Les Pirouettes du Vieux Moulin
Date d'ouverture : Le 2 juin 1993 Date de fermeture : Courant 2002 Type d'attraction : Roue panoramique Crédit Photos : Disneyland Dream |
Durée : 3 minutes |
Le synopsis
À l’extrémité nord-est de Fantasyland, se dresse fièrement un vieux moulin à vent, respecté pour avoir affronté vaillamment un terrible orage. Il propose d’ailleurs à quiconque le souhaite, un petit tour dans l'un de ses seaux de bois… |
L'expérience
Posté sur le bas-côté du chemin menant à Storybook Land, un vieux moulin bien charpenté semble être un témoin des ravages du temps tout en jouant le rôle d’un poste-frontière de la section du Benelux. Situé entre les thuyas minutieusement taillés du Queen of Hearts Maze et l’embarcadère d’it's a small world'', le bâtiment tout de bois vêtu s’impose comme un vestige d’une époque lointaine où ses bras autrefois voilés et entraînés par la force du vent actionnaient la meule écrasant les grains de blé dorés. Il est pourtant bien loin de prendre sa retraite. Quelques tonneaux de vins sur une charrette, un pressoir à raisins remplis de grappes et une vigne palissée témoignent d'une autre activité, viticole cette fois, et ajoutent à l'atmosphère pittoresque et bucolique des lieux. Au rez-de-chaussée de sa tour, agrémentée d’une maisonnette attenante couverte d’un toit de chaume, surement celle du meunier, s’y trouve même un restaurant, The Old Mill (Refreshments). Proposant snacks en tout genre et boissons rafraîchissantes, il permet de prendre des forces avant d’embarquer pour la deuxième reconversion du vieil édifice.
À l’arrière de la tour cylindrique, le vieux moulin est équipé de récipients géants autrefois utilisés pour acheminer l’eau et dorénavant proposés comme nacelles pour les badauds désireux de vivre une expérience nouvelle. Quelques grappes de raisins peintes sur le bois font écho à celles qui attendent d'extraire leur jus dans le pressoir tout près. Avant de s’envoler dans les airs, il est d'ailleurs judicieux de jeter un coup d’œil sur la girouette coiffant le monument, représenté par un coq indiquant la direction du vent. Au nombre de huit, les seaux de bois disproportionnés sont reliés entre eux par un axe horizontal à spirale, entraîné par la force des ailes du moulin, elles-mêmes mises en mouvement par le souffle du vent. Ainsi, lorsqu’il pousse les ailes dans un sens, les seaux sont alors entraînés dans la direction contraire, à raison de plus de deux tours par minute !
Cette rapidité toute relative permet en outre d’apprécier un angle de vue inédit de Fantasyland : à environ douze mètres du sol, plus haut encore que le balcon du Queen of Hearts Castle, la vision alors dégagée vaut le détour ! Le Pays des Contes de Fées est pour ainsi dire accessible d'un nouvel axe, démontrant le soin apporté à l’ensemble de ses détails. Au loin, la partie britannique hisse hardiment ses girouettes. Le toit de verre abritant une Mad Tea Party reflète avec ardeur les rayons du soleil. Les méandres du labyrinthe du Pays des Merveilles s’entremêlent sans trop vouloir laisser sortir ses visiteurs. Enfin, si le vent est assez fort mais aussi de par le poids des visiteurs, les nacelles sont susceptibles de se balancer, à la faveur de la bise.
Le tour fini, il est temps de quitter ce moyen de déplacement aussi original qu’atypique, en laissant derrière soi ce témoin du Temps, qui brava toutes les tempêtes et d’autres encore à venir…
La critique
À Disneyland Paris, rares sont les attractions qui rendent hommage à des courts-métrages des années 30. Le plus souvent, elles se basent, en effet, sur des films à succès des studios Disney ou encore sur des concepts d’attractions incontournables créés spécialement pour les Parcs Disney à travers le monde. Quand les Imagineers se sont penchés sur le cas des Pirouettes du Vieux Moulin, le pari d’adapter en attraction une Silly Symphony était donc osé, voire même culotté.
