Lili, la Petite Sorcière
Le Dragon et le Livre Magique
Titre original : Hexe Lilli, der Drache und das magische Buch Titre USA : Lilly the Witch : The Dragon and the Magic Book Production : Walt Disney Pictures Date de sortie Allemagne : Le 6 février 2009 Genre : Fantastique |
Réalisation : Stefan Ruzowitzky Musique : Ian Honeyman Durée : 89 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Le méchant magicien Hieronymus mène la vie dure à la vieille sorcière Elvière qu'il entend déposséder de son précieux Livre des Sortilèges. La dernière attaque ayant failli être la bonne, cette dernière se décide à passer la main et confier à une jeune sorcière la délicate mission de protéger le grimoire ancestral. Hektor, son petit dragon rondouillard, lui déniche pour cela la jeune Lili... |
La critique
Depuis 2007, les studios Disney tentent l'aventure de la délocalisation. Alors qu'ils se contentaient jusqu'à présent de vendre dans le monde entier leurs productions, pensées et réalisées sur le sol américain, avec certes des relents d'universalité, ils changent subitement de fusil d'épaule et, ambitionnant de s'installer durablement sur les marchés émergents ou locaux, abordent une nouvelle approche : l'exportation de l'intérieur !
Lili, la Petite Sorcière : Le Dragon et le Livre Magique est tiré d'une série à succès de livres pour enfants, Hexe Lilli (Lilly the Witch en Anglais), créée par l'écrivain germanique Knister et parue en France sous le titre Magic Lili. Très célèbre outre-Rhin, les aventures de Lili ont déjà été adaptées sous forme de dessins animés à la télévision allemande. La deuxième saison est d'ailleurs en cours de diffusion quand Lili, la Petite Sorcière : Le Dragon et le Livre Magique débarque sur le grand écran. Le dessin animé, rassemblant près d'un demi-million de téléspectateurs chaque semaine, a en effet convaincu le romancier de vendre ses droits pour une adaptation cinématographique. Il a toutefois posé une condition de taille en exigeant que le scénario du film soit inédit et ne constitue pas un résumé de la saga. Il s'en est d'ailleurs servi par la suite pour écrire un nouveau tome de Magic Lili, présenté comme un préquel.
Lili, la Petite Sorcière : Le Dragon et le Livre Magique a été entièrement produit en Allemagne. Comme pour Le Secret de la Gourde Magique, une autre production délocalisée de Walt Disney Pictures, il a la particularité de faire interagir de vrais acteurs avec des personnages animés en images de synthèse. Les prises de vues réelles sont donc agrémentées de nombreux effets visuels créés par deux compagnies : Blue Eyes, située à Ismanning, et Trixter, à Munich. La première a travaillé sur les scènes avec les acteurs tandis que la seconde s'est occupée de l'animation en images de synthèse.
Le personnage d'Hektor le dragon est une invention du dessin animé repris dans le long-métrage : il ne se retrouve pas, en effet, dans les romans. Ce choix est plutôt heureux car il constitue le seul intérêt du film ! Drôle, glouton, maladroit, fainéant sur les bords, déambulant et interagissant avec les autres personnages, Hektor est, il est vrai, adorable et attachant. Son doublage français, assuré par Patrick Préjean (la fameuse voix de Tigrou) fait d'ailleurs des merveilles et contribue à souhait au développement de son capital-sympathie. Seule, en fait, son apparence plastique pêche un peu, montrant en réalité les limites des effets spéciaux accordés au film. Il n'empêche - et c'est à répéter - Hektor est la seule et véritable bonne surprise de tout le long-métrage.
Car pour le reste, Lili, la Petite Sorcière : Le Dragon et le Livre
Magique est un navet qui ne dit pas son nom.
Son casting, tout d'abord, constitué pour l'essentiel d'acteurs provenant de la
télévision allemande n'est pas à la hauteur de l'enjeu. Menés par Stefan
Ruzowitzky (qui visiblement n'a pas compris la différence de médias entre le
petit et le grand écran !), les comédiens semblent, en effet, se croire à la
télévision. Ainsi, la jeune Alina Freund (Lili), habituée de la petite lucarne
où elle a joué dans de nombreux téléfilms et deux séries avant sa première
expérience au cinéma, ressort, sans être une débutante, un jeu perfectible. Anja
Kling (la mère de Lili), elle-aussi une habituée de la télévision déjà
récompensée par une Golden Camera de la meilleure actrice, est, dans la même
veine, totalement transparente. Enfin, Ingo Naujoks (le méchant), acteur d'une
sitcom à succès (Bewegte Männer), réussit le tour de force d'être,
indépendamment de son personnage, tout bonnement insupportable.
A l'image du casting, les effets spéciaux sont à l'économie. Faits de bric et de
broc, ils sont par moment tellement mauvais que le sentiment d'amateurisme n'est
pas loin. Et que dire du scénario qu'ils sont censés servir ? Plagia raté d'Harry
Potter, en plus niais, moins magique, moins dépaysant et moins haletant, le
récit laisse parfois sans voix tant il est prévisible.
Un tel bilan rend presque compréhensible le refus de Walt Disney Studios Motion Pictures - France de le distribuer dans l'hexagone. La filiale française a, il est vrai, refusé de sortir Lili, la Petite Sorcière : LeDragon et le Livre Magique avec le label Walt Disney là où l'Allemagne bien sûr mais aussi l'Espagne et l'Italie n'y avaient vu aucune contre-indication. La France laisse donc à Metropolitan Film le soin de se charger du fardeau même si le logo Buena Vista International (ancien nom de Walt Disney Studios Motion Pictures) apparait en ouverture tout comme son nom, répété maintes fois au générique. Pire, elle interdit à Disney Channel d'en être le partenaire officiel et permet ainsi à Nickelodeon (sa grande rivale sur le petit écran outre-Atlantique) d'apposer son logo sur une production Disney ! La meilleure façon, en somme, de porter confusion dans l'esprit du public...
A un personnage (Hektor le dragon) et doublage (Patrick Préjean) près, Lili, la Petite Sorcière : Le Dragon et le Livre Magique est un film médiocre de bout en bout. Il ne mérite pas à l'évidence les honneurs du grand écran mais trouvera, en revanche, avantageusement sa place, dans une grille d'une chaine généraliste ou « jeunesse », par exemple, un après-midi de fêtes de fin d'années...