Dapper Dan's Hair Cuts
(Harmony Barber Shop)

Dapper Dan's Hair Cuts (Harmony Barber Shop)
Vue d'ensemble
Date d'ouverture :
Le 12 avril 1992
Autre(s) Nom(s) :
Harmony Barber Shop (1992 • 1994)
Type de boutique :
Salon de coiffure
Crédit Photos :
 

Le synopsis

Dans l’artère principale de la petite ville américaine de Main Street, U.S.A. se côtoient de nombreuses adresses où exercent les artisans les plus compétents. Dans l’une de ces échoppes officie ainsi un barbier pour qui le maniement du rasoir et des ciseaux n’a aucun secret. Son salon, nommé Dapper Dan’s Hair Cuts, est évidemment ouvert à tous.
Barbe hirsute ? Chevelure indomptable ? Rien n’est plus simple ; il suffit d'en franchir les portes, d’accrocher son manteau à l’entrée et de laisser le propriétaire faire son ouvrage.

L'expérience

En déambulant le long des enseignes de Flower Street, les visiteurs atteignent une façade discrète aux tons beiges située au numéro 1428, tout près du bâtiment de Liberty Court qui ferme la rue. Difficile à manquer, elle arbore à son sommet un petit drapeau américain et ses vitres vantent le savoir-faire d’un barbier exerçant à cette adresse par de petites formules, telles que « Tonsorial Parlour » (Salon de coiffure), « The closest, safest shaves » (Les plus sûrs rasages de près) ou « Expert hair cutting, moustache trims » (Coupes d’expert et tailles de moustaches), tracées à la feuille d’or sur le verre. Les hommes de Main Street U.S.A. connaissent cet établissement sous le nom de Dapper Dan’s Hair Cuts (ouvert en tant que Harmony Barber Shop) et s’y rendent régulièrement pour s'y refaire une beauté.

Au-dessus de l’entrée, un panneau représentant une paire de ciseaux et un rasoir indique la profession du propriétaire et, si cela ne suffisait pas, la traditionnelle colonne torsadée de blanc et de rouge correspondant à ce corps de métier, le fameux poteau de barbier, se dresse également à côté de la porte vitrée. Le premier étage au-dessus semble être occupé par une compagnie d’accessoires de voyages, Chas. Packett and Company, au vu des slogans publicitaires que les fenêtres laissent apercevoir comme « Using the finest leathers and upholsteries, durable, practical » (Employant les meilleurs cuirs et revêtements, durables, pratiques), « Steamer trunks, carpet bags, satchels » (Malles, sacs de voyage, sacoches) ou « See our new patented travel case, all purpose » (Découvrez notre nouvelle trousse de voyage brevetée, tout usage). Pour entrer, il suffit de pousser cette porte ou encore de traverser le magasin Emporium voisin, par lequel on accède également au salon par une porte fermée par deux battants en bois. Le client peut entrer sans frapper car le barbier est parfaitement habitué à voir des entrées régulières chez lui et à accueillir les nouveaux venus avec de cordiales salutations.

Comme dans tout salon tonsorial qui se respecte, le sol carrelé en damier noir et blanc scintille en raison des nettoyages fréquents qu’il reçoit, et de confortables sièges, certains en tissu fleuri rouge, d’autres en cuir, invitent à s’asseoir en attendant que le propriétaire des lieux finisse son ouvrage avec le précédent client. Les affaires personnelles peuvent être suspendues à un porte-manteau placé près de l’entrée tandis qu’un poêle noir de marque Rainbow, doté d’un immense tuyau remontant jusqu’au plafond, réchauffe la pièce lors des jours frais.

Une fois assis sur l’un de ces sièges, il ne reste plus qu’à faire preuve de patience. Cependant, il y a peu de chances que l’ennui l’emporte car partout où se tourne le regard se trouve une foule de curiosités à admirer. Les murs, recouverts d’un papier-peint aux tons bordeaux et aux motifs très géométriques, présentent diverses publicités pour des produits hygiéniques, allant des lotions capillaires de Westphal à la crème Tacoma en passant par un assortiment de tasses de rasage. Également, des diplômes de barbier ostensiblement affichés témoignent de la grande maîtrise du propriétaire.