À l’ouverture du Parc Disneyland le 12 avril 1992, Fantasyland dispose de quartiers reprenant des thèmes de pays avec notamment l’Angleterre (de Peter Pan’s Flight à Alice’s Curious Labyrinth), l’Allemagne (avec Blanche Neige et les Sept Nains), l’Italie (comme en témoigne la Pizzeria Bella Notte) ou encore des groupe de nations comme dans la partie Nord-Est de Fantasyland avec le Benelux (Belgique – Pays-Bas – Luxembourg) alors mis à l’honneur. Pour rappeler la culture de ces trois derniers pays, il est décidé de choisir l’un des symboles par excellence des Pays-Bas, en l’occurrence les moulins à vent. Ces constructions parsèment, il est vrai, le paysage hollandais (avec plus de mille moulins actuellement), devenant tout naturellement un ambassadeur culturel de ce pays à l’échelle internationale. Mais quelle allure donner à ce moulin à vent ? Les Imagineers se plongent alors dans les archives de l’entreprise Disney pour découvrir des croquis inédits d’une attraction pensée à l'origine pour le Disneyland Park d’Anaheim en Californie. C’est donc trois décennies plus tard que cette idée couchée sur le papier naît enfin dans le flambant neuf Parc Euro Disneyland.
Basé sur un court-métrage de la série des Silly Symphonies, Le Vieux Moulin, le bâtiment en est une inspiration directe. Ce court-métrage peu connu aujourd’hui notamment à cause de son absence de personnages forts, est néanmoins salué par la critique outre-Atlantique et décroche l’année suivante de sa sortie, l’Oscar du Meilleur Court-Métrage d’Animation. Ce véritable instant de poésie, alliant prouesse artistique et défi technique se voit ainsi matérialisé physiquement dans un pays où sa notoriété est alors à faire. La référence à un cartoon des années 30 est en effet osée mais ne déplaît pas au public qui voit là une belle interprétation d’un moulin à vent stylisé dégageant une certaine douceur et une mélancolie campagnarde sans forcément penser à l'oeuvre cinématographique de 1937. Il tient lieu de restaurant à la base de sa tour, nommé, en l’honneur du court-métrage dont il est issu, The Old Mill (Refreshments). Moins d’un an plus tard, dans le but de relancer l’attractivité du Parc, un programme d’agrandissement de la section Benelux est amorcé. Tout d’abord, le vieux moulin se retrouve affublé de huit seaux à l’arrière, reproduisant ainsi le concept de l’attraction découverte peu avant dans les archives. Il constitue en réalité d’une réinterprétation d’un manège traditionnel américain, courant dans les fêtes foraines : la Ferris Wheel ou grande roue. Ce dernier terme est à prendre avec précaution car ici, la « grande roue » du haut de sa douzaine de mètres, représente l’un des plus petits modèles du genre.
Il s’agit aussi d’une première dans un Parc Disney à travers le monde ; jusqu’alors aucune roue panoramique n’était en effet présente dans aucun des Parcs à thèmes Disney. Le thème du Vieux Moulin est bien sûr conservé et reprend même le nom de la Silly Symphony dans son intitulé. Les Pirouettes du Vieux Moulin devient ainsi la première attraction de la section du Benelux. En cette même année 1994, décidément placée sous le signe d’aménagements de Fantasyland, deux attractions supplémentaires sont proposées, situées par-delà le chemin de fer du Disneyland Railroad, offrant un divertissement essentiellement familial. Casey Jr. – le Petit Train du Cirque se voit basée sur le quatrième long-métrage d’animation Disney, Dumbo, et autorise une balade à bord du célèbre train à vapeur, permettant un tout autre angle de vue des scènes miniatures de la seconde attraction ajoutée aux lieux, Le Pays des Contes de Fées.
