, Pompéi figure parmi les cités les plus prospères de l’Empire romain. Successivement occupée par les Osques, les Étrusques, les Samnites puis les Romains, elle profite en effet de sa position avantageuse pour s’enrichir. Construite à environ neuf kilomètres du Vésuve, sur une ancienne langue de lave, elle bénéficie notamment d’une terre si fertile que les Romains la surnommaient la « Terre des dieux ». La proximité de l’embouchure du fleuve Sarno et de la mer Tyrrhénienne lui offrent en outre l’accès aux principales routes commerciales. La concurrence du vin gaulois contrecarre cependant l’enrichissement de la cité qui, selon certains historiens, connaît un certain déclin au 1er siècle.

Vivant à l’ombre du Vésuve, les habitants de Pompéi ne voient aucunement le volcan comme une menace. Éteint depuis des siècles, la montagne semble en effet parfaitement paisible et inoffensive. Environ treize-mille personnes vivent ainsi dans la cité au 1er siècle ap. J.-C.. Pompéi est toutefois victime d’un premier séisme le 5 février 62. Plusieurs structures sont alors endommagées, tels que les thermes et les canalisations. Des travaux de restauration sont malgré tout rapidement entrepris mais d’autres secousses surviennent dès 70. Une partie des habitants décide par conséquent de s’éloigner en direction de lieux plus sûrs. Plusieurs propriétés sont bradées et achetées par une caste de propriétaires qui, de fait, s’enrichit considérablement.

La grande catastrophe survient finalement le 24 août 79 ou le 24 octobre 79 selon les sources. Racontée par Pline le Jeune qui assiste au désastre depuis le port de Misène, de l’autre côté de la baie, l’éruption du Vésuve est aussi inattendue que spectaculaire. L’auteur romain parle de la formation d’un « nuage d’une taille et d’un aspect inhabituels dont la forme rappelle celle d’un pin se dressant comme un tronc gigantesque et s’élargissant en rameaux ». Quelques minutes après l’explosion, le Vésuve commence à déverser une pluie de pierres ponces qui s’accumulent sur près de trois mètres de haut. Deux mètres de cendres sont également expulsés. Les habitants n’ayant pas pris la fuite sont tués à cause de l’effondrement de leurs maisons. Certains sont asphyxiés par les nuées ardentes.

Les couches de sédiments étant particulièrement épaisses, Pompéi fut figée dans le temps à l’abri de toute forme de pillage et des intempéries. Abandonnée par les Romains qui prennent la décision de ne pas la reconstruire après la catastrophe, la cité laisse ainsi malgré elle un héritage sensationnel pour les chercheurs qui continuent depuis le milieu du XVIIIe siècle d’explorer le site. Les fouilles successives ont alors permis de dégager les monuments, les habitations et surtout les victimes. Couverts de cendres et de roches, les corps et les tissus ont en effet brûlés. Détruits, ces derniers ont cependant laissé une cavité qui, remplie de plâtre, permet de retrouver les attitudes et les positions des habitants au moment où la mort les a frappés.

Découverts et mis en scène par Amedeo Maiuri, nommé directeur des fouilles entre 1924 et 1961, les moulages des treize fugitifs figurent parmi les corps plus les saisissants jamais retrouvés. Afin de captiver le public et d'attirer son attention afin qu’il vienne visiter le site de Pompéi, l’archéologue a alors utilisé les colonnes de la revue National Geographic pour broder une histoire romanesque autour de ces victimes. Retrouvées ensemble et exposées aujourd’hui à l’entrée du site, elles sont bientôt divisées en trois groupes. Le premier est celui d’une famille composée d’un marchand, de sa femme et de leurs enfants, deux fils et une fille. Les deux autres sont quant à eux des familles de fermiers.

Absolument fascinants, les treize fugitifs se retrouvent au cœur du documentaire réalisé en 2019 par Ben Finney. Vulcanologue de formation, il débute sa carrière dès les années 2010 en travaillant pour la chaîne de télévision BBC Horizon. Couvrant des sujets consacrés à la nature et à l’histoire, il dirige, entre autres, les séries Volcano Live (2012), Stargazing Live (2013), Science Club (2013), And Then We Swam (2014), Britain’s Most Extreme Weather (2014), Secret History (2015) ou bien encore Earth’s Natural Wonders (2018). Pour National Geographic, il réalise ensuite Inside North Korea's Dynasty (2018) et Les Fugitifs de Pompéi (2019).