Face aux fauteuils, d’imposantes boiseries sombres constituent le mobilier principal et encadrent cinq miroirs alternés de six armoires compartimentées. Des lampes ouvragées permettent au barbier de bien effectuer son travail sur les chevelures et barbes de ses clients, tandis qu’il peut utiliser l’eau distribuée dans un lavabo de marbre. Les compartiments dessinés dans les armoires servent à y ranger des serviettes sèches ou des tasses de rasage laissées par les clients précédents et qui arborent leurs noms afin de les identifier aisément. Celles-ci serviront à leur préparer exclusivement de la mousse de savon lors de leur prochaine visite.

Dès qu’un client quitte le salon, le barbier se tourne vers le suivant et l’invite à avancer face aux miroirs dans une mécanique bien huilée. Celui-ci prend donc place dans l’un des deux fauteuils en cuir bordeaux capitonné à la hauteur réglable et peut commencer à se détendre en profitant des petites fonctionnalités qui y sont intégrées, comme par exemple les appui-tête amovibles ou les repose-pieds. Avant de passer à l’œuvre, le barbier l’aide à enfiler le peignoir qui lui évitera de couvrir ses vêtements de cheveux.

Ce sera pour un rasage de près ? Ou une simple coupe ? L’artisan dispose de tout l’équipement et de toute la maîtrise nécessaire pour satisfaire les demandes de son client et quelques minutes suffisent à transformer son allure. Les bouteilles sur les supports de travail contiennent des parfums ou des lotions de tous types et les tiroirs renferment diverses paires de ciseaux et rasoirs en tout genre. Un lave-tête ainsi qu’un sèche-serviette en métal viennent compléter l’ensemble en cas de besoin.

Une fois le travail terminé, le client peut se débarrasser du peignoir qu’il a enfilé et observer le résultat. Si ce qu’il voit lui convient, il n’a plus qu’à s’approcher de l’angle ouest près de la porte donnant sur Flower Street, là où se trouve un comptoir en chêne surmonté d’une plaque de marbre. C’est ici, dans cet espace décoré d’une dizaine de photographies et d’affiches du New York Base Ball Club ou du Big Feature Festival, mettant en exergue les dernières tendances de la mode et les plus récents exploits sportifs, que le barbier règle ses affaires financières. Et c’est également là que le client verse la somme convenue pour les services dont il a pu profiter.

Avant de partir, il pourra jeter un dernier coup d’œil à ce salon certes très traditionnel mais où les nouvelles technologies ne sont pour autant pas en reste. En témoignent certaines installations de pointe tel que le petit ventilateur et son câblage électrique visibles au mur pour créer une aération artificielle les jours de grande chaleur.
Juste en-dessous se trouve un téléphone relié à l’unique ligne disponible en ville pour communiquer avec les voisins. En le décrochant, il semble être néanmoins quasiment impossible de passer un coup de fil au beau milieu des sempiternels échanges et commérages.
Il y a, en effet, de fortes chances que la ligne soit déjà occupée par l’appel désespéré de Mme Thelma Bird dont la grange disparaît dans un incendie, une urgence que le pompier Quentin Spoon ne prend pas au sérieux, alors qu’un policier irlandais, le Sergent Mick, tente de camoufler le fait qu’il est à l’origine du sinistre avec l’aide d’Hezekiah Bird, le mari qui ne se doute de rien, le tout espionné par Gertrude Anderson, une voisine fort indiscrète à l’affût des savoureux ragots dont elle raffole. La vie à Main Street, U.S.A. n’est en fait pas aussi tranquille qu'elle n'y parait.

Tous ces soucis extérieurs ne doivent pourtant pas venir altérer la détente vécue à Dapper Dan’s Hair Cuts. De temps à autre, un quatuor de chanteurs, connu sous le nom de Main Street Quartet, peut même venir l’agrémenter grâce à ses interprétations d’airs très populaires tels que CarolineGoodbye, My Coney Island BabyMary LouSweet Adeline, There'll Be No New Tunes On This Old Piano, Wrap Your Troubles In Dreams ou encore Zip-A-Dee-Doo-Dah.

Et pour finir, une fois sorti du salon, avant de retourner à sa routine quotidienne, le client peut longer la devanture vers l’extrémité de Flower Street pour admirer le résultat dans un miroir apposé sur la façade. Celui-ci est adapté aux petits comme aux grands si bien qu’un jeune garçon ou un grand monsieur disposent de surfaces réfléchissantes adaptées à leurs tailles. Toutes deux arborent même pour eux le tracé de moustaches adaptés à leurs visages pour leur donner l’occasion de se voir dans leur allure la plus chic… ou la plus dapper comme il est bon ton de le dire à Main Street, U.S.A.

