The Rookie

Le Flic de Los Angeles - Saison 1

The Rookie : Le Flic de Los Angeles est une série américaine créée par Alexi Hawley et produite par ABC Signature. La première saison a été diffusée aux États-Unis du 16 octobre 2018 au 16 avril 2019 puis dans nombre de pays francophones : en France sur M6 à partir du 5 juillet 2019, en Suisse sur RTS Un dès le 30 juin 2019, en Belgique sur RTL-TVI à compter du 19 avril 2019 et enfin au Québec sur TVA, débutant le 27 mars 2019. 

Alexi Hawley est né en 1967 à Los Angeles. Ayant toujours aimé écrire des histoires, c'est tout naturellement qu'il se tourne vers le métier de scénariste dès la fin de ses études à l’Université de Los Angeles. Il participe ainsi à son premier scénario en 2004 avec L’Exorciste : Au Commencement, avant de rejoindre en 2009 son frère jumeau, Noah Hawley, également auteur, pour quelques épisodes de la série The Unusuals, créée par ce dernier et qui ne sera malheureusement pas reconduite pour une deuxième saison. La même année, il écrit quelques épisodes pour la série ABC Signature Castle, où il rencontre Nathan Fillion, avec qui il collaborera de nouveau pour The Rookie : Le Flic de Los Angeles. Il deviendra également producteur de la série pour les saisons trois, quatre et huit. Il a, entretemps, produits quelques épisodes pour les séries Body of Proof et Following. The Rookie : Le Flic de Los Angeles constitue ainsi sa toute première création de série. 

Si les séries policières sont légion, force est de constater que le genre a su se diversifier. La recette basique « un crime – une enquête – une résolution » permet en effet pas mal de combinaisons et fait varier les plaisirs. Au fil des années, la personnalité de l’enquêteur change, et n’est peut-être même pas celle d’un enquêteur au départ, dont Castle est un parfait exemple. Les techniques d’investigation modernes et variées ont également permis la naissance d’un florilège de série, telles Les Experts ou Bones. Cette abondance d’enquêtes télévisées pourrait donner au spectateur le sentiment d’avoir tout vu et lui faire perdre rapidement son intérêt. Il n'en est pourtant rien.
Heureusement, The Rookie : Le Flic de Los Angeles ne rentre pas réellement pas dans ce canevas car la série s’intéresse plus à l’évolution et aux relations des personnages qu’aux enquêtes qu’ils mènent, celles-ci devenant des péripéties et non plus la finalité de l'épisode. L’important sont les leçons de vie que tirent les nouvelles recrues plus que la manière dont ils les ont apprises. Rien de vraiment original dans la démarche toutefois. En 1972, déjà, une série intulée The Rookies, produite par Aaron Spelling (Beverly Hills 90210), racontait les premiers pas des recrues Danko, Webster et Gillis. Plus récemment, entre 2010 et 2015, la série canadienne Rookie Blue, suivait la même idée. 

Certes, The Rookie : Le Flic de Los Angeles ne peut pas compter sur l’originalité de son thème pour faire parler d’elle mais elle possède un atout de taille : Nathan Fillion, qui après avoir tourné les séries Firefly et Castle, toutes deux ayant une très grande communauté de fans, est très populaire auprès du public. Ici encore, il se montre convaincant, charmant et attachant en incarnant John Nolan, un homme en pleine crise de la quarantaine à la suite d'un divorce houleux. Moqué pour son âge, il devra faire ses preuves et travailler dur afin de défaire son chef, le Sergent Grey, de ses préjugés. Drôle, droit et honnête, le spectateur peut facilement s’identifier à cet homme en pleine remise en cause que Nathan Fillion, décidément un excellent choix, porte à merveille. 

La série suit également deux autres nouvelles recrues, Lucy Chen et Jackson West. Si la première semble au départ être une jeune fille fragile, elle démontre rapidement qu’elle n’a rien d’une demoiselle en détresse. Ayant commencé ses études pour devenir policière contre l’avis de ses parents, psychiatres, elle finit par aimer réellement son travail, pour lequel elle s'avère douée, et s’y investit corps et âme, permettant au personnage d’acquérir une réelle profondeur au fur et à mesure des épisodes. Taquinée régulièrement par son instructeur, Tim Bradford, elle s’endurcit, réfléchit et noue finalement avec lui un réel partenariat. Son interprète, Melissa O’Neil, surtout connue pour sa carrière de chanteuse ainsi que son rôle de Portia Lin dans la série Dark Matter, est juste parfaite pour l'incarner, lui insufflant cette joie de vivre qui deviendra sa marque de fabrique. 

Jackson West a, quant à lui, un lourd héritage à porter. Fils du Commandant West, il est sur-entraîné et connait la théorie par cœur, il est d’ailleurs sorti major de sa promo, ayant toujours rêvé de suivre les traces de son père. L’arrivée sur le terrain est alors pour lui une rude désillusion, car la gestion de la peur et du stress ne s’apprend pas dans un livre. Se mettant beaucoup de pression, pour faire ses preuves, il est le personnage ayant la plus belle évolution de cette première saison. Le comédien qui le porte, Titus Mankin Jr., a déjà une longue carrière sur le petit écran, ayant joué dans plusieurs séries à succès telles que Glee, Castle ou Pretty Little Liars : il  convainc sans peine le téléspectateur dans sa capacité à tenir ce qui constitue son premier rôle vraiment récurrent.