Narré par la comédienne Maite Jauregui, Les Fugitifs de Pompéi propose donc de suivre les expériences menées par l'archéologue Estelle Lazer qui, avec ses équipes, décide de se pencher en particulier sur le destin des treize fugitifs. Cherchant à vérifier les théories d’Amedeo Maiuri, ils disposent alors des technologies les plus récentes, en particulier des appareils de radiographies capables de photographier les squelettes et les objets enfermés depuis des décennies dans le plâtre. Leurs découvertes sont complétées par quelques explications techniques sur la catastrophe énoncées par la vulcanologue Kayla Iacovino.

Les Fugitifs de Pompéi se regarde ainsi telle une enquête scientifique réalisée sur les lieux d’un crime. Les treize victimes sont dès lors photographiées et étudiées sous toutes les coutures, les bijoux, les traces de tissus, les blessures et les ossements étant autant de preuves pour essayer de retracer leur parcours. Au fur et à mesure que les minutes s’écoulent, une certaine dose de suspense s’installe. Les images obtenues grâce aux appareils de radiographie sont incroyables. L’histoire de la famille du marchand et la fin tragique de chacun de ses membres ressurgissent en particulier avec beaucoup d’émotion. Les thèses de Maiuri concernant les fermiers sont quant à elles plus ou moins détricotées grâce à la découverte d’une bague.

Le documentaire s’apprécie d’autant plus que Ben Finney accompagne l’enquête des scientifiques de très belles images aériennes du site. Aucun visiteur arpentant les allées et les rues de la cité n’a en effet la possibilité de voir toute l’immensité des lieux et la richesse architecturale de la cité. Les quelques passages montrant les fouilles sont également saisissants. Voir les couches successives de pierres ponces et de sédiments donne par exemple une bonne idée de ce que fut la catastrophe et des maigres chances pour les habitants de l’époque d’en réchapper. La découverte de quelques objets, surtout les petits jouets en forme d’animaux retrouvés dans une tombe, est elle aussi émouvante.

Les Fugitifs de Pompéi est sans aucun doute une enquête passionnante. Toutefois, le spectateur sera malgré tout très rapidement décontenancé par la construction même du documentaire. Aussi belles soient-elles, les vues aériennes semblent notamment se compter sur les doigts d’une main. Aussi rare que beau, chaque plan est ainsi diffusé encore et encore pour illustrer la narration qui, dès lors, tire en longueur... Le spectateur ne manquera donc pas d’éprouver une certaine lassitude à force de voir et revoir sans cesse les mêmes images. Le faux suspense installé par les nombreuses coupures est par ailleurs lui aussi particulièrement consternant. Il est en effet dommage de voir des séquences intéressantes brutalement interrompues pour laisser au diffuseur la possibilité d’intercaler à sa guise une page de publicité. Dans un documentaire ne durant qu'à peine trois quarts d'heure, chacun regrettera forcément de voir de précieuses minutes être gâchées par une narration se limitant bien trop souvent à résumer ce qui a été montré au cours des instants précédents.

Un autre écueil regrettable réside enfin dans la volonté du documentaire de vouloir comparer la catastrophe de Pompéi à d’autres crises plus récentes. Des plaines de Campanie, le spectateur se retrouve ainsi téléporté au cœur de l’ouragan Katrina qui dévasta La Nouvelle-Orléans en août 2005. Quelques minutes plus tard, c’est cette fois sur les pentes d’un volcan d’Indonésie qu’il est envoyé. Destinées à illustrer le fait qu’en cas de catastrophe, les habitants ont tendance à se renfermer chez eux plutôt qu'à fuir, ou bien à partir en groupe plutôt que d’essayer de sauver leur propre vie, ces images ont tôt fait de faire perdre le fil de l’intrigue principale et de tomber dans un travers récurrent dans ce genre de programme, le hors-sujet...

Basé sur une catastrophe éprouvante et articulé autour des recherches scientifiques fascinantes, Les Fugitifs de Pompéi se laisse regarder avec intérêt, notamment grâce à des images spectaculaires et des histoires personnelles émouvantes. Dommage, toutefois, que le récit soit à ce point pollué par des images vues et revues et des coupures intempestives pénibles.

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