La critique

rédigée par Élias Leprince
Publiée le 17 novembre 2019

Lors de la création du Parc Euro Disneyland, l’Imagineer Eddie Sotto se voit chargé de mener à bien le projet de création de Main Street, U.S.A. pour le nouveau Resort. Tenant à en faire une petite ville vivante avec ses commerces, ses enseignes, ses restaurants, il doit alors soigneusement déterminer quelles boutiques allaient se retrouver intégrées à ce projet.
Choisissant de reproduire les établissements classiques rencontrés ailleurs dans les Parcs Disney aux États-Unis, il sélectionne entre autres le fameux salon de barbier Harmony Barber Shop, alors présent depuis 1971 sur West Center Street et Flower Market au Magic Kingdom de Walt Disney World. Ce salon de barbier, comme pour répondre à la consommation effrénée à laquelle appelle le magasin Emporium voisin, joue ainsi le rôle d’un lieu de détente, comme un refuge face à l’agitation extérieure, ce qui en fait un candidat idéal aux yeux de Sotto.

Séduit par cette idée, l’Imagineer entame la création d’un Harmony Barber Shop européen dont la façade est directement inspirée par celle de son homologue floridien, avant que celle-ci ne disparaisse plusieurs années après lors d’une extension d’Emporium. Les principaux éléments en sont, en effet, hérités, de la colonne de rouge et de blanc torsadés aux vitres portant des formules tracées à la feuille d’or, un moyen efficace pour attirer l’œil des potentiels clients. À l’époque, les commerces qui pouvaient se le permettre financièrement inscrivaient, il est vrai, sur leurs vitrines des formules promotionnelles à la feuille d’or et s’assuraient généralement une plus grande visibilité par rapport à leurs voisins et concurrents. Le grand-père d’Eddie Sotto exerçait justement la pose de feuille d’or comme profession, et l’Imagineer a maintes et maintes fois pu l’observer exécuter cette délicate opération. Naturellement, il a souhaité l’adopter pour la façade de son nouveau salon de barbier.

Le procédé est assez exigeant. Il faut tout d’abord commencer par peindre le contour des lettres sur le devant de la vitre, puis appliquer la feuille d’or sur le revers à l’aide d’un mélange d’eau et de gélatine en guise de colle afin de remplir la forme ainsi tracée. Dès que le mélange a séché, il convient de polir délicatement la surface pour retirer les morceaux détachés ou froissés et, si des brèches ont été malencontreusement causées, appliquer un second passage pour les recouvrir à nouveau. Pour finir, il suffit ensuite de recouvrir de peinture à l’huile les surfaces de feuilles d’or à conserver, permettant une fois séchée de retirer à l’eau les parties en trop. Le résultat donne alors de magnifiques inscriptions immanquables pour les visiteurs passant par là.
Également, sur la droite des vitres, un miroir est ajouté pour permettre aux clients de voir le résultat d’un rasage ou d’une coupe. Lui aussi se voit orné d’inscriptions à la feuille d’or, laissant seulement deux surfaces libres pour permettre aux petits comme aux grands de s’y mirer et de s’y admirer. Il arrivait, en effet, parfois que les propriétaires de salons juxtaposaient un miroir aux vitres de leur façade pour attirer davantage l’œil des futurs clients...

Alors que l’extérieur est une exacte copie de la façade de son homologue floridien d’origine, l’intérieur en est en revanche considérablement éloigné, notamment au niveau des couleurs qui favorisent dès lors des tons plus sombres. À l’instar de la plupart des boutiques et restaurants du Land, Eddie Sotto a pour volonté de faire de cet établissement un environnement dans lequel les visiteurs auront l’impression d’avoir remonté le temps : il se lance pour cela le défi de recréer l’authenticité d’un salon de barbier américain du début du XXème siècle. C’est notamment grâce à des photographies d’époque et une grande diversité d’accessoires que toute son équipe y parvient.
Relevant le challenge, les équipes de Walt Disney Imagineering entreprennent ainsi de traquer avec assiduité tous les éléments nécessaires à leur projet en parcourant de long en large les États-Unis. Et le résultat s’avère à la hauteur de l’effort fourni ! Chaque objet exposé, chaque surface, doit en effet non seulement accentuer l’atmosphère très masculine des lieux, mais également correspondre à une réalité historique. Par exemple, le carrelage en damier noir et blanc s’apparente au type de sol observable dans un tel établissement jusqu’au début des années 1920, tandis que les tons bordeaux du papier-peint, sérigraphié à la main par la compagnie Bradbury & Bradbury Art Wallpapers, reproduient des motifs victoriens rectilignes très en vogue à cette époque.

