Doug - Le Film
L'affiche du film
Titre original :
Doug's First Movie
Production :
Jumbo Pictures
Walt Disney Pictures
Date de sortie USA :
Le 26 mars 1999
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Maurice Joyce
Musique :
Mark Watters
Durée :
74 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Doug Fripon et Moustique Valentine, deux garçons de 12 ans, sont persuadés qu'un monstre a pris possession du petit lac Dakodac de la ville de Bouffonville. Leur pressentiment se confirme bientôt quand, un beau jour, une créature, répondant au surnom d'Herman Melville, leur apparaît...

La critique

rédigée par

Doug - Le Film est le troisième long-métrage d'animation Disney tiré d'une série télé maison. Comme La Bande à Picsou - Le Film : Le Trésor de la Lampe Perdue, sorti en 1990 et adapté de La Bande à Picsou, puis Dingo et Max, sorti en 1995 et basé sur La Bande à Dingo, il provient, en effet, de Doug, une sérié créée pour la télévision par Jim Jinkins.

Jim Jinkins nait le 8 août 1953 à Richmond en Virginie. Après des études à Lipscomb University, il part apprendre l'art de l'animation et du cinéma à l'Ohio State University. Un de ses tout premiers travaux concerne ainsi le programme Children's Television Workshop de PBS : Square One Television. Il travaille ensuite en tant que publicitaire livrant des spots télés mettant en scène un jeune garçon et un chien. Il ne sait alors pas encore qu'il tient là, Doug et son chien Fino, les personnages principaux de sa future œuvre majeure. En collaboration avec le scénariste Joe Aaron, il imagine dans la foulée un livre pour enfants, Doug Got A New Pair of Shoes, dont le projet de publication ne sera pourtant jamais mené à terme. Recyclé, il sert toutefois de base, en septembre 1990, à un pilote animé, finalement vendu à la chaîne "jeunesse" Nickelodeon. Profitant de l'opportunité qui s'offre à lui, Jim Jinkins crée, en 1991, son propre studio, Jumbo Pictures, et l'axe sur la production de la série qu'il imagine et dénomme tout simplement Doug...

La série dure au final quatre saisons pour un total de 52 épisodes, 13 par saisons, diffusés du 11 août 1991 au 16 décembre 1994. A l'exception de quelques numéros spéciaux (comme le pilote ou les "spéciales fêtes"), ils sont tous construits autour de deux histoires indépendantes de 11 minutes chacune. En France, Doug arrive, en 1995, sur la chaine publique France 3 puis se voit reprise sur M6 et Gulli. Elle présente, en effet, le gros avantage de constituer une coproduction et d'entrer de ce fait dans les quotas de diffusion d'œuvres françaises imposés aux chaines. Nickelodeon s'est, il est vrai, associé à Ellipse, connue dans sa branche Animation pour sa superbe adaptation des (Les) Aventures de Tintin. Aux Etats-Unis, Doug fait partie d'un bloc de programmes comprenant Les Razmoket et The Ren & Stimpy Show. Contre toute attente, alors que la chaine mise à l'origine sur elle, les jeunes téléspectateurs lui préfèrent Les Razmoket dont la notoriété ne cesse de croitre. En réalité, Doug s'avère le programme le plus faible du lot, The Ren & Stimpy Show lui damant également le pion dans les cœurs de enfants. Il n'en faut pas plus pour voir Nickelodeon siffler la fin de la récré et refuser de renouveler le contrat de production avec Jumbo Pictures.

Les studios Disney entrent alors dans la danse. En 1996, la Walt Disney Company rachète, en effet, Jumbo Pictures qui se voit confiée, en plus de la reprise de Doug, la réalisation de plusieurs séries pour le réseau de chaines estampillées Mickey : Les Tifoudoux pour Playhouse Disney mais également Les 101 Dalmatiens - La Série (en coproduction là avec Walt Disney Television Animation). En 2000, la société est purement et simplement démantelée.

Jim Jinkins ne s'en offusque guère et rebondit en créant, dès l'année suivante, Cartoon Pizza. Peu rancunier, il travaille de nouveau pour Disney et signe deux autres séries pour Playhouse Disney : Stanley et JoJo's Circus.