Pour faire face à ces trois jeunes recrues, trois instructeurs sont chargés de leur inculquer les bases de leur métier sur le terrain. John Nolan fait ainsi équipe avec Talia Bishop. Quand John peut être parfois trop optimiste, à la limite du rêveur, Talia a, elle, les pieds bien ancrés sur terre. Ambitieuse, cherchant à devenir enquêtrice, elle refuse que la recrue la plus âgée de la promotion soit un frein à sa carrière. Bien que moralisatrice, se mêlant régulièrement de ce qui ne la regarde pas, elle représente pourtant la voix de la raison qui ne cherche généralement que le bien des personnes qui l’entourent. Malheureusement, son interprète, Afton Williamson (Following, Banshee) quittera la série à l’issue de la première saison. Fin 2019, l’actrice annonce en effet avoir été victime de harcèlement par l’un des acteurs, Demetrius Grosse (qui incarne le détective Kevin Wolfe) et de discrimination raciale, notamment par le département coiffure de la série.

Pour l’épauler sur le terrain, Lucy Chen peut, quant à elle, compter sur Tim Bradford, interprété par Eric Winter (L’Abominable Vérité, Witches of East End, GCB). Conscient de son charme, ayant une allure de dur à cuire, Tim cache en réalité de nombreux secrets et blessures, à commencer par son histoire avec sa femme, ancienne enquêtrice auprès des stups. Il enseigne alors à la dure tout ce qu’il sait à la jeune Lucy, prenant un plaisir manifeste à la taquiner à la moindre occasion. Mais celle-ci tient bon et finit par gagner son respect si bien que les deux partenaires noueront dès la deuxième moitié de la saison une relation forte, sans romance, où chacun prend soin l’un de l’autre. 

Angela Lopez est pour sa part chargée de s’occuper de l’apprentissage de Jackson West. Si elle rêve également de devenir enquêtrice, elle aime beaucoup son travail sur le terrain, et se met moins de pression que Talia pour atteindre son objectif. Main de fer dans un gant de velours, elle se montre dès le départ un soutien efficace et fidèle pour Jackson. Complice avec celui-ci, elle peut se montrer tour à tour dure ou fragile, et même taquine. Alyssa Diaz, connue pour ses rôles dans Army Wives ou Narcos : Mexico, endosse ce rôle qui lui va comme un gant. Enfin, pour veiller au bon fonctionnement du poste, le sergent Wade Grey, interprété par Richard T. Jones (Judging Army, Esprits Criminels), impose sa loi, non sans bienveillance. Ayant d’abord du mal à accepter la présence de Nolan, qu’il ne pense pas sérieux dans son nouveau choix de carrière, il finit par se montrer plus indulgent à mesure que la saison progresse. Impliqué dans son travail, soucieux de son équipe, il se révèle efficace en toutes circonstances. 

L’essence de la série repose véritablement sur ses personnages et les relations qu'ils entretiennent tous ensemble. De même que les trois recrues sont inévitablement liées par leur parcours à l’école de police, les instructeurs peuvent également compter les uns sur les autres en cas de coups durs, qu’ils le veuillent ou non par ailleurs. Le sergent Grey, avec son côté paternel, achève pour sa part de donner à la galerie de personnages toute entière l’impression de former une réelle équipe, voire une famille. Les personnages sont réalistes et profonds, chacun ayant ses forces et faiblesses. Ils bénéficient tous de leurs intrigues, permettant d’en apprendre naturellement davantage sur eux et par la même occasion de provoquer l’attachement du spectateur, sans le forcer. Le tout est évidemment renforcé par un excellent casting, sans fausse note. 
The Rookie : Le Flic de Los Angeles se veut ancrée dans le réel, et montrer ce qui se passe sur le terrain. Les épisodes sont ainsi agrémentés de scènes de boot cam, caméra de terrain, renforçant ce souci du réalisme. Réalisme également présent dans les relations des personnages, car la confiance et le respect doivent se gagner au LAPD (Los Angeles Police Department), au prix d’expériences, bonnes ou mauvaises, qui changeront les personnages et permettront leur évolution.

Enfin bien qu’étant une série dramatique, The Rookie : Le Flic de Los Angeles peut par moments être réellement drôle. Le début des épisodes met régulièrement l'une des recrues dans une situation cocasse. Cet humour, savamment distillé, contraste merveilleusement avec le sérieux de certains sujets abordés. Si qualitative soit elle, la série n'est toutefois pas exempte de points faibles. Certains sujets mériteraient en effet d'être traités avec plus de profondeur et quelques intrigues sont trop farfelues pour convaincre. Ces reproches relèvent cependant de l'anecdote et n'empêche pas vraiment le rayonnement de l'ensemble.

The Rookie : Le Flic de Los Angeles a bénéficié d'un bon démarrage en termes d'audience avec plus de cinq millions d'américains devant leur écran pour suivre les débuts de John en tant que recrue. Elle a vécu ensuite sur une moyenne de quatre millions de téléspectateurs par épisode, démontrant ainsi qu'elle a su fidéliser son public. En France, la première saison a rassemblé en moyenne deux millions de téléspectateurs chaque semaine sur M6, un score honorable pour la chaîne. Forte de tous ces points positifs, de critiques relativement favorables et d'audiences correctes et régulières, elle est logiquement reconduite pour une deuxième saison. 

The Rookie : Le Flic de Los Angeles, sans être d’une grande originalité, mérite largement d’être regardée. L’alchimie du casting, le réalisme qu’elle propose et son humour récurrent en font une excellente série dans le genre.