La principale tâche, de loin la plus ardue pour les Imagineers, est donc de rassembler tout le matériel qu’employait autrefois un barbier. Pour ne citer qu’eux, les fauteuils sur lesquels les clients prenaient place sont représentatifs de l’état d’esprit qui anime alors leurs recherches. Il faut en dénicher tels qu’ils étaient au tournant du XXème siècle, ce qui n'est pas une mince affaire. Après avoir retourné toutes les pistes, les Imagineers jettent finalement leur dévolu sur un modèle conçu par la Theo. A. Kochs Company, une société de Chicago fondée aux alentours de 1871 et l’une des premières à s’être alors spécialisée dans la manufacture de matériel tonsorial. Qu’il s’agisse de paires de ciseaux, de rasoirs, de brosses, de peignes, d’étuis à miroir, de savons, de pommades, de tabourets, de lavabos, voire d’horloges, cette société disposait d’un catalogue illustré décrivant de manière exhaustive le matériel d’un barbier, à tel point que les Imagineers s’y sont également référés pour déterminer la disposition intérieure du salon. La particularité de leurs fauteuils reposait sur leurs matériaux de qualité et quelques fonctionnalités exclusives. Lors d’une chasse aux bonnes affaires à Chicago, les Imagineers parviennent ainsi à en récupérer deux datant de 1845 pour Harmony Barber Shop.

Trois miroirs encadrés de boiseries sombres et d’étagères forment un ensemble recouvrant près de la moitié des murs du salon. Sur ces étagères sont alors disposées de nombreuses tasses de rasage, outils essentiels dans lesquels les barbiers préparent la mousse à raser en y plaçant un pain de savon qu’ils frottent dans de l’eau avec une brosse à poils. Pour d’évidentes raisons d’hygiène, ces tasses, comme les savons, sont exclusives à leurs propriétaires. Afin de les identifier sans erreur, elles portent généralement leurs noms, voire un symbole significatif qui les rattache à eux, comme par exemple la représentation peinte à la main de leur occupation professionnelle ou d’une association à laquelle ils appartiennent.

Ces tasses sont soigneusement rangées dans des compartiments sur les étagères. Plus un barbier en expose un grand nombre et une grande diversité, plus cela indique que ses affaires sont fructueuses, sans parler de la fidélité de ses clients qui sont naturellement davantage incités à revenir. Aujourd’hui encore, elles permettent aux historiens de reconstituer la situation sociale des petites villes américaines d’autrefois. Les tasses choisies pour Harmony Barber Shop sont toutes antérieures à l’année 1910. Parmi elles, les visiteurs les plus observateurs peuvent également remarquer la présence de tasses moustache, des récipients spécialement conçus pour en boire le contenu sans humidifier les moustaches lissées à la cire. Inventées dans les années 1860 par le potier britannique Harvey Addams, ces tasses possèdent un rebord de porcelaine évidé par une ouverture en forme de demi-lune, ce qui permet de boire le liquide tout en isolant son écoulement du fier attribut masculin.

