Clochette et la Pierre de Lune
Le synopsis
Clochette aidée de son ami Terence est chargée de réaliser le Sceptre d’Automne, quand leur maladresse respective leur joue un tour pendable. Ayant cassé, et le spectre, et la Pierre de Lune, ils se retrouvent, en effet, dans l'obligation de réparer leur bévue au risque de voir bloquée l'arrivée de l'automne. Clochette part donc trouver une solution dans le nord du Pays Imaginaire... |
La critique
Clochette et la Pierre de Lune est le deuxième épisode de la série de La Fée Clochette.
Si le succès en vidéo du premier opus de la saga de
La Fée Clochette ne faisait pas vraiment de
doute, son ampleur a été tel qu'il a littéralement explosé ses objectifs les
plus optimistes. Cette excellente nouvelle pour le tiroir-caisse de l'Oncle
Picsou a bien sûr eu pour conséquence immédiate l'entrée en production d'un
cinquième opus s'ajoutant aux quatre déjà prévus, basé celui-ci sur toutes les
saisons. Oubliée donc la gestation chaotique du premier épisode qui, repris en
main par John Lasseter, a vu, avant sa mise sur le marché, de nombreux scripts
élaborés et l'ancienne directrice des DisneyToon Studios, Sharon Morrill,
remerciée ! Le reste de la saga de
La Fée Clochette est, en effet, désormais sur
les rails, parfaitement drivé, sans place à l'hésitation.
Clochette et la Pierre de Lune est ainsi le deuxième numéro de la série. Sa
réalisation a été donc franchement rapide, bénéficiant à plein du travail, déjà
effectué pour le premier opus, sur l'aspect des personnages et l'ambiance
générale de la franchise. Il ne s'agit, en fait, pour lui que de surfer
sur la popularité de son ainé et de s'inscrire dans sa droite ligne, sans en
dénaturer la portée...
Respectant la construction centrale de la saga qui voit chacun de ses épisodes se consacrer à une saison, le cinquième et dernier opus rajouté devant être plutôt vu comme un bouquet final, Clochette et la Pierre de Lune se concentre sur l'automne. Mais là où La Fée Clochette (consacré au printemps) prend son temps à introduire ses personnages, Clochette et la Pierre de Lune rentre naturellement dans le vif du sujet. Son fil conducteur, vaguement inspiré du livre de la collection Disney Fairies, Tink, North of Never Land, est l'amitié. Le récit tourne, en effet, sur la confiance accordée à ses amis et la capacité de chacun de pardonner les fautes de l'autre. Le film s'évertue ainsi à faire vibrer la corde sensible, spécialement celle de sa cible première, les petites filles. Pour y parvenir, il découpe d'ailleurs son action en deux temps. La première partie se situe dans la Vallée des Fées et voit Clochette tenter, avec son ami Terence, de construire tant bien que mal le sceptre d'automne ; et la seconde, plus portée sur l'action, expédie Clochette réparer seule ses erreurs sur une île perdue au nord du Pays Imaginaire. Si cette quête ne sert finalement pas à grand-chose au récit sauf bien sûr à faire comprendre à l'héroïne l'importance de l'amitié qu'elle porte à Terence, elle offre l'avantage d'offrir des séquences punchies, très agréables à suivre. L'ambiance du film est à ce titre parfaitement conforme à La Fée Clochette : l'histoire est, comme les personnages, douce, les méchants sont absents et le folklore imaginé autour des habitants de la Vallée des Fées, attendrissant à souhait.
Tous les personnages du premier opus sont logiquement présents : il ne s'agit
pas, en effet, ici de désappointer son auditoire mais au contraire de l'amener
en terrain conquis. Clochette évolue ainsi autour de ses amies traditionnelles,
Ondine, Rosélia, Iridessa et Noa. Même le personnage "nouveau" de l'opus ne
l'est pas vraiment : Terrence est, il est vrai, entraperçu dans le premier volet
! Dans Clochette et la Pierre de Lune, il prend toutefois de sérieux
galons, devenant le personnage central de l'histoire, juste aprés le rôle titre.
Il est ainsi censé travailler à la distribution de la poussière de fée et être
depuis toujours le meilleur ami de Clochette. C'est d'ailleurs leur amitié qui
est le point de départ du récit principal. Crédible et bien construite, leur
relation surprend d'ailleurs par sa finesse et profondeur. D'un coté, le
spectateur ressent le décalage de Terence face l'hyper activité de Clochette qui
n'hésite pas à faire preuve de mauvaise fois quand son intérêt l'exige. D'un
autre, il comprend l'exaspération de la jeune fée devant l'obstination de son
ami à vouloir toujours trop bien faire, quitte à ruiner son résultat...
Face aux habitués, la galerie de personnages de Clochette et la Pierre de
Lune s'enrichit toutefois de nouvelles têtes.
Flambeau, une luciole qui rencontre Clochette lors de son périple vers l'Île
Perdue est sans aucun doute la plus belle réussite du casting. Personnage de
pantomime, il est tout simplement adorable. Son capital sympathie est, en effet,
inné. Espiègle, fidèle, attendrissant, il constitue l'acolyte idéal de la petite
fée. Son potentiel n'échappe d'ailleurs pas à John Lasseter qui fait supprimer
manu militari sa scène initiale d'adieu, exigeant de le voir rester aux cotés de
Clochette, qu'il suit finalement jusque dans la Vallée des Fées. Il est fort à
parier que Flambeau sera de retour dans les prochains opus.
Parmi les nouveaux personnages, deux Trolls sont également à souligner. S'ils
apparaissent au final très peu de temps, ils laissent, en effet, une belle
empreinte au récit. Gardiens d'un tunnel que Clochette se doit d'emprunter, ils
offrent, il est vrai, un merveilleux panel d'émotions : du léger frisson, à
l'humour gentil sans oublier la presque trop appuyée tendresse. Ces beaux
personnages, bien construits et utilisés avec intelligence, participent à n'en
pas douter à la qualité de l'ensemble.
Clochette et la Pierre de Lune ne fait assurément pas honte au premier
opus. Respectueux de son ainé, il est d'abord attentif à ses décors. Magiques,
avec une belle utilisation des couleurs chaudes, ils offrent, en effet, un
nouveau voyage fort dépaysant dans la Vallée des Fées. Il reprend ensuite son
ambiance musicale. S'appuyant à nouveau sur des airs celtiques, il rend le récit
intemporel et rajoute indéniablement du charme supplémentaire. Le film comporte
en outre quelques chansons sympathiques bien qu'elles soient loin d'être
parfaites, à l'exception notable de celle consacrée à l'histoire de l'Île Perdue
dont les chœurs celtiques enivrent sans mal l'auditoire.
Enfin, les fans de
Peter Pan s'amuseront à apprécier quelques clins d'œil à leur héros dont
notamment une allusion à l'Île du Crane où Lili la Trigresse a été retenue
prisonnière par le Capitaine Crochet.
S'inscrivant dans la droite ligne de La Fée Clochette, Clochette et la Pierre de Lune est un joli film à destination des tout-petits auxquels le folklore et l'univers féérique parleront sans mal. Les autres spectateurs s'amuseront, quant à eux, à les voir s'émerveiller tout en passant sous silence les défauts inhérents à la saga, et en particulier, l'aspect un peu plastique des personnages...