Une fois installé dans l’une des nacelles du moulin désormais réinventé, le spectacle qui s’offre aux yeux des visiteurs est inédit : Fantasyland dévoile, il est vrai, sa silhouette sous un nouvel angle encore inimaginable. Les points de vue en hauteur se comptent effectivement sur les doigts d’une main dans le Land, le voyage dans Les Pirouettes du Vieux Moulin n’en étant donc que plus appréciable. Mieux encore, vrai moment de ravissement, dès la nuit tombée, une pléiade de petites lumières illumine le Land : le moulin à vent laissant alors à ses voyageurs un souvenir assurément mémorable.
Hélas, le concept-même de l’attraction est un obstacle à son fonctionnement pérenne. Par la configuration de ce type d’attractions, le débit se voit, en réalité, extrêmement réduit par les arrêts à répétition nuisant au bon rythme de l’expérience, le chargement et déchargement se faisant nacelle après nacelle. D'un autre côté, ces opérations permettent d’apprécier plus longtemps la vue, si par chance, la nacelle se stoppe à son plus haut niveau. Sa maintenance est cependant chronophage, l'attraction ayant été fermée durant toute l'année 1999 pour rouvrir en l'an 2000. De la même façon, la décidément trop faible capacité-horaire associée à des soucis techniques engendrant de longs temps d’attente sans oublier son absence de fonctionnement lors d'intempéries aboutissent en 2002 à sa fermeture définitive. Le moulin ne tournera donc plus jamais ; ses seaux servant juste de hottes à cadeaux pour la Saison de Noël. Ils sont ensuite purement et simplement retirés tandis que l'ancienne file d'attente tient pour lieu et place d'une zone spéciale dédiée à la réservation d'une place à Princess Pavilion pour partie et l'ancien lieu d'embarquement devient un espace fumeurs. Au demeurant, ce n’est pas par hasard que les roues panoramiques ne fleurissent pas dans les Parcs Disney. La seule en activité à ce jour reste la Sun Wheel (devenue par la suite Mickey’s Fun Wheel) située dans le Paradise Pier de Disney California Adventure. Ici, la grande roue en est vraiment une, du haut de ses 48 mètres environ. C’est d’ailleurs dans ce même Parc qu’un extrait d’une scène du Vieux Moulin peut être visible dans le spectacle World of Color.
Enfin, pour les fans aux regards les plus aguerris, une réplique miniature du vieux moulin est visible dans l'attraction adjacente, Le Pays des Contes de Fées, entre la haute tour de Raiponce et le Palais du Prince Éric du classique La Petite Sirène. Pour en savoir plus sur la Silly Symphony, Le Vieux Moulin, il est également possible de compléter la visite en se rendant à l’attraction Art of Disney Animation dans le Parc Walt Disney Studios. Ici, est présentée au public une authentique caméra multiplane, une technologie arrivant à une époque charnière des Studios et qui fut pour la première utilisée dans le dit court-métrage. Dans cette même attraction, la vidéo de présentation propose d'ailleurs des extraits du cartoon, tout en en égrenant d’autres de la même série comme La Danse Macabre ou Des Arbres et des Fleurs. La série des Silly Symphonies, remontant aux années 30, est peu connue du grand public en tant que telle : elle a pourtant popularisé des personnages aujourd'hui encore très populaires comme Les Trois Petits Cochons, seuls personnages du Parc Disneyland issus de cette collection de cartoons.
Les Pirouettes du Vieux Moulin est une attraction unique au monde et véritable hommage à un dessin animé trop peu connu mais éminemment crucial dans l’histoire des Studios Disney. Ce statut n’aura pas été suffisant pour sauver le vieux moulin de la désertion. Maintenant assigné à un repos bien mérité, il reste un marqueur du passé, comme si décidément nulle tempête ne pouvait le vaincre.