Afin de faciliter le rasage d’une barbe, les barbiers devaient avant l'assouplir en appliquant une serviette chauffée. Pour cela, il leur est indispensable d’avoir un chauffe-serviette à vapeur. Ce type d’appareil fonctionne avec une base qui fournit par combustion la chaleur nécessaire pour ébouillanter l’eau contenue dans son compartiment intermédiaire, et la vapeur ainsi produite chauffant les serviettes placées dans la partie supérieure en forme de dôme. L’eau chaude pouvait, en prime, être réemployée pour préparer la fameuse mousse de savon.
Les Imagineers identifient ensuite aisément le modèle qu’ils souhaitaient mettre en place grâce à Sears & Roebuck, un catalogue de vente par correspondance datant des années 1900 et commencent ainsi leurs recherches aux États-Unis. Cependant, au vu de la rareté de l’objet, ils rencontrent bien plus de difficultés à mettre réellement la main dessus, au point d’envisager le choix d’un autre modèle.
Fort heureusement, la chance leur sourit lors d’un jour d’orage. L’accessoiriste Bethan Brody s’était, en effet, abritée des intempéries dans un restaurant choisi au hasard et remarque dans une pièce la présence d’un chauffe-serviette en cuivre nickelé sur un piédestal en fonte émaillée. Quelle ne fut pas sa surprise en constatant que c’était précisément le modèle tant convoité !
Plus particulièrement, il semblait être un dispositif The Globe alimenté au gaz, conçu par la Chrisholm Company de New York à la fin des années 1800. En comparaison, les appareils plus anciens étaient typiquement alimentés au charbon. Elle réussit finalement à l’acquérir pour Euro Disneyland.

À tout ce matériel tonsorial s’est ajoutée la décoration à la mode de l’époque. En tant qu’établissement exclusivement fréquenté par la gent masculine d’alors, les murs se doivent de refléter les passe-temps et centres d’intérêt de ces messieurs. Ainsi, aux côtés des publicités se trouvent des extraits de la Police Gazette, du Harper’s Weekly ou d’articles sportifs traitant de boxe ou de baseball.
Mais il ne faut pas se laisser tromper par une telle abondance d’accessoires. Si la plupart sont authentiques, d’autres plus anachroniques se sont discrètement glissés dans l’ensemble. C’est le cas par exemple du crachoir en cuivre arborant la mention de la Redskin Brand Chewing Tobacco, un récipient dans lequel les usagers pouvaient cracher leur tabac à mâcher, généralement accessibles dans les espaces fréquentés par la gent masculine. Malgré la profusion de modèles semblables portant cette marque, la compagnie à laquelle ils font référence n’a vraisemblablement jamais existé et ces crachoirs correspondent à des modèles factices qui se sont insidieusement répandus dans le monde des collectionneurs avant les années 1980. Au final, l’un d’eux est parvenu jusqu’à Harmony Barber Shop.

Pour compléter un décor aussi détaillé, rien de mieux que d’y apporter un contraste en lui offrant les nouvelles technologies du début du siècle. C’est la raison pour laquelle un ventilateur avec un câblage électrique très visible a été fixé au mur. Main Street, U.S.A. est une ville censée entrer de plus en plus dans l’ère de l’électricité et Eddie Sotto a tenu à ce que de nombreux lieux illustrent cette dynamique par ces petits indices. De même, le téléphone qui partage sa ligne avec plusieurs téléphones voisins est l’une des plus fameuses curiosités du lieu. Dans une petite ville américaine du début du siècle, une ligne téléphonique, qui était encore une technologie naissante, était souvent partagée entre cinq ou six foyers. Avec une telle configuration, il était fréquent que les habitants surprennent ou espionnent les conversations de leurs voisins. Eddie Sotto a souhaité intégrer ce détail historique dans Main Street, U.S.A. pour permettre aux visiteurs de s’adonner à ce passe-temps somme toute irrévérencieux mais tant irrésistible. Avec l’aide de l’Imagineer Craig Flemming qui s’est chargé de la transcription, il a imaginé une conversation humoristique mettant en scène les déboires vécus par une poignée d’habitants et l’inefficacité d’une ligne téléphonique sur laquelle chacun peut interrompre autrui. Sotto, Flemming et l’Imagineer Gabrielle Reynolds n’ont d’ailleurs pas hésité à en interpréter certains personnages lors de l’enregistrement à Paris.