Pour ce qui est de la renaissance de Doug, Disney voit donc en 1996 d'un bon œil l'abandon par Nickelodeon de la série. Le studio espère, en effet, avec elle pouvoir faire de l'ombre aux (Les) Razmoket. Il commande ainsi trois saisons pour un total de 65 épisodes qui, contrairement à la première série, sont construits avec une seule histoire sur une durée de 22 minutes. Au passage, la collection change de titre et aborde un fier Brand Spanking NEW! Doug pour revendiquer la rupture. Elle devient même Disney's Doug quand il s'agit de la diffuser en syndication. En première exclusivité, elle est proposée sur ABC du 7 septembre 1996 au 26 juin 1999. En France, c'est TF1 qui l'accueille sur son antenne en 1998 avant qu'elle ne soit reprise directement par Disney Channel. Fait marquant : les deux chaines ne la proposeront jamais dans son intégralité !

Douglas "Doug" Fripon est donc un garçonnet de 11 ans et demi qui habite dans la bourgade de Bouffonville. Il y vit un paquet d'aventures avec son chien Fino, ses meilleurs amis Moustique Valentine et Patti Mayonnaise (dont il est secrètement amoureux) ainsi que son ennemi juré, Roger, le petit tyran de l'école. Il a également une sœur plus âgée, Judy, avec laquelle il est perpétuellement en conflit tant ses idéaux (elle veut devenir actrice) et ses tenues (elle porte, même à l'intérieur, un béret pourpre et des lunettes de soleil), l'insupportent au plus haut point.

Le passage de la série sous pavillon Disney apporte son lot de changements. Le héros gagne ainsi un an et affiche désormais 12 ans et demi tandis que sa famille accueille une petit sœur, Cléopâtre-VTT. Patti Mayonnaise change de coupe tout comme Doug qui passe de huit à neuf cheveux sur la tête (et ce, pour une obscure question de droits !). La famille de Roger gagne également en condition sociale : elle quitte, en effet, sa caravane pour emménager dans un manoir dans le pur style "nouveaux riches". Le petit tyran peut rivaliser maintenant avec Bibi Bouffon, la fille du magnat de Bouffonville. Bien d'autres modifications apparaissent ici et là, comme de nouveaux vêtements pour tous les personnages, un nouveau collège et même un nouveau maire, Mme Dink, etc.

Le plus notable dans la conception des personnages reste l'utilisation fréquente de noms et de couleurs de peau peu communs. Doug est ainsi caucasien, son père orange, sa mère rose, sa sœur Judy marron, ses voisins M. et Mme Dink pourpres, Moustique bleu-vert, Patti orange, et Roger vert de chaux ! L'allégorie sur la société multiraciale cherche visiblement à éviter toutes positions susceptibles de verser dans la polémique. Chaque personnage ou situation se voit, en outre, appuyée par un thème musical propre, des sons, bruits ou des mélodies dérivées du thème d'ouverture ; la série jouant à l'évidence l'excentricité à tout crin... Elle s'assagit toutefois sur la construction à proprement parler des épisodes dont la plupart commence par une scène où Doug relate dans son journal les derniers événements de sa vie ; l'action principale du récit s'effectuant alors via un petit retour en arrière...

L'idée d'un long-métrage tiré de la série remonte à sa diffusion sur Nickelodeon. La chaîne l'envisage, en effet, pour les trois séries qu'elle diffuse alors : Doug, Les Razmoket et The Ren & Stimpy Show. La rupture du contrat avec Jumbo Pictures stoppe bien sûr le projet. Disney le remet sur les rails une fois en possession des droits. Le studio imagine dans un premier temps le réserver au seul marché de la vidéo. Le budget, limité à 5 millions de dollars, est donc mis en adéquation avec l'ambition poursuivie. Si sa qualité est certes améliorée par rapport à la série télé, notamment au niveau des décors, le film ne peut pas prétendre raisonnablement au rang de long-métrage d'animation, au sens disneyen du terme. Il se situe à des années lumières d'un Grand Classique maison et fait également pâle figure face à d'autres fictions telle Dingo et Max, moins emblématiques du label, réalisées pour le cinéma à partir d'une série télé mais qualitativement respectables. Doug - Le Film reste lui scotché dans un univers télé, certes amélioré, mais insuffisamment pour parvenir à faire illusion. Le succès au cinéma des (Les) Razmoket - Le Film change pourtant la donne. Pour un budget de 24 millions de dollars, Nickelodeon en engrange, il est vrai, avec son distributeur Paramount, 100 millions ! Il n'en faut pas plus pour aiguiser l'appétit de Disney qui, à quelques mois à peine de sa sortie, change son fusil d'épaule et décide de présenter Doug - Le Film (Doug's 1st Movie en VO) le 26 mars 1999 au cinéma.