La richesse de tous ces détails est cruciale pour l’immersion. Cependant, l’atmosphère paraîtrait tout de même bien terne sans une ambiance musicale adaptée pour venir renforcer cette sensation de voyager dans le passé. C’est pourquoi une sélection évoquant la sonorité d’un piano jouant des airs de ragtime et de jazz a été créée pour s’accorder parfaitement à l’esthétique masculine des lieux. Les mélomanes y reconnaîtront aisément un grand nombre de morceaux composés par le célèbre pianiste américain Thomas "Fats" Waller, dont Squeeze Me, I’m Crying ‘Bout My Baby, 18th Street Strut, If I Could Be With You, I’m Coming, Virginia, ‘Tain’t Nobody’s Bizness, You Can’t Do What My Last Man Did, Laughin’ Cryin’ Blues et A New Kind of Man With a New Kind of Love For Me. À ces titres s’en ajoutent d’autres tels que Yearnin’ Just For You de Vee Lawnhurst, Bucksnort Stomp de Trebor Tichner, Alley Rat Blues et Fast Stuff Blues de Jimmy Blythe, Fowler’s Hot Strut et Gin Mill Blues de Lemuel Fowler, Poor Papa de Clarence Jones, ou encore He’s My Man et Look What a Fool I’ve Been de James P. Johnson.
Il faut également souligner que cette ambiance a été partagée avec d’autres espaces typiquement masculins de Main Street, U.S.A. tels que Market House Deli, Main Street Motors et Town Square Photography.

Ouvert en 1992, Harmony Barber Shop a offert ses services à bon nombre d’adultes et d’enfants restant dès lors l’une des deux seules incarnations d’un tel service au sein d’un Parc Disney, avec son homologue floridien. Et pour couronner le tout, ceux qui le souhaitaient, pouvaient se voir décerner un certificat immortalisant leur première coupe en ce lieu.
De même, pour régaler les oreilles des passants avec quelques airs populaires américains, rien de tel que la présence du Main Street Quartet dans les environs de Flower Street. Ce quatuor, composé du meneur Martin Baker, du ténor Stephen Green, du baryton John Ward et de Paul Garrett en tant que basse, a été formé le 25 mars 1990 et a commencé à se produire sur Main Street, U.S.A. dès le 12 avril 1992. Et ce n’était pas la première fois qu’une telle association musicale se produisait dans un Parc Disney. La création d’un tel groupe remonte, en effet, d’abord à l’année 1959 lors de laquelle quatre chanteurs, Roger Axworthy, John Borneman, Ted Nichols et T.J. Parker, avaient constitué le quatuor des Dapper Dans et endossé respectivement les rôles de meneur, ténor, baryton et basse. Sous l’impulsion de Walt Disney lui-même qui tenait à rendre la petite ville de Main Street, U.S.A. la plus vivante et la plus authentique possible, ils ont donc inauguré cette tradition d’un Barbershop Quartet déambulant le long de Main Street, U.S.A. tout en roucoulant leurs sérénades d’antan pour le plus grand plaisir du public.

En 1962, au vu de leur succès, Walt Disney a même pris soin de leur fournir un tandem schwinn à quatre places à bord duquel il pouvait plus facilement et plus ostensiblement se déplacer, et dont une copie est suspendue sur la façade de Kitty Hawk Bicycle Shop à Main Street, U.S.A. à Disneyland Paris. D’une certaine façon, The Main Street Quartet pour le Resort européen est l’héritier de cette tradition alors trentenaire et l’a inlassablement poursuivie jusqu’à son retrait en 1995. Ironiquement, ce fut peu de temps avant ce retrait, plus précisément en 1994, que Harmony Barber Shop a été rebaptisé Dapper Dan’s Hair Cuts, un nom faisant directement référence au tout premier quatuor. Là où cela était approprié, les inscriptions à la feuille d’or sur les vitres ont été modifiées pour refléter ce nouveau nom, à l’exception du miroir de la façade extérieure qui a discrètement conservé une allusion au terme « Harmony ».

De même, quelques publicités affichées au centre de Discovery Arcade ou sur les véhicules et sur la façade nord-ouest de Main Street Transportation font toujours référence au nom d’origine, faute d’avoir été modifiées. Dans les années qui suivirent, Main Street, U.S.A. n’a plus laissé entendre les voix de son fameux Main Street Quartet et très peu de changements ont été apportés au salon de coiffure en dehors d’un remplacement intégral de son papier-peint par un nouveau modèle associant motifs rectilignes et floraux vers la fin des années 2000.

Après plusieurs années de bons et loyaux services, Dapper Dan’s Hair Cuts reçoit encore régulièrement de nombreux clients pour transformer leur allure et leur refaire une beauté. Pour certains d’entre eux, une visite chez le barbier justifie même à elle seule un déplacement à Disneyland Paris. Ainsi, les visiteurs et les barbiers se succèdent, les portes battent quotidiennement, et l’établissement perdure.

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