Le film ne peut être considéré comme la conclusion de la série. Sorti au cours de la deuxième moitié de sa dernière saison, il n'ambitionne, en effet, pas de la clore. C'est en fait le tout dernier épisode qui logiquement s'en chargera. Le film présente, lui, l'avantage d'apporter des réponses à quelques unes des questions posées au cours des saisons, révélant par exemple l'origine du monstre du lac Dakodac. Il explore également des problématiques et mènent des réflexions assez ambitieuses, au regard de son genre, sur la pollution, le rôle des journalistes, le pouvoir de l'argent sur les médias, etc. Il s'inscrit en revanche strictement dans l'univers de la série dont il ne s'éloigne jamais, conservant les fans en terrain connu. Il continue ainsi à aborder les thèmes chers aux préados comme l'organisation du bal, l'aveu de ses sentiments à la personne aimée ou le choix entre le bien et le mal...

Côté casting, Doug - Le Film ne révolutionne pas la galerie de la série télé.
Doug Frippon est donc l'archétype du garçon ordinaire, ni caïd, ni premier de la classe, qui s'efforce, tant bien que mal, de passer l'âge du collège sans encombre. Son nom vient du filleul de Jim Jinkins tandis que celui de Caille-man, le super héros que devient Doug dans ses rêveries, est une pure invention, remontant à l'enfance du réalisateur
Moustique Valentine est le meilleur ami de Doug. Il est un peu plus excentrique que lui, même si les deux réunis n'hésitent jamais bien longtemps à faire les 400 coups.
Patti Mayonnaise est la jeune fille qui fait craquer Doug, en secret : le film ne lui permet d'ailleurs pas de se révéler tout à fait puisqu'il se contente d'une simple danse avec sa belle.
Tout ce petit monde retrouve les personnages secondaires de la série comme l'autoritaire, mais gentille, Bibi Bouffon, sa crapule de père, Roger la forte-tête, la famille de Doug (mais bizarrement sans sa petite sœur V.T.T.), Mme le Maire et son mari, Guy le beau gosse de service, etc.
Finalement, un seul et unique nouveau personnage fait son apparition dans le film (et encore pas tout à fait puisqu'il est cité dans la série en qualité de "créature fantôme") : il s'agit d'Herman Melville, le monstre du lac Dakodac...

Doug - Le Film débarque donc dans une large combinaison de salles prêt à faire aussi bien que son concurrent Les Razmoket- Le film, même si contrairement à lui, son studio n'investit pas dans une campagne marketing conséquente à l'exception notable de la mise en place d'un show musical aux Disney-MGM Studios à Walt Disney World Resort du 15 mars 1999 au 12 mai 2001 : Doug Live !.
La presse américaine se déchaine alors qualifiant l'opus d'épisode télé à rallonge et le rabaissant au rang de simple suite vidéo au rabais. La presse française est plus tendre trouvant le film sympathique et parfaitement adapté à son public.
Son score au box-office, plus que timoré (19 millions de dollars sur le territoire américain), le rend toutefois rentable. L'expérience est donc jugée concluante et décide les studios Disney à sortir des films d'animations à petit budget et rentabilité facile, et ce, jusqu'en 2005 !

Certes sans prétention, Doug - Le Film est une œuvre de bonne qualité générale qui mérite attention. Il est toutefois à réserver d'abord aux fans de la série. Les autres tomberont sous le charme ou s'ennuieront ferme : c'est tout ou rien !

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